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Rock en Seine

Paris, du 20 au 29 août 2008

Live-report rédigé par Fab le 22 août 2008

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mercredi 20
Organisé depuis six années maintenant sur le site du Parc de Saint-Cloud à la fin du mois d'août, le festival Rock en Seine a pris le risque d'innover pour son édition 2008 en proposant une soirée d'ouverture anticipée, un choix très probablement dicté par la volonté de proposer au public français une seconde prestation de Rage Against The Machine quelques semaines seulement après que la formation de Los Angeles ait conquis avec brio le Palais Omnisport de Paris Bercy. Contraints et forcés de justifier l'appellation "Festival", les programmateurs ont ainsi tenu à entourer les américains par une poignée de faire-valoir, leur choix s'étant porté sur trois artistes d'horizons divers et variés : le jeune duo Blood Red Shoes, les gallois de Lostprophets mais aussi Mix Master Mike, DJ attitré des Beastie Boys. Un choix éclectique et surprenant auquel le public n'aura pas semblé adhérer, préférant attendre avec toujours plus d'entrain la montée sur scène de Zack de la Rocha et ses camarades.

C'est ainsi devant un public encore disséminé que Blood Red Shoes sont appelés à se produire à 17h50 précises. Caméra au poing et sourire aux lèvres, Steven Ansell accompagne Laura-Mary Carter sur scène puis s'installe derrière les fûts avant de lancer It's Getting Boring By The Sea. Si la réaction de la fosse est très mesurée tout au long de leur set, des applaudissements polis puis plus chaleureux accompagnent chacun des titres du duo, celui-ci soulignant rapidement sa fierté de se produire en première partie de Rage Against The Machine. Une fois encore, la formule guitare/batterie de Blood Red Shoes fait des étincelles, quand bien même la répétition d'une setlist identique tout au long de l'été pouvant être perçue comme une forme de pilotage automatique. Après avoir interprété les très convaincants Try Harder et Say Something/Say Anything, le groupe reprend son souffle et introduit Forgive Nothing comme un hommage à Metallica, une façon comme une autre de souligner leur attirance pour les riffs et tranchants et puissants. Une courte demi-heure réussie et ponctuée habilement par le jouissif I Wish I Was Someone Better.

Trente minutes plus tard, place à Lostprophets dont la sortie du nouvel album semble de plus en plus imminente au fil des semaines. Si la renommée de la formation galloise est toute autre que celle de leurs prédécesseurs sur scène, leur prestation est un raté intégral. Leur performance du soir se révèle ainsi plus capillaire que musicale, les six musiciens enchaînant les clichés et les poses tout en haranguant avec une certaine motivation un public passif et très peu concerné par des compositions tout aussi brouillonnes que redondantes. Si quelques pogos et slams sont constatés, notamment lors de l'efficace Rooftops, ceux-ci ne concernent qu'un nombre restreint d'individus en quête de défoulement. Un concert inutile pour un groupe aux limites vocales une fois encore évidentes.
Installé dans la foulée au centre de la scène sur un podium basique, Mix Master Mike, dans un style évidemment différent, rencontre à son tour les pires difficultés pour imposer ses créations musicales. Si celui-ci pâtit durant les toutes premières minutes de problèmes sonores, c'est au final la constitution de son set que beaucoup semblent bien décidés à remettre en cause en raison de coupures et transitions trop rapides et abruptes d'un sample à l'autre. Si l'utilisation de titres de Nirvana, The White Stripes, Klaxons ou encore Fatboy Slim permet toutefois de faire naître un semblant d'ambiance, son mix raté, trop démonstratif et technique ne restera de toute évidence pas dans les annales du festival.

Un peu moins d'une heure plus tard vient le tour des la tête d'affiche de la soirée. Alors qu'un signal d'alarme retentit bruyamment et que les lumières de l'unique scène du soir s'éteignent subitement, ce sont quatre individus vêtus de combinaisons orange et de cagoules noires, signe de soutien aux prisonniers du camp de Guantanamo, que le public acclame. Sous leurs costumes de fortune, Zack de la Rocha, Tom Morello, Brad Wilk et Tim Commerford prennent place derrière leurs instruments respectifs et entament un Bombtrack des plus efficaces avant de quitter pour de bon leurs déguisements. La Machine est bel et bien lancée, accompagnée par ses mouvements de foule, pogos et slames, mais aussi de nombreuses manifestations de joie et d'enthousiasme du public, quand bien même un léger manque de puissance sonore peut être regretté par instant.
Si la setlist demeure classique et sans réelle surprise, et que l'ambiance du soir n'atteint à aucun moment la même intensité que celle rencontrée lors de la dernière venue du groupe à Paris, force est de constater que Rage Against The Machine fait preuve d'une précision sans faille dans l'interprétation de ses compositions, notamment grâce à la technique impressionnante d’un Tom Morello impeccable. Quelques temps morts se font malgré tout sentir, mais les premières notes de Testify, Bulls On Parade, Guerilla Radio ou Sleep Now In The Fire font office d'imparables détonateurs auxquels les 30000 personnes ayant fait le déplacement ne peuvent résister. Évident aux yeux de tous, le rappel se fait attendre l'espace de quelques minutes, le temps de diffuser l'Internationale, avant que le groupe se soit de retour pour un court quart d'heure ponctué brillamment par l'hymne générationnel qu'est Killing In The Name.

Plus qu'une simple mise en bouche à une semaine de l'ouverture officielle du festival, cette soirée ponctuée par Rage Against The Machine restera comme l'un des temps forts de l’été 2008.
artistes
    Rage Against The Machine
    Mix Master Mike
    Lostprophets
    Blood Red Shoes