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Ash

Interview publiée par Fab le 13 juin 2009

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Bien décidé à profiter des libertés que lui apporte Internet, c'est via sa propre maison de disques que le trio s'apprête à publier une série de 26 singles successifs dans les mois à venir. Un projet pour le moins ambitieux, intitulé A-Z Series, que Rick McMurray nous présente...

En fin d’année dernière, vous aviez énoncé votre volonté de ne plus publier d’albums mais uniquement des singles, et vous revoilà ainsi avec l’annonce de la sortie des A-Z Series. Peux-tu m’en dire plus sur le concept ?

Nous sentions depuis quelques temps déjà que les habitudes de consommation des amateurs de musique avaient radicalement changé et nous avions donc pour but de nous adapter à cette nouvelle donne. Nous avons donc évoqué la possibilité de ne plus proposer que des singles peu apès la sortie de Twilight Of The Innocents mais nous étions déjà conscients qu’il nous faudrait de la patience pour mettre nos idées en application. Nous avons pris notre temps et gardé secret les détails de notre projet, mais le concept a évolué durant les sessions d’enregistrement. Au départ il n’était question que d’un single par mois... et au final ce sont 26 singles qui verront le jour durant l’année à venir ! Les chansons seront aussi proposées en téléchargement mais les personnes qui le souhaitent pourront aussi s’inscrire une fois pour toute afin de recevoir chacun des vinyles.

Ash a souvent été perçu comme un groupe à singles. En ce sens, les A-Z Series vont sans doute renforcer un peu plus cette image...

Sans aucun doute... mais ce n’est pas selon moi une mauvaise chose. Notre initiative se rapproche du mode de fonctionnement de certains groupes dans les années 60, comme The Who ou The Rolling Stones. A cette époque ils étaient perçus comme de grands groupes à singles puis ils ont appris à développer des albums incroyables. Nous avons juste réalisé l’inverse !

Etait-il évident dès le départ que ce choix vous amènerait à créer votre propre maison de disques ?

Nous avons tenté de discuter avec certaines personnes mais au final nous sommes réellement heureux de faire les choses par nous-mêmes. L’industrie musicale est dans un tel état de crise que la plupart des maisons de disques ne prennent aucun risque et souhaitent conserver leur mode de fonctionnement traditionnel… alors que nous souhaitions un changement radical ! Peut-être que nous aurons besoin de l’aide d’un distributeur ou d’une structure plus importante, mais ce sera se fera à travers Atomic Heart Records. L’argent est secondaire, le plus important est de trouver des personnes qui croient en nous.

Quels sont selon toi les avantages et les inconvénients dans le fait d’être indépendants ?

Après avoir connu la sécurité financière durant des années, il est évident que la décision de faire les choses par nous-mêmes était un peu effrayante… mais d’un autre côté, la possibilité de conserver un contrôle total sur nos activités est une réelle motivation. Nous sommes entourés par une équipe de personnes très qualifiées et concernées par ce que nous cherchons à créer avec les A-Z Series et je suis vraiment impatient que les premiers singles sortent.

Ne crois-tu pas que sans Internet cette démarche n’aurait jamais été possible ?

Absolument. Internet est un outil fait pour durer, à moins que l’ensemble de la planète ne décide subitement de retourner vers l’âge médiéval, et il faut donc que chacun des acteurs apprenne à l’exploiter du mieux possible. Selon moi, c’est un atout formidable pour rester proche de nos fans et distribuer notre musique, alors que la plupart des labels semblent effrayés. Les faits sont pourtant là et chacun va donc devoir vivre avec pour son propre bien.

Vos nouvelles chansons ont toutes été enregistrées dans les studios Atomic Heart à Los Angeles. Pensiez-vous dès le départ être si productifs ?

Il était évident que le concept de la série de singles allait nous demander beaucoup de travail pour conserver une certaine qualité en plus de la quantité. Chaque chanson devait pouvoir sortir du lot de par sa nature même et être un single potentiel… c’est aussi pour cette raison que nous avons cherché à enregistrer autant de chansons. A la fin du mois de juin, près de 44 titres seront achevés et nous avons prévu de retourner en studio pour une ou deux sessions d’ici la fin de l’année.

Avez-vous cherché à conserver une homogénéité entre les chansons ?

Bien au contraire ! En choisissant de n’enregistrer que des singles potentiels, nous avions la possibilité d’explorer toutes les directions qui nous attiraient, et c’est donc ce que nous avons fait. Ce n’est peut-être pas évident en théorique, mais en pratique le fait de ne pas raisonner en terme d’album change énormément de choses. Nous pouvons faire exactement ce dont nous avons envie pour chaque chanson, c’est un processus que je trouve extrêmement libérateur d’un point de vue artistique.

Votre site officiel présente les A-Z Series comme « indicative of the darker electronic influence across the forthcoming A-Z songs ». Peux-tu m’en dire plus sur cette évolution ?

Plus que notre volonté d’enregistrer des singles, notre évolution s’est produite naturellement de par le fait de disposer de notre propre studio. Nous avions une liberté totale là-bas, rien ne nous pressait. Il est évident que si nous avions dû louer un studio quelque part, la contrainte temporelle et monétaire aurait joué un rôle et nous aurait poussés à être plus concis.

Vous venez de sortir Return Of White Rabbit, un premier titre inédit qui se démarque des chansons dites classiques de Ash de par son côté électronique...

C’est justement parce que nous n’avions aucune barrière que nous avons pu expérimenter plus que d’habitude et faire de Return Of White Rabbit ce qu’il est aujourd’hui. Le chant de Tim est très reconnaissable mais la musique beaucoup moins, je pense que si une personne écoutait une version instrumentale du titre elle serait incapable de deviner que c’est une chanson de Ash.

Peut-on considérer cette chanson comme un avant-goût des prochains singles ?

Je ne crois pas non… en réalité, aucune des chansons que nous avons enregistrées ces derniers mois ne représente les A-Z Series dans leur globalité. A contrario, ce que tu peux entendre sur Return Of White Rabbit au niveau des arrangements électroniques se rapproche beaucoup de d’autres chansons à venir. Notre projet nous a amené à explorer les extrémités de notre musique dans différents domaines, en multipliant les directions.

Return of White Rabbit a été composé par Mark, ce qui n’est pas habituel pour Ash. De quelle manière avez-vous partagé le travail d’écriture ?

Il est bien évident que Tim a toujours été et restera le compositeur principal chez Ash mais nous sommes tous les trois libres de soumettre les chansons que nous écrivons. Mark et moi avons pris plus de confiance récemment et je crois que sept des quarante-quatre chansons écrites à l’heure actuelle sont notre œuvre.

Vos fans peuvent-ils espérer à plus ou moins long terme une compilation de vos singles à venir ?

C’est une possibilité que nous n’écartons pas mais ce n’est pas envisagé à l’heure actuelle. Il faudra bien entendu que ce point soit discuté à un moment ou un autre. Je pense que cette décision découlera de la demande du public pour nos nouvelles chansons. Je sais qu’il n’est pas évident de se procurer la musique dans certains pays et que nous restons encore très attachés aux formats physiques, mais nous ne voulons pas non plus galvauder le concept des A-Z Series qui consiste en 26 singles successifs en vinyle.

Le choix du format vinyle était donc logique pour vous ?

Oui ! Jusqu’à maintenant tous nos disques sont sortis au format vinyle, il était donc important de perpétuer cette tradition. Nos fans aiment généralement collectionner les objets et je suis certain qu’ils vont aimer ces vinyles.

Il y a quelques mois vous avez réédité 1977 et joué quelques concerts en guise de célébration, quel souvenir en conserves-tu ?

C’était vraiment une bonne expérience car 1977 est un disque que nous adorons comme au premier jour. Jouer ses concerts provoquait malgré tout des sentiments contraire car d’un côté nous souhaitions tout mettre en œuvre pour les A-Z Series, et de l’autre nous fêtions l’anniversaire de 1977 avec nos fans. On peut certainement voir cela comme une forme d’adieu au format album !

Aimerais-tu répéter ce type de choses avec vos autres disques ?

Il ne faut jamais dire jamais… mais pour le moment, notre seule préoccupation est de mener à bien la sortie de nos futurs singles.

Vous n’avez plus joué en France depuis quelques années, à quand un retour ?

J’adorerais venir jouer en France et en Europe mais malheureusement rien n’est envisagé pour le moment. Gardez un œil sur notre site officiel, si des concerts se confirment prochainement, c’est là qu’ils seront annoncés en premier !

Après tant d’années passées tous les trois, quelles sont motivations pour continuer à aller de l’avant ?

Voyons voir… j’aimerais que l’un de nos singles accède à la première place des charts au Royaume-Uni puis que les plus grands festivals du pays nous proposent de venir jouer, ce serait une belle manière de célébrer ce succès ! Pour la suite, qui vivra verra !