Eurockéennes, Jour 1

La première interrogation – cruciale – à laquelle pense sans doute chaque festivalier habitué des Eurockéennes de Belfort est celle de la météo. Bonne nouvelle : c'est sous un soleil de plomb que la 21ème édition de ce festival dont la renommée n'est plus à faire s'est ouverte. Si les années précédentes, il était plutôt de bon usage d'emmener un parapluie tenace et un bon vieux poncho dans son « kit du parfait festivalier », cette année, c'est plutôt la panoplie crème solaire-casquette et lunettes de soleil qu'il fallait avoir en possession pour ne pas cuire sur place.

C'est donc sous une agréable chaleur qu'Emiliana Torrini ouvre doucement les hostilités au chapiteau avant que Les Wampas et leur éternel rockeur déjanté Didier Wampas ne sonnent les premiers accents électriques de la journée. Car les Eurocks restent fidèles à leur marque « rock ». Ce que parviennent à montrer dans la journée avec plus ou moins de réussite une poignée de groupes : Ghinzu, lui, propose un set à la fois bruyant et mélodique sur la grande scène à travers quelques anciens morceaux (Blow, Take it Easy...) et nouveaux titres (Cold Love et sa basse puissante), avant qu'une malencontreuse coupure de courant ne stoppe le concert en pleine interprétation du single phare Do You Read Me?. Ce concert écourté nous permet en revanche d'aller apprécier le trio Noisettes à la Loggia qui met aisément le public dans sa poche grâce à son garage punk ultra efficace et à sa chanteuse Shingai Shoniwa, une vraie pile électrique ambulante !

Dans le même genre, le trio américain Yeah Yeah Yeahs montre que le rock peut parfaitement bien se conjuguer au féminin, carrément sexy sur le chant plein de verve de Karen O sur Gold Lion. Côté duos, The Ting Tings et The Kills sont à l'affiche en fin de soirée. Si les premiers offrent un concert énergique, ce sont bien les seconds qui ont visuellement rempli leur mission. Hotel martyrise sa guitare d'à-coups brutaux, cadencés au poil avec les samples percutants de batterie qu'il lance, tandis qu'Alison, alias VV, entre clope au bec, cheveux sur le front, guitare à la main et tours de scène répétitifs, s'exerce remarquablement au chant avec une énergie débridée.
Figure du métissage musical, les Eurocks mettent également le hip-hop à l'honneur. Incarné notamment par Oxmo Puccino (classe et séduisant au Chapiteau), Sefyu (plus frontal sur la grande scène) ou totalement irrésistible avec les excellents rappeurs de Cypress Hill (qui en grand remplaçants de NTM ont proposé une prestation sur-vitaminée à travers une série de tubes cultes tels que Tequila Sunrise ou i>So High).

Pour parfaire une journée déjà riche en sensations et avoir un aperçu complet des styles proposés sur le site de Malsaucy durant ces trois jours de fête, il faut faire un grand tour de piste, en allant autant écouter le folk d'Alela Diane puis l'électro-techno acide et dynamitée de The Prodigy. Si la première embaume de sa voix ensorcelante et de ses comptines acoustiques l'atmosphère paisible et solennelle qui régne sur la plage à la nuit tombée, les Anglais, eux, déversent pendant une heure un concentré de punk tonitruant, de beats électroniques robotiques, de synthétiseurs fous furieux le temps d'un set on-ne peut-plus lâché. L'occasion pour les milliers de spectateurs venus assister à cette déflagration sonore mais aussi largement visuelle (il fallait se rendre compte de la cadence millimétrée des effets de lumière sur le rythme des titres exécutés) de se remémorer à quel point les titres phares de Prodigy tels que Breathe, FireStater ou Smack My Bitch Up n'ont pas pris une ride.

Il est sûr qu'à côté, Diplo fait moins le malin à 2h du mat' sur la scène de la Plage. Et demain annonce encore du lourd !