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Kasabian

Interview publiée par Claire le 13 septembre 2011

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Fin de matinée, début septembre, Kasabian fait sa rentrée dans un hôtel très design de la capitale. Entre enregistrement d'une émission télé, séances photos, interviews et showcase entouré du plus grand secret, le groupe phare de la scène britannique entame une promo marathon pour la sortie de son très attendu quatrième effort Velociraptor!. Rencontre avec Sergio Pizzorno, guitariste et songwriter, pour évoquer la tournée mondiale qui s'annonce et ce nouvel album, qui n'a de préhistorique que le nom.

Hier soir, vous avez enregistré l'émission l'Album de la Semaine (diffusée le 24 septembre sur Canal +). Qu'avez-vous pensé de la réaction du public, notamment sur les nouveaux titres ?

Leur enthousiasme m'a vraiment surpris. Je ne m'attendais pas à ce que le public réagisse autant lors d'une émission de télé. Habituellement, les studios s'arrangent pour que le public reste très stique mais ce n'était pas le cas hier, et c'était génial. C'était comme faire un concert dans une vraie salle.

Vous n'avez joué que quatre nouvelles chansons. Est-ce pour garder un certain secret jusqu'à la tournée, ou tout du moins jusqu'à la sortie de l'album ?

C'est vrai que c'est un peu pour ça. On a vraiment très envie de les jouer mais, de nos jours, tout le monde veut tout avoir, de façon instantanée. Il n'y a plus de secret, plus de mystique. En les jouant, on se retrouverait le lendemain avec des version avec un son pourri, sur internet, donc je préfère que les gens attendent avec impatience l'album et se disent « wow » le jour de la sortie. Il faut faire monter la pression.

Vous avez joué Re-Wired pour la première fois, et j'étais surprise de constater que ce titre est particulièrement rock en live, très Rolling Stones finalement, alors qu'il est beaucoup plus travaillé - et moins rock - sur l'album...

Oui, elle prend sa vraie dimension sur scène. Elle a un côté très rock et très dance à la fois.

Justement, ce côté dance, est-il très important pour toi?

Oui, tout à fait. J'adore les chansons qui donnent envie de bouger et je ne pense pas que les groupes indé parviennent à faire ce type de musique. Dans le passé, le rock faisait danser, donc on est une sorte de version moderne de ces grands groupes.

Il faut juste ne pas suivre et écouter les attentes des autres car c'est une perte de temps.

Avec la sortie de Velociraptor!, que beaucoup de monde attend avec impatience notamment à cause du succès de West Ryder Pauper Lunatic Asylum, ressens-tu beaucoup de pression ?

Non, la pression venait surtout du fait que je voulais faire de cet album quelque chose de parfait. West Ryder Pauper Lunatic Asylum est l'exemple type du succès mais ce n'est pas un disque pop non plus. On est fiers de ce qu'on a fait pour ce nouvel album. Il faut juste ne pas suivre et écouter les attentes des autres car c'est une perte de temps.

J'ai lu de nombreuses explications différentes concernant le titre de ce quatrième album. Alors, pourquoi Velociraptor! ?

On adorait ce mot. Ça sonne comme un album du Wu Tang Clan, non (rires) ? Et pour la petite histoire, les velociraptors chassaient par groupe de quatre, ils avaient des plumes, c'était les membres d'un groupe de glam rock en quelque sorte.

Tu as défini cet album comme un jukebox. Peux-tu nous en dire plus ?

Cet album est très diversifié, il concentre une large variété de styles, un peu comme ce qu'on trouve dans un jukebox...

Tu avais décidé dès le départ que tu voulais incorporer autant de styles différents ?

Non, c'est venu comme ça. Ce disque a été très naturel, très rapide. West Ryder Pauper Lunatic Asylum était un album très réfléchi alors qu'avec celui-ci, on avait l'impression d'enchainer bonne chanson sur titre génial.

La dernière tournée de Kasabian s'est arrêtée l'été dernier. Vous aviez d'ailleurs fait la première partie de Muse au Stade de France en juin 2010 puis vous avez ré-enchainé sur des concerts au printemps de cette année. Entre deux, tu as écrit l'album, vous avez enregistré. Tu n'es jamais fatigué ?

Tu sais, lorsque la tournée s'est arrêtée, je me suis rêvé dans un transat, avec mon chapeau de paille sur la tête à écouter Bob Marley pendant des mois. J'ai fait ça deux jours et je me suis dit que, définitivement, ce n'était pas moi, qu'il fallait que je retourne en studio pour enregistrer tous ces titres que j'avais déjà ébauchés ou que j'avais en tête.

Mais les autres n'avaient pas envie de rester un peu dans leur transat ?

Oh non (rires) ! Tom est un nomade, il adore être sur la route, il en a besoin. Il est vraiment super excité à l'idée de repartir en tournée.

Vous avez travaillé avec Dan The Automator, qui est le même producteur que pour West Ryder Pauper Lunatic Asylum. Etait-il important que ce soit lui qui produise votre album ? Que lui a-t-il apporté ?

En fait, Dan a cette capacité à transformer les démos que l'on a souvent mal enregistrées en titres vraiment fantastiques, donc c'était une évidence que ce soit lui qui produise Velociraptor!.

Vous avez fait un remix de Days Are Forgotten avec LL Cool J, ce qui est plutôt une collaboration inattendue. Qu'est-ce qui vous a fait choisir LL Cool J ?

Des tas de groupes ou de chanteurs font des duos avec des rappeurs parce qu'ils sont à la mode, mais ce n'est pas du tout notre truc. Mais LL Cool J a entendu notre titre et l'a adoré. Il a enregistré sa propre version et nous l'a envoyée, et on l'a franchement beaucoup aimé. Ce type est une légende ! C'est génial et étrange à la fois de l'avoir sur ce single.

Y a-t-il un autre artiste avec qui toi ou le groupe aimeraient bosser?

Personnellement, Jack White !

Je suis très visuel et cela permet à ceux qui écoutent nos albums d'être transportés dans un autre monde.

Sur cet album, il y a un titre, La Fée Verte, qui a servi de bande originale pour le film London Boulevard. D'autres titres, comme Days Are Forgotten ou Acid Turkish Bath sont extrêmement cinématographiques. Est-ce que tu aimerais continuer à travailler pour le cinéma ?

La raison pour laquelle j'ai fait London Boulevard, c'est que ce titre convenait parfaitement à ce film. Nos précédents albums étaient déjà très cinématographiques car c'est la façon dont je perçois et j'entends la musique. Je suis très visuel et cela permet à ceux qui écoutent nos albums d'être transportés dans un autre monde. Mais travailler sur toute la bande originale d'un film est peut-être un peu trop rigide pour moi.

Velociraptor! est un album très produit, très ciselé, avec beaucoup de détails et de sons qui ne sont pas forcément faciles à reproduire sur scène. Comment travaillez-vous pour l'adapter au live ?

Il est vrai que ça prend un certain temps. Mais, en fait, on loue une grande maison avant la tournée et on y passe des journées à répéter et à retravailler les morceaux pour la scène.

Dans plusieurs interviews, tu as parlé de ta peur de la page blanche et du blocage de ton inspiration. Pour l'instant, tu sembles encore très loin de cela, non ?

Il est vrai que ça me fait peur mais j'avoue que pour le moment, j'ai toujours des musiques, des sons, des paroles qui me parviennent. La transmission marche toujours !

Sur Velociraptor!, tu chantes trois chansons. Pourquoi ces trois-là en particulier ?

C'est Tom qui les a choisi en fait. Il a pensé que ces titres ne lui convenaient pas vocalement. C'est un truc vraiment génial avec Tom; c'est une amitié pure. On se connait assez bien pour être capable de se dire que telle ou telle chose ne nous convient pas.

A Wembley Arena, sur la dernière tournée, vos roadies étaient habillés en médecins et Noel Fielding a fait une apparition, déguisé en Vlad The Impaler. Avez-vous prévu quelque chose de particulier sur les dates majeures de cette tournée ?

West Ryder Pauper Lunatic Asylum était un album très théâtral, comme pour le livret ou ce qui avait été mis en place sur scène. Cette fois-ci, ce sera tout aussi fou, mais de façon différente. On garde le secret.

Peux-tu nous parler un peu de la couverture de l'album et de ce nouveau logo ?

C'est un ami, Aitor Throup, sculpteur, illustrateur, designer, un vrai génie je tiens à le dire, qui a tout réalisé. Je pense que c'est le début d'un long partenariat.

Tu parles souvent de l'héritage musical que tu aimerais laisser. Comment aimerais-tu que les gens se souviennent de Kasabian si vous deviez arrêter de faire de la musique ?

J'aimerais qu'on se souvienne de nous comme un groupe de rock un peu barré !

Votre prochain concert à Paris se fait au Zénith, une salle beaucoup plus grande que l'Olympia lors de la précédente tournée. Est-ce que cela signifie que vous ferez moins de petites salles en province?

On ira partout où on veut de nous. Vous nous verrez arriver avec nos guitares... et une bouteille de rhum !