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And Also The Trees

Interview publiée par Amandine le 12 avril 2012

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Membres fondateurs d'And Also The Trees, les frères Jones ont réussi, malgré les tendances musicales changeantes, à garder une ligne directrice qui leur a permis de traverser les décennies pour nous concevoir aujourd'hui un splendide album : Hunter Not The Hunted. C'est à l'occasion de sa sortie, autour d'un café, que nous sommes revenus sur leur carrière longue de plus de vingt-cinq ans. Entre choix discutés et souvenirs d'une jeunesse pleine d'excès, ils se sont remémorés avec nous les souvenirs de toute une vie.

Simon, tes textes sont souvent inspirés par ton environnement : maintenant que tu habites en Suisse, peux-tu dire que ton songwriting en ait été affecté ?

Simon : Pour le moment, je n'ai pas encore été réellement inspiré par les paysages suisses, on ne peut pas dire ça. En fait, ce qui m'inspire réellement, c'est quand je suis de retour au pays, de là d'où je viens. Depuis que je ne vis plus en Angleterre, je me rends compte que j'y suis plus attaché que je ne le pensais et que ce pays m'inspire plus que jamais. L’Angleterre ne me manque pas en tant que telle mais c'est plus les grands espaces, les paysages que je regrette. J'ai l'impression que la musique que j'écris ne colle de toute façon pas totalement à l'environnement suisse. C'est probablement ce qui fait que quel que soit l'endroit où je me trouve, je suis toujours relié à la scène du Nord, celle de l'Angleterre. Mon songwriting et ma musique en sont totalement empreints.

L'autre grande source d'inspiration pour le groupe vient également de la littérature et de la poésie, mais quel est l'élément déclencheur dans vos choix d'écrire un texte ou une musique sur une chose en particulier ?

Simon : C'est toujours très instinctif pour nous. Nous ne planifions jamais ce sur quoi nous voulons écrire. Justin va écrire la musique et je vais l'écouter puis, la plupart du temps, les paroles qui vont me venir spontanément sont une réaction instinctive à ce que j'entends. Pour expliquer d'où viennent les textes... Si je suis chanceux, elles semblent provenir du plus profond de moi mais, très souvent, j'ai besoin de regarder autour de moi, d'observer longuement un endroit, un film, une peinture, un livre ou un dessin.

Vous vivez assez loin les uns des autres : n'est-ce pas trop difficile de travailler dans de bonnes conditions ?

Justin : C'est vrai que géographiquement c'est parfois compliqué mais ça fait maintenant dix ans que nous sommes dans cette situation. Nous nous partageons entre l'Angleterre, la France et la Suisse. Ce n'est pas toujours évident mais ça fonctionne. Ce n'est pas l'idéal mais nous avons eu la chance de toujours travailler seuls, même avant.
Simon : Oui, c'est vrai, même quand j'habitais encore en Angleterre, nous ne travaillions pas tout le temps ensemble, assez peu souvent même. Il écrit des mélodies, je les prends, je vais dans une autre pièce et je réfléchis à des paroles (rires). Ainsi, quand nous nous sommes éparpillés, ça n'a pas été un désastre. Le point négatif a été que la créativité a été quelque peu ralentie. Quand nous voulons essayer une nouvelle idée ensemble, nous sommes toujours dans des endroits assez peu appropriés comme un aéroport, un bus, un train ou un bateau.
Justin : La problématique des groupes constitués de musiciens géographiquement éloignés, c'est que le processus de création est parfois difficile car nous avons tous une part de responsabilité dans les compositions, personne ne fait quelque chose de A à Z. Nous habitons à plus de quatre heures de trajet donc je ne me vois pas prendre un avion à chaque fois que j'ai une idée pour aller voir Simon et en discuter avec lui. Il paraît que certains travaillent sur Skype...

Il serait envisageable de jouer de la musique en live sur Skype dans de bonnes conditions selon vous ?

Justin : Je ne sais pas, j'ai du mal à me l'imaginer. Il y a forcément un décalage.
Simon : Pour discuter de projets ou d'idées, ça me semble envisageable mais, pour jouer, je ne vois pas comment ça pourrait fonctionner. A moins que, par exemple, Justin me joue un truc et qu'après ça j'essaie de fredonner une mélodie en retour.
Justin : Ou alors il faudrait jouer sur le décalage et les problèmes de connexion pour créer un nouveau type de musique (rires) !
Simon : Ça pourrait être une idée pour le prochain album, la piste est à explorer !

Comment expliquez-vous le succès que vous avez en France et en Allemagne alors qu'en Angleterre, votre renommée est plus confidentielle ?

Simon : C'est une gentille façon de le formuler : personne ne nous écoute en Angleterre en fait (rires) !

Pensez-vous que votre musique peut toucher plus facilement la France et l'Allemagne parce qu'elles ont une tradition plus ancrée dans le style que vous développez ?

Justin : C'est très possible. C'est une question qui nous a toujours taraudés : pourquoi ne sommes-nous pas compris par les Anglais ? C'est aussi de notre faute, nous avons toujours privilégié le reste de l'Europe, c'est tellement plus agréable de tourner en France ou en Suisse !
Simon : Pour moi, c'est une combinaison de plusieurs choses : quand nous avons décidé de faire une tournée en Angleterre pour la première fois, les concerts étaient horribles pour nous ! Les lieux étaient affreux, le public était formé principalement de petites racailles qui ne payaient même pas leurs places, les techniciens étaient arrogants et agressifs. La nourriture n'était pas fournie, nous devions la payer et elle était dégueulasse. Les spectateurs étaient blasés et n'écoutaient pas. Ensuite, nous sommes partis en Europe : nous nous sommes retrouvés à Aachen, une petite ville d'Allemagne. Les gens connaissaient notre musique, ils la comprenaient et jouer pour un public pareil, c'était incroyable pour nous. Nous n'avions pas notre propre équipement à l'époque mais des personnes nous ont aidés, nous ont prêté des instruments. Nous avions de la bonne nourriture dans nos assiettes... Pour nous, c'était tout de même vite vu pour nos choix futurs.

Apparemment, vous n'êtes pas les seuls à avoir ce point de vue sur l'Angleterre...

Simon : Parce que c'est un fait ! Nous sommes amis avec les Young Gods, ce groupe suisse, et quand ils ont décidé de faire une tournée en Angleterre, ils l'ont fait en toute connaissance de cause. Ils savaient qu'ils allaient perdre de l'argent mais, pour eux, il fallait le faire car le marché anglais était une bonne opportunité. Nous, nous avons fait un choix différent, celui de négliger notre pays. Ce n'était peut-être pas une décision intelligente. Par contre, tous les concerts que nous avons faits et que nous faisons encore à Londres sont toujours très cools.
Justin : Oui, mais c'est Londres, c'est différent. Les gens ont l'air d'avoir l'esprit plus ouvert, ils sont plus cosmopolites.

Quand vous avez décidé de jouer de la musique il y a une trentaine d'années, si quelqu'un était venu vous dire que trente ans plus tard, vous vivriez de votre passion, que vous continueriez à écrire de nouvelles chansons, sortir de nouveaux albums, qu'est-ce que vous lui auriez répondu ?

Simon : Je lui aurais dit : « Ne sois pas ridicule et arrête tes conneries ! » (rires) « Les personnes d'une cinquantaine d'années ne font pas de la musique, ils lisent des bouquins sérieux en fumant la pipe ! ». Plus sérieusement, je ne l'aurais jamais cru, et toi ?
Justin : Moi non plus... Mais c'est sûrement parce qu'à cet âge-là, on ne pense même pas au moment où on aura trente ans, ça nous paraît déjà vieux.
Simon : Tout ça, ça me fait penser à John Peel, qui a eu beaucoup d'influence sur nous. A l'époque, nous nous disions « Il a quarante balais ! C'est tellement vieux ! » (rires).
Justin : Mais il était super cool pour un vieux (rires). Il avait des goûts musicaux excellents et une culture musicale de dingue.
Simon : C'était un ancien pour nous et nous concevions difficilement comment ceux que nous considérions comme « vieux » pouvaient avoir de bons goûts musicaux et toujours être dans le coup. Maintenant, nous avons l'air malins à te dire ça à nos âges...

Vous avez toujours fait des choix très francs tout au long de votre carrière, comme lorsque vous avez décidé de faire de la musique acoustique il y a quelques années. Pourquoi avez-vous toujours eu besoin de vous réinventer ? N'est-ce pas un peu terrifiant de vous dire que le public peut ne pas comprendre vos démarches et ne pas vous suivre ?

Justin : C'était peut-être un peu fou mais ça a toujours été un bon exercice. Se mettre des challenges est important pour un artiste.
Simon : Nous n'avons jamais fait des choix radicaux qui auraient eu pour conséquence que, d'un jour à l'autre, notre musique ne sonn plus un tant soit peu And Also The Trees.

On a l'impression que votre carrière est une évolution naturelle...

Simon : Tout à fait ! De toute façon, quoi que l'on fasse, nos auditeurs n'auraient pas forcément eu envie de prendre la même direction que nous. A l'époque d'Angelfish (ndlr : en 1996), nous avons perdu pas mal d'écoutes à cause des choix que nous avons décidé de faire mais nous pensions que techniquement, nous avions poussé l'exercice aussi loin qu'il était possible de le faire. Nous avons donc fait un choix plus radical que nous en avions l'habitude. Certains ont aimé et l'ont compris mais beaucoup de gens ont été déçus et nous ont laissés tomber. Pour nos deux derniers albums, je pense que l'on retrouve des références à la période antérieure, que ce soit dans les paroles ou musicalement parlant, sans pour autant le faire de manière régressive. C'est l'intérêt de toujours faire les choses plus ou moins en douceur je pense. Je me dis que les gens qui n'avaient pas aimé la période Angelfish sont peut-être revenus vers nous, qu'ils ont compris nos choix passés et qu'ils aiment ce que nous faisons ces dernières années.

Votre break du début des années 2000 n'en était pas vraiment un dans ce cas, on ne peut pas parler de renaissance, c'était un pas de plus dans l'évolution. A-t-il réellement changé quelque chose pour vous ?

Justin : On ne peut pas nier que les changements géographiques ont eu des conséquences.
Simon : Oui, nous sommes là à clamer que rien n'a changé mais ce serait faux de le dire. Ces événements ont eu un impact sur la créativité du groupe, c'est indéniable. Quand nous avons décidé d'écrire un nouvel album, nous avons dû laisser de côté tous nos bagages pour nous replonger dans un univers de créativité dans lequel nous n'étions plus. Notre grande force, désormais, c'est d'avoir digéré nos histoires personnelles et notre passé et nous n'avons plus peur d'y retourner. Nous craignions de passer pour rétrogrades si nous allions puiser dans le passé mais désormais, nous nous rendons compte que ce n'est pas du tout le cas. Notre passé est une partie de ce que nous sommes aujourd'hui, personnellement et artistiquement, nous l'avons bien compris. Depuis, c'est plus simple pour nous dans le processus créatif, ça nous a permis d'avancer.

Beaucoup d'artistes comme Lou Reed, Primal Scream ou The Wedding Present font des tournées album, où ils jouent un disque qui a marqué leur discographie dans son intégralité. Vous l'aviez fait, en quelque sorte, pour Virus Meadow, mais par pour une tournée complète. Que pensez-vous de cet exercice ? Pourriez-vous le faire vous aussi ?

Justin : J'aime à la fois ce concept mais il faudrait le coupler à de la nouveauté en parallèle pour que ce soit amusant.
Simon : Quand nous avons testé le concept avec Virus Meadow, c'était OK, mais ce n'était pas une expérience incroyable pour nous.
Justin : Ce qui m'ennuie là-dedans, c'est que le public sait ce qui va suivre, il n'y a pas d'effet de surprise.
Simon : Lorsque nous sommes en tournée, nous sommes souvent amenés à jouer de vieux titres que les gens attendent donc nous avons l'habitude de réinterpréter des chansons vieilles de vingt ans. Nous jouons par exemple encore et encore Virus Meadow mais dans ce concept de tournée album, tu es obligé de jouer certains titres chaque soir, même si tu n'en ressens pas le besoin ou l'envie. C'est étrange je trouve...
Justin : C'est un peu comme si nous jouions une pièce de théâtre chaque soir, ce n'est pas ce que je préfère.

Vous êtes plus souvent en tournée ces dernières années. Est-ce plus plaisant pour vous maintenant que dix ans auparavant ?

Justin : J'ai toujours aimé être en tournée mais les raisons pour lesquelles j'aime ça aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'il y a vingt ans. Je crois que si nous nous comparons à ce que nous étions à la fin des années 80s, ce n'est plus du tout la même impression qui se dégage. Nous avions une certaine force que nous ne pouvions plus avoir, parce que nous sommes trop vieux probablement. Mais maintenant, nous sommes plus maîtres de nous-mêmes, dans le bon sens du terme. Je crois que nous sommes un meilleur groupe en live en 2012.
Simon : Nous communiquons des énergies différentes selon les époques. Avant, nous buvions comme des trous avant de monter sur scène, et nous ne faisions pas que boire d'ailleurs. Nous pensions que ça nous aidait, que ça nous donnait des ailes, alors que non ! Nous jouions trop fort, trop vite, c'était terrible ! C'était fatigant de faire la fête chaque soir et de garder le rythme, nous en serions bien incapables aujourd'hui. Au niveau de la voix, c'était tout aussi lamentable : je montais sur scène et je poussais le son au niveau 9 sur une échelle de 10, pour te donner une idée. C'était trop ! Maintenant, surtout avec notre expérience acoustique, je peux commencer avec le volume à 1 et j'ai une marge confortable si je veux augmenter le volume de ma voix, ce qui me laisse plus libre et me rend le travail plus aisé artistiquement parlant. Mais ces choses, ça s'apprend, ou pas d'ailleurs. Mais je pense qu'on a tiré des leçons de toutes ces mauvaises façons de faire que nous avions étant plus jeunes.

Vos deux premiers albums ont plus de vingt ans maintenant : ne pensez-vous pas qu'ils mériteraient une réédition avec un remastering et pourquoi pas un ajout de démos ou de lives ?

Justin : Nous y avons déjà pensé et on nous a même demandé de le faire mais nous n'avons pas énormément de titres inédits, nous avons déjà plus ou moins sorti tous nos enregistrements. Nous allons probablement ressortir un jour Virus Meadow parce qu'il n'est plus disponible et que c'est l'un de nos meilleurs albums. Donc nous serons amenés à le faire, si les gens continuent à acheter des disques bien évidemment.
Simon : Oui, il semble qu'il commence à devenir un classique et la demande est grandissante donc ce serait bien d'en faire une réédition dans un beau digipack parce que nous n'avons jamais fait ça. Il faudrait aussi qu'on nous laisse choisir les bonus du disque parce que ça n'a pas toujours été le cas. Parfois, nous étions surpris de constater que la maison de disques avait ajouté plusieurs titres sans nous le demander, peut-être pour que les auditeurs aient une heure d'écoute au lieu d'une quarantaine de minutes, je ne sais pas. J'aimerais vraiment qu'on fasse une réédition de Virus Meadow mais il ne dure que trente deux minutes, c'est trop court...

Comment expliquez-vous que la musique de vos débuts, celle un peu sombre des années 80, ait autant le vent en poupe ces derniers temps, que ce soit par le biais de nouveaux groupes ou par la reformation de certains autres ?

Justin : C'est le tour des années 80s avec cette vision cyclique que l'on commence à connaître dans la musique, tu vois ce que je veux dire...
Simon : Beaucoup de groupes se reforment en ce moment parce qu'ils commencent à manquer d'argent (rires) !
Justin : En ce qui concerne les jeune groupes influencés par cette époque, certains d'entre eux sont très intéressants, je pense notamment à PVT, un groupe australien. Ils ont des sonorités 80s sans toutefois tomber dans le pastiche. Ils utilisent les technologies d'aujourd'hui mêlées aux claviers et aux sons qui ont fait la richesse des années 80s. Ce n'est pas un hommage à cette période mais plutôt une époque qui les influence. J'aime beaucoup cette vision des choses. Pour les groupes en reformation, je n'en ai pas vus beaucoup ces dernières années : ils sont encore bons Echo & The Bunnymen ? Certains de mes amis m'ont dit qu'ils avaient été très déçus par leurs dernières performances.
Simon : J'aime beaucoup leurs deux premiers albums mais moins le reste. De toute façon, je n'aime pas beaucoup cette idée de groupes qui se reforment et qui reprennent la route comme ça, du jour au lendemain. Ça manque de naturel je trouve. Je ne les en blâme pas, s'ils peuvent se faire un peu de fric, tant mieux pour eux !

Que pourriez-vous nous dire de ce nouvel album, Hunter Not The Hunted ?

Simon : Je dirais que c'est un album électrique dans le sens où il y a des guitares électriques sur la totalité des titres. La batterie est moins présente qu'elle a pu l'être précédemment. Je pense que l'on entend bien l'influence qu'a eue notre expérience acoustique, même si ce n'était pas intentionnel. Nous utilisons l'espace et le silence d'une façon différente désormais ; chaque instrument a son propre espace, au même titre que la voix. C'est notre album le plus lent, ce qui lui donne un côté assez sombre parfois mais pas dans un sens négatif. Quelqu'un nous a dit que la musique semble venir d'un endroit à la fois étrange et magnifique et j'aime cette idée, c'est un très beau compliment et c'est ce que nous avions à l'esprit en l'enregistrant. Je le trouve très diversifié.
Justin : Ce n'est pas le genre d'album que tu mets en musique de fond parce qu'il requiert de l'attention.
Simon : Et je crois qu'il faut l'écouter dans un environnement très calme, au casque si possible, pour en percevoir l'essence. Tu ne peux pas l'apprécier dans le métro, avec les bruits alentours car le silence est tout aussi important que la musique. Je réalise que c'est presque un challenge de pouvoir l'écouter dans de bonnes conditions (rires) !

Vous êtes à mi-chemin entre l'acoustique et l'électrique et cet album me semble être comme de la poésie musicale. Il est difficile de se concentrer sur les compositions si quelque chose perturbe notre attention...

Simon : C'est exactement ça ! Il faut même écouter les silences, ce qui n'est pas l'idéal dans le monde moderne.

Cet album me semble très introspectif : avez-vous appris quelque chose sur vous ou sur votre musique en enregistrant Hunter Not The Hunted ?

Simon : Oui, j'ai appris beaucoup de choses sur moi-même en écrivant les paroles pour cet album mais je ne réussirais pas à les verbaliser. Ça m'a transporté dans un état très particulier.
Justin : C'est une très bonne question à laquelle je n'avais jamais réfléchi avant et je crois que tu as raison : c'est l'un de nos albums les plus personnels et où, justement, nous avons mis le plus de nous-mêmes et de nos vies, de notre passé. Ce que j'ai tiré de cet album, c'est que l'idée initiale est souvent la meilleure. Pour un musicien, le processus normal est de venir avec le germe d'une idée et de travailler autour ; souvent, ça fonctionne très bien mais, ici, ça n'a pas souvent été le cas. J'ajoutais des instruments pour étoffer l'idée mais ça ne collait pas et je me disais « Il faut que je revienne à l'idée originelle, c'était bien mieux! ». Nous revenions alors à cette simplicité, à cette petite idée qui semblait sonner comme un battement de cœur.

Pensez-vous que votre expérience acoustique ait changé votre vision de la musique et votre façon de travailler ?

Simon et Justin : Complètement !
Simon : La tournée acoustique que nous avons faite a aussi beaucoup eu d'impact sur l'enregistrement de Hunter Not The Hunted. Trouver l'intimité avec un public est une expérience bien différente de l'expérience électrique. Même si notre musique est désormais plus calme, je la trouve en même temps bien plus intense, peut-être parce qu'elle est plus intime et plus vraie. Nous n'avions pas des murs d'enceintes autour de nous. Nous jouions avec la fenêtre ouverte et nous pouvions entendre le chant des oiseaux.
Justin : D'ailleurs, tu peux entendre un oiseau à la fin d'un titre sur l'album si tu tends bien l'oreille...