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And So I Watch You From Afar

Interview publiée par Amandine le 2 juillet 2011

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Le renouveau du post-rock semble s'être tourné vers l'Irlande du Nord ces dernières années. A l'occasion de la sortie de leur deuxième album, Gangs, And So I Watch You From Afar ont accepté de répondre à nos questions pour lever le voile sur leur nouvel opus et leur évolution récente.

Vous avez probablement répondu très souvent à cette question mais pourquoi avoir choisi le nom And So I Watch You From Afar ?

C'est tiré d'une vieille chanson que Johnny, notre bassiste, aimait beaucoup et nous avons tous apprécié la référence à Orwell et à 1984 avec cette connotation à « Big Brother is watching you ». Chacun doit avoir sa propre vision de la signification du nom du groupe et je pense que beaucoup de personnes doivent penser que nous sommes un gang de vieux rôdeurs malfaisants.

Il me semble que vous venez tous plus ou moins du milieu punk : comment est née cette envie de monter un groupe de musique instrumentale ?

Ce n'était pas vraiment une décision consciente, c'est simplement arrivé. Quatre mecs qui étaient en connexion et qui aimaient faire des jams ensemble. Nous n'avions pas de système de sonorisation. Quant au côté instrumental, comme personne n'avait réellement envie de chanter, on s'est dit qu'il n'y aurait pas de chant !

Ça ne doit pas toujours être évident de se faire connaître en venant d'Irlande du Nord. Est-ce que ç'a été une difficulté dans votre carrière ?

Je ne pense pas le moins du monde que nous soyons célèbres. Il y a environ 1,5 million de personnes en Irlande du Nord et parmi eux, non que nous voulions nous comparer à eux, mais il y a quand même Van Morrison, Gary Moore, Snow Patrol, Ash, Therapy? ou Two Door Cinema Club, pour ne citer qu'eux. Je pense que quand on vient de là-bas, il faut peut-être pencher la tête un peu plus loin, mais pour un si petit endroit, nous avons une multitude d'artistes.

Votre musique est influencée par différents courants musicaux (math-rock, punk, post-rock). Vous-mêmes, où vous situez-vous ? Avez-vous plus d'affinités avec un style particulier ?

Sans hésitation, le punk ! C'est un style qui lui-même en recouvre d'autres. Le punk peut vous emmener facilement vers d'autres genres comme la dance ou le hip-hop mais c'est vrai que nous sommes aussi beaucoup influncés par le math-rock et le post-rock.

Vous avez souvent été comparés à Mogwai mais, finalement, quelle serait pour vous la comparaison la plus flatteuse qu'on puisse vous faire ?

Bonne question, je ne sais vraiment pas ! Peut-être qu'un jour, Mogwai devront être comparés à nous, on ne sait jamais ! Plus sérieusement, si les gens pensent à nous comme à un groupe honnête qui a toujours essayé de faire de son mieux et qui a travaillé dur pour ça, ce serait déjà très spécial pour nous et ça nous ferait plaisir.

Vous avez toujours fait de la musique instrumentale jusqu'à maintenant. Avez-vous déjà pensé à y ajouter du chant ?

On a toujours fait de la musique instrumentale ? Vraiment ? Il y a des voix sur le premier album et sur le nouveau aussi. Bon, ce n'est pas du chant, c'est vrai. Pour répondre à ta question, il ne faut jamais dire jamais donc qui sait...

Vous avez eu la chance de faire une tournée avec Them Crooked Vultures. Comment est-ce arrivé ? Quelle expérience en avez-vous tirée ?

Notre album a été mis entre les mains de leur agent et c'est lui qui leur a suggéré qu'on fasse leurs premières parties pour la tournée européenne. Ils ont bien aimé ce que nous faisions et ils ont accepté la proposition. C'est aussi simple que ça ! On a eu une chance incroyable. On a donc appris que Dave Grohl était le mec le plus sympa du milieu rock, que John Paul Jones était un vrai gentleman qui ne mangeait pas de pâtes à la sauce épicée jusqu'à la vingtaine et que Josh Homme avait vraiment tout de la rockstar, dans le bon sens du terme.

Les deux dernières années ont été pleines d'émotions pour vous : des nominations pour le XFM New Music Awards, pour le Choice Music Prize et vous avez gagné le Digital Sockets Awards. C'est plutôt inhabituel pour un groupe qui ne joue pas de la musique mainstream et surtout, qui évolue dans la musique instrumentale. Que pensez-vous de tout ça ?

Tout ça est très bizarre si on s'arrête pour y penser. Heureusement, il est rare que nous nous arrêtions pour penser ! C'est très flatteur d'être nominé pour différents prix et c'est aussi un bonus pour nous. Ce n'est évidemment pas la raison pour laquelle tu fais de la musique, sauf si tu es un type extrêmement tordu.

Les deux titres de votre EP Straight Through The Sun ne figurent pas sur Gangs , votre nouvel album. Pourquoi avoir sorti cet EP quelques mois avant ?

Pourquoi pas ? On avait ces chansons déjà prêtes sous le coude et nous voulions donner un peu de nouveautés aux gens. L'album est resté un moment au même stade avant de se terminer et on voulait ouvrir un peu l'appétit de nos auditeurs.

Vous avez eu un certain succès et de très bonnes critiques avec votre premier album éponyme. Comment avez-vous géré toutes ces attentes pour ce nouvel album ?

Je pense qu'on ne peut pas laisser ce genre de choses interférer dans la musique sans brouiller la vision que le groupe peut avoir de sa propre musique. C'était très étrange de constater que beaucoup de personnes attendaient l'arrivée de ce nouvel album avec impatience. Tout ça est nouveau pour nous.

Votre premier album est sorti chez Smalltown America tandis que Gangs est sorti chez Richter Collective. Pourquoi avoir changé de label ?

C'était selon nous l'étape suivante à suivre pour le groupe. Nous aimons beaucoup Smalltown America et je ne doute pas que nous collaborerons à nouveau avec eux dans le futur, quelque soit la façon dont ce sera. Au niveau du son, nous avons été attiré par Richter donc...

Le titre de votre nouvel album est Gangs , ce qui nous rapproche plus du gangsta rap que d'un album de post-rock. Quelle est la signification de ce titre pour vous ?

Est-ce vraiment un album de post-rock ? Gangs, pour nous, est un remerciement à toutes les personnes sympathiques qu'on a rencontrées depuis le premier album, des Etats-Unis à la Russie, en comptant tout ce qu'il y a entre les deux : toutes les personnes qui sont venues à nos concerts, nous ont offert un sol sur lequel dormir, ceux qui nous ont nourris, en résumé, ceux qui ont permis au groupe de continuer. Sans eux, nous ne serions rien aujourd'hui.

Ce nouvel album est un peu plus sage et moins bruyant que le premier. Comment l'expliquez-vous ?

Je ne pense pas qu'il soit moins bruyant. Je pense que la différence fondamentale entre le premier album et Gangs , c'est que le dernier a plus de couleurs, de lumières, plus de tonalités. Il est probablement plus pop que le premier en fait...

Il semble qu'avec ce nouvel album il y ait une redistribution des instruments comme par exemple l'importance prise par la batterie. Avez-vous changé votre façon de travailler ?

On voulait juste évoluer et ne pas faire deux fois le même disque. Je suis totalement d'accord quand tu dis que la batterie a plus pris le pas sur Gangs  ; Chris est vraiment une bête, un batteur incroyable, donc c'est plutôt une bonne idée je pense.

Quels sont vos projets pour 2011 ?

Écrire, enregistrer, tourner. Repeat...