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Transmusicales

Rennes, du 3 au 6 décembre 2008

Live-report rédigé par François Freundlich le 5 décembre 2008

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La journée commence dans la salle de la Cité avec John & Jehn.

Le duo débute son set devant un public clairsemé. Très répétitive au fil des morceaux, leur musique n'inspire guère mieux que l'ennui et leur attitude hautaine n'arrange rien. On pense vite aux Kills et pourtant on en est très loin, une pâle copie, au mieux, qui ferait bien de se prendre moins au sérieux et de nourrir sa boîte à rythmes asthmatique.
Continuons avec des choses plus réjouissantes, comme le concert du prodige londonien Esser qui arrive de manière tonitruante sur la scène de la Cité. Ses introductions de morceaux sont en général assez fracassantess, tels des murs de son laissant présager des enchaînements de tubes… et effectivement, il n'y a que ça. Mélodies accrocheuses, jeu de scène façon Prince, Esser dissémine de l'électro sur des guitares aiguisées par un backing-band de qualité. Son phrasé particulier tantôt parlé, tantôt chanté sur un son orienté très rock fait bouger dans l'assistance. On entre facilement dans ses titres, à l'image de Let's Work It Out dont le refrain entêtant pourrait très vite faire parler de lui. Forcément, on est frustré quand Esser quitte la scène après 30 minutes seulement et on reste sur sa faim. Un concert court, mais très intense et une très bonne surprise.
Pour clore ce début de soirée, le trio anglais de We Have Band débarque, apparemment ravi d'être là. Le courant passe de suite avec le public des Transmusicales et le concert débute avec Hear It In The Cans qui donne tout de suite le ton : un mélange de leurs trois voix bien maîtrisé, des lignes de basses ravageuses et des samples électro blips pouvant ravir tout fan de Hot Chip. La voix grave de Thomas WP se mélange avec le sourire de Darren Bancroft, avec un soupçon de l'effrontée Deborah WP. Le single Oh! termine d'échauffer les danseurs des premiers rangs et la salle n’attend qu'une chose : que ce refrain simple et tellement efficace reparte et que Deborah crie encore « OH! » pour notre plus grand plaisir. Acclamé, le groupe revient pour un rappel sur une chanson déjà jouée, ce qu'il ne font normalement jamais, mais ils ne pouvaient pas nous laisser comme ça...

La soirée continue au Parc Expo cette fois avec les américains de Cage The Elephant. Le groupe envoie du lourd pour faire décoller les kids du public et, qu'on ne s'y trompe pas, ce groupe sait les faire danser. Avec son jeune chanteur blondinet qu'on croirait sorti d'un film de Gus Van Sant, mais avec une gestuelle plus proche d’Iggy Pop, le groupe dégage un charisme fou. Les compositions suivent puisque je repère déjà plusieurs tubes en puissance, dont Ain' No Rest For The Wicked, la chanson qui ne m'a plus quittée de la soirée. Tous les ingrédients sont réunis pour ravir les amateurs de rock nerveux : un groupe qui se donne à fond, un chanteur désarticulé qui n'arrête jamais de bouger et qui va jusqu'à rejoindre son public. Et bien sûr il y'a James Brown, la chanson, et en rappel une bonne reprise de I Wanna Be Your Dog. Cage The Elephant reste LE concert de la soirée, on aimerait qu'ils ne s'arrêtent jamais et Matt Schultz est de notre avis puisqu'il escalade encore les échafaudages d'enceintes alors que le concert est déjà terminé et que son groupe est parti depuis un moment... juste afin sauter d'en haut pour un dernier slam !
On se dirige ensuite vers le Hall 3 où se produit la blague de la soirée : les américains de Iglu And Hartly. La blague n'est pas qu’ ils ne s'appellent pas du tout Iglu and Hartly mais plutôt qu'on assiste à la renaissance de la dance 90s et d'un nouveau boys band ! Peut-être un groupe à prendre au second degré avec des chorégraphies stupides sur des mélodies simpliste au synthé et de la reverb à foison… mais durant tout un concert, c’est un peu long. Les deux rappeurs essayent de placer leur flow sur le synthé kitsch mais le groupe est indéniablement basé sur la pose. Pensée du jour : « ça ressemble quand même plus à Masterboy qu'à 2Unlimited ». Que faisaient-ils là ? Mystère.

On repasse aux choses sérieuses avec (encore) des américains : The Death Set. Ils arrivent juste après que DJ Le Clown ait fini de chauffer le public avec un mix de Pnau et de Another Brick In The Wall. Une énergie punk, des guitares toujours à fond et un mur d'électronique, voilà The Death Set. Ce sont eux qui inaugurent le passage de la soirée vers un virage plus électro. Avec des voix criardes et électriques, des tempos toujours plus rapides, les américains balancent des BPM pour exciter l'audience. Ils tiennent une cadence infernale et le batteur donne ce qu'il faut pour la suivre. Leur single Around The World (rien à voir avec Daft Punk) est de suite efficace et on aperçoit déjà des fans répéter le débit de paroles du criard et bondissant Johnny Siera. Sans vraiment s'arrêter entre deux chansons, les deux guitares sont malmenées et le son est au maximum jusqu'à la reprise de Territorial Pissing de Nirvana, une chanson qui leur correspond bien. On ne perçoit parfois que trop peu la différence entre certains titres mais l'énergie est là, The Death Set a enflammé la soirée.
On arrive dans le Hall 3 où les Britons de Maths Class sont déjà installés. Cousins proches de Foals, et scéniquement aussi bons que le groupe d'Oxford, le quintet de Brighton livre un son mélangeant synthés, beats techno-rock et rythmes mathématiques. Leur titre Nerves est un adjectif les qualifiant assez justement. Leurs voix monocordes se mélangent et accélèrent brusquement avec des tempos changeant dans des compositions possédant un vrai souci du détail. Dansant et chantant hystériquement sur ses claviers et guitares, Maths Class est vraiment un groupe qui prend toute sa saveur sur scène… le headbanging est inévitable. Le groupe nous fait l'honneur d'une nouvelle composition jouée pour la première fois et en rappel, (survenu alors que une partie du public était déjà partie, un titre entêtant que nous sommes « supposés ne jamais avoir entendu ». Malheureusement le groupe souffre du même problème que The Willowz l'an dernier, à savoir qu’il est difficile de garder un public nombreux le jeudi soir dans ce grand Parc Expo à 1h du matin.

La journée rock des Transmusicales fût fructueuse en apportant son lot de groupes en devenir qui feront certainement parler d'eux l'an prochain, de Esser et We Have Band à Cage The Elephant et de The Death Set à Maths Class. A demain !
artistes
    John And Jehn
    Esser
    We Have Band
    Cage The Elephant
    Iglu And Hartly
    The Death Set
    Maths Class