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Miles Kane

Interview publiée par Maxime Canneva le 2 août 2013

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Après un rendez-vous manqué à Saint-Brieuc en mai dernier, le citoyen Kane était de retour en France, en ce chaud mois de juillet, dans le cadre du festival parisien Fnac Live. Un concert gratuit et en plein air, place de l’Hôtel de Ville, le concept avait de quoi charmer Miles, très british & France – lover dans l’âme. L’occasion rêvée d’aller à la rencontre du dandy qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps.
Considéré comme le renouveau de la Britpop par certains, vilipendé en tant que simple caricature de la culture mod par d’autres, il n’en reste pas moins qu’il lui a suffi de deux albums aux rythmes accrocheurs pour se mettre la critique dans sa poche (et se faire au passage adouber par le sacro-saint NME lors d’une récente couverture).

Le timing était néanmoins serré pour la rencontre : dix minutes, montre en main. Le sieur Kane est effectivement très sollicité. Et il aura d’ailleurs parfois fallu venir lui tirer les vers du nez ; après avoir enchaîné interview sur interview depuis le début de l’après-midi, les réponses à certaines questions étaient parfois assez nébuleuses.
Pas de temps à perdre donc pour faire le tour de l’actualité musicale du britannique le plus en vogue du moment. Au programme : retour sur la sortie de son deuxième album Don’t Forget Who You Are, l’éventuel retour des Last Shadow Puppets et enfin, projection sur son tour de France à venir.

Cela fait maintenant deux ans que ton premier album est sorti. As-tu apprécié cette expérience en tant que projet solo ?

Enormément oui. Cela a été les deux plus belles années de ma vie, et je n’aurais pas pu faire l’album qui vient de sortir sans avoir fait toutes ces tournées et pu mûrir en tant qu’artiste.

As-tu également continué à jouer et enregistrer avec les mêmes musiciens durant ces années ?

Effectivement, il s’agit de mon groupe depuis le début de ce projet solo, du moins il s’agit de mon groupe de scène car j’enregistre avec des personnes différentes. C’est vraiment un très bon groupe live avec lequel j’ai grandi depuis trois ou quatre ans.

Considères-tu que cela est important de continuer à tourner avec les mêmes personnes ?

Je pense que oui, ce sont vraiment de très bons amis et je serais un petit peu perdu si cela était amené à changer.

Ton premier album avait été produit par Dan Carey et Dan The Automator, et tu avais dit grandement apprécié cette collaboration. Pour ton nouvel album, c’est Ian Broudie qui était à la production. Comment as-tu été amené à travailler avec lui ?

C’est quelque chose qui s’est fait très naturellement, nous nous sommes beaucoup vus et nous avions plusieurs amis en commun. On s’est posés un après-midi, je lui ai joué quelques-unes de mes démos, et il a trouvé ça cool. On a alors écrit ensemble Taking Over qui se trouve sur le nouvel album, on l’a enregistré, il l’a produit et le rendu était génial. C’est quelqu’un de vraiment sympa et on a foncé, ça a donc bien marché ! J’ai vraiment adoré travailler avec lui.

Ton premier album a rencontré un franc succès, étais-tu tendu par rapport à la réaction de ton public avant la sortie du deuxième ?

Oui je pense que tu l’es forcément. Personnellement je veux que ma musique soit bien reçue et que les gens l’apprécient, qu’ils se sentent vivant en l’écoutant. Je cherche à faire les choses correctement, sans rien cacher ni faire preuve de je-m’en-foutisme. Au contraire, je fais attention à ces choses-là. Lorsque je fais un album je me donne vraiment à fond, et à la fin de celui-ci je considère que je n’aurais pas pu mieux chanter ou jouer de la guitare, j’ai vraiment donné ce que j’avais de mieux. Bien entendu ce qui doit arriver arrivera, mais Dieu merci, pour l’instant tout s’est bien passé et je vais donc continuer à procéder ainsi.

Sur ton nouveau disque il y a de nombreux featurings au niveau de l’écriture des morceaux, de la part de Ian Broudie ou Paul Weller, entre autres. Le résultat était-il à la hauteur de tes espérances ?

Oui vraiment je suis ravi du rendu de cet album, que ce soit par ses compositions ou les différentes collaborations. Tout s’est très bien passé et ce sont des mecs vraiment géniaux. J’ai beaucoup appris grâce à eux.

J’ai vu à plusieurs reprises que certains considèrent cet album comme un album mod, entre autres du fait de la participation de Paul Weller. Est-ce quelque chose que tu recherches ?

Je pense que cet aspect mod est une de mes principales caractéristiques et constitue une énorme partie de ce que je fais. Et cela se ressent vraiment dans mes albums : ils sont modernes et catchy.

Enfin, cet album a-t-il été enregistré dans une atmosphère spécifique ? En écoutant certains disques peut-être ?

J’ai ressorti pas mal d’albums des années 70 de T-Rex ou Bowie. Jack White et son album Blunderbuss m’ont également énormément marqué.

L’une des B-Side de ton dernier single a été écrite avec Alex Turner… S’agissait-il là d’une vieille composition ?

Non c’était vraiment un tout nouveau morceau. J’étais allé le voir à Los Angeles, je sortais d’une rupture et n’allais pas très fort. On a décidé de sortir un soir, on s’est retrouvés bourrés dans un club, et on a eu l’idée de cette chanson nommée Get Right, qui devait redonner un élan de motivation, remettre sur pieds celui qui l’écoute. Il ne restait plus qu’à l’enregistrer ensuite.

En parlant de collaboration avec Alex Turner, cela fait déjà cinq ans que le premier (et unique) album des Last Shadow Puppets est sorti… Tu as dit à plusieurs reprises, tout comme Alex Turner, qu’un nouvel album verrait le jour, vraisemblablement entre 2012 et 2013. Doit-on s’attendre à une surprise dans les prochains mois ou pour l’an prochain ?

Non… Je ne pense pas que cela se fera l’an prochain… Peut-être après. On verra…Nous n’avons rien écrit, il y a donc encore beaucoup à faire.

Mais l’envie d’enregistrer ensemble est toujours là ?

Oui, nous en avons tous les deux envie…

Tu préfères peut-être te concentrer dans l’immédiat sur ton projet solo ?

Pas uniquement, il fait également partie d’un groupe, il faut donc arriver à gérer les deux aspects en même temps.

J’ai aussi vu que tu avais joué en live avec les Arctic Monkeys sur 505 il y a quelques jours, tu avais également l’habitude de le faire ces dernières années. Envisages-tu de refaire ce genre de featuring à l’avenir ?

Seulement si nous jouons le même jour…

Ce n’est pas quelque chose de spécialement prévu à l’avance ?

Si je suis là, lors d’un festival et qu’eux aussi, cela va simplement se faire, car c’est toujours un bon moment.

Aujourd’hui il s’agit de ton troisième concert en France en seulement deux mois, et tu reviens pour six autres en octobre. Tu es vraiment un amoureux de la France…

Oui c’est vrai ! (rires) Il fait bon y vivre, c’est un peu mon second chez moi ! J’ai envie d’évoluer ici, d’y acquérir des fans et d’établir une véritable connexion musicale ! J’aime tout simplement ce pays.

Tu parlais justement il y a deux ans d’acheter un appartement à Paris, tu as pu le faire ?

Si j’étais assez riche pour m’acheter un appartement, je le ferais… Mais malheureusement je ne le suis pas assez !

Quant au public français, trouves tu qu’il réagit positivement à ta musique ?

Je touche du bois ! Nous allons jouer à l’Olympia en octobre, ce sera à coup sûr un moment spécial. Ce sera vraiment génial d’y jouer en tant que tête d’affiche.

Aujourd’hui tu vas jouer sur la place de l’Hôtel de Ville, chargée d’histoire et de culture. Cela représente-t-il quelque-chose de spécial pour toi ?

C’est vraiment une grande chance pour nous de jouer là ce soir, lors d’un évènement comme celui-ci. Il y a à l’heure actuelle énormément de groupes et d’artistes sur la scène internationale, et nous sommes honorés de pouvoir venir représenter la scène britannique. C’est un sentiment assez spécial au final.
Mais je veux vraiment être le meilleur ce soir, en mettre plein la vue à tous ceux qui seront là et que tout le monde regarde ce concert… C’est vraiment ce que je vais essayer de faire.

Tu as également joué en mai à Paris à la Maroquinerie, où l’ambiance est beaucoup plus intimiste que lors de festivals ou sur de grosses scènes, ce sont deux ambiances complètement différentes…

Effectivement, mais c’était vraiment un excellent concert, et cela fait du bien de jouer dans des espaces plus petits, où tu peux être vraiment plus proche du public. Mais ça dépend des moments, parfois je suis plus d’humeur à jouer sur de grosses scènes…

Pour finir, j’aurais aimé connaître ton avis sur un sujet d’actualité : le téléchargement illégal. Certains considèrent qu’il faut donner beaucoup à son public pour éviter qu’il te pirate par la suite, qu’en penses-tu ?

Le piratage est une putain de facette de l’industrie musicale… Mais c’est vraiment énervant. On n’est pas si riches que cela au final. Et dans les mêmes conditions il y a vingt ans j’aurais pu m’acheter cet appartement à Paris. Après il faut un minimum jouer le jeu… C’est sûr que cela est très facile à faire pour les jeunes générations, mais ils ont juste grandi avec cela et pensent que c’est normal.