logo SOV

Pulled Apart By Horses

Interview publiée par Fab le 3 novembre 2010

Bookmark and Share
Auteurs d'un premier album encensé par la critique et réputés pour leur talent scénique, Pulled Apart By Horses sont à n'en pas douter l'une des révélations punk de l'année écoulée. Entretien avec ces quatre musiciens issus de la très prolifique scène de Leeds...

Ce soir vous allez donner le second concert parisien de votre courte carrière, quel souvenir conservez-vous de votre précédent passage ?

Lee : Je me souviens avoir passé une excellente soirée, d’autant plus que la nourriture avait été très bonne (rires) !
Robert : C’était une soirée un peu spéciale car des amis à nous avaient fait le déplacement depuis Leeds pour nous accompagner. Nous avions la chance de jouer avec Grammatics ce soir-là, c’était l’un de leurs derniers concerts avant un changement de line-up et j’en garde donc un souvenir particulier.

Ce soir, c’est avec Anti-Flag et The Sweller que nous vous retrouvons à Paris. Comment s’est passée la tournée jusqu’à maintenant ?

James : Nous avons passé de très bons moments même si notre musique n’est sans doute pas aussi radicale que celle de ces deux groupes.
Tom : Nous étions au départ les moutons noirs de la tournée, nous ne savions pas vraiment où était notre place… et les autres ne semblaient pas le savoir non plus !
Lee : L’expérience s’est avérée très positive, les autres groupes et l’encadrement nous ont constamment aidés.
Robert : Nous avions quelques craintes par rapport au public d’Anti-Flag qui est réputé pour être dévoué corps et âme à la cause du groupe, nous ne savions vraiment pas comment nous allions être accueillis tous les soirs. Au final, il ne nous est rien arrivé de mauvais (rires) !

Vous possédez une certaine expérience de ces tournées après avoir joué de par le passé avec Blood Red Shoes, Foals, Future Of The Left ou Biffy Clyro...

Lee : Nous avons acquis un certain sens du professionnalisme aux côtés de ces groupes, même si les mauvaises habitudes reviennent au galop très rapidement... Avec Blood Red Shoes et Future Of The Left, au-delà même de la tournée, nous avons noué de véritables liens d’amitié, et je pense que c’est cela le plus important au final.
James : Nous pouvons nous estimer chanceux d’avoir eu de telles opportunités, beaucoup de groupes n’ont jamais eu d’opportunités de ce genre. Je pense avoir beaucoup appris durant notre dernière tournée avec Biffy Clyro, cette période à leurs côtés nous a permis de découvrir à quoi ressemble une certaine forme de célébrité.
Robert : Je pense que nous avons un certain nombre de points communs avec Biffy Clyro. Beaucoup de gens ne les découvrent que maintenant mais ils font partie de la scène rock depuis plus de dix ans et ont progressé au fil des années.
James : Cette tournée a mis en relief le chemin à suivre pour les années à venir.

Vous avez également donné un concert un peu particulier avec Muse il y a quelques semaines...

James : C’était au Cricket Ground de Manchester et je ne nous imagine pas jouer un jour dans un lieu plus impressionnant que celui-ci !
Robert : Jouer en première partie de l’un des groupes les plus populaires au monde...
Tom : En réalité nous ne voulons plus jamais retourner dans un vaisseau spatial (rires) !

Que retenez-vous de l’expérience ?

James : Nous faisions face à une marée humaine constituée de centaines de visages inconnus, je crois qu’il y avait environ 30000 personnes devant nous lorsque notre concert a commencé. Certaines semblaient connaître une partie de nos chansons, ou du moins apprécier notre concert, mais la majorité de la foule attendait immobile que le temps passe.
Robert : Une expérience de ce type est forcément intéressante, car même des groupes comme Biffy Clyro ou Muse, devenus très populaires avec le temps, proposaient à leurs débuts une musique plus agressive basée sur des riffs de guitare. Je suis sûr que même actuellement nous pouvons attirer l’attention de nouvelles personnes.
Tom : Ce concert était une expérience pour nous. Nous n’allions pas renier ce que nous sommes juste pour l’occasion alors nous avons joué de la même manière que les autres soirs, et peu importe si le public a apprécié ou nous ce que nous avions à offrir.
James : Nous avons appréhendé ce concert avec une certaine forme de détachement, sans nous mettre une quelconque pression. Notre carrière n’allait pas dépendre de cette journée, même si ce genre de choses ne se produit par toutes les semaines.

Revenons au groupe et à ses origines, pouvez-vous m’en dire plus sur votre rencontre ?

Tom : James est d’une certaine manière le ciment qui nous a tous liés, c’est lui a voulu créer un groupe et est venus nous chercher. Je le soupçonne même d’avoir fait un casting pour cela, mais Lee, Robert et moi sommes sans doute les trois seuls musiciens à avoir fait le déplacement (rires) !
James : Je dirais plutôt que la scène musicale de Leeds nous a rapprochés et poussés à créer quelque chose tous les quatre. J’ai commencé à jouer ponctuellement avec Lee puis ma petite amie de l’époque m’a présenté Robert. La première chanson que nous avons écrite est The Lighthouse, puis nous avons continué à travailler ensemble et proposé à Tom de venir chanter et jouer de la guitare avec nous. Il a soumis quelques titres qu’il avait écrits de son côté et notre histoire a débuté...

Compte-tenu de la musique que vous jouez, le nom de Pulled Apart By Horses semble assez logique...

Tom : Il est inspiré d’une chanson de Radiohead...
Lee : Nous n’avions pas choisi de nom pour le groupe au départ mais nous en discutions régulièrement. Un soir, dans un pub, la petite amie de James a suggéré de choisir un nom contenant le mot « horse »... et James a eu un déclic. Il a proposé Pulled Apart By Horses et l’idée nous a immédiatement plu à tous !
Robert : On ne le répète pas assez souvent, mais le choix d’un nom de groupe définit d’une certaine manière son identité. C’est un peu old school, mais il est toujours préférable d’y trouver un lien avec la musique jouée.

La scène musicale de Leeds est souvent louée pour sa richesse, ressentez-vous une appartenance ?

James : Absolument, mais il est vrai qu’avec toutes les tournées des derniers mois nous avons pris un peu de recul.
Tom : Notre vision de la ville n’est même plus liée aux groupes directement mais plutôt aux personnes les composant, nous avons noué beaucoup de liens d’amitié au fil du temps.
Lee : Chaque personne est impliquée de différentes manières dans la scène locale, comme James par exemple qui s’occupait à une époque d’un label et organisait des concerts pour d’autres groupes.
Robert : Musicalement, Leeds est une vraie communauté.
James : Aucun de nous n’est pourtant originaire de la ville, mais une fois que tu y es installé tu te sens réellement impliqué.
Lee : Toutes les personnes qui aiment la musique à Leeds sont liées d’une certaine manière.
James : Il existe une vraie équité entre tous les musiciens, personne ne cherche à écraser le reste de la scène, bien au contraire. Il existe bien évidemment différents degrés d’implication, mais l’enthousiasme est identique chez tout le monde.
Lee : Nous avons profité à nos débuts de l’esprit d’entraide et nous cherchons maintenant à faire de même pour les jeunes groupes. Nous sommes récemment partis en tournée avec Holy State, Biffy Clyro en ont entendu parler et ont écouté leur musique... puis leur ont proposé de les accompagner au Royaume-Uni. L’idée est de pousser les groupes de Leeds qui peuvent en avoir besoin.
James : Il n’existe pas d’esprit de compétition entre les groupes, uniquement une émulation très positive pour tous.

Le terme « punk » est souvent utilisé pour définir votre musique, est-ce que cela vous semble adapté ?

James : La musique punk représente un domaine très vague... Anti-Flag et The Swellers sont des groupes punks mais leurs chansons sont très différentes des nôtres !
Lee : Si le punk est perçu comme une attitude, je pense que nous sommes des punks à notre manière. Notre approche de la musique et notre son le prouvent.
James : Nous utilisons nous-mêmes souvent le terme punk car chacun est libre de l’interpréter à sa manière.
Robert : J’aime utiliser l’expression « black metal pop » pour définir notre univers (rires) !

Pouvez-vous m’en dire sur votre signature chez Transgressive Records ? C’est un label peu habitué à travailler avec des groupes comme Pulled Apart By Horses...

James : Nous sommes un peu à part chez Transgressive Records, mais même si notre musique est orientée vers le punk ou le rock heavy, certains éléments pop dans nos chansons nous permettent de rester accessibles à un public plus large.
Robert : Les personnes s’occupant du label ne raisonnent pas en termes de genre musical ou d’accessibilité, elles cherchent avant tout à favoriser les groupes pour lesquels elles ont eu un coup de cœur. Je ne pense pas que le label se soit posé la question de savoir si notre musique ressemble ou non à celle de leurs autres groupes, ils ont juste eu envie de nous aider et ils l’ont fait.
Lee : Cette signature est née d’un concours de circonstance. Toby, l’un des deux fondateurs du label, est venu voir jouer Kong à Londres, et nous étions présents ce soir-là en tant que première partie. Il nous a dit avoir été très impressionné par notre performance, et par la suite, à chacun de nos concerts dans cette ville, il était présent. Il ne cherchait pas à nous faire signer un contrat, il venait simplement pour écouter notre musique et discuter avec nous. Tout est parti de cette amitié.
James : Toutes les autres personnes travaillant pour le label fonctionnent de la même manière, leur passion pour la musique les guide dans leur démarche.
Lee : Je suis content que nous ayons pu sortir notre premier album chez Transgressive Records, car si nous avions choisi une autre maison de disques réputée pour des artistes punk ou hardcore je pense que nous aurions été enfermés dans ce genre qui ne nous correspond pas complètement.

Votre premier album a été extrêmement bien accueilli à sa sortie, était-ce une surprise pour vous ?

Tom : Nous ne savions pas à quoi nous attendre, c’est sans doute pour cela que nous ne nous posions même pas la question. A partir du moment où nous avons su qu’il allait être possible de sortir toutes nos chansons sur un même disque, nous avions déjà atteint notre principal objectif. Une fois que ton disque est prêt, tu ne maîtrises plus la suite des événements, alors autant attendre et voir ce qu’il se produit.
James : Quand un groupe possède une excellente réputation live, le plus dur est souvent de parvenir à retranscrire ces qualités dans un studio et sur un disque.
Lee : Le plus dur a été de réussir à capturer l’énergie du live sur ce disque, et je pense que nous y sommes parvenus plutôt correctement. J’espérais obtenir de bonnes critiques de la part des magazines spécialisés dans le rock, mais je ne m’attendais certainement pas à ce que Q ou le Guardian parlent de nous dans des termes aussi élogieux. Sans cela, nous n’aurions certainement pas touché un aussi large public.
Tom : Le seul mauvais article que j’ai pu lire sur notre album était celui de Vice Magazine. Ce n’était pas une chronique à proprement parler, juste une mention sur leur blog, alors j’aime à penser que ça ne compte pas vraiment (rires) !

L’album a été produit par James Kenosha, que vous a-t-il apporté ?

Lee : C’est une personne très liée à la scène musicale de Leeds, nous le connaissions déjà bien avant de chercher un producteur pour l’album.
James : Il a montré une certaine volonté de travailler avec nous pour l’album, et cela nous semblait être une bonne idée puisque notre collaboration pour le single I Punched A Lion In The Throat s’était très bien passée. A l’époque nous avions quelques doutes sur le résultat avant de commencer à travailler avec lui, nous pensions qu’il allait nous orienter vers un résultat trop propre et l’inverse s’est produit.
Robert : C’était un vrai challenge pour lui de capturer notre énergie scénique sur disque.
James : Sa connaissance du groupe a joué en sa faveur. Il nous connaissait en tant que personnes et en tant que groupe depuis longtemps, il nous avait déjà vu donner des concerts à plusieurs reprises et il avait déjà une idée très précise de comment travailler certaines des chansons.
Tom : Et il faut bien avouer que c’est un très bel homme, rien que pour cette raison nous étions ravis de l’avoir avec nous dans le studio (rires) !

Au final, l’album est-il conforme à l’image que vous en aviez avant de l’enregistrer ?

Lee : Je ne pense pas, je dirais même que c’est l’inverse. J’avais déjà quelques idées concernant certains points, mais pas dans son ensemble.
Tom : Il me semble impossible de prévoir à quoi va ressembler le résultat. Lorsque l’enregistrement se déroule correctement, tu laisses les choses se faire, ce n’est que lorsque des problèmes sont rencontrés que tu sens qu’il faut agir et changer de direction.
Lee : Nous avons été contraints de procéder deux fois au mixage du disque car nous souhaitions changer certains éléments après la première fois. C’est aussi pour cela qu’un producteur est important, pour corriger les erreurs durant le processus.
James : La présence d’éléments extérieurs comme le producteur ou le management permet de conserver une certaine distance par rapport aux chansons. A force d’écouter de nouvelles versions des démos, mixées ou non, tu as tendance à perdre les repères et il te devient impossible de savoir ce qui est bon ou non. Avec le temps, tu parviens à gommer les erreurs et à rendre le disque meilleur.
Tom : James Kenosha a été très bon dans ce rôle car il écoutait sans cesse les remarques et restait ouvert au changement. Il sait rester diplomate et suggérer les bonnes idées au bon moment pour ne froisser personne.

Vu de l’extérieur, 2010 semble avoir été une année assez exceptionnelle pour Pulled Apart By Horses...

James : Oui ! C’est d’autant plus bizarre que nous n’avons certainement pas autant travaillé qu’en 2009 mais nous avons pourtant récolté le fruit de notre labeur...
Lee : Tout est lié à la sortie de l’album, c’est à partir de ce moment que la presse parle du groupe et chronique le disque... et donc nous fait connaître un peu plus.
James : Avant 2010, nos seuls objectifs étaient de continuer à jouer de la musique tous les quatre et de partir en tournée le plus souvent possible. Avec la sortie de l’album, nous avons découvert en quoi consistent la promotion et les relations avec la presse. Tout ce pour quoi nous avons travaillé ces dernières années se réalise maintenant, comme par exemple le fait de voir certaines de nos chansons diffusées à la radio.
Robert : La plus grosse surprise a été d’entendre nos chansons à la radio, c’est une chose que nous n’avions jamais imaginée !
James : C’est un effet boule de neige. A la base nous sommes un groupe live, puis nous avons la chance d’enregistrer un album, d’obtenir une meilleure exposition dans la presse et d’attirer un public large. Et ce même public vient ensuite voir nos concerts, ce qui nous amène à jouer dans des salles plus importante et ainsi de suite...

Trois singles ont déjà été tirés de votre album, avez-vous déjà commencé à travailler sur de nouvelles idées ?

James : Pas encore mais il est déjà prévu de prendre du temps pour écrire le second album durant le mois de décembre.
Robert : Notre fonctionnement est très démocratique, chacun écrit de son côté puis toutes les idées sont rassemblées et développées.
Tom : Nous ne manquons jamais d’idées pour de nouvelles chansons mais il faut trouver le temps de répéter en studio pour les affiner et voir ce qu’il est possible d’en tirer.
Lee : Là encore nous avons la chance d’avoir une maison de disques désireuse de nous placer dans les meilleures conditions. Nous savons déjà que nous aurons environ deux semaines en studio au mois de décembre pour travailler sur l’album, c’est un privilège.
James : Je ne sais pas encore vers quoi nous allons nous orienter mais je suis certain que le résultat sera très différent cette fois-ci. Nous allons écrire dans l’optique de l’album et ce que nous avons vécu cette année va nécessairement nous influencer. Il va y avoir une certaine pression sur nos épaules dans le sens où un résultat va être attendu, le groupe est devenu quelque chose de plus professionnel qu’il ne l’était auparavant.
Lee : J’aime l’idée de travailler avec un objectif précis. C’est une pression très saine que nous allons ressentir.
James : Si les sessions du mois de décembre ne sont pas productives, alors nous laisserons derrière nous ce que nous avons tenté de créer et nous partirons sur de nouvelles bases la fois d’après. L’important est d’aller de l’avant.

Au-delà de votre prochain album, qu’attendez-vous de la suite de votre carrière ?

Tom : Dans un premier temps, sortir un second album réussi est la seule chose qui m’importe. Si par la suite nous pouvons voyager j’en serais heureux.
Lee : Nous nous sommes principalement consacrés au Royaume-Uni cette année et j’aimerais que le groupe puisse se développer dans d’autres pays par la suite. Aller au Japon, en Australie, aux Etats-Unis mais aussi en Europe où nous n’avons pas eu la chance de partir en tournée en dehors des premières parties.
James : L’Europe sera sans doute une priorité, mais sans oublier les autres pays. Tout dépendra de notre second album...
Robert : Nus voulons simplement que le groupe continue de se développer et qu’il touche plus de personnes !