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Transmusicales

Rennes, du 3 au 6 décembre 2008

Live-report rédigé par François Freundlich le 8 décembre 2008

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Retour à l'Ubu en ce samedi après-midi pour découvrir les belges de De Portables qui ouvrent le bal.

Le groupe livre un post-rock incisif, lancinant, et sombre. Ils restent dans l'ombre d'un écran diffusant de petits films assez réussis que le cinquième membre du groupe se plaît à diffuser à l'arrière de la salle, jouant à coller au rythme des chansons. A moins que cela ne soit la musique qui soit la Bande Originale des films. Les morceaux sont longs et les membres du groupe n'hésitent pas à changer d'instruments pendant les chansons. Les passages plus pop donnent un peu de couleur à des titres parfois trop hypnotiques et répétitifs tandis que l'utilisation de l'ordinateur aurait pu être évitée. Une bonne entrée en matière toutefois, même si il est fort regrettable qu'une partie du public n'ati pas daigné se déplacer...
Direction la Cité ensuite où l’on court danser sur les rythmes du londonien Leon Jean Marie qui, avec des titres studio produits de manière plus hip-hop, prennent toute leur saveur pop sur scène. Les lignes de basses funky réchauffent tout de suite l'atmosphère et le guitariste, très bon également, se met le public dans sa poche. Quand à Leon Jean Marie, il apporte une fraîcheur sur scène à l'image d'un Prince des grandes années. L'esprit Motown est palpable et ces trois là sont la classe incarnée, tout simplement. Le public danse frénétiquement sur ces titres funk mais avec une touche résolument pop-rock et tubesque, à l'image de la chanson Fair et son gimmick de clavier entêtant. La Cité, qui en a vu de belles sur ces trois jours, s'enflamme pour celui qui fera à n'en pas douter le plus reparler de lui que tous les autres artistes programmés.

Notre petite ballade dans Rennes se poursuit en retrouvant l'Ubu qui accueille le groupe folk français The Bewitched Hands On The Top Of Our Heads. Un nom à retenir car je ne l'écrirais pas deux fois. Difficile à cerner au premier abord et un peu fourre-tout, le groupe gagne en attrait au fil des chansons même si la cohésion en leur sein n'y est pas vraiment. Un pop douce et légère par une joyeuse bande comptant pas moins de huit membres. On assiste à des relents de I'm From Barcelona quand un des confettis resté coincé dans le plafond de l'Ubu depuis le passage des suédois choisit de retomber au sol. Un peu de fraîcheur est apporté lorsque les deux chanteurs laissent leur place à la claviériste du groupe (trop mise à l'écart) sur une chanson. Leur entêtant single So Cool, déjà diffusé sur les ondes et calibré radio, peut avoir un avenir.
Le parking du Parc Expo est rempli de surpris de dernière minute cherchant désespérément des places. Il faut dire que ce n'est pas dans les habitudes de la maison de devoir refuser du monde. Le groupe le plus attendu de la soirée, The Residents, fait attendre un Hall 3 bondé. On peut admirer l'installation sur scène : deux cocons géants séparés par un écran et une cabine fermée. Les musiciens déguises en lapin entrent en scène et ouvrent leur concert, que dis-je, leur spectacle The Bunny Boy. Il s'agit bel et bien d'une représentation théâtrale puisque le chanteur, barbu courbé à la voix rauque et dissimulé sous une cape d'ermite, vit ses chansons dans une gestuelle exubérante. Passant de droite à la gauche de la scène en haranguant la foule avec l'histoire de son frère disparu, il court se réfugier dans sa cabine entre chaque chanson pour filmer en direct sur l'écran les éléments racontant l'histoire de Bunny Boy. Psychédélique et fou, ce concert à la musique indescriptible restera comme un moment à part dans ces Transmusicales. Une musique atonale, industrielle, avec des accents pop aussitôt cassés et complètement libérée de tout schéma pré-établi.

Pendant ce temps-là dans le Hall 9, la blondinette autrichienne Clara Moto semble bien petite dans cette salle énorme. La « DJette » essaye de réchauffer un peu l'atmosphère avec son électro-pop assez mignon. Les conditions ne lui sont pas vraiment favorables mais elle s'en sort bien. Les lituaniens de Metal On Metal sont ensuite attendus sur la scène du Hall 9 qui se remplit peu à peu. A mon goût, le meilleur groupe électronique de cette soirée : les trois DJs sont accompagnés d'un bassiste et d'un batteur apportant un coté organique nécessaire à leur mixes. Un set efficace et dansant qui arrive sortir le parc expo de sa torpeur.
Ebony Bones est déjà en scène dans le Hall 4. L'anglaise délurée met le public en ébullition avec son mix de hip-hop ska sur des rythmes afro. Avec une voix de crooner soul et ses choristes désinvoltes, l'esprit punk est néanmoins avec elle, et avec des titres comme ImUrFutureXWife ou Don't Fart On My Heart (charmant), on reste sous le charme d'Ebony.

Direction ensuite le Hall 3 qui est décidément « the place to be » de la soirée puisqu'il est toujours comble. The Black Angels, le sursaut rock de la soirée, entre en scène. Les texans proposent une performance incisive avec des titres intenses en crescendo. On est bien dans le psychédélisme, même si cela reste plus accessible que les Residents. On pense bien sûr au Velvet Underground sur des chansons lancinantes qui se prolongent pour donner toute leur saveur rock 60's. La reverb est poussée à son maximum mais les Black Angels sont là pour faire raisonner leur son le plus fort possible, à l'image de l'excellente batteuse qui ne tape pas dans du beurre. On tient la dernière grande performance des Transmusicales 2008 qui vont ensuite sombrer dans l'ennui.
Les japonais de Hifana, très attendus pour des mixes plus exotiques avec écrans géants colorés ne convainquent pas. La foule est au rendez-vous mais s'endort là ou elle se déchaînait hier sur Birdy Nam Nam ou Sebastian. Même constat dans les autres hall avec le Professor Murder ou Diplo, dont les mixes techno sont sans aucune subtilité. L'ambiance n'y est pas.

Plus de 28000 personnes auront répondu présent cette année pour une édition en demi-teinte par rapport à l'an dernier. Une programmation au Parc Expo vendredi et samedi quelque peu décevante en général, tandis que l'on assistait aux meilleurs concerts dans la salle de la Cité. SI la volonté des Trans' de refuser la logique des festivals voulant tous programmer le même groupe à la même date est compréhensible, faire venir au Parc Expo quelques têtes d'affiche de type middle-band permettrait sans doute une meilleure animation tout en apportant de la convivialité au festival. Quoiqu'il en soit, une édition 2008 qui aura apporté son lot de découvertes et de moments forts : merci les Trans' et à l'année prochaine !
artistes
    De Portables
    The Bewitched Hands on the Top of our Heads
    Leon Jean Marie
    The Residents
    Clara Moto
    Metal on Metal
    Ebony Bones
    The Black Angels
    Hifana