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Solidays

Paris, du 4 au 6 juillet 2008

Live-report rédigé par Anne-Laure le 10 juillet 2008

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vendredi 4
La première fois que je mis les pieds aux Solidays, c’était en 1999, lors de la première édition de ce festival particulier. J’avais pu assister avec plaisir à de nombreux concerts le vendredi, avant qu’une pluie tenace ne s’abatte sur Paris et que les concerts prévus les jours suivants ne soient tout bonnement annulés, faute de bâche pour couvrir les équipements techniques…
Nous étions tous rentrés chez nous, trempés, et quand même bien déçus. Conscients de n’avoir gaspillé notre argent puisque nous participions à notre façon à financer cette belle initiative née de l’association Solidarité Sida, nous n’y croyions pourtant plus vraiment, à Solidays…

Force est de constater, que dix ans après, le festival bat son plein, et c’est sous un soleil de plomb que se masse une foule interminable (un flot continu de 15h à 22h, selon les bénévoles) afin de célébrer tous ensemble l’anniversaire de ce rassemblement engagé et volontaire. Pour moi, c’est aussi une redécouverte puisque (pardon !) je n’avais pas remis les pieds à l’hippodrome de Longchamp depuis ma première mésaventure…Or, je suis surprise par la taille colossale du site ! Elargi, plus long, et pas moins de cinq scènes ! Rien à voir avec ce que j’avais connu. Cette année, la programmation est de loin la plus éclectique et la plus fournie du cru des festivals de cet été, avec ses 80 concerts étalés sur trois jours et des artistes de tous bords.

Mes premiers pas sont alors rythmés par le ska des Zooters, sur la scène du César Circus, non loin de l’entrée principale. Ce groupe joue dans le cadre des Artistes Du Métro sélectionnés sur audition par la RATP. Les Zooters accueillent donc les festivaliers avec un son festif façon Madness et une énergie qui d’emblée donnent le sourire ! Je me dirige ensuite vers le Domino, où se produisent déjà les Jim Murple Memorial. Du rock steady dans les règles de l’art en passant par quelques reprises des Skatalites, le groupe fait danser la foule et la voix soul, au timbre un tantinet suranné de Nanou m’étonne toujours autant : il faut avouer que la chanteuse n’a décidément pas le physique de sa voix, et qu’avant de ne la voir sur scène pour la première fois il y un moment déjà, je me l’étais toujours imaginé grosse, et Noire… Le public applaudit Humpty Dumpty et le set se finit sur la coquette Qui que l’on soit.

J’entends déjà les premières notes de Xavier Rudd sous le Dôme. Les groupes s’enchainent les uns après les autres : 80 concerts en trois jours, ça laisse peu de temps pour se poser ! Je découvre alors les dernières compositions de l’Australien, impressionnant de maitrise entre ses trois didgeridoos, sa guitare et son micro ! Multi-instrumentiste, Xavier Rudd distille son message écolo sur fond de guitares électriques, le tout pour un rendu rock-blues malgré tout peu original. J’en profite pour filer plus tôt vers la grande scène Paris, déjà pleine de monde pour le prochain concert des Hoosiers.

A 19h pile, les voila qui surgissent d’une grosse armoire entreposée sur la scène, tels de petits diables sortant de leur boite. Et là, c’est une avalanche de couleurs, de sons, de rythme déjanté qui immédiatement fait se remuer la foule dans tous les sens… Le clavier s’est affublé d’un costume de Spiderman et nous crie sa joie d’être parmi nous, juste après le succès de Your Latest Smile très applaudi. De même Run Rabbit Run remporte une chaude adhésion du public, alors que, très personnellement, je commence déjà à me lasser de ce coté « foufou » poussé à l’extrême. Sous couvert d’excentricité, les Hoosiers se prennent un peu trop au sérieux à mon gout, alors que leur style de musique est de nos jours largement surexploitée. Ils auraient tort d’agir autrement : des poussées aigues d’Irwin Sparkes jusqu’à la genèse de leurs morceaux, tout est savamment étudié pour plaire au plus grand nombre, et cela fonctionne plutôt bien. Pour ma part, je me verrai bien remettre tout ce petit monde dans leur armoire…Les anglais entament leur tube Goodbye Mr. A, ce qui me pousse finalement à m’éloigner, franchement désabusée, vers quelque chose de nouveau, d’un peu plus audacieux…
Pour ma plus grande joie, j’atterris au Domino, pour la fin du concert de Nneka, artiste Nigérienne dont la voix soul et l’attitude un peu décalée attisent ma curiosité. Si l’on peut facilement apparenter certains aspects de sa musique à Laureen Hill (le titre Morning par exemple) il faut lui reconnaître malgré tout une approche de la mélodie assez innovante, en témoigne son titre Heartbeat que l’on peut déjà entendre sur les ondes. Un fin mélange de soul donc, reggae et hip-hop.

Tiraillée par la faim, je ne reste pas jusqu’au rappel de la diva et d’ailleurs, une fois proche des « stands restos », je ne prête plus tellement attention aux Hoosiers qui achèvent juste leur set d’un Worried About Ray à se couper les cordes vocales…
J’arrive au niveau de la scène Bagatelle, où la Dub Incorporation assène ses messages de paix, de métissage, de résistance…à grands coups de guitare et basse reggae…J’ai l’impression d’assister à un concert pour ados en rébellion, tant le revival ragga (à base de « pull up !!» à outrance) des Dub Inc. me semble déjà maintes fois rabâché et usé. Néanmoins, le public apprécie et les titres Tiens Bon ou Rude Boy font quand même plaisir à entendre !

S’en suit le concert d’Alpha Blondy, qui débute comme à son habitude par le magnifique Jerusalem , logiquement suivie de Masada. Galopant sans cesse d’un bout à l’autre de la scène dans son costard cravate coiffé d’une casquette vert-jaune-rouge, l’énergie est là, mais trop souvent, les chansons aux paroles répétitives s’éternisent. On aimerait croire à ses messages d’amour lancés à la foule, et à son désir de paix dans les diverses régions d’Afrique introduisant l’opus Peace in Liberia, s’ils ne venaient pas juste après l’un des titres phares de son dernier album, J’aime Pas Ta Gueule, où l’on a l’impression qu’Alpha règle ses comptes en public avec un autre africain, qui « se prend pour alpha », « pour un tigre », « clamant sa négritude ». On a envie de lui dire que la paix commence par là ! Hélas, aucune cornemuse n’arrive pour interpréter sa récente reprise audacieuse des Pink Floyd (Wish you were here), mais le concert s’achève dans la joie par les sirènes du Brigadier Sabari.

Je traverse rapidement le site (envahi) pour tenter d’aller écouter Cocoon sous le César circus, hélas, peine perdue ! Le chapiteau est déjà plein, et il m’est impossible d’entendre de l’extérieur les douces mélodies des jeunes Français…
Retour express vers Bagatelle afin de retrouver les Têtes Raides. L’ambiance bat son plein quand j’arrive, la foule s’approprie les textes réalistes et l’univers particulier du groupe, entre rock poétique et théâtre. Tout en chantant Ginette, Christian Olivier fait se balancer une lampe à incandescence suspendue en haut de la scène, donnant des allures de cabaret déglingué à leur prestation. Le public appréciera tout autant Gino et ses paroles énigmatiques (Va t’en vieille putain/A la mie de pain/Sans pognon/Y’a pas d’oignon !). Le groupe, fort des ses divers engagements politiques, entame alors L’identité, autrefois chantée en duo avec Bertrand Cantat. Au final, un concert d’une grande intensité, serti d’une ambiance très chaleureuse.

En tant que fidèle de Solidays, Patrice a l’honneur de clore cette première journée de concert du grand rassemblement solidaire. Après un rapide passage à la nuit électro se tenant sous le Dôme, avec entre autres, Vitalic qui hypnotise la foule de sa musique machine, je quitte l’hippodrome de Longchamp juste avant qu’Agoria ne s’empare des platines…
artistes
    Empyr
    Deportivo
    Jim Murple Memorial
    Girls In Hawaï
    Xavier Rudd
    The Hoosiers
    Nneka
    Dub Incorporation
    Micky Green
    The Dodoz
    Alpha Blondy
    Moriarty
    Vampire Weekend
    Tètes Raides
    Cocoon
    Rose
    Patrice
    --------
    Vitalic
    Agoria
    Midnight Juggernauts
    Busy P
    Laurent Garnier
    Dj Medhi
    Para one