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Elephant

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 19 mai 2014

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Après une interminable attente, Sky Swimming, premier album des britanniques d'Elephant, a enfin vu le jour. De passage à Paris à l'occasion d'une journée promo et un concert au Silencio, nous avons rencontré Amelia Rivas et Christian Pinchbeck, les deux têtes pensantes de cette formation.

Quand vous êtes-vous rencontrés et quand avez-vous décidé de former Elephant ?

Amelia Rivas: La première fois que nous nous sommes rencontrés, je travaillais dans un bar. Christian était à la recherche d'une personne pour former un nouveau groupe. Nous nous sommes revus le jour suivant et nous avons commencé à parler musique ensemble.
Christian Pinchbeck : Ma première formation musicale est vraiment ancienne. Je voulais à cette époque, en 2010, démarrer quelque chose de différent.
Amelia Rivas : Nous écoutions le même style de musique, ce qui a forcément facilité les choses. J'ai accepté de le suivre dans cette aventure et c'est ainsi que tout a commencé.

Pourquoi avez-vous choisi le nom Elephant ? Je connais plusieurs groupes qui se nomment de la sorte. Ce n'est pas facile de vous retrouver en un clic sur Internet...

Amelia Rivas : Lors de nos premiers essais, nous avions composé trois chansons. Il nous fallait alors trouver un nom de groupe très rapidement. Je souhaitais que nous prenions le nom d'un animal. Ce fut Elephant et c'est tout. C'est un nom de groupe absolument affreux (rires). Nous en sommes conscients et nous sommes désolés (rires).

Nous ne nous sommes pas vus pendant plusieurs années. Nous avons composé un paquet de chansons ensemble, et puis nous ne nous sommes plus vus ensuite.

Vous avez sorti quatre ou cinq singles ou EPs en quatre ans. Pourquoi cela fut-il si long pour que vous sortiez enfin ce premier album ?

Amelia Rivas : En fait, nous ne nous sommes pas vus pendant plusieurs années. Nous avons composé un paquet de chansons ensemble, et puis nous ne nous sommes plus vus ensuite. Il a fallu une certaine forme de réconciliation pour que l'album puisse voir le jour.
Christian Pinchbeck : Nous avons terminé d'enregistrer l'album une année avant qu'il ne sorte. Nous l'avons mixé pendant environ une année. Nous avons au moins une trentaine de chansons en réserve, nous pourrions sortir trois disques. Mais cela me semble normal que nous ne sortions finalement qu'un seul album pour le moment.

L'album démarre avec une nouvelle version de Assembly. Curieusement, c'est quasiment le seul titre sur le disque qui sonne comme si vous étiez vraiment dans une formation en groupe, et non simplement un duo. C'était quelque chose de voulu ?

Christian Pinchbeck : Nous avons tout enregistré avec des claviers, et je ne sais pas pourquoi mais j'ai finalement détesté la version enregistrée. De toute façon je déteste la musique électronique.
Amelia Rivas : Oui, c'est vrai, tu détestes ça !
Christian Pinchbeck : J'ai dû faire marche-arrière avec pas mal de chansons anciennes et les réenregistrer. Assembly a subi une post-production qui lui donne cet effet beaucoup plus riche musicalement. Nous lui avons ajouté des sons de batterie et de basse enregistrés en live.
Amelia Rivas : En définitive, tu as tout changé ! Nous avions joué toute la musique avec synthétiseur et orgue, et tu as dit que tu n'aimais pas ça. Du coup, nous avons recommencé l'intégralité de l'enregistrement.

Es-tu satisfait de la version finale ?

Christian Pinchbeck : Oui, ça me convient.
Amelia Rivas : Oui, tu l'aimes ! Mais c'est une chanson maintenant totalement différente.

Skyscraper, est-ce votre hommage à Twin Peaks et à Julee Cruise ?

Christian Pinchbeck : Oui ! Connais-tu la chanson James Song dans Twin Peaks ?

Oui !

Christian Pinchbeck : Je me suis inspiré de la ligne de guitare de cette chanson pour Skyscraper. Je me suis aussi servi d'une chanson de Gene Vincent pour la composition de ce morceau. J'ai terminé cette chanson en une heure.
Amelia Rivas : Tu l'as écrite et tu es parti. Tu m'as demandé d'y ajouter un texte. Comme je ne voulais surtout pas avoir de problèmes avec toi, je m'y suis mise de suite immédiatement (rires). J'ai écrit les paroles en écoutant la musique alors que je me rendais au studio.
Christian Pinchbeck : C'est exact. Le lendemain, la chanson était prête. Nous l'avons enregistré en six heures. Tout est allé très vite pour ce morceau. Parfois cela prend beaucoup plus de temps car il manque un je ne sais quoi pour pouvoir le terminer.

De nos jours plus personne n'écoute plusieurs chansons d'un album à la suite.

Allured, le morceau qui suit Skyscraper, semble en être la suite. Ils sont comme enchaînés. C'est quelque chose de volontaire ?

Christian Pinchbeck : Nous l'avons fait intentionnellement.
Amelia Rivas : De nos jours plus personne n'écoute plusieurs chansons d'un album à la suite. Les gens préfèrent écouter des morceaux d'artistes différents. Nous avons voulu voir si certains se rendraient compte de ce petit moment enchainé. C'est donc ton cas (rires).

Une grande partie des chansons de l'album étaient déjà disponibles sur vos précédents singles et EPs. Même si les versions sont différentes des originales, c'était important pour vous de ne pas sortir un disque avec uniquement des nouvelles chansons ?

Amelia Rivas : Nous ne voulions pas qu'elles figurent sur l'album. Mais nous ne devions pas oublier que certaines personnes les avaient déjà entendues lorsqu'elles sont sorties en single. C'est pour cela que nous considéré qu'il valait mieux qu'elles figurent sur le disque. Nous avons beaucoup d'autres chansons, mais ces anciens titres sont bons, aussi nous ne voulions pas qu'ils tombent totalement dans l'oubli.

Est-ce que tu peux nous en dire plus à propos de Shapeshifter ? Est-ce le fait de devenir quelqu'un voire quelque chose d'autre un soir de pleine lune ?

Amelia Rivas : Je faisais de très mauvais rêves à une période. Et je prenais des notes quand ces rêves se manifestaient. C'était vraiment incroyable la sensation qu'ils me procuraient. Je me réveillais en larmes. C'est vrai qu'en plus j'ai toujours été très réceptive aux mouvements de lune. En définitive, j'ai écrit une nouvelle par rapport à cela.

Comment décririez-vous l'album musicalement parlant ? Si j'emploie le qualificatif de dream pop, vous allez me tuer ?

Amelia Rivas et Christian Pinchbeck : Oui ! (rires)
Christian Pinchbeck: En fait, c'est une sorte de trip-hop.

Vraiment?

Christian Pinchbeck : La manière dont les chansons sont construites me fait penser à du trip-hop. La plupart des beats dans la musique viennent du hip-hop. Nous les avons rendus plus poppy et si tu écoutes la ligne de basse, ça se rapproche vraiment de ce style de musique.
Amelia Rivas : La plupart du temps lorsque l'on me demande comment sonne notre musique, je conseille aux personnes qui m'interrogent d'écouter le disque plutôt que de devoir décrire ce à quoi ressemble notre musique.
Christian Pinchbeck : Nous ne voulons surtout pas nous retrouver catalogué dans un certain style musical.

Quel est, à votre avis, le meilleur moment de la journée pour écouter votre disque ?

Christian Pinchbeck : En début de soirée, après une journée de travail. C'est le meilleur moment pour l'écouter.
Amelia Rivas : Je l'ai écouté une fois dans un avion alors que c'était la fin de la journée. C'était incroyable! Le ciel était sublime. C'était le meilleur moment mais aussi le meilleur endroit pour l'écouter.

uparavant, tout était fait dans l'urgence. Il fallait composer et enregistrer immédiatement. Maintenant tout est plus simple et on prend davantage de temps.

Est-ce que votre séparation en tant que couple a modifié votre manière de fonctionner en tant que groupe ?

Amelia Rivas : Complètement.
Christian Pinchbeck : Je ne sens pas de différence. Nous n'avons pas vécu très longtemps ensemble. Je ne crois pas que cela ait influencé quoi que ce soit.
Amelia Rivas : J'ai vécu chez toi pendant un mois, je crois.
Christian Pinchbeck : Oui. Auparavant, tout était fait dans l'urgence. Il fallait composer et enregistrer immédiatement. Maintenant tout est plus simple et on prend davantage de temps.

Il y a un EP bonus avec votre album vendu exclusivement chez Rough Trade. Que trouve-t-on dessus ?

Amelia Rivas : Les chansons qui se trouvent sur ce CD bonus sont absolument dingues ! Elles sont totalement différentes de celles qui figurent sur l'album. Ces chansons sont le reflet de ce que nous aimons vraiment, notamment en termes de musique disco/funk des années 70. Nous les avons données à Rough Trade car notre maison de disques les a totalement détestées (rires).

Qu'entendez-vous par Sky Swimming, qui a donné son titre à l'album ?

Amelia Rivas:Je pense que c'est le ressenti global que l'on peut avoir en écoutant l'album. Il y a aussi beaucoup de connexions avec la lune sur le disque. Tout ceci est très métaphorique en définitive.