logo SOV

Fear Of Men

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 13 août 2014

Bookmark and Share
Souvent de passage à Paris, Fear Of Men ouvraient pour la seconde fois pour les américains de The Pains Of Being Pure At Heart. Après quelques péripéties, nous avons eu la possibilité de rencontrer les deux membres principaux du quatuor de Brighton peu de temps avant leur concert à la Machine du Moulin Rouge.

J'aimerais savoir si vous avez choisi le nom Fear Of men en réponse au Scared Of Girls de Placebo ?

Jessica Weiss : (rires) J'ai bien peur que non ! En fait, je ne connais pas cette chanson de Placebo.
Daniel Falvey : Tu étais fan de Placebo lorsque tu étais plus jeune.
Jessica Weiss : Je les aimais assez c'est vrai. Mais je ne les écoutais pas plus que ça. Placebo ont écrit d'assez bons singles, mais c'est ni plus ni moins ce que je connais d'eux. Fear Of Men est plutôt lié au fait de ce que les personnes peuvent ressentir, ainsi qu'une déclaration plutôt féministe. C'est aussi une phrase que j'ai écrit dans un journal intime. Ça a pas mal de significations en fait.

L'art a vraiment un côté très important pour nous et nous avons besoin de l'utiliser pour illustrer notre musique.

Vous avez sorti plusieurs disques avec des pochettes ayant un rapport avec l'antiquité. C'est une époque que vous appréciez particulièrement ?

Jessica Weiss : J'ai étudié l'histoire de l'art et c'est là que Dan et moi nous nous sommes rencontrés. Je réalisais des petits films pour lesquels je composais également la musique. C'est à cette époque que nous avons commencé à faire de la musique ensemble. L'art a vraiment un côté très important pour nous et nous avons besoin de l'utiliser pour illustrer notre musique.
Daniel Falvey : Il y a une raison particulière si ces statues sont sur nos pochettes.
Jessica Weiss : Oui. Nous avons commencé avec les statues égyptiennes. Il y a un symbole d'immortalité dans celles-ci. D'autant que mes premières chansons étaient souvent en rapport avec la peur de mourir. C'est d'ailleurs une autre signification que l'on peut donner au nom de notre groupe.
Daniel Falvey : Au moment où nous nous sommes rencontrés, Jessica composait de la musique, sans qu'il y ait un réel projet derrière tout ça. La sonorité était plutôt ambiante. Jessica était tout comme moi fan de musique pop. Nous avons donc finalement décidé de commencer à écrire des morceaux pop. La photo de Néfertiti, qu'on retrouve sur la pochette de notre premier quarante-cinq tours, provient d'un de ses projets artistiques.
Jessica Weiss : C'est vrai. J'ai commencé par faire de la peinture, puis ai réalisé des petits films accompagnés par de la musique avant de composer réellement. En fait, en sortant des disques, nous avons réussi à combiner en un seul projet le fait de faire de l'art avec les pochettes et celui de faire de la musique. Nous essayons également de réaliser nos propres vidéos.


Early fragments, la compilation de vos singles épuisés, n'inclut pas vos deux cassettes démos sortis avant ces singles. Vous considérez qu'elles ne font pas vraiment partie de votre discographie ?

Daniel Falvrey : Doldrums provient de notre seconde cassette démo. Sur la première on trouve Phantom limb mais je trouve que ça ne correspond pas vraiment à l'esprit du groupe.
Jessica Weiss : Oui, d'ailleurs, ce n'est pas un single. Phantom Limb n'est qu'un morceau écrit à nos débuts, ni plus ni moins. Quincy jouait sur cette cassette démo et ne fait plus partie du groupe depuis longtemps. Alors oui on a décidé de ne pas inclure les morceaux de ces cassettes démos sur Early Fragments car ils n'étaient plus vraiment représentatifs de ce que nous sommes devenus musicalement. Ces morceaux sont beaucoup plus expérimentaux que ce que nous faisons maintenant et nous ne pensons pas que ces chansons puissent vraiment intéresser notre public actuel.
Daniel Falvrey : Le fait que ces morceaux ne soient sortis qu'en cassette est lié au côté essai, à l'expérimentation. Nous étions à l'époque à la recherche de la direction vers laquelle nous voulions aller. C'est pour cela que nous avons compilé, à l'exception d'une seule démo, nos quarante-cinq tours qui eux représentaient déjà quelque chose d'important dans notre discographie.

Nous aimons des artistes comme PJ Harvey, The Breeders ou encore Deerhunter et The National.

Il y a un côté Sarah Records dans votre musique. Est-ce que Field Mice, The Orchids, The Wake ou Saint Christopher sont des groupes qui vous ont influencés ?

Jessica Weiss : Jusqu'à récemment, je ne connaissais pas Sarah Records. On a commencé à nous comparer à certains groupes de ce label et je m'y suis du coup intéressée. De ce fait on ne peut pas dire que nous avons été influencés par eux. Mais c'est une très bonne chose qu'en termes de références, certaines personnes retrouvent l'esprit de ce label dans notre musique.
Daniel Falvrey : Oui vraiment nous ne connaissions vraiment pas ces groupes lorsque nous avons commencé Fear Of Men.
Jessica Weiss : Nous aimons des artistes comme PJ Harvey, The Breeders ou encore Deerhunter et The National.
Daniel Falvrey : Pourtant nous ne sonnons pas du tout comme eux. Jessica chante un peu comme elle parle et cela rappelle probablement des groupes de Sarah Records. J'ai écouté quelques uns de ces groupes et j'ai compris ce que les gens entendaient par là. Mais comme tu l'as bien compris, ce n'était absolument pas quelque chose d'intentionnel pour nous de rappeler ces artistes. Nous n'avons d'ailleurs jamais voulu paraître rétro musicalement parlant. Nous ne voulions pas utiliser beaucoup de technologies dans nos enregistrements. Nous avons cherché à conserver un côté très humain dans nos compositions. De plus Jessica chante des textes assez personnels. Aussi cet ensemble est supposé se tenir éloigné de la réminiscence de groupes anciens. C'est en tout cas notre but.

Il y a Alta qui débute l'album et Atla qui le conclut. Y a-t-il une connexion entre ces deux morceaux ?

Jessica Weiss : Oui il y a une sorte de miroir entre ces deux morceaux. Ce sont un peu des jumeaux qui ont été séparés à la naissance et qui finissent inévitablement par se retrouver. L'un d'eux ouvre l'album et l'autre le termine comme dans une forme de confessionnal. C'est un peu difficile à expliquer, il y a des éléments entre ces deux morceaux qui sont assez inconscients mais qui font qu'ils sont liés.
Daniel Falvey : Même si ces deux chansons sont assez différentes, je savais qu'elles commenceraient et finiraient le disque. Il y a un lien unique entre ces deux morceaux que Jessica a écrits à Stockholm.
Jessica Weiss : Une de ces deux chansons me représente à 100%. L'autre représente quelqu'un d'autre également à 100%. C'est un peu être son opposé tout en étant la même à la fois. C'est assez complexe, alors que tout ce que nous voulions initialement c'était commencer notre album avec un morceau instrumental.


Alta dure moins d'une minute alors que Inside dépasse les six minutes, ce qui n'est pas très commun chez Fear Of Men. Est-il plus facile pour vous de composer un morceau très court ou un beaucoup plus long que la moyenne ?

Jessica Weiss : Je pense que certaines chansons ont besoin de durer plus longtemps que la moyenne. Elles ne peuvent exister que si elles durent. Parfois, tu composes une pop song de trois minutes trente et il n'y a rien à ajouter à cela. Tout dépend donc si la chanson nécessite ou pas de durer.
Daniel Falvey : J'aime beaucoup la mélodie de Alta et je pense que ça n'aurait pas été une réussite si elle avait duré plus longtemps. Ce morceau a fonctionné d'une manière assez légère, et il nous a fallu nous écouter et ne pas essayer d'y ajouter quoi que ce soit. Parfois tu ressens le besoin d'ajouter des éléments à la composition, et cela est nécessaire mais ici cela aurait été une erreur. Il y a une chanson sur notre seconde cassette démo, Agnes Martin, que nous n'avons jamais réussi à terminer. En repensant à ce que tu demandais tout à l'heure par rapport à ces démos, je pense que Agnes Martin n'avait aucune chance de figurer sur Early Fragments de par son côté inachevé. Pour pouvoir la placer sur cette compilation, il aurait fallu que nous la réenregistrions. Peut-être le ferons-nous d'ailleurs, car il y a une partie de cette chanson que j'adore.

Vous avez réenregistré Seer et Green Sea pour votre album Loom, mais pas Ritual Confession...

Jessica Weiss : En fait, Ritual Confession correspond à une autre époque. C'est une chanson que nous adorions jouer en live. Mais elle n'avait pas sa place sur Loom, même dans une nouvelle version. Seer et Green Sea avaient besoin d'être disponibles avec une meilleure qualité sonore et c'est pour cela qu'elles ont bénéficié d'un réenregistrement.

Nous aimons les sorties physiques et nous espérons que ça durera.

Vous avez sorti un flexi-disc de Luna. Qu'est-ce qui vous a donné cette idée ?

Daniel Falvey : Je tenais à sortir un single extrait de l'album.
Kanine Records, notre label, n'était pas très intéressé par cette idée. Nous avons donc discuté avec Art Is Hard Records, un label de Brighton. J'aime ce qu'ils font et c'est eux qui ont eu l'idée de sortit un flexi-disc avec un magazine. Au début, je n'étais pas très chaud vis-à-vis de ce projet. Je pensais notamment à la qualité musicale que l'auditeur trouverait en écoutant le flexi-disc. Ils n'ont pas la même qualité audio qu'un quarante-cinq tours. Mais finalement j'ai donné mon accord car l'idée de l'objet me plaisait. De toute façon, il y a un code de téléchargement inclus dans chaque exemplaire, qui permet d'avoir les deux chansons en bonne qualité sonore. Je ne le regrette pas, car je trouve qu'ils ont créé un bel objet. Finalement nous aurons sorti des chansons sur cassettes, quarante-cinq tours, CD et flexi-disc. Ce n'est pas si mal (tires). Nous aimons les sorties physiques et nous espérons que ça durera.

Kanine Records a sorti Early Fragments ainsi que Loom. Vous avez donc un contrat en cours avec eux ?

Daniel Falvey : Oui, nous avons un contrat avec eux pour un prochain album.

Vous avez mis en ligne un beau vidéo clip pour Descent il y a quelques temps. Qui en a trouvé l'idée ?

Jessica Weiss : C'est la première vidéo que nous n'avons pas réalisée nous-mêmes. Nous voulions être impliqués mais finalement nous avons travaillé avec Eleanor Hardwick. C'est quelqu'un de très talentueux que j'ai rencontré par l'intermédiaire d'une de mes amies. Pour cette vidéo, nous sommes allés à Londres et nous avons passés la journée à peindre des murs en rouge. On en garde un très bon souvenir.

Vous avez déjà joué à Paris avec The Pains Of Being Pure At Heart, et ce soir vous ouvrez à nouveau pour eux. Vous êtres très amis ?

Jessica Weiss : En fait, Kanine Records avait envoyé un single à un journaliste aux États-Unis qui s'appelait Kip, et par erreur le single est arrivé à Kip Berman le chanteur de The Pains Of Being Pure At Heart. Il l'a écouté, ça lui a beaucoup plu, il nous a demandé si nous voulions tourner avec eux aux États-Unis. Nous sommes amis, et c'est la raison pour laquelle nous rejouons ensemble ce soir.