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Mystery Jets

Interview publiée par Fab le 25 novembre 2010

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Toujours plus ancrés dans les années 80s, Mystery Jets ont signé avec Serotonin l'un des meilleurs albums pop de 2010. Une raison suffisante pour demander à Blaine Harrison de nous en apprendre un peu plus sur l'évolution de ce groupe plus attachant que jamais...

Serotonin est votre premier album chez Rough Trade, en quoi ce changement de maison de disques vous a-t-il affectés ?

Rough Trade est l'un des tous premiers labels à être venu nous voir lors des concerts et à montrer un réel intérêt pour notre musique. Je suppose que nous n'étions pas encore destinés à travailler ensemble, mais lorsque nous avons quitté 679 Recordings, qui à cette époque était devenu une simple branche d'Atlantic, Rough Trade nous ont immédiatement contactés pour nous proposer un nouveau contrat. Depuis, ils n'ont eu de cesse de nous aider et encourager. Je pense que ces personnes connaissent leur rôle et ne cherchent pas à influencer notre musique, c'est notre travail et ils respectent complètement cela. Rough Trade est une véritable institution et je suis très fier d'en faire partie.

Pourquoi les avoir choisis eux et non une autre structure ?

Ce sont eux qui nous ont choisis ! Et je pense que la collaboration entre Mystery Jets et les majors a fait son temps, ce n'est plus d'actualité.

Votre second album avait marqué un tournant artistique dans votre carrière avec des sonorités très 80s. Dirais-tu que Serotonin est plus proche de Twenty One que Twenty One ne l'était de Making Dens ?

Je le pense, Serotonin et Twenty One sont des disques siamois en quelque sorte. Du point de vue de la musique mais aussi de ce que nous avons vécu en tant que personnes, et donc des sujets dont nous traitons dans nos textes. Serotonin est d'une certaine manière la seconde face de Twenty One, tout comme je pourrais rapprocher Dreaming Of Another World et Young Love, même s'ils sont originaires de deux mondes différents.

Dirais-tu que Twenty One a marqué un tournant dans votre carrière ?

En terme de diffusion de nos chansons à la radio, certainement, mais ce n'était que la première pierre de ce que nous cherchons à être et que nous tendons à devenir actuellement. Notre musique est plus mature, nous avons des infrastructures pour travailler, nous n'avons aucune dette et nos concerts affichent complet au Royaume-Uni. Il est simplement dommage que nos disques ne se vendent pas mieux, mais en dehors de Mumford And Sons, nous ne sommes pas les seuls à souffrir de ce manque...

Pour en revenir à Serotonin, quelle est la signification de ce titre ?

C'est un mot que j'apprécie, autant pour sa signification que pour la façon dont il sonne. La sérotonine est à la base de la vie humaine, c'est un neurotransmetteur initiant les hauts et les bas d'une personne. J'ai découvert il y a quelques jours que le mot se traduit par « godspeed » dans un dialecte d'Amazonie !

Sur ce disque, Kai et William ont pris une place plus importante qu'auparavant d'un point de vue vocal. Était-ce un choix particulier ?

Ce n'est pas quelque chose dont nous avons réellement discuté. Girl Is Gone est l'une des rares chansons écrites par William que je chante moi-même, mais même pour cet exemple précis, nous nous sentions tous les deux proches du titre et il aurait tout aussi bien pu y poser sa voix. William chante sur toutes ses autres compositions, ce qui nous a toujours semblé très naturel et logique. Cela dit, il faudra peut-être que je fixe une frontière un jour si je ne veux pas perdre mon job !

Vous avez travaillé avec Chris Thomas sur l'album, est-ce en raison de son rôle pour de nombreux disques des 80s (Human League, The Beatles, Roxy Music...) ?

Paris 1919 de John Cale est l'un de mes disques préférés et Dark Side Of The Moon est la première cassette que l'on m'ait offerte quand j'étais encore un enfant... alors pouvoir travailler avec ce fantastique producteur à l'origine de tant de disques que j'aime tenait du rêve éveillé ! J'adore cette personne, c'est à la fois un ami et un héros. Avant de le choisir, nous étions persuadés qu'il nous fallait trouver une personne avec laquelle il serait possible de créer des liens très forts, et Chris avait cette même vision des choses. Lorsque nous sommes allés en Argentine pour le rencontrer, il est venu nous accueillir personnellement à l'hôtel !

Vous aviez choisi de dévoiler Flash A Hungry Smile en marge de la sortie de l'album, pourquoi cette chanson en particulier ?

Elle donne le ton pour ce nouveau chapitre de notre carrière. Pour moi, cette chanson sonne comme quelqu'un qui te pince les fesse dans une file d'attente pour des WCs. Lorsque je l'écoute j'imagine William grimacer et me faire un clin d'œil, c'est une vision effrayante mais je l'aime d'une certaine manière.

Bien qu'il ait quitté le groupe en 2007, j'ai cru comprendre que Henry était toujours impliqué en studio ?

J'écris toutes les chansons avec son aide et il travaille aussi parfois avec William. Il joue aussi du piano sur quelques titres de l'album. C'est une des forces vives du groupe même s'il ne se fait pas nécessairement voir... je ressens sa présence dans tout ce que nous faisons.

A quel point a-t-il été compliqué de vous adapter pour jouer à quatre les chansons écrites pour cinq ?

A certains moments nous avons été proches de recruter un musicien supplémentaire pour les concerts, mais lors de chaque audition cela ne nous semblait pas naturel. Peut-être n'avons-nous jamais rencontré la bonne personne ? Ou peut-être ne sommes nous juste pas prêts à jouer avec un autre musicien ? Nous jouons de la musique ensemble depuis des années et ce serait sans doute une tache trop complexe que d'intégrer quelqu'un d'autre. Même si artistiquement ce serait sans doute fantastique !

Lors de votre dernier concert parisien vous n'avez joué aucune chanson de votre premier album. Pourquoi ce choix ?

Ce sont des chansons que j'aime toujours profondément, comme Purple Prose, Diamonds In The Dark ou Little Bag Of Hair, mais je pense qu'en tant que groupe nous avons pris nos distances avec cette époque de notre vie, tant dans le son que dans les textes et les chansons en elles-mêmes. Il nous arrive de jouer You Can't Fool Me Dennis lors des soundchecks, mais nous décidons systématiquement de la laisser de coté à la dernière minute. Peut-être est-ce une forme de peur, une peur que le temps n'a pas encore effacée !

Avez-vous pensé à la réaction de votre public concernant ce choix ?

Cela m'ennuie un peu. Je pense que nous sommes tous déjà allés voir un concert lors duquel le groupe annonce ne jouer que des nouvelles chansons car elles lui semblent bien meilleures que les anciennes... pour être déçu au final. Dans notre cas, je pense sincèrement que les compositions récentes sont meilleures. J'ai vu The Horrors dans un festival espagnol l'été passé et ils n'ont joué que des chansons de Primary Colours... faire ce choix en festival, c'est sacrément gonflé !

Vous n'avez sans doute jamais été aussi à l'aise sur scène qu'actuellement. En avez-vous conscience ?

Nous nous sommes toujours considérés comme un groupe live avant tout, il nous avait fallu un certain temps avant de trouver nos marques en studio par exemple. Lorsque nous enregistrions nos premières démos, nous cherchions toutes les excuses pour inviter des amis à nous rejoindre afin de créer une atmosphère plus détendue. J'espère que nous ne sommes pas encore au maximum de nos possibilités toutefois !

Vous avez récemment participé à un titre de l'album de The Count & Sinden. Peux-tu m'en dire plus ?

Nous étions amis avec eux bien avant de collaborer et ce sont eux qui nous ont demandé si cela nous plairait de contribuer à leur disque. Une des chansons de Kai non retenue pour Serotonin leur plaisait beaucoup, nous l'avons donc utilisée. J'apprécie ce genre de collaboration, tous les side-projects sont bons à prendre selon moi. Cela te force à sortir de ta zone de confort.

Comment imagines-tu le futur pour le groupe ?

Déménager à Laurel Canyon, louer une épave et la retaper. Puis enregistrer un album, faire la tournée des festivals européens, rencontrer une belle femme irlandaise, déménager dans le ranch de son père, enregistrer un autre album, faire un bébé, louer une épave... et ainsi de suite !