logo SOV

La Route du Rock

Saint-Malo, du 14 au 16 août 2008

Live-report rédigé par Jean-Christophe Gé le 16 août 2008

Bookmark and Share
vendredi 15
Aujourd'hui c'est ambiance lunettes de soleil et T-shirt, et c'est No Age qui attaque fort à propos. Ils ne sont que deux mais font un raffut du tonnerre. Le batteur chante, mais ce n'est pas Phil Collins, plutôt un adepte du grunge et de l'humour potache à la bière. Un masque de grands sensibles ou juste une manière de jouer ? Nous n'aurons pas la réponse à cette question. Un duo guitare-batterie, ce n'est pas non plus forcément un truc à la White Stripes. Leur sens de la musique et du blues est plus à rapprocher des bruitistes de Liars ou du punk américain du début des années 80, Dead Kennedys ou Black Flag, en plus dépouillé, duo oblige. A un moment, le guitariste balance son instrument sur la batterie. Un classique me direz-vous. Et bien non, ce ne sont pas les Who, le batteur continue de jouer et la guitare de beugler.

Why? calme un peu le jeu avec également un batteur-percussionniste chanteur. Il s'agit d'un trio et petit à petit la scène sera de plus en plus occupée ce soir : les Notwist seront cinq et Sigur Ros douze ! Pour en revenir à ces américains, leur précédent passage à la Route du Rock a été le meilleur moment de leur vie. Ils sont en conséquence très contents de revenir car tout a été en pente descendante depuis. Ils manient le même humour noir qu'Adam Green avec une désinvolture apparente mais des morceaux très bien construits. Le soleil aidant, ce groupe fait rayonner le public, même les cameramen qui filment tous les concerts ont un énorme sourire scotché sur leurs visages.

L'enchaînement avec Notwist se fait tout naturellement. Les Allemands manient le paradoxe et réconcilient les raves et la musique d'intello. En concert, il est possible de danser sur leur son généralement mélancolique et doux. Ils rajoutent des bruits, amplifient les basses et martellent leurs rythmiques. Mais pourquoi ne font ils pas ça aussi sur leurs albums, ils y gagneraient en puissance. Ils terminent leur set repliés sur leurs guitares en faisant voler leurs cheveux au vent. On n'attendait pas ça du groupe de The Neon Golden et The Devil, You + Me.

La tête d'affiche de la soirée, c'est Sigur Ros. Tout le monde a entendu parler des canons à neige qu'ils ont demandé d'installer. Ils ont aussi fait monter six énormes lampions, ils ne mégotent pas avec la mise en scène. Quand tout le groupe monte sur scène, à douze, les Tindersticks passent pour de petits joueurs. Les quatre musiciens de la section à cuivres sont habillés tout de blanc, jusqu'à leur chapeau melon, et les musiciennes du quatuor à cordes sont des sosies d'Alison Goldfrapp. En revanche, tout comme les angalis qui ont joué la veille, ils ne sont pas là pour faire la promo de leur dernier album. Ils entament par Svefn-G-Englar de Ágætis Byrjun, l'album qui les a révélés au reste du monde [NDLR : quel pied de copier/coller les noms alambiqués de leurs œuvres]. En bons Islandais, ce sont manifestement des artistes de la Nature et du plein air, même si je dois le dire, leur canon à neige est un peu décevant : il se rapproche plus du canon à confettis d'I'm From Barcelona, d'autres givrés venus du Nord. Comme nous n'étions pas là pour voir de la neige, mais un concert, c'était extraordinaire. Ils ont la puissance d'un orchestre classique, magique et féérique.

Dur du de passer après cela. Pivot joue de l'ambiant dansante. Leurs grosses basses délogent les derniers flocons de neige coincés dans la charpente métallique de la scène. Ils me délogeront aussi, à 2h : l'ambiant dansante, je trouve ça chiant. Pour rejoindre mon lit, je zappe au passage les français d'Adam Kesher, du nom d'un personnage de Mulholland Drive. Je précise, après avoir entendu parler d'Adam, de la même manière que certains parlaient il y a quelques années de Franz (Ferdinand) et de son groupe.
artistes
    Magnetic Fields

    No Age

    Why?

    The Notwist

    Sigur Ros

    Pivot

    Adam Kesher