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Rock en Seine

Paris, du 20 au 29 août 2008

Live-report rédigé par Jean-Christophe Gé le 1er septembre 2008

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2008 aura été l’édition des promesses non tenues et des pronostics foireux. La météo très correcte aura été moins resplendissante que prévu, et on n’aura fini par une demi-heure de Raconteurs et de Justice en bonus à la place d’une Amy absente. De la justice en rab, il risque même d’y en avoir jusque dans les tribunaux puisque l’organisation voudrait entamer des poursuites. Cela étant dit, nous pouvons laisser la place aux festivités et au rock, Rock en Seine a le chic pour faire parler d’autre chose que de la musique.

Les Infadels inaugurent donc le deuxième volet de Rock en Seine après le prélude Rage Against The Machine la semaine passée. Arrivés à six ils délivrent une musique entre punk et dance joyeuse. J’apprécie leur premier album, mais plus leur set avance, et moins il me convainquent. Le groupe est concerné et fait tout pour animer le public mais son jeu devient vite une série de clichés plus ou moins ouvertement repris à d’autres. Un mélange punk et cirque à la Chumbawamba, un refrain proche de Love Will Tear Us Apart, des morceaux qui font penser à du Big Audio Dynamite, le groupe de Mick Jones quand il a quitté les Clash... Ce groupe mélangeait d’ailleurs musique urbaine, punk, hip-hop il y a vingt ans comme le font les Infadels aujourd’hui. Quand ils reprennent Sweet Dreams, c’est la version de Marilyn Manson>, pourquoi donc s’embêter à re-réinventer le titre d’Eurythmics ?

C’est au son de leur tube Can’t Get Enough que je me dirige vers la grande scène pour découvrir un morceau d’Apocalyptica. Leur prestation est encore plus drôle que le programme le laisser supposer. Des violoncelles, des gueules de métalleux, d’énormes fauteuils-crânes et un fond de scène heroic fantasy pour servir des reprises de Metallica, Pierre et le loup, ou L’hymne à la joie. Oui, c’est bien un hymne à la joie, et je ne peux m’empêcher de rigoler à pleine bouche en voyant ces grands vikings avec leurs violoncelles.

S’ensuivra une longue attente pour voir enfin un des groupes que j’attendais le plus : These New Puritans. Dix minutes après l’heure théorique de début de leur set, la scène est toujours vite mis à part deux amplis. Le batteur arrive enfin avec ses fûts sous le bras, pour commencer à la montée. Vu qu’aucune bande son n’accompagne le montage de leur matériel, on peut écarter l’idée de la performance concept. Le groupe doit être tout simplement en retard. L’avantage de ce rock froid et déstructuré est que le quatuor n’a pas vraiment besoin de faire une balance. Ils peuvent se jeter directement dans leurs chansons pour vingt minutes de post-punk hallucinantes qui laisseront la moitié du public sur le côté, un quart en extase et un quart qui n’aura rien vu. Non ce n’était pas la balance mais le set. J’ai adoré, mais Carl Barat qui regardait depuis les backstages avait l’air plus blasé. Après avoir balancé neuf titres, le groupe s’en va comme il est venu et le DJ a la bonne idée de balancer du Depeche Mode. A noter la présence d’un nouveau morceau assez chaotique sur lequel la claviériste Sophie Sleigh-Johnson joue un grand rôle alors qu’elle est généralement plutôt discrète voire absente.

Après cette douche glaciale, les blip blip de Hot Chip ne me convainquent pas du tout et je préfère goûter à la douceur du parc en attendant The Dø. Quinze jours après les avoir vu à La Route du Rock, je reste sous le charme de ce trio pour la scène qui délivre ses jolies chansons travaillées à deux. Je n’ai pas l’impression de voir le même concert, le groupe réussi à se renouveler à l’image des tenus d’Olivia toujours aussi soignées. Pour l’anecdote, ils nous annoncent que l’année dernière ils étaient spectateurs, à n’en pas douter ils avaient dû apprécier le show haut en couleurs et en expérimentations pop de Björk.

Je n’attendais rien de Serj Tankian et j’en ai eu pour mon compte. Le monsieur a une barbiche, un chapeau haut de forme, une redingote et il joue du piano debout. Ces titres sont presque tous construits de la même façon, des passages très doux suivis de tonnerres. C’est moins drôle qu’Apocalyptica et moins efficace que ces collègues de System Of A Down présents sous le nom de Scars on Broadway se produit le lendemain.

Retour sur la scène de la cascade pour des choses plus sérieuses, et même trop sérieuses. Les Dirty Pretty Things sont des Libertines sages. C’est d’ailleurs quasiment cette formation que j’ai vu jouer à chacun des concerts des « Libertines » auxquels j'ai pu assister, Pete étant systématiquement « excusé ». Leurs chansons consensuelles se prêtent néanmoins bien au live et au festival, elles sont plus spontanées que sur leurs albums.

Autres stars de la pop anglaise, les Kaiser Chiefs ont envahi la grande scène pour un excellent concert à l’énergie très communicative. Le groupe est très détendu et nous livre quelques nouveaux titres. Je les trouve moins accrocheurs que ceux de leurs premiers albums, mais une nouvelle écoute s’impose. Histoire de se mettre complètement le public dans la poche, Ricky multiplie les interventions en français : « s’il vous plait chantez avec moi », pas mal. Aussi à l’aise sur la grande scène qu’à la Cigale, le groupe fête l’anniversaire de son guitariste Whitey sur scène et alors que son chanteur escalade une fois encore la structure de la scène.

Afin de profiter de la totalité du set explosif des Kaiser Chiefs je manque le début du set de Tricky et notamment sa reprise du Lovecats de The Cure. Il m’a été difficile de rentrer dans le concert tant le son était épouvantable. Après avoir exploré la fausse j’ai fini par trouver un spot potable qui allait mieux avec cette musique classieuse et intimiste. J’ai adoré le dernier album très introspectif de Tricky, son interprétation live accompagné par une chanteuse en est magnifique. Se tordant torse nu avec un palmier de dread locks en haut du crâne, le personnage est captivant.

Pendant ce temps, sur la grande scène, se prépare le show bien huilé et illuminé de la tête d’affiche de la soirée, R.E.M.. C’est le seul groupe de la journée à appuyer son show de vidéos, manifestement, cela se fait de moins en moins. Le groupe en costume impose le respect, mais ce show millimétré et répété laisse sur le côté ceux qui ne sont pas déjà fans du groupe. Après un demi-concert je me risque à aller découvrir Wax Tailor en ayant pris soin de demander à un ami [NDLR : merci Xavier] de m’envoyer un SMS pour revenir lors de Losing My Religion.

Bien m'en a pris. Le DJ livre un très bon set sur la petite scène pleine d’une foule qui cache moins son enthousiasme que pour les stars américaines. Sur certains titres il est accompagné d’une chanteuse, de cordes et même d’une clarinette dans un décor assez kitsch avec projection de décor baroque. Son mélange d’inspirations classiques et urbaines est intéressant. Quand le SMS attendu arrive, je me rends sur la grande scène pour assister au rappel de R.E.M. qui jouera bien un Losing My Religion très conventionnel pour achever ma soirée...
artistes
    Grande scène

    R.E.M.

    Kaiser Chiefs

    Serj Tankian

    Hot Chip

    Apocalyptica



    Scène de la Cascade

    Tricky

    The Dø

    Dirty Pretty Things

    These New Puritans

    Infadels



    Scène de l'Industrie

    Wax Tailor

    Plain White T's

    Narrow Terence

    Da Brazilians

    The Latitudz