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Royal Blood

Interview publiée par Fab le 18 août 2014

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En moins d'une année, le duo Royal Blood, constitué de Mike Kerr à la basse et Ben Thatcher à la batterie, s'est imposé comme l'une des révélations outre-Manche avec un rock abrasif n'étant pas sans rappeler leurs plus glorieux ainés, à commencer par Queens Of The Stone Age et Led Zeppelin. Après plusieurs singles remarqués ces derniers mois, nous avons rencontré les deux jeunes musiciens en marge de la parution de leur premier album éponyme le 25 août.

Entre la sortie imminente de votre premier album, des apparitions dans de nombreux festivals et quelques tournées se profilant cet automne, votre planning est très chargé pour les mois à venir...

Mike : Nous allons être très occupés... jusqu'à ce que nos corps ne tiennent plus le coup ! (rires) Mais tout cela est très excitant.

Vous n'avez donné qu'un seul et unique concert en France à ce jour, en avril dernier lors du Printemps de Bourges. C'est un bon souvenir pour vous ?

Ben : C'est un petit festival où il fait bon passer du temps. Nous avions pas mal voyagé pour y arriver et nous nous sommes retrouvés en quelque sorte perdus en milieu de la France. Au-delà de notre concert qui avait été, je pense, réussi, nous avions passé une bonne journée et avions pu regarder quelques prestations d'autres artistes par la même occasion.

Vous avez essentiellement tourné au Royaume-Uni ainsi qu'aux États-Unis jusqu'à maintenant il me semble...

Ben : Nous avons participé à quelques festivals en Europe récemment, et donné aussi des concerts ici et là en dehors du Royaume-Uni, même en Australie. Il nous reste encore beaucoup à faire...

Votre approche est-elle différente en fonction des pays et publics que vous rencontrez ?

Mike : Oui et non, car tous les concerts sont différents les uns des autres à la base. Les conditions météorologiques en extérieur, la taille d'une salle, l'état du public ou d'autres paramètres influent sur chacune de nos prestations. Notre expérience des tournées reste au final encore très limitée en l'état, il nous reste beaucoup à découvrir.

Chaque jour nous sommes amenés à vivre des choses effrayantes d'une certaine façon, car nous ne les avons jamais vécues en tant que groupe.

Vous allez notamment vous produire dans de grands festivals à la fin de l'été, comme Reading, Leeds ou encore Rock en Seine. Ces prestations à venir revêtent-elles une importance particulière à vos yeux ?

Mike : En ce moment nous sommes très concentrés sur tous les événements survenant dans nos vies. Chaque jour nous sommes amenés à vivre des choses effrayantes d'une certaine façon, car nous ne les avons jamais vécues en tant que groupe. Nous ne nous projetons pas vraiment dans le futur, nous vivons au jour le jour sans lever la tête ou trop réfléchir à ce qui se profile. Nous prenons les concerts les uns à la suite des autres en tentant de ne pas prendre peur.

Pouvez-vous revenir sur vos débuts et plus précisément sur comment le groupe est né ?

Ben : Nous nous connaissons depuis quelques années. Lors de notre première rencontre, Mike devait avoir seize ans et moi dix-sept. Mon groupe de l'époque donnait un concert pour des étudiants et Mike était présent. Nous nous sommes liés d'amitié, avons passé pas mal de temps à trainer tous les deux par la suite, puis nous avons commencé à jouer tous les deux dans de petits groupes. Nous avons continué à jouer ainsi, ensemble ou séparément, pendant environ six ans, puis Mike a eu envie de voyager durant quelques temps. Il est notamment parti environ neuf mois en Australie, et le jour même de son retour nous avons eu l'idée de créer ce qui est devenu par la suite Royal Blood.

A quel moment avez-vous décidé que le groupe ne serait constitué que de deux musiciens ?

Mike : Sans doute lorsque le premier riff est sorti d'un ampli ! (rires) Je pense que cette décision a été prise de la même manière que pour les autres groupes : il n'y a eu aucune réflexion en ce sens. Nous avons joué ensemble, cela a fonctionné, et partant de là il n'y avait pas de raison de changer quoi que ce soit...
Ben : Nous nous sommes rendus compte que nous étions capables, à deux, de proposer des chansons sonnant comme si plusieurs autres musiciens étaient en studio avec nous. Nous avons utilisé cela de manière à continuer l'aventure en duo.


Il n'a donc à aucun moment été question de recruter d'autres musiciens ?

Mike : Non !
Ben : Nous n'avions pas besoin de cela. Notre musique et nos méthodes de travail communes nous ont toujours pleinement satisfaits. Cela nous permet de composer plus rapidement et de jouer la musique que nous aimons. Nous aimons jouer fort et ne faire aucun compromis, il n'y aurait de toute façon pas eu de place pour une troisième personne.

Est-il plus simple de jouer de la musique à deux qu'à trois ou quatre personnes ?

Ben : En un sens oui, car tu n'as qu'une personne à convaincre et harceler pour faire passer tes idées. Lorsque je jouais dans d'autres groupes à une époque, il était par exemple très compliqué de tous nous réunir pour nous répéter, les vies de chacun rendaient les choses difficiles à organiser.

La formule basse/batterie était-elle votre choix dès le départ ou d'autres instruments ont-ils été envisagés ?

Mike : Je n'ai jamais possédé la moindre guitare électrique de toute ma vie. Cet instrument m'a toujours rendu anxieux, il y a trop de cordes (rires). Me connaissant, j'aurais probablement constamment voulu jouer des solos si j'avais choisi cet instrument. Je comprends que notre formule surprenne autant les gens, mais elle nous correspond.

Votre son est très souvent comparé à celui d'autres groupes comme Queens Of The Stone Age ou Led Zeppelin pour ne citer que les plus connus. C'est un compliment ou au contraire une source de frustration pour vous ?

Mike : Ce n'est pas un problème que nous soyons comparés à nos groupes favoris, et ce n'est pas une coïncidence car ce sont des influences importantes pour nous. De la même manière, si tu écoutes la musique de ces groupes, tu pourras aussi y trouver leurs propres influences. La différence réside dans la perspective et la personnalité de chacun. De notre côté, nous nous contentons d'écrire des chansons, et nous laissons aux personnes qui nous écoutent le rôle de trouver des comparaisons et influences.

Lorsque nous jouons ensemble, nous branchons les instruments et nous laissons guider par nos idées.

Par quels autres groupes ou genre musicaux pensez-vous être influencés ?

Mike : Beaucoup de choses différentes. Nous possédons tous les deux des discothèques très variées avec des disques plus pop ou mielleux. Mais au final, je ne crois pas que cela ait une véritable importance. Lorsque nous jouons ensemble, nous branchons les instruments et nous laissons guider par nos idées sans chercher à puiser des idées chez d'autres artistes.

L'expression « heavy blues » pourrait-elle correspondre à votre univers selon vous ?

Mike : Complètement.
Ben : Le mouvement blues a été à l'origine du rock & roll, le rapprochement est donc logique en quelque sorte. Il pourrait y avoir débat en fonction des artistes sur ce point, mais pour moi le lien entre le blues et le hard rock par exemple existe réellement.

Votre carrière a décollé au mois de novembre l'an dernier lors de la sortie de votre premier single, Out Of The Black. Vous attendiez-vous à un accueil aussi positif pour ce titre ?

Mike : Non, vraiment pas. Nous n'avions pas d'attentes particulières ou de plan précis en publiant cette chanson, ni même depuis nos débuts en tant que groupe. Nous sommes nous-mêmes spectateurs de notre évolution, nous accueillons de plus en plus de personnes à nos concerts, des radios tout autour du monde commencent à diffuser nos chansons... Nous gardons un œil sur tout ça sans rien programmer. Nous ne sommes pas victimes de tout cela, nous prenons les choses comme elles viennent.

Tout est allé très vite pour vous depuis la sortie de ce premier single. Peut-être même trop vite ?

Mike : Par moment j'ai le sentiment que nous avons appuyé sur l'accélérateur un peu trop, et nous sommes sans doute en partie à blâmer pour ça. Nous cherchons toujours à faire le maximum de choses, à donner le plus grand nombre de concerts possibles, à développer notre musique. Nous faisons les choses à notre manière et ensuite les événements s'enchainent naturellement en fonction des réactions de notre environnement.

Ce premier single était sorti sur votre propre label, Black Mammoth Records. Depuis, vous avez rejoint une major, Warner Music. Pourquoi ce choix ?

Mike : Pour être honnête, nous aimions beaucoup l'idée de ce nom pour une maison de disques, alors nous l'avons créée pour sortir ce single. Nous n'avons jamais eu besoin de louer des bureaux ou d'organiser des réunions à l'époque, le label était plus une façade avec un beau logo qu'autre chose. Par la suite nous avons évidemment rencontré de nombreux labels, et avons choisi Warner Music car ils représentent la meilleure solution pour publier notre musique. Ils nous ont donné les moyens de voyager partout dans le monde, de donner des concerts dans différents pays et de pouvoir présenter notre musique au plus grand nombre.

Votre album sera disponible le 25 août, combien de temps avez-vous consacré à son écriture et enregistrement ?

Mike : Nous n'avons fini de l'enregistrer à la mi-juin.
Ben : On peut sans doute dire que nous travaillons dessus depuis le premier jour... Nous avons rapidement mis en boîte cinq chansons, puis nous avons continué à travailler régulièrement, cela depuis le mois de janvier 2013. Les autres titres ont tous été écrits depuis cette époque. Pendant près d'une année, nous avons beaucoup écrit et appris sur notre duo.


Il vous a fallu près d'une année avant de sortir votre premier single, quand avez-vous réalisé que vous étiez prêts pour présenter votre musique au public ?

Ben : Lorsque le single est sorti, nous n'avions plus donné de concerts depuis très longtemps, alors nous étions plus que prêts à passer ce cap. Nous voulions pouvoir à nouveau partir en tournée, car c'est pour vivre cela que nous avions créé Royal Blood initialement.

Le fait d'avoir pu donner de nombreux concerts ces derniers mois a-t-il fait évoluer votre musique ou les chansons enregistrées en studio ?

Mike : Je ne pense pas, notre approche dans les deux cas est très similaire. Lorsque nous enregistrons une chanson, nous ne cherchons pas à créer des différences avec le rendu live. La réciproque est vraie. Nous n'allons pas plus loin que l'ajout d'un tambourin (rires). Lorsque nous jouons nos chansons en live, nous réfléchissons ensuite à comment nous allons pouvoir les enregistrer et non l'inverse. La seule différence est qu'en studio, nous sommes dans une salle plus petite, plus belle aussi, et avec une acoustique meilleure pour l'enregistrement.

Vous avez-vous-mêmes produit l'album, était-ce votre volonté dès le départ ?

Ben : La seule personne avec qui nous avons travaillé en studio est Tom Dalgety, un ingénieur du son figurant parmi nos amis. Nous savions quel genre de son nous voulions obtenir pour l'album, nous connaissions la formule, alors nous avons travaillé tous les trois.
Mike : L'album était l'occasion de mettre en place notre son, d'établir notre touche personnelle. Nous n'avions besoin de personne d'autre pour y parvenir.

La plupart des groupes attendent souvent quelques disques avant de se passer des services d'un producteur. Quelle a été la réaction de votre label par rapport à cette volonté ?

Ben : Il n'y a pas eu de discussions, c'était ainsi que nous avions décidé de fonctionner. Nous nous étions assuré que ce genre de détail ne poserait pas de problème avant même de signer le contrat avec notre maison de disques (rires).