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Editors

Interview publiée par Fab le 20 juin 2007

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The Back Room les avait révélés durant l'été 2005, An End Has A Start les amènera très certainement vers les sommets durant les mois à venir. A quelques jours seulement de la sortie de leur second album, rencontre avec Tom Smith et Chris Urbanowicz, respectivement chanteur et guitariste de la formation...

On ne vous a pas vus en France depuis le festival Rock en Seine l'an dernier, qu'avez vous fait depuis ?

Tom : On a donné quelques concerts dans des festivals en Europe durant l'été 2006 puis on a pris un peu de repos avant d'enregistrer notre second album. Comme on jouait The Weight Of The World et Bones depuis plusieurs mois on a décidé de les enregistrer dès le mois de septembre, puis on a écrit le reste de l'album jusqu'à la fin du mois de décembre. Il nous fallait une quinzaine de chansons, et à partir du moment où ce quota a été atteint, on est retourné en studio pour finir le travail.

Tout était donc planifié et s’est déroulé sans le moindre problème ?

Tom : Rien de vraiment dérangeant. On ne va pas rendre cette période romantique ou inventer des problèmes fictifs pour faire plaisir aux journalistes, la vérité c'est que tout s'est déroulé sans le moindre accroc. On avait une grande confiance en nous à cette époque, on souhaitait aller de l'avant et je crois qu'on a réussi à relever ce défi !

Vous avez choisi un titre un peu philosophique pour ce disque, An End Has A Start. Est-ce que vous pouvez me l'expliquer ?

Tom : Je l'ai choisi après une longue réflexion autour des paroles des chansons et de l'ambiance du disque. Les thèmes abordés tournent autour de la mort, des sentiments et de l'acceptation de ce que l'on est... la vie n'est ni noire ni blanche, elle est constituée d'événements distincts qui forment un ensemble.
Qui peut expliquer ce qu'est la vie ? Ce qu'est la mort ? Personne ! Je pense que "An End Has A Start" est une expression abstraite de tout cela.

Après avoir atteint la seconde place des charts avec The Back Room, quelles sont vos attentes pour ce disque ?

Tom : Je ne sais pas si on peut vraiment parler d'attentes pour un album, pas en terme de ventes en tout cas...
Chris : On atteindra dans le meilleur des cas la seconde place à nouveau car le nouvel album de 50 Cent sort la même semaine ! (rires). Plus sérieusement, j’espère que cet album suivra le même chemin que The Back Room. Avec le temps, de nouvelles personnes vont apprendre à nous connaître et notre côte de popularité grimpera au fur et à mesure. Tout cela reste peu important, on espère simplement pouvoir continuer à faire de la musique, partir en tournée et jouer dans les principaux festivals européens. Ce sont nos véritables objectifs à court terme.
Tom : Le succès de notre album ne doit rien aux médias. On a tourné sans relâche pendant des mois, on a sorti plusieurs singles qui ont bien marché et le public a fini par s'intéresser à nous. J'espère que ces mêmes personnes et nos fans prendront le temps de découvrir notre nouvel album, ce n'est pas une version réchauffée de The Back Room mais un disque avec une identité unique. On a bien sûr conservé un certain style mais on a aussi cherché à évoluer et apporter de nouvelles idées.

Votre ambition pour ce disque semble très forte, je me trompe ?

Tom : Bien sûr ! Avec tout ce qu'on a investi personnellement dans cet album en termes de travail et de confiance, on veut nécessairement toucher un maximum de gens. Sans être prétentieux, le son de cet album est très vaste et travaillé, aussi bien musicalement que vocalement. On veut surprendre les gens. On a su mettre de côté nos craintes et nos hésitations pour enregistrer ce disque, on a utilisé le piano à chaque fois que cela nous semblait nécessaire par exemple, sans trop y réfléchir pour ne pas freiner notre élan artistique. Notre producteur nous a encouragés à suivre cette voie, il a su nous convaincre qu'il n'existait aucune barrière à notre créativité.

Ne ressentiez-vous pas d'une certaine manière le besoin de passer un nouveau cap ?

Chris : On voulait aller plus loin que sur notre premier album, à la fois pour notre public mais aussi pour nous-mêmes. On avait besoin de lancer un nouveau défi avec ce disque. On a beaucoup appris durant les mois passés sur la route, on a changé et compris ce que notre public pouvait attendre de nous musicalement.
Tom : Certains groupes se contentent de jouer la même musique d'un album à l'autre mais c'est une chose qu'on ne peut pas concevoir. On doit sans cesse aller de l'avant, dépasser nos limites.

Le piano est très présent sur votre nouvel album, ce qui est une évolution majeure pour vous. Ne pensez-vous pas que cela puisse affecter la dynamique de vos concerts ?

Tom : Si je ne me trompe pas, six des nouveaux morceaux qu'on devrait jouer dans les mois à venir contiennent du piano alors que dans le passé je n'étais assis derrière l'instrument que durant Camera. Je serais peut-être moins présent à la guitare mais nos concerts n'en seront pas différents pour autant. Lors des répétitions on ressent toujours autant l'excitation de jouer les chansons en live et je ne suis vraiment pas inquiet à ce propos.

A l'époque de The Back Room vous aviez souvent été comparés à Joy Division, The Cure, Interpol, Echo & The Bunnymen, des influences dont vous semblez vous détacher sur votre second album. Quel est votre avis sur la question ?

Tom : On n'a certainement pas travaillé d'une manière consciente en ce sens... quoiqu'il en soit, si tu prends l'ensemble des chansons de nos albums ainsi que les bsides qu'on a pu enregistrer, tu trouveras sans doute des ressemblances avec ces groupes sur certains points, mais aussi beaucoup de différences. On a avant tout enregistré An End Has A Start pour nous-mêmes.
Chris : Le plus ironique étant qu'on a sans doute jamais autant écouté ces groupes que durant les semaines passées en studio ! (rires)

Ce sont les seuls groupes que vous avez écouté ces derniers temps ?

Tom : Pas seulement eux bien entendu... on a aussi pris le temps de découvrir Kraftwerk, Kate Bush ou Sigur Ros. Ce sont principalement ces artistes qui nous ont influencés durant l'écriture de notre second album. On n'a pas cherché à leur voler des idées, mais quand tu écoutes beaucoup certains disques tu finis par t'inspirer de certaines idées.

Certaines chansons comme The Weight Of The World ou Bones ont été jouées en concert durant des mois avant d'être enregistrées de manière définitive en studio. Est-ce que votre approche les concernant a été différente de celle vis à vis de vos nouvelles compositions par exemple ?

Tom : Nos concerts nous ont servi de laboratoire pour ces chansons. On a pu les tester et les faire évoluer durant un certain temps, ce qui a rendu leur enregistrement très rapide par la suite. Le principe est le même que pour une relation amoureuse, tu ne peux vraiment savoir si tu as fait le bon choix que sur la durée. Notre façon de travailler a été légèrement différente pour le reste du disque car on a découvert le rendu live de ces chansons en les répétant en studio et non devant des centaines de personnes. C'était différent mais pas nécessairement plus compliqué, on ressentait là encore une certaine excitation liée au sentiment de nouveauté.
Chris : C'est une méthode qui nous convient et c'est sans doute celle-ci qu'on pourra le plus facilement appliquer dans le futur. Prendre une ou deux années pour se reposer, écrire puis aller en studio avec un bon producteur... je pense que c'est l'idéal pour préparer un bon album.

Vous semblez comblés par le travail de production que Garret « Jacknife » Lee a mis en œuvre pour cet album, que vous a-t-il apporté ?

Tom : On a travaillé avec lui pour la première fois lorsqu'on a décidé d'enregistrer une nouvelle version de Bullets. Il est vraiment très doué et très impliqué dans son travail, et il a beaucoup insisté auprès de nous et de notre management afin de produire cet album.

Peut-être aviez-vous simplement besoin d'un producteur à la hauteur de vos ambitions ?

Chris : Ca nous a aidé par rapport à nos objectifs. On aurait pu choisir des dizaines d'autres producteurs mais on avait certains besoins très précis. Avec Garret on savait par avance que tout se passerait bien et qu'on pourrait travailler sur le disque à notre manière. Avec une personne si connue, les risques étaient minimes.
Tom : En écoutant les premières démos de l'album on a cherché à imaginer qui pourrait apporter un souffle nouveau à notre musique. C'était très excitant de pouvoir suivre l'évolution du travail de Garret par la suite. Je suis persuadé qu'il n'a exploité qu'une infime partie de son potentiel pour le moment.

The Back Room était perçu comme un album plutôt sombre mais An End Has A Start semble aller encore plus loin dans cette voie... par quels éléments avez-vous été influencés lors de son écriture ?

Tom : Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie ces deux dernières années, et parmi celles-ci certains événements m'ont marqué même si je n'aime pas me les remémorer. Ce nouvel album est un disque sombre mais porteur d'espoir, à l'image de certaines des chansons. Je pense que d'un point de vue lyrique c'est un disque sombre où l'on a cherché à parler de thèmes difficiles à aborder, mais musicalement on a d'abord cherché à produire un disque excitant et fort...

On vous a beaucoup critiqué à vos débuts pour avoir réédité un nombre important de singles, je suppose que votre approche sera différente cette fois-ci ?

Tom : C'est une certitude. Tout est très différent désormais.
Chris : Notre statut a changé. Je pense que cet album contient beaucoup plus de singles potentiels que le premier, et c'est une raison suffisante pour ne plus proposer de rééditions.
Tom : On reste malgré tout un groupe indé et on aimerait pouvoir suivre une certaine ligne de conduite. Il y a encore deux ans on avait besoin de toucher un public, il fallait qu'on trouve un moyen pour être diffusé à la radio et la réédition de certains titres forts en était un. Munich a joué un rôle important car il a permis à l'album d'atteindre la seconde place des charts au Royaume-Uni, plus de six mois après sa sortie ! On n'est pas stupides, on sait que l'industrie possède des règles pas toujours positives pour les groupes mais on fait avec. On laisse ces choix à notre maison de disque mais le problème ne se posera plus désormais.

Votre nouvel album contient énormément de singles potentiels... le choix de publier Smokers Outside The Hospital Doors dans un premier temps a-t-il été évident ?

Chris : Le choix a été dur en raison du nombre de possibilités. On n'écrit pas des chansons pour faire danser les gens alors dans un premier temps il nous a fallu sélectionner un morceau accrocheur et simple... mais il n'y a pas de recette miraculeuse ! Smokers Outside The Hospital Doors se situe dans la lignée de The Back Room, nos plus anciens fans vont pouvoir y trouver une continuité en forme d'introduction à An End Has A Start. Il était important pour nous d'introduire notre évolution avec délicatesse, sans totalement changer les habitudes.

Vous auriez également pu sortir une chanson plus ancienne que vos fans avaient déjà entendue en concert, comme Bones ou The Weight Of The World...

Tom : Je ne suis pas certain que beaucoup de personnes connaissent vraiment ces chansons. Nos fans hardcore ont sans doute quelques enregistrements live sur leurs ordinateurs mais la majorité de deux qui nous écoutent ne doivent même pas s'en souvenir. On adore ces chansons bien entendu mais on veut que notre premier single ait un vrai impact.
Chris : Il fallait vraiment qu'on montre d'emblée dans quelle direction le groupe se tourne désormais, et pour cela il était nécessaire de sortir une chanson inédite. An End Has A Start est un disque pop dont les gens vont se souvenir pendant un bon moment.

Qui dit nouvel album, dit nouvelles tournées... ce ne fut pas frustrant de ne plus donner de concert pendant si longtemps ?

Tom : Ca nous a vraiment manqué. On avait donné quelques concerts avant d'entrer en studio mais rien qui ne ressemble à une vraie tournée. Jouer devant un public est pour moi la chose la plus excitante dans le fait d'appartenir à un groupe.

Durant les mois à venir vous serez amenés à jouer dans des salles de plus en plus importantes, cela ne vous effraie pas ?

Tom : On va débuter progressivement. On va commencer par retourner dans des lieux qu'on connait bien puis on évoluera durant les prochaines tournées vers des salles de plus grande contenance si le disque a du succès.
Chris : Contrairement à beaucoup de groupes on ne cherche pas à remplir les plus grandes salles du pays avec des concerts formatés. On veut rendre chaque date unique afin que le public en ait pour son argent.
Tom : Pour notre tournée d'automne on a choisi de jouer dans environ 25 salles de taille moyenne alors qu'on aurait pu donner une dizaine de concerts dans des lieux beaucoup plus imposants. Je ne dis pas qu'on ne jouera jamais dans ce genre de lieux, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. Au mois d'octobre notre album sera sorti depuis quelques mois et la tournée s'annonce comme notre meilleure. Chaque soirée sera une célébration du disque.

Ressentez-vous aussi une certaine impatience à propos des festivals d'été ?

Tom : La période des festivals est très particulière. Durant toute la semaine tu peux rester chez toi pour te reposer, mais dès le week-end venu tu dois te rendre aux quatre coins du Royaume-Uni ou de l'Europe pour jouer devant des dizaines de milliers de spectateurs... c'est un rythme un peu étrange mais on ne se plaint pas ! On garde par exemple un souvenir fantastique des Vieilles Charrues où on a joué en 2006, toute cette foule amassée devant la scène, une ambiance très spéciale et surtout des groupes français un peu étranges ! (rires)