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Kaiser Chiefs

Interview publiée par Fab le 18 juillet 2007

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Après avoir écoulé plus de quatre millions de copies d'Employment dans le monde et récolté pas moins de trois Brit Awards en début d'année 2006, les Kaiser Chiefs ont publié au mois de février dernier leur second album, Yours Truly, Angry Mob. Rencontre avec Simon Rix, bassiste de ces phénomènes de la pop anglaise...

Vous jouez aux quatre coins de l'Europe depuis quelques temps, ça vous fait quoi d'être en quelque sorte la première partie de Lauryn Hill ce soir ?

Avec du recul c'est un peu bizarre, mais on joue avec tellement d'artistes différents en ce moment qu'on y pense même plus. Il y a trois jours on était avec Sonic Youth, hier avec Faithless... alors pourquoi pas aussi Lauryn Hill ?! Au Royaume-Uni on est systématiquement la tête d'affiche depuis un moment, c'est donc un peu étrange de devoir ouvrir la soirée pour un autre groupe mais ça a quand même de bons cotés, on rencontre souvent des amis ou des personnes qu'on apprécie comme Echo & The Bunnymen récemment.

Jouer en première partie d'autres groupes, c'est une approche différente de la vie de musicien selon toi ?

On y pense assez peu... c'est la période des festivals et on n'est pas le plus grand groupe du monde, alors on prend les dates les unes à la suite des autres sans chercher avec qui on va jouer. C'est un peu la loterie tous les soirs. Un concert reste un concert, peu importe qui joue en première partie de qui.

Cet été vous aurez aussi l'opportunité de jouer dans un stade avec Muse, c'est une date spéciale ?

C'est forcément un événement important, on va en profiter. Je n'ai pas vu Muse en concert depuis la sortie de leur premier album... autant dire que ce sera une bonne occasion d’observer comment ils ont évolué avec la célébrité. On ira à Monaco pour observer et apprendre mais on a déjà pu découvrir ce qu'on ressent en jouant dans un stade en première partie de U2.

Vous avez la réputation de choisir d'excellentes premières parties pour vous accompagner en tournée, est-ce un besoin pour vous d'aider certains groupes à grandir ?

Ce n'est pas un besoin ou une mission, mais il y a tant de petits groupes qui n'obtiennent pas le succès qu'ils méritent... on essaye juste de leur donner un coup de pouce. A titre d'exemple, on adore les Cribs, ce sont nos amis depuis longtemps, mais ils ont décidé de ne plus assurer nos premières parties pour pouvoir grandir à leur manière et non pas dans notre ombre. Il est normal à un moment donné de vouloir voler de ses propres ailes. Tout cela pour dire qu'on ne choisit par nos premières parties pour avoir bonne conscience ou faire une bonne action.

Venons en à votre second album... lorsque vous l'avez enregistré, vous étiez déjà des stars au Royaume-Uni, alors que pour Employment vous n'étiez encore qu'un petit groupe de pop comme beaucoup d'autres. En quoi est-ce que les Kaiser Chiefs ont changé selon toi ?

Je ne crois pas qu'on ait changé en tant que personnes, mais on a vraiment voulu suivre une sorte d'évolution d'un point de vue musical. On a décidé de retourner dans notre studio de Leeds pour ce second album, on voulait retrouver certaines habitudes avant d'écrire et d'enregistrer de nouvelles chansons. C'était un vrai retour aux sources. On a d'abord cherché quels étaient les éléments positifs sur Employment pour les réutiliser et les mélanger avec nos nouvelles idées plus récentes.

Le succès de votre premier album contraste avec l'échec que vous aviez subi du temps de Parva... le perçois-tu comme une revanche ?

Ce n'est pas une revanche, pas au sens propre en tout cas. On a vendu beaucoup de disques avec Kaiser Chiefs mais on n'a jamais changé d’avis sur Parva, on reste fiers de ce qu'on a fait sous ce nom. C'est malgré tout une énorme satisfaction d'avoir pu percer aussi rapidement... les gens nous crachaient souvent dessus avant qu'on fonde les Kaiser Chiefs, alors en voir certain venir nous féliciter maintenant c'est plutôt gratifiant ! Ca remet certaines choses à leur place.

Certaines personnes n'ont pas été tendres avec vous pourtant... beaucoup d'entre elles étaient convaincues que votre second album serait un échec !

C'est une source de motivation pour le groupe ! Ceux qui s'attendaient à un disque raté ont sûrement été surpris. Ce disque, c'est notre réponse aux critiques... Quand tu entends certaines personnes dire du mal de ta musique ou de toi, ça te donne envie de leur prouver qu'elles ont tort. Il est normal que tout le monde ne nous aime pas car les goûts sont différents d'une personne à une autre, mais j'espère que les gens sont capables de voir les qualités d'un disque même sans en apprécier le contenu. C'est pour cette raison qu'on a tenté de rassembler le plus possible de bonnes chansons pour Your Truly, Angry Mob.

A quel point a-t-il été difficile d'enregistrer un second album suffisamment différent du premier ?

Eh bien ça n'a pas été si difficile... mais on commence à penser au troisième depuis quelques temps et on réalise que ce sera sans doute bien plus compliqué ! Quand on est entrés en studio l'an dernier, on a fait le vide dans nos têtes et on a décidé d'écrire des chansons simples et efficaces, sans vouloir à tout prix chercher la nouveauté. Ca aurait sûrement été la meilleure façon de faire un mauvais disque. Rien n'a été forcé car notre évolution s'est faite naturellement... après avoir été en tournée partout dans le monde pendant presque deux années, nos personnalités ont évolué et notre musique également. On a vraiment senti la différence en studio, on dégageait une vraie force tous ensemble. On n'était plus un petit groupe local.

C'est une question facile... comment êtes-vous devenus des « angry mob » ?

Beaucoup de choses ! (rires). Le terme d'« angry » mob ne s'applique pas vraiment à nous mais à toutes les personnes qu'on rencontre en Grande-Bretagne. C'est une question de culture, un point de vue sur la vie dans le monde à l'heure actuelle. Tu vois ce que je veux dire ? Prenons la presse par exemple... le lundi un journal va annoncer que des populations seront décimées par une maladie d'ici quelques années. Ces mêmes personnes vont décrire cela de façon dramatique en donnant des conseils à suivre impérativement pour parvenir à changer les choses. Dès le lendemain, tout sera oublié et un nouveau sujet fera la une du journal. On n'accepte pas cette mentalité qui pousse certaines personnes à causer la panique pour un rien, à chercher les créer la sensation en oubliant quelques jours plus tard ce qui semblait si dramatique auparavant. Et le pire, c'est que c'est pourtant la mentalité que les gens semblent adopter de plus en plus.

Vous avez à nouveau travaillé avec Stephen Street sur ce disque, pourquoi ce choix ?

C'était dans la logique des choses. On a voulu conserver certains éléments qui avaient fait notre succès tout en allant de l'avant, et ce que Stephen avait réussi à construire sur Employment nous a beaucoup plu... Il n'avait pas pu produire la totalité de notre premier album car il était trop pris par ses activités annexes, mais si tu y regardes de plus près tu pourras voir qu'il s'est occupé de toutes nos chansons les plus connues. C'est un signe non ? On a discuté avec d'autres producteurs à un moment donné, mais quand on a su que Stephen était libre, le choix a été très rapide.

Avec un peu de recul, quelle est selon toi la meilleure chanson des Kaiser Chiefs ?

Oh My God ! C'est une des premières chansons qu'on a écrites tous ensemble, ça la rend un peu particulière. J'aime son introduction, les paroles, les solos... et puis le refrain que le public reprend toujours en chœur.

Penses-tu que cette chanson est en quelque sorte votre Smells Like Teen Spirit ou votre Creep ?

Ce n'est pas à moi de le dire, c'est une question d'appréciation. Je ne pense pas que ce soit notre chanson la plus évidente mais on a pris l'habitude de boucler tous nos concerts avec et c'est vraiment quelque chose qui me plait. Ruby pourrait être notre Smells Like Teen Spirit au niveau de l’accessibilité, mais Oh My God est notre arme secrète, c'est la chanson qui va faire chavirer le public au final.

Quels sont vos plans pour les mois à venir ?

On commence à écrire de nouvelles chansons dans le bus durant les tournées mais on manque de temps pour véritablement les travailler correctement... on devrait malgré tout essayer d'en jouer prochainement en concert parce que la nouveauté est aussi synonyme d'excitation. La demande est forte et on doit aussi aller jouer aux Etats-Unis, au Japon, en Australie... autant dire qu'il faudra encore attendre longtemps avant qu'on enregistre ce fameux troisième album !