Solidays

Après avoir bénéficié deux jours durant d'un incroyable soutien populaire, le Festival Solidays, pour son dixième anniversaire, n'aura pas manqué de réussir une passe de trois méritée en dépit d'une programmation hétéroclite pour la troisième et dernière journée d'une édition 2008 ayant rassemblé plus de 150000 spectateurs. Un véritable exploit alors que de nombreux observateurs prévoyaient encore il y a quelques semaines un funeste destin à l'événement organisé sur l'hippodrome de Longchamp.

Alors que de nombreux festivaliers se ruent dès l'ouverture des portes vers les divers manèges ou stands gratuits que le lieu propose, les premiers artistes appelés à se produire ne figurent pas parmi les plus intéressants ou attendus par de nombreuses personnes. Si l'on préfère éviter une perte de temps inutile avec les français de Rhesus, il est malgré tout surprenant de réaliser à plusieurs reprises que les formations programmées sur les plus petites scènes auraient sans doute mérité les honneurs de plus grands espaces. A commencer par La Chanson du Dimanche puis, une heure plus tard, The Ting Tings, respectivement installés sur la scène Domino et le César Circus, et capables d'amasser une foule très dense contrainte de se masser à l'extérieur des deux chapiteaux. Si les premiers confirment à cette occasion que leur réussite virtuelle se prolonge sans accroc dans le monde réel, les seconds trouvent à leur tour une occasion de jauger leur succès fulgurant depuis quelques semaines maintenant.

Installé derrière sa batterie, Jules De Martino lance ansi We Walk avant d'être rejoint par Katie White au chant et à la guitare, un instrument que les deux compères se partageront tout au long du set alors que la majorité des effets électroniques sont reproduits via divers samples. Les quelques réserves relatives au talent scénique du duo sont rapidement effacées, avec, pour preuve de cette réussite, une ambiance survoltée qui ne retombera qu'à de rares instants. Sans surprise, le single Great DJ, dans un premier temps, rencontre un véritable succès populaire, tout comme de nombreux titres à l'évidence plus convaincants dans des conditions live, bien que That's Not My Name peine étrangement à se démarquer. Il faudra ainsi attendre la fin de leur prestation, symbolisée par Shut Up And Let Me Go, pour voir la tente entière sauter à l'unisson et frémir de bonheur suite à la débauche d'énergie du groupe.

Quelques minutes après la fin de cette prestation globalement réjouissante, c'est au tour d'un autre phénomène né sur Internet il y a maintenant plus d'un an, Yelle, de faire son apparition sur la scène du Domino. Précédée par une réputation scénique flatteuse, la jeune française propose une fois encore un set des plus redondants où son énergie et son exubérances ne compensent que très partiellement les carences flagrantes de ses compositions à l'évidence très répétitives. De quoi conserver le sourire durant quelques minutes avant de migrer vers un Dôme dans lequel Foals sont annoncés une heure plus tard. Passée en l'espace d'une poignée de mois des petites salles locales aux scènes plus imposantes des festivals, la formation d'Oxford draine un large public composé à la fois de fans courageux et de curieux venus constater que, une fois n'est pas coutume, la hype peut être justifiée. Si quelques problèmes techniques irriteront Yannis Philippakis à plusieurs reprises tout au long du set jusqu'à provoquer le départ du groupe au bout de quarante-cinq minutes, beaucoup ne retiendront au final, et ce à juste titre, que l'incroyable énergie déployée par le quintet et une grande maîtrise technique dont les Mathletics, Cassius, Heavy Water ou autres Two Steps, Twice, à la puissance progressive, auront bénéficié sans retenue.

Alors que les amateurs de dub et reggae auront quant à eux su apprécier tout au long de la journée les performances de Toots And The Maytals ou Tiken Jah Fakoly en clôture du festival, c'est avec concert suivi par une forte audience que IAM se font remarquer. Si leur rap très variété ne semble plus être du goût des puristes, le grand public semble malgré tout satisfait de voir les papys marseillais reprendre quelques classiques (Je Danse le MIA, L'empire du coté obscur, Nés sous la même étoile...) aux côtés de leurs plus récentes compositions. Un moment convivial à l'image de l'ensemble du festival, mais aussi marqué par l'émotion apparente d'Akhenaton à plusieurs reprises. Un concert très convenu au contraire de celui proposé par The Gossip sur la scène du Dôme. Si le groupe semble malgré tout interpréter les mêmes chansons lors de chaque show depuis plus d'une année, le plaisir de voir Beth Ditto évoluer sur scène est toujours palpable... dès lors que celle-ci est encore en état de le faire. Pour le bonheur de tous, tel est le cas ce soir, et c'est dans une tenue proche d'une nuisette que celle-ci évolue aux quatre coins de la scène avec une grâce toute relative. Parfaite vocalement, l'américaine assure le spectacle avec quelques mots en français pour souligner le superbe coucher de soleil enrobant le lieu et repartir de plus belle en haranguant tout autant ses camarades que le public présent en masse. Un concert peut-être trop court, mais achevé lors d'un rappel attendu par le détonnant Standing In The Way Of Control sur lequel la vocaliste incontrôlable et en sous-vêtements descend de la scène pour communier avec le public avant de prendre places durant quelques minutes sur un caisson d'amplis... une montée plus aisée que la descente durant laquelle plusieurs agents de sécurité seront nécessaire pour lui éviter toute chute malheureuse, sous les applaudissements d'une foule euphorique !

Succès populaire et musical de ce début d'été 2008, le Festival Solidays restera dans les esprits de beaucoup comme une excellente surprise. De quoi assurer l'avenir de l'événement parisien et soutenir comme il se doit une noble cause !