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The Answer

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 21 mars 2012

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Dans la série catalogage, rangement dans des petites boites, The Answer, fait figure de bande à part. Invité, emmené, pendant plus d’une année en première partie du plus célèbre groupe de hard rock des années 80, AC/DC, The Answer s’est imposé, dès 2005, dans le domaine du blues rock qui décoiffe et qui n’a pas peur des solos de grattes interminables, à une époque où la majorité des groupes du sérail Anglais évolue entre indie et musique électronique...

The Answer est né en Irlande, il y a dix ans. A vos débuts, vous avez auto-produit vos chansons jusqu’à ce que vous remportiez le « Best New Band » par le magazine Classic Rock. Était-ce difficile pour un groupe rock comme vous d’éclore à l’époque dorée de la techno musique ?

Michael : A l‘époque, en Irlande, il n’y avait guère que nous et un ou deux autres groupes évoluant dans le blues rock ou le hard rock. Même en arrivant à Londres, en 2004, nous étions quasiment seuls à jouer dans ce registre au milieu de groupes indie et électro. The Darkness était quasiment le plus gros groupe de hard rock en Angleterre à cette époque et les grosses guitares étaient à nouveau à la mode, grâce à eux...

Votre premier album, Rise, a atteint les 125 000 ventes, ce qui est assez considérable ! Est-il plus difficile d’être dans l’ombre ou dans la lumière quand on représente le renouveau du hard rock en Angleterre ?

Paul : Ce n’est difficile ni pour l’un ni pour l’autre mais, nous avons cherché à être dans la lumière et maintenant que nous y sommes, nous sommes certains que c’est plus agréable que de rester une chimère (rires) !
Michael : C’était une vraie surprise et une grande joie pour nous. Le second album a presque atteint le même nombre de copies et nous avons notre nouveau disque, Revival, qui va, je l’espère faire aussi bien que les deux autres...

Tous les groupes nés en Irlande n’ont pas eu ce si rapide succès, pensez-vous que les groupes partent avec un handicap s’ils ne naissent pas à Londres ?

Paul : Il y a deux manières de voir cela. Bien sûr, l’industrie du disque est à Londres et si tu veux être proche des labels ou des médias, c’est plus difficile si tu n’y vis pas. Mais, l’avantage, c’est que tu n’es pas collé aux autres formations et tu peux développer ton propre univers, avec plus de motivation sûrement que si tu es dans le sérail dès le départ. Cela nous a aidés à adopter un style bien à nous.

Les groupes, depuis quelques décennies, mixent volontiers les styles entre eux pour se forger un son propre. Vous sentez-vous comme des OMNI (Objet Musical Non Identifié) dans le monde de la musique ?

Michael : Tu as parfaitement raison. Nous faisons du rock avec plus de rock à l’intérieur ! Incroyable non ? (rires)

Vous n’êtes pas encore très connus en France, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre histoire ?

Michael : Paul est très bon pour les résumés, façon synopsis ! (rires)
Paul : Nous avons démarré voilà dix ans. Michael et moi-même jouions déjà ensemble au lycée dans des petits groupes... Puis, James nous a rejoint à la batterie et nous avons entendu parler de Cormac qui avait un style de voix et un style de scène bien particulier. Nous nous sommes très bien entendus dès le départ. Nous avons débuté par jouer en Irlande, les quatre première années. Ensuite, nous avons débarqué à Londres, trouvé un manager et un accord pour enregistrer un disque. C’était en 2005 et nous avons sorti l’album Rise un an plus tard. Nous avons commencé à tourner, assuré des premières parties de groupes Anglais puis, il y a eu la tournée d’AC/DC juste après notre deuxième disque, Everyday Demons. L’année de concerts avec AC/DC est un chapitre en lui-même dans l’histoire de The Answer ! Une fois revenus, nous avons commencé à enregistrer Revival, cela nous a pris une autre année. Depuis, nous sommes sur la route, en tournée...

Et quel chapitre ! Que vous a apporté cette expérience de première partie d’un groupe comme AC/DC pendant plus d’un an et 120 concerts ?

Michael : Tout est arrivé à cause de notre passion pour AC/DC. Le producteur du premier album d’AC/DC est le frère d’un ami, il nous a aidés pour l’enregistrement de notre premier disque. Il y avait également une relation entre notre label et le leur et le contact s’est fait comme ça. Une fois que le groupe a eu notre premier disque dans les mains, Brian (Johnson) est devenu assez fan de The Answer et nous a invités à les accompagner pour trente ou quarante concerts à la base. Ça c’est si bien passé avec le public et AC/DC que nous sommes restés bien plus longtemps que prévu. Nous avons vraiment profité de cette formidable expérience, mais nous savions qu’à un moment il nous faudrait également tracer notre propre route et jouer nos propres concerts. D’ailleurs, souvent nous jouions avec eux mais nous jouions également nos propres concerts à la fin et il nous fallait organiser des déplacements impossibles. Et après quinze mois de ce régime, nous étions lessivés !

Vous avez dit, à propos de cette tournée, que vous étiez jetés en pâture aux loups lors de ces concerts, devant un public parfois difficile pour vous et qu’il vous a parfois fallu creuser très profond pour trouver l’énergie nécessaire pour réussir cette expérience. Est ce qu’une telle expérience peut se transformer en piège pour un groupe qui démarre ?

Paul : Il est vrai que, parfois, le public d’AC/DC te rappelle cruellement qu’il n’est pas venu pour voir The Answer ! Mais ça te pousse à jouer mieux, plus vite et plus fort (rires) ! Nous gardons tout de même des souvenirs indélébiles au milieu d’un public réputé pour être très fan et donc un peu exclusif avec le groupe principal...

AC/DC sont-ils une de vos influences principales à la base ?

Michael : Oui. Il est difficile de faire de la musique, spécialement de la musique identifiée comme blues rock voire hard rock, sans être influencé par un groupe comme AC/DC. Tous les groupes de rock ont au moins un ou deux albums d’AC/DC dans leur discothèque. C’est le groupe de rock ultime !

Vous avez réalisé un documentaire, « 412 jours de rock’n’roll ». Quel était le départ de cette production ?

Michael : Le jour où nous avons signé pour accompagner AC/DC, nous avons acheté un caméscope. Et notre manager a filmé des kilomètres de pellicule pendant toute la tournée ; plus d’une année. Il en a résulté des jours et des jours de rush à ne plus savoir qu’en faire ! Et puis, un réalisateur professionnel est venu nous rejoindre avec ses sept caméras et a fini la production. Il nous a mis des caméras partout, dans le bus, dans les loges, dans les toilettes (rires). C’était Big Brother en personne ! À la base, il avait monté un film de 3h et demi ce qui nous a fait rire, mais pas notre label (rires) !

Votre troisième album, Revival, est sorti en octobre dernier. Qu’est-ce qui a changé entre les deux premiers disques et celui-ci ? Avez-vous modifié le processus d’écriture ou d’enregistrement pour Revival ?

Paul : Je pense qu’Everyday Demons était une sorte d’exercice live pour nous. Rise était plus tourné vers les prises studio. Revival est un peu la synthèse des deux premiers. En théorie du moins, car en pratique c’est toujours plus difficile ! Mais nous avons voulu garder une certaine simplicité et pureté des sons et des prises studio, sans trop d’effets ou de calques posés sur la moitié des titres. Les autres titres méritaient plus de flamboyance et peut-être de travail d’arrangements. Everyday Demons nous a pris assez peu de temps alors que l’écriture de Revival a nécessité quasiment un an. Avec l’expérience, nous avons acquis des automatismes et une assurance qui s’entend, je le pense, sur ce dernier opus. Nous savions ce que nous voulions.

Est-ce l’écriture ou la composition qui vient en premier ?

Michael : Généralement, nous commençons par exposer des idées de sons, de riffs ou de refrains et nous écrivons par-dessus. Je pense que l’expérience avec AC/DC nous a insufflé pas mal de cette énergie déployée pendant tous ces concerts et que nous avons essayé de retranscrire dans Revival.

Après dix ans d’existence, quelles sont les prochaines frontières à franchir pour The Answer ? Le ciel est la limite ?

Michael : Tu veux dire, l’espace est la limite (rires) ! Et même au-delà... Nous adorons ce disque et nous avons pas mal de tournées en préparation, en Angleterre et dans les festivals Européens à venir. Et puis, à un moment de l’année 2012, nous commencerons à écrire notre prochain disque, sûrement… Ayant passés une année à écrire pour Revival, nous avons encore beaucoup de titres quasiment prêts pour le prochain album que nous ne pouvions placer sur le dernier album par manque de place.

Vous avez enregistré Revival à El Paso, Texas, une grande ville du blues rock ! comment avez-vous atterri là-bas ?

Michael : Nous avons été recommandés par notre producteur. C’était un studio fantastique avec des instruments mythiques accrochés aux murs, un équipement et une atmosphère très particuliers. Nous avions déjà produit notre deuxième disque aux Etats-Unis, mais c’est notre premier disque totalement enregistré là-bas avec un producteur américain.
Paul : Au-delà du studio et de son équipement, nous avons pu rencontrer des gens dans ce studio qui sont d’abord intéressés par la musique avant la rentabilité. La créativité plus que la recherche du titre à succès. Et puis, nous étions logés dans un ranch autour d’El Paso et, parfois, nous entendions des coups de feu tirés le long de la frontière du Mexique, très proche ! Nous avons été jusqu’à la frontière et avons vu tous ces Mexicains qui continuent à risquer leurs vies pour passer la frontière US. Nous avions l’impression d’être dans un film, tous les jours...
Michael : Je pense que de vivre dans le désert et aller bosser en Harley Davidson tous les matins a amené un certain ton à ce disque et à nos enregistrements. En tout cas, c’était assez magique pour nous !

Vous êtes d’accord avec les médias qui qualifient votre musique d’américaine plus qu’anglaise ?

Michael : A certains moments, c’est sûrement vrai. Mais la plupart du temps, ce sont plutôt nos racines Irlandaises qui s’imposent le plus. Notamment dans les sons et les riffs de Paul. Bien sûr, le blues rock américain est une source d’influence pour tous les groupes rock.

Avez-vous des porte-bonheur qui vous accompagnent en tournée ?

Paul : (rires) Pour démarrer cette tournée, j’ai acheté une replica de la Yamaha de Valentino Rossi de 2007 ! C’est mon porte-bonheur.

Pour vous, le rock'n'roll, c’est de la bière, de la transpiration et de la poussière ?

Michael : C’est tout ça, plus de la Tequila (rires) !