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The Rakes

Interview publiée par Fab le 5 août 2007

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Révélés aux yeux du grand public français grâce au titre Open Book l'année passée, The Rakes ont publié au mois de mars dernier leur second album, Ten New Messages. Rencontre avec Alan Donohoe, leader désarticulé et déjanté du quatuor, en pleine période estivale...

Vous jouez très souvent, et ce de manière régulière, en France depuis la sortie de votre premier album il y a deux ans, c'est un pays qui vous plait ?

Après le Royaume-Uni c'est vraiment le pays où on se sent le plus à l'aise et où le public nous apprécie le plus. C'est ici qu'on a joué pour la première fois en Europe donc ça reste un souvenir marquant. Je pense que tout cela est la conséquence d'une somme de détails, comme le fait que notre chanson Open Book ait été utilisée dans un spot publicitaire ou que l'un de nos premiers singles porte le nom de Strasbourg... tout cela rend notre relation avec votre pays un peu spéciale et unique.

Ce fameux spot publicitaire utilisant Open Book vous a permis d'acquérir une certaine reconnaissance aux yeux du grand public... ce n'est pas un problème pour toi d'acquérir une telle notoriété de cette manière ?

Ca ne me dérange pas car c'est une bonne chose de pouvoir se faire connaître, même si le moyen utilisé est un peu particulier. C'est un élément commercial qui n'affecte en rien nos capacités artistiques et je pense que c'est cela qu'il faut retenir. Si la chanson était mauvaise personne ne s'en serait soucié, alors il serait injuste de ne pas profiter des avantages que cette soudaine popularité peut nous apporter. Pour exister en tant que groupe il faut parvenir à vendre des disques et remplir des salles de concert, aucun musicien ne pourra te dire le contraire... il faut payer son loyer, pouvoir manger tous les jours, acheter de nouveaux instruments. Tout cela a un coût et il faut parfois savoir faire des concessions en acceptant que ta musique soit utilisée à la télévision. Et de mon point de vue, j'adore voir le public reprendre Open Book en coeur à chaque concert !

Votre second album, Ten New Messages, est sorti il y a quelques mois. Quels sont ces fameux messages évoqués dans son titre ?

Cette idée nous est venue au moment de choisir le titre de manière définitive. On cherchait l'inspiration dans les paroles des chansons sans parvenir à faire un choix qui nous convienne à tous les quatre... Mais petit à petit le puzzle s'est mis en place. Tout d'abord en écoutant The World Was a Mess But His Hair Was Perfect, on a en quelque sorte flashé sur la phrase « got ten new messages on my phone ». La deuxième étape a été de réaliser qu'on parlait énormément de communication sur ce disque, ce qui rendait donc ce thème plutôt représentatif de l'ensemble de l'album. Et pour finir, on a eu l'idée de compter le nombre de chansons qui étaient donc dix ! A cet instant on a donc posé les instruments, mis de coté les dix chansons qui étaient prêtes, et présenté l'ensemble sous le titre Ten New Messages. Dix chansons, dix messages... le compte est bon !

Outre la communication, cet album traite aussi de la politique. C'est un élément plutôt nouveau dans votre musique...

Les sujets abordés le sont à notre manière, ils parlent de la politique, du terrorisme mais aussi du traitement de l'information dans les médias au Royaume-Uni ou dans le monde. On n'avait habitué personne à ce type de discours et on n'a pas voulu écrire des textes sous forme de discours politique ou de revendications mais on avait une opinion sur le sujet qu'on souhaitait partager. Ce n'est pas de la politique au sens strict mais plus une discussion sur des sujets d'actualité, une analyse très personnelle de la situation. C'est vraiment notre point de vue qu'on a cherché à illustrer dans les textes de ces chansons.

Dans quel état d'esprit vous trouviez-vous lors de l'écriture et l'enregistrement de cet album ?

Je ne saurais pas le dire de manière précise car ce disque a été construit sur une longue période. La première chanson à avoir été écrite, The World Was a Mess But His Hair Was Perfect, date de la sortie de notre premier album, et depuis on n'a jamais vraiment cessé de travailler sur de nouvelles idées.

Le ton du disque semble plus calme et posé que celui de Capture/Release, pourquoi ce choix ?

D'une certaine manière, chaque chanson de Ten New Messages est l'égale des autres, il n'y a sans doute pas de single aussi évident que ceux présents sur notre premier album. On n'est pas partis avec l'idée d'écrire dix chansons dont trois ou quatre singles, ce n'est pas un concept album. Les chansons forment un ensemble homogène et c'est aussi pour cela que l'atmosphère est plus posée. On ne voulait plus écrire des chansons très accrocheuses avec des refrains entêtants comme on a pu le faire à une époque et je pense que c'est vraiment le meilleur choix qu'on a pu faire. Le premier album d'Arcade Fire était très punchy et le second l'est beaucoup moins sans que les mélodies ne soient mises en péril, c'est ce même type de raisonnement qu'on a eu pour Ten New Messages. On a mis notre énergie de coté et ralenti le rythme pour montrer une autre facette du groupe.

Peut-on interpréter cette évolution comme une volonté d'être plus sobre et sérieux ?

Si tu compares nos deux albums, je pense que c'est le cas. Mais Ten New Messages est avant tout le reflet de ce que nous étions à un moment donné. Cette évolution s'est déroulée en parallèle avec celle du monde qui nous entoure. Plus jeune on pensait surtout à écrire des chansons punk pour faire bouger les gens, à faire des nuits blanches et boire beaucoup d'alcool... mais c'est fini. Enfin pour le moment on reste calme, mais quand il s'agira d'écrire un troisième disque on aura peut-être à nouveau envie de faire la fête un peu plus ! [rires]

We Danced Together, le premier single de votre second album, se rapprochait malgré tout beaucoup de l'ambiance de Capture/Release. Est-ce que cette chanson était une sorte de transition pour vous ?

On ne l'a pas choisi dans cette optique. On a discuté avec notre maison de disque et on a convenu que c'était une chanson pop très agréable qui pourrait plaire à notre public. Même s'il est différent de nos anciens singles, c'est un titre très catchy, très rakes en quelque sorte. Mais lorsqu'il est sorti, on a vraiment été surpris de voir que beaucoup de gens ne nous reconnaissaient pas dans cette chanson... Le choix du premier single est pourtant très important, il faut donner une bonne image de l'album mais je ne suis pas certain que ça ait été le cas cette fois-ci. Je pense par exemple que The World Was a Mess But His Hair Was Perfect a un peu moins dérouté nos anciens fans.

Vous avez choisi de ne pas travailler avec Paul Epworth pour ce disque, pourquoi avoir changé de producteur ?

Paul est une personne très douée pour travailler avec les groupes de rock à guitares, il sait comment faire sonner tous les instruments de la meilleure manière. Il a produit beaucoup d'artistes comme Bloc Party, The Rapture ou The Futureheads à un moment donné mais il a selon moi toujours réussi à les différencier sur des détails. A cette époque c'était vraiment le producteur jeune et cool que tout le monde s'arrachait mais on a voulu essayer de nouvelles choses pour notre second album, rien de plus.

Jim Abbiss et Brendan Lynch ont donc produit Ten New Messages, qu'ont-ils apporté à votre musique ?

On avait une petite liste de noms au départ dans laquelle on a fait le tri pendant un moment mais Jim Abbiss nous a contacté directement quand il a entendu dire par un ami qu'on allait enregistrer un second album. On l'a donc rencontré et on a discuté de ce qu'il a fait avec Kasabian en mixant des guitares et des sons électroniques ou pour les Arctic Monkeys qui est un groupe basé sur la guitare. Je pense que les Rakes se situent à mi-chemin entre ces deux groupes et le CV de Jim nous semblait en adéquation avec cela. Il travaille d'une manière très professionnelle et cherche à améliorer tous les détails d'une chanson, c'est aussi pour cela qu'on a voulu collaborer avec lui. On savait malgré tout que certaines chansons ne lui conviendraient sans doute pas et on a donc voulu rencontrer Brendan Lynch après avoir écouté son travail pour Primal Scream. On ne pouvait pas se permettre de gâcher du temps et de l'argent en studio juste pour le plaisir d'expérimenter, mais on savait d'emblée qu'avec deux producteurs de ce calibre on ne pourrait que réussir.

Avec du recul, que faudrait-il améliorer sur cet album selon toi ?

Notre seul et unique objectif initial était de parvenir à reproduire en studio notre son live. Entrer dans la pièce avec tous les équipements, enregistrer les chansons en une prise et écouter le résultat a posteriori pour voir si le but est atteint. On a réussi pour quelques titres mais on a encore beaucoup de progrès à faire pour être véritablement efficaces dans cette configuration très particulière. Je pense que pour notre troisième album on cherchera un producteur purement « live », une personne capable de capturer notre énergie scénique... mais dans un studio. J'aimerais aussi pouvoir proposer des mélodies plus prenantes et travaillées, je regrette un peu que cela n'ait pas été plus le cas pour Ten New Messages.

Tu sembles déjà avoir quelques idées par rapport à votre prochain disque, avez-vous prévu de retourner en studio prochainement ?

Pas encore car on a prévu de donner beaucoup de concerts. L'été est réservé aux festivals mais on devrait bientôt aller jouer en Amérique du Sud et aux Etats-Unis, puis au Royaume-Uni et en Europe cet hiver. Une seconde tournée américaine est prévue en début d'année 2008 et je pense qu'après cela on pourra vraiment se pencher sur notre prochain album. Peut-être qu'on prendra un peu de repos pour profiter de la vie de rock star... j'aimerais pouvoir disparaître quelques années pour vivre comme une rock star ! [rires]