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Morning Parade

Interview publiée par Clémentine Barraban le 30 juin 2014

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De passage dans la capitale française pour promouvoir leur deuxième album Pure Adulterated Joy, les anglais de Morning Parade mènent un préambule à leur tournée européenne qu'ils entameront dès la fin de l'été. Rencontre avec Steve Sparrow et Ben Giddings, respectivement chanteur et pianiste, dans l'ambiance cosy d'un hôtel de Montmartre.

Votre deuxième album est sorti en mai dernier aux Etats-Unis et sera disponible en France à la rentrée, comment s'est passé l'enregistrement ?

Steve : On a enregistré en juillet et août de l'année dernière.
Ben : A Atlanta avec le producteur Ben Allen. C'était super !

Pour notre nouvel album nous avons commencé à écrire en janvier puis enregistré et mixé en août. Ça a été très rapide. On s'est sentis plus investis.

Pour votre premier album, vous aviez travaillé avec Jason Cox, le producteur de Blur, pourquoi ce changement ?

Ben : C'est un peu étrange car nous avions enregistré l'album entier avec Jason Cox puis on en a du réenregistrer une grande partie avec un autre producteur dans plusieurs studios différents. C'était complètement fou ! Cette fois-ci, c'était un seul producteur, un seul studio et deux mois !
Steve : Deux mois, exactement ! Faire le premier album a duré dix-huit mois, dans cinq studios avec deux producteurs. Du coup c'était très déstabilisant. Pour notre nouvel album nous avons commencé à écrire en janvier puis enregistré et mixé en août. Ça a été très rapide. On s'est sentis plus investis.
Ben : C'était aussi plus agréable. Nous voulions nous donner une sorte de challenge, aussi bien dans l'écriture des paroles que dans la musique.
Steve : Collaborer avec Ben Allen nous a vraiment amenés à travailler intensivement. Il a produit des artistes très différents comme P Diddy, Animal Collective, Cee-lo Green ou Christina Aguilera. Il a trouvé le moyen de nous pousser à la performance.

Alors que le premier album sonne bien anglais, le deuxième a des sonorités très US, c'était délibéré ? Une conséquence de votre tournée américaine avec Biffy Clyro ?

Ben : Ce n'était pas délibéré. On a beaucoup tourné aux États-Unis avant de commencer l'écriture du deuxième album. Je pense qu'on s'est inconsciemment inspiré de la « vibe » US.
Steve : On a tourné aussi avec les Smashing Pumpkins, Civil Twilight, The Wombats, The Kooks... Je pense qu'on est toujours influencés par ce qui nous entoure, surtout pendant des mois passés avec une formation comme les Wombats, par exemple. Tourner avec des groupes aux styles si différents permet d'assimiler beaucoup d'éléments. On a même parfois joué avec des groupes dont on était pas forcément fans au départ, et dont on a fini par apprécier la musique. En fait c'est bien de se frotter à quelque chose de différent, des styles que l'on n'écouterait pas nécessairement mais desquels on apprend beaucoup au final.


Quelles étaient vos premières influences au tout début, quand vous avez commencé à faire de la musique ?

Steve : Nous aimions tous des choses variées. Nous sommes tous les cinq très différents au niveau des styles musicaux. Je viens plus de l'univers des songwriters comme Paul McCartney, Bob Dylan et les autres !
Ben : Moi je suis aux claviers depuis le début donc j'adore la dance music. J'aime aussi beaucoup le rock mais la dance c'est ma vie. Pour le premier album, l'idée était de trouver comment mélanger les influences de chacun, pour finalement trouver notre son pour le deuxième.
Steve : J'ai aimé travailler en me disant que nous n'avions pas d'étiquette. A partir du moment où tu as une étiquette, tu es coincé, il n'y a plus moyen d'être influencé par quelque chose d'autre. Je ne sais pas à quoi va ressembler le prochain album et ça me plaît comme ça car on peut expérimenter et créer ce qu'on veut.

C'est assez rare de nos jours d'avoir un jeune groupe signé sur un gros label, je ne sais pas si c'est une chance ou non, mais comment est-ce arrivé ? Est-ce qu'ils vous ont repérés en concert ?

Ben : Oui, c'était très tôt, bien avant que nous ne devenions Morning Parade. On ne tournait pas tant que ça, on ne faisait pas beaucoup de concerts. On aimait juste passer du temps en studio avec une caisse de bières, faire de la musique, jouer des morceaux de douze minutes... Ensuite on s'est dit qu'on voulait en faire quelque chose de plus professionnel, une carrière.
Steve : Oui, et surtout écrire de bonnes chansons ! C'est sympa de triturer les boutons, d'appuyer sur les pédales, mais si tu veux établir une connexion avec les gens cela passe par de bonne mélodies et de bon textes, bien ensemble. C'est arrivé assez rapidement. On a joué une vingtaine de shows et vers le quinzième ils sont venus nous voir. Au début on a dit « Oh, on n'est pas sûr... », mais on a bien accroché avec les gens, avec l'histoire du label. Quand on a vu qui ils avaient signé : Blur, Radiohead, Coldplay, The Beatles, Pink Floyd, on s'est dit : « Waouh ! On veut en faire partie ! ». C'était très excitant pour nous, mais aussi très impressionnant et beaucoup de pression !

Hier c'était la première fois que votre single Love Thy Neighbour était joué à la radio Britannique !

Ben : Oui c'est très excitant d'entendre ta chanson jouée dans ton propre pays. On l'a écoutée tous ensemble, on était comme des gamins !

Quand les gens, les fans, te parlent de ton album, je pense que là tu sais vraiment si les messages que tu voulais faire passer ont réussi à toucher leur cible.

Avez-vous assez de recul pour juger de votre album ?

Steve : Oh non, c'est encore trop frais. J'arrive à juger les textes seulement au bout d'une bonne année après la sortie. Je pense que quand tu es en tournée durant un long moment, quand les gens, les fans, te parlent de ton album, je pense que là tu sais vraiment si les messages que tu voulais faire passer ont réussi à toucher leur cible, à se propager dans le sens voulu.
Ben : Nous sommes contents de l'album et c'est ce qui compte pour nous.
Steve : Tu peux être satisfait de ce que tu as créé, au moment où tu l'as créé, mais cela peut changer. Avec le temps tu deviens une autre personne, tes influences et goûts changent. Les chansons que nous avons composées en 2010, lorsqu'on les écoute maintenant on se dit : « Hey, on peut faire mieux que ça ! ». Mais à l'époque c'était ce que nous avions fait de mieux.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le nouveau single ?

Steve : Il est en quelque sorte dimensionné pour la radio car il dure seulement deux minutes trente. La première phrase c'est « The neighbours are at it again » (ndlr : les voisins remettent ça). J'avais à l'esprit une femme dans sa maison de banlieue en train d'espionner derrière les rideaux, piégée dans cet univers oppressant de la classe moyenne. Je trouvais que c'était un sujet intéressant sur lequel écrire. J'ai toujours essayé d'imaginer ce type de chanson : en lisant les paroles c'est en quelque sorte avoir une conversation avec soi même, comme si on perdait la raison.
Ben : Et musicalement c'est le morceau le plus heavy de l'album.


Est-ce que vous avez hésité avec une autre chanson de l'album pour ce premier single ?

Steve : L'album est très varié. Il y a beaucoup de choses différentes dans les textes, dans les chansons, et c'est très frustrant de n'en sortir qu'une pour un marché précis. Le public juge un groupe à travers une seule chanson qui passe à la radio alors j'espère que les gens vont apprécier pour ensuite se procurer l'album et découvrir que Morning Parade c'est encore plus que ça. Je pense que si tu veux entrer en connexion avec le public, tu dois lui donner une œuvre complète, pour que les gens puissent te comprendre et voir le monde avec tes yeux à ce moment donné de ta vie.

Vous trouvez une machine à voyager dans le temps, vous allez où et voir qui ?

Ben : J'irais voir les Beatles !
Steve : J'irais bien dans les années soixante, voir comment était la vie avant toute la technologie que nous avons désormais. J'imagine que tout y était bien plus simple.
Ben : On a tellement de temps dans le bus de tournée qu'on finit par regarder beaucoup de documentaires. On en a vu sur les Beatles et c'est extraordinaire de découvrir comment tout a commencé, comment la musique rock était quelque chose d'aussi nouveau, ce que faisaient les Beatles, comment ils ont touché massivement les gens, qui achetaient leurs albums, payaient pour les voir en concert. Aujourd'hui tu peux voir un artiste sur Youtube, sans difficulté. J'aimerais vivre à cette époque où se rendre à un concert était un véritable événement.

Mais il n'y avait pas de claviers à cette époque, tu aurais été triste !

Ben : J'aurais joué du triangle !