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Kaiser Chiefs

Interview publiée par Fab le 17 octobre 2008

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Devenus en l'espace de quelques années seulement l'une des formations les plus importantes du Royaume-Uni, Kaiser Chiefs nous reviennent le 20 octobre avec leur troisième album, Off With Their Heads. Un disque que Peanut, claviériste du groupe, nous présente tout au long de cette interview...

Vous jouez très régulièrement un peu partout en Europe et France, à un tel point que l'on pourrait avoir l'impression que vous n'arrêtez jamais !

On donne beaucoup de concerts en Europe, c'est quelque chose qu'on aime faire. Cette année le public nous a moins vu sur le continent mais l'année dernière on avait joué dans beaucoup de festivals français avec une certaine réussite. On n'a pas fait de véritable pause pourtant et tout semble recommencer avec la sortie de notre nouvel album : Never Miss A Beat est diffusé par les radios, on donne beaucoup d'interviews, de nouvelles tournées se préparent...

Vous êtes désormais l'un des groupes les plus populaires du Royaume-Uni, est-il dur de vivre ce statut ?

Ce n'est pas dur au sens propre du terme. En fait c'est même très plaisant à vivre quand on a travaillé dur pendant très longtemps pour l'obtenir. Tout le monde n'apprécie pas notre musique mais le fait que l'on en soit maintenant à sortir un troisième album est un signe positif pour moi. On nous voit différemment mais au fond de nous-mêmes rien n'a changé, on continue à passer du temps ensemble comme à nos débuts et à écrire des chansons joyeuses et entrainantes. Notre nouvel album ne surprendra personne, c'est un disque de Kaiser Chiefs.

Vous avez testé certaines vos nouvelles chansons tout au long de l'été, c'est un bon moyen de vérifier leurs qualités ?

Je crois que c'est même la meilleure solution ! En festival le public vient voir des groupes différents et il existe donc une certaine mixité face à nous. Tu peux trouver nos fans habituels qui sont là car ils aiment notre musique, mais tu as aussi un nombre variable de personnes qui ne nous connaissent pas... c'est la réaction de ces personnes qui est la plus intéressante. Si à la fin du concert tu as le sentiment d'avoir fait passer un bon moment à la foule, c'est généralement bon signe ! A un concert de Kaiser Chiefs, tu sais à l'avance que l'ambiance sera au rendez-vous et que le public appréciera les chansons. C'est agréable mais ça n'aide pas à déterminer si le concert et les chansons sont bonnes...

Lorsque l'on regarde vos activités ces deux ou trois dernières années, on pourrait croire que vous n'avez jamais cessé de partir en tournée aux quatre coins de la planète. Vous n'avez jamais envie de prendre des vacances ?

C'est paradoxal car on cherche constamment à faire une pause pour recharger les batteries ! Notre popularité est parfois difficile à gérer car la demande est très forte : il faut jouer au Royaume-Uni, en Europe, aux Etats-Unis... beaucoup de monde veut voir Kaiser Chiefs. D'un côté c'est une très bonne chose, mais d'un autre la demande est tellement forte qu'elle ne nous laisse que peu de temps libre.

N'est-ce pas toutefois votre propre volonté qui vous pousse à toujours vouloir en faire plus ?

Donner des concerts est une chose, mais on adore tous le fait de pouvoir rester à Leeds pour pratiquer d'autres activités. Se poser chez soi, passer du temps avec sa famille, écrire de nouvelles chansons puis les enregistrer... c'est une sorte de cycle qui se répète tous les deux ans. Il faut malgré tout savoir faire des choix car pour être plus qu'un bon groupe il est nécessaire de faire des sacrifices en acceptant l'idée de vivre sur la route pour les tournées. C'est un mode de vie fatigant mais les désagréments sont généralement compensés par les bons cotés du métier.

Votre nouvel album sort à la fin du mois d'octobre, quand avez-vous trouvé le temps pour l'enregistrer ?

Les premières sessions ont débuté en octobre 2007 après que nous ayons décidé d'annuler une tournée américaine pour nous y consacrer. On commençait à accumuler beaucoup d'idées à cette époque et il était vraiment temps pour nous de prendre du recul par rapport aux concerts afin de pouvoir travailler tranquillement... à un moment donné tu ne peux plus continuer à jouer sans cesse les mêmes chansons. Never Miss A Beat et You Want History ont été écrites durant cette période qui s'est étirée jusqu'à Noël environ, puis l'enregistrement a débuté. Les dernières retouches au disque datent de la fin du mois de mai dernier.
Je pense que ce disque est celui qui a été le plus influencé par nos concerts, il a un son très immédiat et efficace tout en conservant une certaine spontanéité.

Les premiers titres découverts lors de vos concerts des derniers mois laissent à penser que la guitare est très présente d'une manière générale...

Comme je joue des claviers, je vais dire que je ne suis pas d'accord ! [rires] En vérité c'est probablement le cas sur certaines chansons mais ce n'est pas nouveau selon moi, cette impression pouvait être ressentie de la même manière sur nos deux précédents disques. Notre musique nécessité la présence de la guitare mais aussi des claviers, et il arrive parfois qu'un des deux instruments prenne le pas sur l'autre. Comme pour beaucoup de disques pop le public semble ressentir plus clairement l'influence des guitares, peut-être parce que les riffs sont plus aisément reconnaissables.

Dirais-tu que cet album est dans la lignée des précédents avec des chansons très efficaces et faciles à retenir ?

Ce disque est bien évidemment différent des autres mais notre marque de fabrique est toujours perceptible : je pense qu'on n'arrêtera jamais d'écrire des chansons à refrain, c'est dans notre nature. Même si on voulait donner une orientation classique ou électronique à notre musique on ne pourrait pas tout changer radicalement. Je crois qu'on aime tous écrire des chansons qu'il est facile de retenir, on n'a vraiment aucune raison de vouloir abandonner cette idée. On possède une certaine facilité pour trouver les bonnes mélodies, ce qui n'est pas le cas de tous les groupes. On ne peut pas renier aussi facilement ce qui a fait notre succès.
Pour moi cet album possède un certain côté rétro que je ne saurais expliquer. Il y a une vraie influences 60s ou 70s dans les mélodies et les arrangements tout en conservant nos influences britpop. Ce disque est une expérience très plaisante pour moi.

Vous avez travaillé avec plusieurs producteurs pour ce disque (Mark Ronson, Andy Wallace et Eliot James), comment êtes-vous parvenus à trouver le bon équilibre ?

On a souhaité travailler avec Mark Ronson après avoir entendu la reprise de Oh My God qu'il avait enregistrée avec Lily Allen. Sa version est très bonne et lorsqu'on a pu le rencontrer on lui a dit tout le bien qu'on pouvait penser de son travail. On parle beaucoup de lui ces derniers mois mais ce n'est pas sans raison, il a su se faire remarquer dans divers univers musicaux, ce qui est rare de nos jours. C'est en prenant le temps de discuter avec lui qu'on a réalisé à quel point il peut être cultivé... c'est une vraie encyclopédie. Avec lui on a vraiment pu construire une relation amicale alors qu'avec des producteurs plus vieux et expérimentés il y a souvent une relation de professeur à élève qui s'instaure.
Les choses étaient différentes pour Eliot James. A partir de l'instant où il a été décidé de travailler avec plusieurs producteurs on a cherché à trouver une personne à l'esprit jeune et typiquement britannique, ce qui n'est pas très répandu. C'est quelqu'un de simple mais très qualifié, il était important que son état d'esprit corresponde au notre sur ce point. Tout a été très naturel avec lui.
Andy Wallace a quant à lui été choisi pour son expérience. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de le présenter, sa renommée est telle qu'il peut se payer le luxe de choisir les artistes avec qui il souhaite travailler sans qu'on puisse le lui reprocher. C'est un producteur à l'ancienne, quelqu'un de très noble qui aime partager ses passions avec les personnes qu'il rencontre. Il faut le voir travailler durant le mixage d'une chanson pour réaliser à quel point il est talentueux. Il sait décortiquer une chanson pour en tirer le meilleur, tout est très simple avec lui. On est allés le rencontrer à New York après l'enregistrement de l'album et on l'a vu travailler dans le même studio où Nevermind de Nirvana avait été produit, c'était vraiment impressionnant de découvrir un lieu où tant de disques mythiques ont pris corps grâce à lui.

Dirais-tu que l'enregistrement de cet album a d'une certaine manière été différent de ceux de vos précédents disques ?

Avant cet album on avait principalement travaillé avec Stephen Street ainsi que Steve Harris pour quelques chansons, donc oui les choses ont été différentes cette fois-ci. On avait pris certaines habitudes avec Stephen et en changeant de producteur pour cet album on a voulu découvrir de nouvelles méthodes de travail. C'était une manière de nous remettre en cause car le changement à souvent du bon. La musique reste ce qu'elle est mais la touche d'un producteur est forcément différente de celle d'un autre... il suffit d'écouter Never Miss A Beat pour s'en rendre compte. C'est une chanson de Kaiser Chieds, mais le fait d'avoir travaillé avec de nouvelles personnes dans un nouveau studio a quelque peu orienté le résultat final.
Notre rythme de travail a été plus haché également. On n'a pas enregistré le disque d'une seule traite mais en plusieurs sessions de travail. Une semaine par ci, une semaine par là... et au final on a sans doute consacré environ sept ou huit semaines à ce disque. J'ai souvent eu l'impression que le groupe allait dans une mauvaise direction avec ce disque ou qu'il était impossible de trouver une cohérence dans notre travail, mais avec du recul j'ai compris qu'au final tous les éléments se mettent en place et le projet aboutit comme prévu. Il était vraiment rassurant de voir que les personnes qui nous encadraient avaient confiance en nous durant tout ce temps et nous guidaient dans la bonne direction.

Vous avez invité plusieurs artistes sur ce disque (Lily Allen, New Young Pony Club, Sway...), comment les avez-vous sélectionnés ?

Ces invités n'ont pas été choisis par hasard, ce sont des personnes que Mark Ronson connait bien ou qu'il nous est arrivé de rencontrer en tournée ou lors de festivals. On n'a pas décidé subitement d'enregistrer des chansons avec eux mais on avait vraiment envie de faire quelques essais pour voir où cela nous mènerait. Si les chansons n'avaient pas été bonnes, on les aurait simplement laissées de côté. Les filles de New Young Pony Club ont donc ajouté des choeurs à la fin de Never Miss A Beat après que Mark Ronson ait suggéré l'idée alors que la participation de Sway doit être imputée à Elliot James qui le connaissait et nous diffusait souvent l'une de ses chansons. Il est venu en studio, il a chanté une vingtaine de secondes et le résultat nous a plu. Sa participation était presque improvisée mais je suis content qu'il l'ait fait.

Les personnes qui vous ont vus en concert ces derniers mois ont eu l'occasion de découvrir quelques unes des chansons de l'album (Never Miss A Beat, Half The Truth, You Want History...). Dirais-tu que celles-ci sont représentatives du disque ?

Les chansons qu'on a décidé de jouer depuis quelques mois sont les plus faciles d'accès. Je pense qu'il est plus intéressant de proposer des chansons efficaces que des titres plus calmes et moins immédiats. Bien entendu le public va d'abord retenir Never Miss A Beat ou Half The Truth, mais il pourra ensuite découvrir les titres au tempo plus lent, le genre de chansons que tu écoutes tranquillement chez toi ou en te promenant dans la rue. En concert il est nécessaire de faire une sélection parmi les nouvelles compositions, d'autant plus quand le disque n'est pas encore disponible dans le commerce.

Peux-tu m'en dire plus sur le titre de l'album, Off With Their Heads ?

Il y a eu de longues discussions entre nous pour le choisir. On a eu beaucoup d'idées plus ou moins originales et intéressantes mais au final on a décidé de regarder les textes des chansons pour y trouver l'inspiration. La phrase « off with their heads » est donc tirée de Like It Too Much, on ne l'a pas choisie parce qu'elle avait une signification forte mais parce qu'elle nous semblait adaptée en tant que titre pour l'album. Il n'y avait pas de consensus pour une solution particulière alors on a choisi une phrase qui plaisait à la plupart d'entre nous. On a aussi réfléchi à la manière dont ce titre serait perçu par les personnes extérieures au groupe et on a trouvé intéressant le fait qu'une certaine ambiguïté puisse être dégagée par cette expression. La presse va sans doute chercher à décortiquer tout ça ! [rires]

Après le succès rencontré par Employment et Yours Truly, Angry Mob, qu'attendez-vous de cet album ?

Sans doute la même chose qu'auparavant : que les gens aiment les singles, achètent le disque et viennent nous voir en tournée ! Ce sont des idées classiques mais j'espère aussi que le public va réaliser avec cet album que les Kaiser Chiefs peuvent proposer quelque chose de différent et pas nécessairement des chansons aussi simples que Ruby par exemple. On a souvent parlé de nous grâce à nos singles mais peut-être pas suffisamment des albums dans leur globalité, c'est quelque chose que j'aimerais voir changer. Après Ruby on a quand même sorti des titres comme Everything Is Average Nowadays, The Angry Mob ou Love's Not A Competition (But I'm Winning) qui, je pense, sont de bons exemples de nos capacités. Je dois dire qu'il est toujours flatteur de voir qu'un single se vend bien, mais j'apprécie encore plus les compliments d'une personne qui aime et comprend l'un de nos albums du début à la fin.