logo SOV

The Wombats

Interview publiée par Jean Duffour le 23 avril 2015

Bookmark and Share
Attablés à l'étage d'un café de Pigalle, après deux lives radiophoniques et des balances, quelques heures avant la première date de leur tournée mondiale, les Wombats, au complet, s'offrent en guise de repos quelques interviews avec au menu : Glitterbug, leur dernier album, leur affection démesurée pour la scène, quelques anecdotes sur les médias anglais ainsi que du café et du coca pour survivre.

Matthew qui porte un blouson bleu ainsi qu'un t-shirt neutre, semble être le plus fatigué du trio, mais lui comme Tord vêtu d'un t-shirt à l'effigie des Rolling Stones et Dan, également en t-shirt, nous accueillent souriants, décontractés et particulièrement excités à l'idée de retrouver leur premier amour : la scène. Et ce de très belle manière puisqu'ils fouleront pour la première fois les planches de la Cigale, la plus grande salle parisienne à leur actif. Beaucoup de premières en vue, donc.

Vous aviez déjà effectué quelques dates cet hiver mais c'est ce soir que commence véritablement votre tournée, comment vous sentez-vous ?

Dan : On a vraiment hâte !

Vous n'avez pas cette crainte d'avoir le mal de pays compte tenu de l'ampleur de cette nouvelle tournée ?

Matthew : En fait on se sent très bien quand on est pas chez nous, et même, on préfère ne pas y être ! (rires)
Tord : Maintenant qu'on a enregistré notre album et effectué le travail en studio, on a qu'une envie, c'est de le jouer sur scène.
Dan : On a travaillé sur cet album durant deux ans environ, dans une pièce pleine de bordel avec des petites fenêtres, et maintenant on va se retrouver dans des grands espaces, comme ici à Paris, avec des tas de personnes devant nous, c'est incroyable, et c'est cela qui rend l'expérience très plaisante.

Était-ce votre choix de commencer par Paris ?

Matthew : Non, ça a simplement été organisé comme ça en fait.
Dan : Oui, mais pour autant j'aurais bien aimé qu'on commence ailleurs vers Dover ou Calais, histoire qu'on puisse avoir un petit concert où les choses peuvent mal se passer, puis ensuite arriver sereins à Paris.
Tord : Effectivement on aurait pu se perfectionner tandis que là on rentre directement dans le vif du sujet et on devra se débrouiller avec les problèmes éventuels puisque ce sera la première fois que l'on teste notre set.
Dan : Ça va se faire à la Wombats en somme, on fonctionne rarement en prévoyant tout à l'avance méticuleusement.

Si les fans continuent d'acheter des places cela montre que c'est une démarche d'autant plus honnête de leur part.

Toutes vos dates en Angleterre sont quasiment déjà complètes, comment ressentez-vous l'attente des fans à votre égard ?

Matthew : C'est déjà complet ? Je savais pas !
Tord : Je crois qu'on avait surtout ressenti ça au moment du second album, maintenant je pense que si les fans continuent d'acheter des places cela montre que c'est une démarche d'autant plus honnête de leur part, ils doivent vraiment aimer ce que l'on fait, donc finalement ça nous rend plus confiants.
Dan : Jusque-là les retours ont été plutôt bons d'ailleurs, sur les réseaux sociaux cela va plutôt dans le bon sens. Donc ça aide à enlever un peu de cette pression. Évidemment avant de sortir notre premier single on était angoissés, on se demandait comment les gens allaient réagir, mais tant qu'on sera heureux avec ce qu'on produit je ne sais pas ce qu'on pourrait faire de plus !

Et pour cette tournée vous allez jouer essentiellement des chansons de votre dernier album ou varier avec celles des deux précédents ?

Tord : Un peu des deux !
Matthew : J'espère que notre set, tel qu'il est constitué, comporte les meilleurs morceaux de nos trois albums.



Je me souviens de vous avoir vu à Arras au Main Square Festival en 2008, qu'est-ce qui a changé pour vous depuis ? D'un point de vue scénique ?

Dan : Le concert avec Radiohead ? C'était incroyable ça...
Tord : C'est vrai que la configuration scénique est très différente maintenant, on a beaucoup plus de claviers par exemple et puis notre présence aussi a évolué, on s'est améliorés je pense.
Dan : Clairement !
Matthew : Mais je pense qu'on ressent toujours la même excitation à jouer sur scène que ce soit pour des concerts normaux ou des gros festivals comme celui-là avec Radiohead qui était un grand accomplissement pour nous.
Dan : Je me souviens qu'on avait pris des photos avec le matériel de Radiohead, parce qu'on est des énormes fans d'eux, on les avait vu passer à côtés de nous, on était comme des gamins : « Oh, salut, comment ça va ? » (rires)
Tord : Quand ils sont venus nous saluer, nous étions hyper effrayés.
Matthew : Je me suis complètement fait dessus ! (rires)

Depuis votre première annonce sur Facebook pour la sortie de votre troisième album, vous êtes extrêmement présents sur les réseaux sociaux, c'est quelque chose d'important selon vous ? Est-ce vous qui vous en occupez ?

Dan : On a quelqu'un pour ça mais on essaye aussi de le faire quand on a le temps. Je pense aussi que notre génération n'a pas grandi de la même manière que les jeunes qui ont vingt ans aujourd'hui, donc on est moins à l'aise, mais on fait en sorte de créer des interactions avec les fans, via des petits concours par exemple. Ça reste en tous cas un incroyable moyen de communication, quand tu repenses comment cela fonctionnait il y a vingt ans avec les courriers de fans ! (rires)

Dans le vidéo clip de Give Me A Try, vous mettez en scène une sorte de parodie de l'appli Tinder, quelle est votre opinion à l'égard de ce genre d'outils qui prolifèrent en ce moment ?

Dan : On n'est jamais allés sur Tinder en fait...
Matthew : On est trop vieux pour ça ! (rires) En fait on n'a pas trop d'expérience sur cette application donc je ne sais pas trop quoi en penser, c'est sûrement quelque chose de positif, peut-être que les gens aiment zapper les profils comme ça et passer une nuit avec leur rencontre du jour, sans suite.
Dan : Il y a un gars de notre équipe qui a rencontré sa copine sur Tinder, et ça marche bien je crois.

Avez-vous changé quelque chose dans votre approche de la composition et de l'écriture pour ce troisième album ?

Matthew : Oui, on en a essayé plusieurs en fait.
Dan : Par moment c'était même une nécessité, à cause de la distance, parce que Matthew était beaucoup à Los Angeles sans nous donc on a du évoluer et tenter de nouvelles méthodes pour écrire.
Matthew : Par exemple Dan et Tord enregistraient des pistes instrumentales qu'ils m'envoyaient et j'écrivais par-dessus, ou à l'inverse, j'envoyais une démo de guitare pour qu'on construise une chanson autour.
Tord : Et sinon il nous est arrivé de nous retrouver pour des jams, en jouant simplement ensemble des heures.
Matthew : Du « sexy jamming » oui, c'est comme ça qu'on a composé Emoticons d'ailleurs.

Tu dois juste trouver une manière qui fonctionne pour tout le monde afin de bien travailler.

Et pourquoi avoir enregistré cet album à Londres plutôt qu'à Los Angeles par exemple ?

M : Ce n'était pas mon choix en tous cas ! (rires) En fait le producteur avec lequel on voulait travailler, Mark Crew, avait son studio avec tout son matériel à Londres, donc c'était plus simple.
Dan : La première chanson qu'on a enregistrée en guise de démo, Greek Tragedy, nous satisfaisait beaucoup. Une partie avait été enregistrée à Los Angeles, donc on a hésité. Mais finalement une fois en studio on s'est rendu compte que cela importait peu, tant qu'on avait le meilleur matériel possible. Si tu es dans une pièce avec les mêmes intentions et le bon équipement, peu importe que ce soit Londres ou Los Angeles.
Tord : Oui, tu dois juste trouver une manière qui fonctionne pour tout le monde afin de bien travailler et cela a été un plaisir d'enregistrer avec Mark, ça s'est super bien passé.

Pensez-vous, après trois albums, qu'il y a maintenant une sonorité commune à toutes vos chansons qui vous caractérise particulièrement ?

Matthew : Je ne pense pas qu'on ait un son qui nous soit propre, du moins on ne peut pas le dire par nous-mêmes, on ne compose pas en se disant qu'il faut que ça sonne d'une certaine manière.
Tord : En fait, on ne sort pas de chanson qu'on n'apprécie pas, donc il y a peut-être quelque chose dans les mélodies qui doit se ressembler, mais en effet c'est pas vraiment nous qui pouvons le constater ou l'analyser.

Est-ce que David Bowie a été une inspiration de ce point de vue ? Par moments on distingue un peu son influence, notamment sur le titre Emoticons...

Matthew : Ça, c'est un putain de compliment !
Tord : Oui c'est la ligne de guitare sur ce morceau, elle sonne un peu comme Heroes.
Dan : C'est surtout en composant qu'on s'en est rendu compte, on s'est dit « Ça sonne un peu comme Bowie non ? Travaillons absolument ce morceau ! ».
Tord : Je pense même qu'on a encore plus apprécié la chanson en sachant ça.


Vous êtes connus pour être un très bon groupe sur scène, est-ce que vous composez donc vos chansons en fonction de leur potentiel rendu en concert ?

Matthew : A nos débuts, je pense que oui, de manière plus ou moins consciente. A Liverpool, quand on a commencé, on jouait avec cinq autres groupes certains soirs donc il fallait se démarquer, dans notre façon de chanter par exemple. D'ailleurs c'est seulement maintenant que je me rends compte que je suis à la limite de mes capacités vocales quand je chante en concert.
Dan : Oui et particulièrement sur les choeurs ! Ce qui est marrant c'est que sur Emoticons au début on chantait assez fort, ça sonnait un peu groovy et au moment du refrain on a du monter extrêmement haut avec nos voix et ça a bloqué (rires). Enfin on a fini par s'en sortir.
Matthew : Donc en fait je pense que la réponse est oui, il m'arrive lorsque je compose quelque chose de m'imaginer en train de le jouer sur une énorme scène comme Glastonbury.
Tord : C'est dans un coin de nos têtes forcément. En studio on n'y pense pas vraiment parce qu'on peut décider d'ajouter plein d'instruments sans se demander comment on va se débrouiller sur scène ensuite, mais de manière général on y pense évidemment.

Et qu'en est-il de l'amour qui est une nouvelle fois très présent dans les thèmes de vos paroles ?

Matthew : J'ai toujours écrit à ce sujet, c'est ce qui m'inspire le plus, j'ai essayé d'autres trucs mais vraiment c'est ce qui marche le mieux.
Dan : Je pense aussi que c'est quelque chose qui t'occupes l'esprit souvent, tu traverses une rupture ou tu rencontres quelqu'un de nouveau, ça occupe inévitablement une part importante de ton esprit.
Matthew : Il y a d'autres thèmes secondaires bien sûr mais c'est le principal effectivement.

Comment avez-vous réagi au départ de Zane Lowe chez Apple, lui qui a toujours été très présent tout au long de votre carrière, notamment dans la promotion de vos albums, y compris du dernier ?

Dan : Et bien tout d'abord on est très heureux pour lui !
Matthew : On lui a souhaité le meilleur, c'est quelqu'un de tellement influent, sans prendre en considération les personnes pour qui il travaille, je pense qu'il restera un soutien important pour nous.
Tord : C'est quand même un peu dommage pour tous les groupes, il en a tellement aidés, c'était un génie. Donc ne plus l'avoir c'est vraiment une perte, surtout pour les nouveaux groupes.
Dan : Après, Annie Mac, sa remplaçante, sera sûrement très bien, mais c'est vrai qu'elle aura une très grosse pression.
Matthew : Pour moi, le plus regrettable est qu'il ne soit plus en Angleterre, c'était quelqu'un de très inspirant à avoir dans son entourage.
Dan : Particulièrement avec un peu de champagne autour ! (rires)

Un conseil culturel que vous aimeriez donner ?

Matthew : Je suis en train de lire un livre super cool, The Cosmic Serpent, à propos de scientifiques qui partent au Pérou pour confronter certains savoirs scientifiques à la culture indigène.
Dan : Je vais recommander la série The Bridge, c'est un dialogue très intéressant entre deux types de cultures et des langages un peu différents. Très très sombre mais très bien écrit.