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Young Knives

Interview publiée par Fab le 14 mars 2008

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Après avoir créé la surprise lors de la sortie de Voices Of Animals And Men, The Young Knives récidivent en 2008 avec un Superabundance haut en couleurs. A quelques minutes de leur premier concert parisien au mois de décembre dernier, les trois anglais nous accordaient un rapide entretien pour évoquer leur parcours et leurs objectifs...

Ce soir vous allez jouer pour la première fois à Paris, comment vous sentez-vous ?

Henry : On est vraiment ravis d'être là pour jouer, je pense qu'on va vraiment passer un bon moment. J'avais même oublié qu'on n'avait jamais joué dans cette ville alors que quelques festivals français nous ont déjà accueillis de par le passé. Ce n'est pas un phénomène strictement lié à la France car jusqu'à maintenant on a principalement assuré des tournées au Royaume-Uni sans avoir une vraie chance de percer en Europe. Venir ici est quelque chose qui nous tient à coeur, mais depuis trop longtemps nos tentatives de partir en tournée sur le continent sont repoussées sans vraie raison. On va donc prendre la température ce soir puis on reviendra pour une véritable tournée dans plusieurs pays au printemps car c'est une de nos cibles prioritaires pour l'année 2008.

Votre évolution passe donc par l'obtention d'une certaine reconnaissance hors de votre pays d'origine ?

Thomas : Oui car cela voudra dire qu'on pourra gagner encore plus d'argent ! [rires]
Henry : Je crois qu'on a tous très envie de découvrir de nouveaux pays... on ne deviendra sans doute jamais aussi populaires et importants que des groupes comme les Arctic Monkeys ou Muse mais si on peut avoir la chance de partir régulièrement en tournée aux quatre coins du globe on ne s'en privera pas.

J'ai l'impression que vous n'avez pas cessé de sortir des singles et de partir en tournée depuis très longtemps maintenant, n'avez-vous jamais eu envie de prendre quelques mois de vacances avant d'enchaîner avec votre second album ?

Henry : Tout le monde apprécie les vacances et le repos après une longue période de travail... mais on a vite réalisé que ce n'était pas nécessaire. Après seulement quelques jours chez nous on réalise qu'il n'y a rien à faire et on s'ennuie, c'est pour cela qu'on continue d'écrire des chansons et que notre second album arrive si rapidement.

Il y a quelques mois vous avez été nominés pour l'édition 2007 du Mercury Music Prize, est-ce que cela vous a motivé encore plus que vous ne l'étiez déjà ?

Henry : On ne pensait vraiment pas figurer parmi les sélectionnés cette année car on pensait avoir manqué notre tour l'année précédente. L'album était sorti quelques semaines seulement en retard et il n'était pas éligible à cause du règlement. C'a donc été une très bonne surprise d'avoir une seconde chance, d'autant plus que contrairement aux années précédentes la majorité des nominés pour 2007 étaient de jeunes groupes plus ou moins connus.

Vous sentez-vous à votre place parmi cette jeune garde justement ?

Henry : Obtenir une nomination au Mercury Music Prize était vraiment une revanche pour nous après de nombreuses années de galère. Même si au final on n'a pas remporté le prix, cela a permis de prouver que The Young Knives est un groupe de qualité et que les personnes qui nous ont regardés de travers pendant si longtemps avaient peut-être tort. On est peut-être plus âgés que la plupart des nouveaux groupes mais notre place à leurs côtés est méritée.

Vous n'étiez pas encore le groupe que vous êtes devenus aujourd'hui lors de votre signature chez Transgressive Records, imaginiez-vous à cette époque en arriver là où vous êtes aujourd'hui ?

Henry : Ce n'était pas un objectif en soi que de devenir un groupe important, après toutes les choses qu'on avait traversées ensemble on voulait d'abord continuer à jouer de la musique et sortir des disques. Transgresive Records est venu frapper à notre porte et on a saisi cette opportunité qu'on considérait à l'époque comme notre ultime chance de réussir tous les trois. Depuis cette époque je dois avouer que je vis une merveilleuse expérience...

Quel a selon vous été le déclencheur de cette ascension ?

Henry : Ecrire de bonnes chansons ? [rires] Je ne pense pas qu'on puisse définir un point de départ à tout cela car notre évolution a été très lente... Oliver : On a aussi eu la chance de pouvoir assurer les premières parties de groupes beaucoup plus connus que nous, comme Dirty Pretty Things ou Snow Patrol, cela nous a permis de jouer dans de grandes salles et de pouvoir toucher un public différent.
Thomas : Je crois que notre statut d'outsiders a joué en notre faveur. On a évolué sans pression et les gens se sont attachés à nous sur la durée. On ne vient pas de Londres comme tous ces groupes à la mode qui ne cherchent qu'à se montrer le plus possible, on a batti notre succès avec le temps et je pense que notre image est restée très positive aux yeux de beaucoup de gens grâce à ça.

Terra Firma, le premier single tiré de votre second album, a rencontré un certain succès lors de sa sortie. Etait-ce prévu ?

Henry : Terra Firma constitue une forme de paradoxe dans le sens où aucun de nos autres singles ne s'était aussi bien vendu... mais il n'est pas montré très haut dans les charts contrairement à certains extraits de Voices Of Animals And Men. Son impact a malgré tout été très important pour nous car c'est la première de nos chansons qui obtient une vraie diffusion sur les principales radios anglaise.
Thomas : Je pense qu'on a pris la bonne décision en sortant cette chanson en single car c'est un titre différent de ce qu'on avait proposé jusque là. Il possède un refrain très efficace mais son rythme général est très dansant.

Son refrain, « fake rabbit. real snake. terra firma. terra firma. » est plutôt étrange, est-ce que vous pouvez me dire de quoi parle cette chanson ?

Henry : Au départ, elle n'avait aucun sens ! [rires] Cette chanson parle de la vie tout simplement, et plus particulièrement du fait que toutes les choses affreuses et horribles dans le monde sont réelles alors que les moments d'apaisement et de douceur sont virtuels et relèvent le plus souvent du rêve. Le serpent représente le négatif et le lapin le positif...
Thomas : Les être humains vivent souvent ces expériences de la même manière, le vécu peut être différent mais le ressenti est identique. Je crois que tout cela est encore plus vrai dans la société actuelle.

Est-ce que cette chanson est un bon aperçu de ce qu'est votre second album ?

Henry : C'est peut être surprenant, mais ce n'est pas le cas ! On a beaucoup travaillé les chansons de ce disque pour les rendre différentes de ce qu'on avait écrit jusqu'à maintenant, elles sont beaucoup plus dures et directes d'une certaine manière... l'idée de base était de prendre du plaisir en studio et d'enregistrer ce disque pour nous-mêmes. La plupart des groupes qui rencontrent le succès avec leur premier album se prennent trop au sérieux et cherchent d'abord à plaire au public, ils reproduisent les mêmes formule à nouveau et finissent par tomber dans la facilité en écrivant des ballades ou des chansons moins rythmées afin de pouvoir être diffusé à la radio.
Thomas : On a voulu combattre le cliché qui veut qu'en vieillissant les groupes écrivent des chansons plus douces et accessibles... on a donc écrit des chansons plus agressives, le genre de chose que personne n'attendait de nous au départ.
Henry : En écoutant certains disques j'ai parfois l'impression de regarder un électrocardiogramme plat, c'est exactement l'inverse qu'on a choisi de faire pour notre nouvel album.

Quelle a été votre méthode de travail pour prendre vos distances par rapport à Voices Of Animals And Men ?

Henry : On a écrit des chansons avec un son beaucoup plus lourd ! Durant l'enregistrement du disque on a axé notre réflexion sur la manière dont les chansons sonnaient en studio, on a laissé de coté toutes les considérations scéniques qui peuvent parfois parasiter notre travail. Notre producteur nous a aussi poussé à rechercher la perfection, même lorsque le résultat était bon il nous demandait de jouer la chanson à nouveau afin de l'améliorer encore et encore.

Andy Gill avait produit votre premier album, pourquoi avoir choisi Tony Doogan pour le second ?

Thomas : Il fallait qu'on change de producteur afin de suivre notre ligne directrice qui était de créer un disque différent. A cette époque on connaissait déjà très bien quelles nouvelles chansons seraient conservées et de quelle manière on devait les enregistrer, cela a donc rendu le choix du producteur beaucoup plus simple. On a donc choisi un producteur capable de nous comprendre humainement et musicalement, et en ce sens Tony Doogan nous a vraiment surpris, d'une manière positive. On lui a simplement dit au départ qu'on voulait enregistrer un disque plus puissant et je crois que sa manière de travailler nous a rendus meilleurs.
Henry : Le rôle du producteur est prépondérant lors de l'enregistrement d'un album car c'est lui qui dirige le groupe et lui donne certaines pistes à suivre. J'ai vraiment réalisé cela après avoir travaillé avec Tony Doogan car ce qu'il nous a proposé était clairement différent de ce qu'Andy Gil aurait pu mettre en place. Je suis sûr que si notre choix s'était porté sur un autre producteur cet album aurait pu suivre une autre direction... et c'est ce qu'on fera pour notre troisième album !

Le nom de ce nouvel album, Superabundance, est très racoleur... que signifie-t-il pour vous ?

Thomas : Pour être franc, on a choisi ce titre au départ parce que tout le monde le trouvait très cool ! [rires] Le ton de ce disque est misérable et rebutant, un peu comme un vieil homme grincheux que tu croiserais dans la rue tôt le matin... et je pense que dans le monde actuel il y a beaucoup de bonnes choses qu'il faut apprécier dans divers domaines, ce que les gens n'ont pas souvent l'habitude de faire.
Henry : Il y a trop d'iPods à l'heure actuelle ! C'en est presque dingue, je vois des iPods partout dans la rue, dans les supermarchés... j'ai l'impression que tout le monde possède au moins un iPod ou même deux pour certains quand on regarde les sondages d'un peu plus près. Alors que c'est un objet très cher pourtant ! C'est la même chose lorsqu'on part en tournée à l'étranger, comme ce soir à Paris, et qu'on doit décider ce qu'on mangera lors du repas du soir. Il y a trop de choix pour tout.

Au final, quelles sont vos attentes vis à vis de cet album ?

Thomas : On a vraiment envie qu'il plaise au public français pour qu'on puisse à nouveau venir donner des concerts... et en profiter pour manger de la bonne nourriture et boire du bon vin. On a fait ce disque pour la France sans le dire à personne.
Henry : C'est vraiment notre objectif de pouvoir faire découvrir notre musique à l'Europe, principalement à l'Allemagne et la France qu'on apprécie plus particulièrement. On en a marre de toujours jouer dans les mêmes villes au Royaume-Uni... je ne veux plus me lever le matin et me dire que je vais donner un concert de plus à Londres, la seule question que je me pose à force est de savoir si la salle va me plaire ou non ! [rires]