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Chikinki

Interview publiée par Fab le 20 décembre 2005

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Leur signature en début d'année sur le label Kitty Yo aura été une délivrance pour Chikinki : sortie de leur dernier album en Europe, nombreuses tournées... dont un premier passage au Nouveau Casino de Paris au début du mois de décembre. Rencontre avec Trevor Wensley et Steve Bond, respectivement claviériste et batteur du quintet.

Ce soir vous donnez votre premier concert à Paris, vous êtes impatients ?

Trevor : Paris est une ville à part, c'est un lieu que j'ai déjà eu l'occasion de visiter à plusieurs reprises et je l'aime beaucoup. Quand tu pars en tournée et que tu connais la liste des villes que tu vas visiter, il y a toujours quelques dates pour lesquelles tu es particulièrement impatient, comme Berlin, Amsterdam et Paris bien entendu.
Steve : Il y a aussi une grosse différence entre un concert dans une petite ville et une capitale comme Paris. Dans une petite ville, les gens sont souvent très excités à l'idée de voir un groupe qui fait l'effort de se déplacer jusque chez eux. Dans les grandes villes, les gens et l’atmosphère sont différents.

Vous donnez beaucoup de concerts en Allemagne également depuis votre signature chez Kitty Yo...

Steve : Voilà, je pense que tout est lié au fait que Kitty Yo soit basé à Berlin. Ils nous ont arrangé beaucoup de concerts en Allemagne puis nous sommes allés en Autriche et en Suisse. Si tout se passe bien je pense que nous aurons bientôt la chance de pouvoir jouer au Danemark et en Espagne. C'est une bonne chose d'avoir pu autant tourner en Allemagne, mais j'espère que nous aurons la chance de visiter de nouveaux pays l'an prochain.

Justement, comment en êtes-vous venus à signer chez Kitty Yo ? C'est assez surprenant de voir un groupe anglais travailler avec un label allemand...

Trevor : Tout s'est passé très vite. Nous nous sommes rendus en Allemagne grâce à des connaissances et nous avons eu l'occasion d'aller en studio avec Tiefschwarz afin d'enregistrer quelques morceaux. On nous a alors proposé de donner quelques concerts en février, et c'est à ce moment là que Kitty Yo nous ont découverts et ont proposé de distribuer notre album en Europe.
Steve : C'était la première fois que nous avions l'occasion de nous rendre en Europe, et de ce point vue c'était une expérience très excitante. Nous avons donné quelques concerts puis nous avons signé chez Kitty Yo peu de temps après... tout est vraiment allé très vite pour nous. Cela nous a par la suite permis de partir en tournée et de jouer dans quelques festivals, alors que sur un gros label il nous aurait sans doute fallu des mois avant de mettre tout cela au point.

Vous avez changé à trois reprises de label depuis vos débuts chez Sink And Stove Records, ce n'est pas un peu perturbant ?

Trevor : Je ne trouve pas cela très surprenant. Nous jouons ensemble depuis dès années maintenant, et quand tu commences à enregistrer quelques démos tu souhaites avant tout trouver un petit label pour sortir un disque... c'est ce qu'il s'est passé avec Experiment With Mother il y a maintenant plus de quatre ans. Nous avons enregistré l'album avec peu de moyens, puis Sink And Stove nous ont proposé de l'éditer et nous le vendions à nos fans lors des concerts. Quelques majors ont ensuite été intéressées, dont Island bien entendu.
Steve : Je pense que nous n'avons travaillé qu'une petite année avec Sink And Stove Records avant d'être signés par Island, c'est une période relativement courte pour un groupe. Au départ tu veux simplement pouvoir enregistrer tes chansons pour en faire un disque, puis tu essayes de trouver des personnes qui l'aiment pour t'aider à le faire connaître. Peu importe la taille du label, ce principe est plus ou moins toujours le même.
Trevor : Je pense que les choses se passeront de la même manière pour notre prochain album que nous avons enregistré durant l'été. Il devrait sortir en début d'année prochaine au Royaume-Uni, et il est probable que nous aurons à changer encore une fois de label pour qu'il puisse être distribué correctement.
Steve : Certains groupes restent pendant des années sur un unique label, et les choses se passent très bien de cette façon... mais d'autres changent régulièrement et cela ne les empêche pas de vendre beaucoup de disques. Le label m'importe peu à partir du moment où nous pouvons sortir nos disques, partir en tournée et rencontrer de nouvelles personnes. Je préfère avoir à changer de maison de disque régulièrement plutôt que de me retrouver emprisonné par un contrat.

Votre premier voyage en Allemagne vous a donc amené à rencontrer Tiefschwarz avec lesquels vous avez enregistré quelques titres. Comment s'est passée cette rencontre ?

Trevor : Nous ne les connaissions pas au départ, mais notre management avait déjà eu l'occasion de travailler avec eux à l'occasion de DJ sets. Nous sommes allés en studio avec eux et nous avons enregistré quelques bsides mais également quelques morceaux pour leur nouvel album.
Steve : Je considère notre rencontre comme une véritable collaboration. Ils ont bien entendu produit quelques uns de nos titres, mais nous avons aussi eu l'occasion de travailler avec eux en tant qu'artistes et d'expérimenter des choses que nous n'aurions pas osées de nous-mêmes.
Trevor : Ils ont un background plus électro et dansant que ce que nous faisons habituellement, et c'était vraiment une bonne chose de pouvoir essayer de nouvelles idées à leurs cotés.
Steve : J'aime l'idée de pouvoir voyager afin de rencontrer de nouveaux artistes et de partager des choses. A Bristol, plusieurs d'entre nous ont déjà eu l'occasion d'aller en studio avec d'autres groupes pour participer à d'autres disques que ceux de Chikinki, et je pense que ce genre de partage est une bonne chose.

J'ai cru comprendre que chacun des membres du groupe compose des chansons, vous devez avoir un stock de titres inédits plutôt impressionnant ?

Steve : Nous avons toujours trop de chansons à enregistrer, mais c'est une bonne chose !
Trevor : Le fait est que chacun écrit des chansons de son coté, mais il nous arrive aussi de nous réunir pour composer, cela permet à chacun d'apporter ses propres idées au sein d'une même chanson. Toutes les compositions que nous avons mises de coté depuis quelques temps ont récemment été rassemblées sur une compilation de bsides et de raretés que nous vendons sur notre site officiel et à nos concerts. Ce sont pour la plupart des titres plus expérimentaux et originaux que ce à quoi nos fans sont habitués.
Steve : Ces chansons sont moins commerciales également ! The Balloon Factory montre une facette véritablement différente du groupe. Pour en revenir à ta question, nous avions écrit environ 40 nouvelles chansons avant d'entrer en studio cet été, mais notre nouvel album n'en contiendra au final que 13. C'est toujours mieux d'avoir trop de chansons en stock, cela te permet ensuite de trier pour ne garder que le meilleur. Certains groupes ont tendance à s'enflammer dès qu'ils écrivent 4 ou 5 nouvelles chansons... ils se dépêchent ensuite d'en écrire quelques autres et ils entrent en studio pour enregistrer et en faire un album.

De quelle façon composez vous les chansons la plupart du temps ? Travaillez vous d'abord les textes puis la musique ou l'inverse ?

Trevor : Je ne crois pas qu'il existe de recette miracle pour écrire des chansons. Personnellement, je rassemble mes idées de textes et la musique par morceaux...
Steve : ...et moi la plupart du temps je travaille à partir d'une idée de mélodie pour ensuite l'enrichir au niveau des textes.
Trevor : C'est une bonne chose que chacun travaille à sa façon, cela accentue encore plus l'idée de diversité de nos titres.
Steve : Nous pouvons ainsi écrire des pop songs, ou des titres plus planants et expérimentaux... je crois que cela se ressent énormément lors de nos concerts où nous n'hésitons pas à expérimenter et à nous lâcher pour aller au bout de nos idées. Tout cela renouvelle sans cesse l'originalité de nos chansons et rend notre style plus éclectique.

Avez-vous ressenti une certaine évolution entre vos anciennes chansons et vos compositions récentes ?

Trevor : Notre tout premier album a été enregistré dans des conditions particulières : nous n'avions pas beaucoup d'argent, et tous les enregistrements avaient lieu dans nos chambre avec peu de matériel. Nous avions presque tous un travail, et nous venions tour à tour jouer de nos instruments sans que tout le monde soit réuni. Petit à petit le groupe s'est soudé, nous avons commencé à partir en tournée, et je pense que Lick Your Ticket a ainsi été très influencé par nos prestations live... notre façon d'utiliser les claviers et guitares, notre technique sur scène, tout cela a réellement évolué petit à petit. Je pense que notre prochain album sera également différent, car en vieillissant nous changeons constamment. Notre son se transforme, nous utilisons de nouvelles techniques et de nouvelles idées... c'est important pour nous d'expérimenter.
Steve : Notre musique a évolué avec notre équipement. Avec plus d'argent, nous avons pu changer nos claviers, acheter de nouvelles pédales d'effets... tout cela modifie forcément la façon dont sonne notre musique. Nous n'avons aucune idée prédéfinie, nous aimons prendre des risques, essayer de nouvelles choses un peu à la manière des Beach Boys... toutes ces nouvelles idées apportent une véritable fraîcheur à notre son.
Trevor : Tout ça pour dire que je crois que nous avons évolué !
Steve : Oui nous avons évolué... et en particulier parce que nous avons décidé d'aller de l'avant et de ne pas rester sur les mêmes positions qu'à nos débuts.

J'ai aussi entendu dire que Rupert joue de la guitare désormais, notamment sur le titre You Said. Doit-on s'attendre à le voir plus souvent avec cet instrument entre les mains ?

Trevor : Oui je pense...
Steve : Peut-être que cette chanson n'est pas un très bon exemple, mais Rupert essaye de jouer plus de guitare désormais... il en a envie. Il ne jouera jamais sur toutes les chansons, mais une seconde guitare est une bonne chose pour certains titres. Cela apporte un vrai plus lors des concerts...
Trevor : Je crois qu'il en joue sur trois ou quatre de nos nouvelles chansons. Il avait déjà essayé de jouer de différents instruments à nos débuts, comme de la basse, mais il n'avait pas continué. Personne ne se restreint à un instrument précis, chacun est libre de jouer d'autre chose s'il en a envie. Rupert peut donc jouer de la guitare s'il le veut...
Steve : ...et si nous le laissons faire !

Quand peut-on espérer entre ces nouvelles chansons sur un nouvel album ?

Trevor : Le mixage devrait être fini d'ici Noël... nous voulons vraiment que le disque soit totalement terminé avant que quiconque ne commence à travailler sur sa sortie.
Steve : Il faudra sans doute attendre le printemps ou l'été prochain avant sa sortie, rien n'est vraiment fixé pour le moment. Certaines chansons ne sont pas tout à fait terminées.

En attendant un peu de nouveauté, vous vendez depuis quelques semaines sur votre site officiel la compilation de bsides mais aussi une réédition de votre premier album, Experiment With Mother. Pourquoi avoir modifié sa pochette si particulière ?

Steve : Nous avions dans un premier temps décidé de vendre The Balloon Factory, puis l'idée nous est venue de rééditer Experiment With Mother... et nous avons donc décidé de créer non pas une mais deux pochettes inédites, une pour chaque disque donc.
Trevor : L'artwork d'Experiment With Mother avait été fait de façon très simple, à partir d'une photo, et nous n'avions jamais eu l'occasion de faire quelque chose de plus travaillé, de plus pro. Cette double sortie était donc l'occasion parfaite d'essayer de créer un nouveau thème pour la pochette.

Cela fait maintenant près de six années que vous donné des concerts un peu partout au Royaume-Uni ou en Europe, quels sont vos meilleurs souvenirs ?

Steve : Nous avons eu la chance de jouer dans des festivals fantastiques comme le V ou Glastonbury qui figurent parmi les plus importants du Royaume-Uni. Quelques uns de nos concerts à Berlin se sont très bien passés aussi. Ce sont toujours les plus grosses dates qui te reviennent en premier, mais les meilleurs souvenirs peuvent être obtenus dans de petits clubs dont tu n'attendais rien au premier abord.
Trevor : Leipzig par exemple...
Steve : Oui Leipzig ! La salle était très spéciale, l'ambiance et le public aussi. Le concert à Strasbourg était très bien également.

Je vous laisse le mot de la fin...

Steve : C'est la première fois que je viens en France, et je suis très content de pouvoir enfin donner un concert à Paris. Nous avons beaucoup joué en Allemagne ces derniers mois et nous connaissons bien le pays maintenant, mais la France est une découverte pour nous. J'espère que nous reviendrons l'an prochain pour d'autres tournées et que nous pourrons visiter plus de petites villes... et puis la nourriture et le vin sont bien meilleurs ici !