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CITIZENS!

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 28 mai 2012

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Ils sont jeunes et frais, prêts à rire de tout et de rien au milieu d’une Flèche d’Or en proie aux balances de leurs colistiers de ce soir. A table, pour une interview où, mourant de faim, chacun d’entre eux engloutit sa baguette de pain pour le plus grand bonheur du microphone et d’une retranscription plus croustillante que jamais, Thom Rhoades et Martyn Richmond semblent déjà bien rodés aux journées de promotion. Ces jeunes là sont stylés et signés chez l’excellent label Kitsuné, et ce n’est pas un hasard...

Vous êtes cinq musiciens jeunes et talentueux dans CITIZENS! mais nous ne vous connaissons pas encore très bien en France. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre formation ?

Thom : Nous nous sommes rencontrés, avec Tom à une fête où coulait beaucoup d’alcools, avec de nombreuses filles ! À un moment, nous nous sommes retrouvés tous les deux avec une bouteille de vin à la main et nous échangions vertement sur quel disque nous voulions jouer. Mmoi, je voulais mettre du Kanye West et Tom voulait jouer un morceau de Martin Reeve. Nous nous sommes regardés, et nous nous sommes dit : « Et si nous arrêtions de nous engueuler pour savoir quel disque jouer pour mettre en commun nos passions et nos influences et pour faire de la musique ? ». Nous voulions former un groupe de pop excitant et différent. Se démarquer des groupes indie de Londres par exemple.

Vous êtes signés sur le Kitsuné qui avait plus l’habitude de signer des groupes électro jusqu’à récemment. Est-ce que les récents succès de Two Door Cinema Club ou Is Tropical vous ont poussés à les rencontrer et à signer avec eux ?

Thom : C’est surtout parce qu’ils ont compris nos attentes, dès le premier jour. Nous sommes arrivés avec notre idée de ce qu’un groupe, notre groupe pop, devait apporter de nouveau et Gildas de Kitsuné nous a laissé Carte Blanche. Nous intégrons des influences électroniques dans notre musique même si nous nous qualifions de groupe pop. Si quelqu’un, surtout dans cette industrie, t'accorde cette confiance, tu as intérêt à travailler avec lui parce que ça devient rare ! Mais j’avoue que leurs chaussures, leurs fringues et leurs looks hype et cool ont fini de nous convaincre (rires) !

Justement, l'aspect visuel semble être important pour vous, notamment sur scène ou dans vos vidéo clips. Pensez-vous que l’habit fait le moine ?

Thom : Je pense qu’un groupe de rock doit avoir un look, et un bon look. C’est vrai que nous réfléchissons à nos tenues comme à notre musique. Je pense que les deux doivent être en rapport. Tous mes groupes préférés ont un look incroyable. Même si leur look est d’avoir l’air has been, c’est cool quand même (rires).

Votre premier single est sorti en décembre dernier et votre premier album, Here We Are, sort fin mai. Avez-vous le sentiment que tout est allé très vite pour vous ?

Martyn : Ça nous semble loin déjà... Pour nous, cet album est fini depuis un moment et nous pensons déjà au prochain.

Votre album est produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Thom : Il a rencontré notre manager, qu’il connaissait déjà un peu en lui rentrant dedans dans la rue ! Je t’assure que c’est vrai. Il lui a dit : « Je suis vraiment emballé par le groupe dont tu t’occupes en ce moment. J’ai écouté leur son et j’aimerais vraiment travailler avec vous ». Nous l’avons rencontré et nous sommes partis en Écosse avec lui pour discuter et travailler sur nos titres.
Martyn : Il possède un studio en Ecosse et il nous a poussés à faire une introspection sur nous et nos attentes. Notre batteur est écossais lui aussi. C’est le seul à ne pas être originaire de Londres, personne n’est parfait (rires) !

Avez-vous déjà envisagé d’autres partenariats ? Aimeriez vous collaborer avec d’autres artistes par le futur ?

Martyn : Personnellement, j’aimerais travailler à nouveau avec Alex car c’est un cuisinier hors pair ! Nous avons eu de grands moments de gastronomie en Écosse. Quand il nous faisait sa recette de viande rouge, presque crue, nous descendions ensuite au studio et c’est là que nous avons enregistré nos plus délirantes versions ! Donc, pour le prochain album, nous pensons sérieusement à travailler avec Jamie Oliver (ndlr : cuisinier anglais) mais je ne suis pas sûr que ça aboutisse (rires)...

Trois d’entre vous jouaient dans un autre groupe précédemment, Official Secrets Act. Quand et comment avec vous décidé de passer à CITIZENS! ?

Thom : Un de nos musiciens dans Official Secrets Act a eu un accident assez sérieux et il est resté hospitalisé quelques temps. Il a du arrêter de jouer de la musique. Nous nous sommes entretenus avec les autres et nous nous sommes dit que nous avions vraiment envie de continuer. Nous avons rencontré Mike et Tom et nous avons eu envie de tout recommencer à zéro. J’ai maintenant la sensation que ce premier groupe était un galop d’essai et que cela n’a plus rien à voir avec ce que nous faisons aujourd’hui. Personnes différentes, influences différentes, visions différentes... Même moi, j’ai l’impression que j’étais une autre personne à cette époque ! C’était un tout nouveau départ et nous avions une autre dynamique avec cinq membres cette fois ci. Être avec de nouveaux musiciens et de nouvelles personnes, tout simplement, apporte une nouvelle motivation.

Penses-tu quand même que les expériences passées ont aidé au succès actuel de CITIZENS! ?

Thom : Pas vraiment. Pour moi, nous avons vraiment fait ce qu’il fallait pour effacer le passé et être comme un groupe de musiciens vierges de toutes expériences.

Certains médias vous renvoient à des influences et un son très 80's. Est-ce une époque qui vous a influencés ?

Martyn : Qui dit cela ? C’est intéressant parce que nous avons, justement, fait attention à ne pas sonner comme un groupe 80's ! Quand nous avons commencé, il y avait tellement de groupes anglais qui se réclamaient des 80's que nous ne voulions surtout pas faire comme eux. Bien sûr, ça nous arrive d’utiliser un synthé ou un son qui fera penser à ces années-là, mais, alors, nous faisons attention à ce que la batterie ou la guitare qui l’accompagnent, par exemple, sonnent absolument différemment. Ce sont des règles que nous nous sommes fixées en enregistrant. Si nous sonnons 80's, malgré tout, ce n’est pas intentionnel !
Thom : Beaucoup de groupes anglais du moment avaient même choisi des noms qui faisaient référence aux grands groupes des années 80s. Nous n’avons pas voulu suivre cette voie.

Quelles sont vos réelles influences musicales pour CITIZENS! ?

Thom : The Flaming Lips, Kanye West, Queen...

Comment décririez-vous votre musique ?

Thom : Je suis mauvais à ce jeu-là...
Martyn : « Il y avait une belle phrase à ce sujet : « Le hurlement du passager d'une Porsche en feu à 200km/h » ! C’est la meilleure définition de notre musique que j’ai lue (rires).

Quel est votre premier souvenir musical ?

Thom : C’est une compilation que j’avais étant enfant et qui comportait tous les titres pop connus de l’époque.
Martyn : Mon premier souvenir c’est Frankie Goes To Hollywood. Je sais que ça peut paraître étrange et subversif mais, après tout, mon père m’avait donné l’argent pour acheter ce disque. Si je ne suis pas un hétéro à 100% aujourd’hui, c’est de sa faute (rires) !

Un de vos titres s’appelle : (I'm In Love With Your) Girlfriend. C’est une histoire vraie ou un conte sur ce qu’on a et ce que l’on aimerait avoir ?

Thom : C’est surtout à propos de ce que l’on a et de ce que l’on pourrait peut-être, avoir. Mais tu sais, ce qui est marrant, c’est que ce sont les filles qui sont les plus fans de cette chanson. Nous pensions que les garçons seraient plus sensibles au titre mais, en fait, ce sont les filles !
Martyn : En plus, nous avons la chance d’avoir un public très charmant depuis quelques temps et cette histoire pourrait très bien devenir réalité !
Thom : Elles pensent « Oh oui, il ne m’a pas mais il rêve de m’avoir ! » (rires). En fait, à l’époque où nous avons écrit cette chanson, sans savoir ce qui allait se passer pour nous, la chanson aurait dû s’appeler J’aimerais avoir au moins une girlfriend (rires) !

Les choses sont plus faciles avec les filles, ou les garçons peut-être, depuis que vous êtes un groupe connu ?

Thom : Nous sommes mariés entre nous en tournée (rires) ! Je ne vois qu’eux et je n’ai pas le temps pour autre chose...
Martyn : Oui, c’est ça (rires) !

Que signifie CITIZENS! pour vous ? Est-ce une marque d’appartenance aux citoyens du monde ?

Thom : C’est en rapport avec l’époque où nous avons formé le groupe. Il y avait les révolutions Arabes et nous avions des émeutes à Londres. Le terme citoyen apparaissait de partout dans ces révoltes. Et un ami à nous, qui est un grand spécialiste de Comics nous a soufflé cette idée de nom qui sonne comme un héros de bande dessinée, qui est cool à prononcer et qui marque les esprits une fois écrit.
Martyn : Graphiquement, c’est assez parlant aussi. J’aime bien voir notre nom en haut du programme d’un festival ou sur un tee shirt !

Qui ou quoi vous a décidés, un jour, à prendre la voie de la musique ?

Thom : C’est un DJ, Doctor Fox. Pas un mauvais DJ mais un très populaire, voire très commercial ! A Londres il est très connu. Quand tu as neuf ans, tu ne peux pas passer à côté quand ta sœur allume la radio. Les auditeurs qui lui demandaient un disque et il jouait du George Michael, Abba, Nirvana. A cet age-là, tu ne fais pas la différence entre les styles ou les groupes. C’est juste de la musique qui te fait danser ou chanter. Parfois même, tu penses que George Michael est cool et que Nirvana n’est pas cool du tout (rires).
Martyn : J’ai une histoire vraie à ce sujet. Quand j’avais sept ans, nous allions chanter des chansons de noël aux pauvres dans la rue ou aux gens âgés dans des églises. Et je haïssais cela. C’était mon pire cauchemar. Pour éviter cela, j’avais demandé si je pouvais jouer au piano à la place de chanter. J’avais un petit clavier avec moi et j’ai pu ainsi éviter la corvée de noël !
Thom : Maintenant tu fais partie d’un groupe de rock, tu n’as plus à chanter devant des gens âgés (rires) !

Vous qui faites partie de la génération Internet, quelle est votre position sur les problèmes de téléchargement illégaux notamment en ce qui concerne la musique ?

Martyn : Je l’ai beaucoup fait dans le passé, mais je ne le fais plus. Quand nous étions plus jeunes, nous échangions des cassettes avec des titres parfois copiés à la radio. C’était le début du partage. Si ça peut inciter les gens à écouter plus de musique, pourquoi pas ? Mais il faut qu’à un moment donné, les gens achètent des disques pour que les artistes survivent.

Internet vous a servi à vous faire connaître au départ ?

Thom : Oui, mais c’est une arme à double tranchant. Nous sommes des utilisateurs d’Internet comme les autres et nous téléchargeons parfois illégalement et, d’un autre coté, nous devons éviter que notre musique soit trop téléchargée, illégalement... Nous sommes pris entre deux feux (rires) !

Si vous pouviez choisir le lieu de votre prochain concert, quel serait-il ?

Martyn : En Chine !
Thom : Oui, à Pékin ! Nous arrivons...

Qu’aimez-vous en France et que n’aimez-vous pas ?

Martyn : Je crois que j’aimerais beaucoup déménager à Paris. Ça fait quelques fois que nous y venons et nous aimons vraiment cette ville.
Thom : Les Français ont l’air plus cool que nous quand ils fument (rires) !
Martyn : Ce que je n’encaisse pas, par contre, ce sont les merdes de chien dans les rues ! Sans ça, la France serait géniale (rires).

Quels sont les groupes qui tournent dans votre Van sur la route en ce moment ?

Martyn : En ce moment, nous écoutons beaucoup de compilation faites par notre guitariste, Tom. Il y a The Beatles, Night Works ou Trailer Trash Tracys avec qui nous allons bientôt jouer.

Si vous étiez jetés une île isolée et ne deviez ne choisir qu’un seul disque, lequel emporteriez-vous ?

Martyn : J’emporterais Remain In Light des Talking Heads.
Thom : OK Computer de Radiohead ou The Soft Bulletin de The Flaming Lips. Mais, avec un lecteur CD et des piles parce que, taper sur des noix de coco, ça va un moment (rires) !