logo SOV

Furia Sound Festival

Cergy-Pontoise, du 4 au 5 juillet 2009

Live-report rédigé par Ludovic le 13 juillet 2009

Bookmark and Share
dimanche 5
Après une première journée assez peu intéressante musicalement en dehors de Secret Chefs 3 et The Go! Team, nous voilà de retour à Cergy pour un dimanche à la programmation plus que prometteuse. Prenant le contre pieds des autres festivals Français qui ont misé sur des valeurs sures, les programmateurs du Furia nous ont concocté une journée riche en découvertes et confirmations.

 

SOV

 

Suite à une première mise en bouche assez quelconque avec Bukowski, une des nouvelles figures montantes du rock métal Français, nous voici sous le chapiteau pour Kylesa. Après un concert légèrement décevant au Hellfest, les cinq américains livrent cette fois une prestation d’une grande intensité. Porté par une rythmique hallucinante à deux batteries, leur métal est surpuissant et chaque intervention d’un des trois chanteurs donne encore plus d’intensité à l’ensemble. Le chant de Laura Pleasant est vraiment féroce et n’a parfois rien à envier à celui de Candice de Walls Of jericho. Au final, le set nous aura encore paru un peu court, mais aura vraiment permis à la journée de démarrer sous les meilleurs auspices.
Après ces quarante minutes de fureur, adhérer au son de Ukulélé de Yo Yo Yo Acapulco est mission impossible. Nous préférons largement retourner à nouveau sous le chapiteau pour nous prendre la claque de la journée : Torche. Les ayant loupés récemment, nous ne voulons pas cette fois passer à côté du trio de Miami. Pendant trente-cinq trop courtes minutes, ils nous livrent un show d’une incroyable intensité sans le moindre temps mort. Le chanteur est une vraie bête de scène, et rarement un artiste de métal ne semble avoir pris autant de plaisir en live. Chaque intro est une incitation au headbang, et le public très réceptif monte en puissance au fur et à mesure du show, la chanson Healer étant l’apogée du concert. Malheureusement, le set s’arrête trop brutalement, et nous aurions bien voulu en reprendre pour deux ou trois titres de plus.

 

SOV

 

Changement radical d’ambiance avec Tunng. Malheureusement pour les six britanniques, le public n’est pas au rendez-vous et c’est devant une centaine de personnes que leur prestation commence. Les premiers titres rappellent Elliot Smith au niveau de la voix du chanteur et des sonorités acoustiques. L’ensemble est vraiment agréable mais ne se prête malheureusement pas à une grande scène en plein après-midi. Il n’est donc pas étrange de voir le public s’installer confortablement sur la pelouse et écouter le concert d’une oreille distante. Devant le peu de réaction, les musiciens semblent résignés et notamment la chanteuse qui adopte une attitude désabusée. Ce manque d’ambiance est triste pour le groupe qui effectue pourtant une prestation plutôt agréable. Leur son est enrichi par divers instruments tous plus originaux les uns que les autres : coquillages, jouets en plastique, bouts de bois, oiseau en plastique...
Au fur et à mesure du set, les sonorités électroniques se font plus prenantes, et l’ensemble gagne légèrement en énergie, notamment sur leur joyeux single Bullets. Au final, Tunng nous a proposé un set agréable et reposant, mais qui gagnerait beaucoup en intensité dans une salle plus intimiste.

 

SOV

 

La même remarque pourrait s’appliquer à Mono, sauf que le groupe a eu la chance de se produire sous le chapiteau. Leur musique très mélodique et expérimentale semble avoir eu raison de la majorité du public qui n’est pas rentré dans leur univers. Pourtant, la prestation des japonais est très professionnelle et le tout est exécuté avec une grande maitrise. Toutes les sonorités sont très aériennes et nous transportent dans un monde de poésie. En effet, les musiciens ne communiquent absolument pas avec leur public et se concentrent sur leurs instruments. Leur univers est vraiment très particulier, mais un concert de Mono est un évènement à voir au moins une fois dans sa vie. Rarement un groupe de post-rock n’a en effet amené autant d’émotion dans sa musique, et au final, ces quanrate-cinq minutes de show se révèlent le meilleur échauffement possible avant Mogwai.
Après une pause bien méritée en écoutant la pop rafraichissante d’Herman Düne, il est temps d’assister à l’un des évènements de la journée : Isis. Comme à son habitude, le show des américains s’est rapproché de la perfection. Ces génies du post-hardcore arrivent à marier mieux que personne puissance et émotion. Leur son est d’une lourdeur hallucinante et les musiciens semblent véritablement transportés par leur musique. Le chant d’Aaron Turner, se fait plus clair et mélodique que par le passé, ce qui ne l’empêche en rien d’être une grande intensité. Le temps de cinq morceaux parfaitement exécutés, où chaque accord est réfléchi, Isis nous aura réellement fait voyager dans son univers. Le public, totalement hypnotisé, ne s’y trompe pas et réserve au groupe les ovations qu’il mérite largement.

 

SOV

 

A peine remis de l’expérience Isis, il devient difficile pour nous d’enchainer sur Emiliania Torrinni, qui grâce à sa voix d’une beauté cristalline, a réussi à conquérir son public.
La programmation de ce dimanche est tellement fournie que nous devons faire face à des choix compliqués : Gossip ou Dillinger Escape Plan. N’étant pas un grand fan du groupe de Beth Ditto, je décide tout de même d’aller y jeter un œil. Ce n'est pas la meilleure idée de la journée puisque le groupe est arrivé sur scène avec quinze minutes de retard. Pour l’une des premières fois du week-end, la grande scène est copieusement garnie, et dés les premières secondes, la fosse réagit immédiatement en dansant copieusement sur les sonorités électroniques du combo. Fidèle à ses habitudes, Beth a revêtu sans aucun complexes une ses robes moulantes dont elle a le secret. Elle se donne, mais je dois avouer que je m’attendais à une prestation un peu plus rock dans l’attitude.
Pas convaincu, je me rends donc en courant vers Dillinger Escape Plan. Malgré l’horaire partagé avec Gossip, le chapiteau est blindé. La furie règne à l’intérieur, et les cinq musiciens se donnent à 100%. Leur musique complètement déstructurée et complexe est fortement déconseillée aux oreilles sensibles. Scéniquement, les américains semblent être dans une grande forme, et leurs fans également. Cette débauche d’énergie n’est malheureusement pas du goût de la sécurité, qui complètement débordée, emploie des méthodes pas très respectables, en prenant à partie quelques fans. Malgré ce contretemps, les musiciens s’en sont donné à cœur joie pour se mélanger avec leur public et créer ainsi un gros bordel.

 

SOV

 

Pas le temps de s’attarder sous le chapiteau, que Mogwai attaque sur la scène 2, à une centaine de mètres seulement. Après une prestation en demi-teinte au Casino de Paris il y a quelques mois, nous avons hâte de savoir comment les écossais s’en sortiront à 22h30 sur une scène relativement grande et devant un public pas forcément acquis à leur cause. Dés les premières notes au clavier de Friend Of The Night, nous sommes rassurés sur la qualité sonore. Le son est en effet tout de suite très prenant et nous transporte directement dans leur univers. Sur ce titre, les envolées électriques prennent une grande dimension et hypnotise les premiers rangs. Comme à son habitude, l’attitude du groupe est assez distante et chaque musicien semble plongé dans son univers, hormis le guitariste Stuart Braithwaite, qui tente par de nombreux regards, de motiver l’assistance. De part sa quasi perfection technique, le groupe ne compte sur rien d’autre que sa musique pour combler ses fans. La set list de ce soir est en parfaitement construite dans ce sens faisant la part belle à ses plus beau titres : Hunted By A Freak, Mogwai Fear Satan, I’m Jim Morrisson I’m Dead...
Malgré cette grande qualité, les festivaliers ne semblent pas vraiment conquis, et la fosse se vide légèrement. Malheureusement pour les fans du groupe, le set s’achève au bout de seulement sur Batcat, qui n’a pas sur scène la même puissance que sur disque. Globalement, leur prestation aura été de très haut niveau, mais aura également confirmé que les festivals ne sont pas le terrain de jeu favori des écossais.

 

SOV

 

Pour clôturer ce Furia Sound Festival, nous nous rendons sous le chapiteau, assister à la grande kermesse Suicidal Tendencies. Encore une fois, la prestation punk-harcore des Californiens aura été d’une grande énergie communicative, entrainant de nombreux pogos et slams. En revanche, même si Mike Muir semble toujours aussi en forme, le live de ce soir souffre de la comparaison avec celui du Hellfest. Ce groupe est taillé pour faire bouger des foules entières, et malgré une setlist toujours aussi parfaite, faisant la part belle aux vieux succès, la scène de ce soir semble trop petite pour eux. L’attitude discutable de la sécurité ne les a pas non plus aidé à se rapprocher de leur public, tout comme leur horaire de passage, à un moment ou tout le monde pensait déjà à attraper le dernier RER.

Globalement, cette journée aura été d’une grande intensité, sans réels temps morts. On ne peut que féliciter l’organisation qui a osé mélanger des groupes aussi spécifiques tels que Isis, Mono ou encore Dillinger Escape Plan. Seul reproche, ne pas avoir mieux équilibré la programmation entre les deux jours, le dimanche se révélant presque trop complet, alors que le samedi semblait plus vide.
artistes
    Bukowski
    Courrir Les Rues
    Kylesa
    Yo Yo Yo Acapulco
    Didier Super
    Torche
    Tunng
    La rue Ketanou
    Mono
    Herman Düne
    Thomas Fersen
    Isis
    Emiliana Torrini
    The Gossip
    Dillinger Escape Plan
    Mogwai
    Thomas Dutronc
    Suicidal Tendencies