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Richard Hawley

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 13 septembre 2015

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Il y a certains artistes qu'on retrouve avec un plaisir non dissimulé. Trois ans plus tôt, dans le même patio, Richard Hawley nous présentait Standing At The Sky's Edge. Son septième album solo acclamé par la presse et, plus important encore, par tous ses collègues du « show business ». Revenir au-devant de la scène, après un tel succès d'estime, si ce n'est de ventes et après avoir passé sept mois alités – la faute à un accident de sport, dos cassé en deux – n'était pas une mince affaire. Certains artistes auraient engagé les meilleurs musiciens, les meilleurs arrangeurs, loué les meilleurs studios et les services de producteurs renommés... pas Richard Hawley. L'anglais s'est remis seul de son accident et en a profité pour voir les bons cotés de la vie. Une vie simple et proche des siens, à l'opposé d'un star système qu'il fuit depuis toujours. Solitaire, la plupart du temps, enfermé dans sa « cabane au fond du jardin », Richard a commis, avec l'aide d'amis chers Hollow Meadows. Un huitième album qui sent bon la campagne anglaise et les racines de blues men du plus crooner des rockeurs made in UK. Derrière ses lunettes fumées, celui qui considère le mp3 comme la pire invention de ces dernières années allume sa énième cigarette et, avec cette qualité que beaucoup d'autres ont perdu au fil des tournées et des albums, se rend attentif et regardant envers tous ses interlocuteurs, transformant une simple interview en moment d'échanges empli de bon sens et d'humanité. Un rockeur « vintage » comme on n'en fait malheureusement plus...

Tout d'abord, permets-moi de prendre des nouvelles. Je sais que tu as eu quelques problèmes de santé ces derniers mois...

C'est vrai. Mais ça va beaucoup mieux, aujourd'hui. Je me suis cassé le dos, bêtement il y a plusieurs mois. J'ai voulu faire de l'exercice et, notamment de la musculation avec des amis à moi qui ont une équipe de football amateur. Je me suis entraîné avec eux dans leur salle de gym, j'ai fait un faux mouvement et voilà le résultat ! Quel con, j'aurais mieux fait de continuer à promener mon chien, le soir...

Cela fait trois ans que nous ne t'avons pas revu à Paris et dans les bacs. Qu'as tu fais depuis la sortie de Standing At The Sky's Edge ?

Je suis resté à la maison, majoritairement. J'ai fait des trucs très peu originaux, comme promener mon chien en forêt, couper du bois pour chez moi, m'occuper de ma famille en tant que père et mari... des choses qui pourront paraître ennuyeuses pour certains. J'ai beaucoup joué, également. Pas dans des concerts, mais chez moi, pour composer et être en accord avec moi-même.


C'est ce que tu aimes ; être proche des tiens et faire des choses « simples » ?

Absolument. J'ai toujours été comme ça. Tu sais, ma vie a parfois été compliquée et plus simple elle peut être, plus heureux je suis. Beaucoup de musiciens sont heureux d'être constamment en voyage, dans des hôtels, parfois loin de chez eux... et cela peut être très enivrant, pendant un temps. Le problème, c'est que quand tu te retrouves à nouveau chez toi, le choc peut être rude entre la vie d'artiste et la vie de famille. Personnellement, j'ai pu trouver l'équilibre ; j'ai une bonne hache chez moi et quand je rentre, je me mets à couper du bois. Ça me relaxe (rires). Et en plus, j'ai un énorme tas de bois, prêt pour l'hiver...

Tu reviens, aujourd'hui avec ton huitième album solo, Hollow Meadows. Quel est le sens de ce titre ?

Il y a deux ou trois ans, un ami à moi m'a dit : Un jour, tu devrais nommer un de tes albums Hollow Meadows. Hollow Meadows est une zone rurale située non loin de chez moi. Étant amateur d'histoire de mon pays, j'ai fait des recherches et je me suis intéressé à ce nom et cette zone. Et j'ai découvert qu'à la base,vers le 13ème siècle cette zone était nommée Holly Meadows. Avec le temps, c'est devenu Hollow Meadows. Au moyen-âge, il y avait là un village, oublié avec le temps. Et la connotation « holly », venue de l'installation d'une famille considérée comme sainte au 13ème siècle s'est perdue et a été transformée. On ne se rend pas compte, mais tous les lieux où nous vivons ont gagné ou perdu un nom qui vient par l'histoire. L'histoire de gens venus s'installer ou d'évènements aujourd'hui oubliés... De plus, j'ai découvert que le nom de ma famille était connecté à ce lieu. Et ça, c'était une sacrée découverte pour moi ! Voilà quelques éléments de réponse sur le nom de mon album.

Depuis que je suis enfant, j'écris des chansons.

Qu'est ce qui te pousse à sortir un nouvel album ? Quelles sont tes motivations personnelles ?

Franchement, je n'en sais rien (rires) ! Mais, depuis que je suis enfant, j'écris des chansons. Quelquefois, je me suis essayé à ne plus penser à la musique et à ne plus écrire de chansons. A reprendre une vie totalement « normale ». Mais, inévitablement ton cerveau se remet à fonctionner dans ce sens et te pousse à reprendre la création musicale. Chez moi, je me suis construit une petite cabane au fond du jardin où je peux me ressourcer et me retrouver, seul à seul pour jouer de la guitare. Simplement parce que dans ma maison, il y a trop d'activités et trop de monde pour me retrouver dans une certaine solitude, nécessaire à l'écriture de chansons. Les enfants, les amis, les chiens... tout cela fait beaucoup d'activités chez moi. Et j'aime cette activité, mais trouver un moment de solitude et de tranquillité pour écrire et composer relève du défi ! J'ai donc pris l'habitude de disparaître, quelques heures dans ma cabane, accompagné d'une bouteille de vin et de ma guitare pour aller y trouver l'inspiration. À un moment donné, je me suis retrouvé avec pas mal de matériel à exploiter et j'ai invité mon ami guitariste rythmique du groupe à me rejoindre avec son ordinateur pour enregistrer quelques démos. Mais, tout cela dans l'apaisement et sans vraiment savoir ce que nous allions en faire. C'était il y a environ dix-huit mois et nous ne savions pas encore que ce matériel pourrait donner vie à un nouvel album. Finalement, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de nouvelles chansons et, pour la première fois j'ai vraiment pris le temps d'écrire mes textes, bien avant d'enregistrer. Généralement, je fredonne des mots, une fois les musiques écrites et les paroles me viennent juste avant l'enregistrement. Pour Hollow Meadows, j'ai réservé beaucoup de temps aux textes et j'ai beaucoup aimé ce processus d'écriture.

Hollow Meadows est donc – et encore plus que les précédents – l'album d'un songwriter ?

J'ai toujours été un songwriter, mais il est vrai que pour celui-ci, j'ai fait passer les textes au même plan que ma musique. Ce qui, pour un musicien, à la base n'est pas si évident.

Où s'est déroulé l'enregistrement de Hollow Meadows ?

La plupart des instruments ont été enregistrés dans ma cabane, mais les titres ont été finalisés – notamment pour la batterie qui demande plus d'espace – et mixés à Yellow Arches, un studio de Sheffield où j'ai mes habitudes. Mais je n'ai pas voulu d'une orchestration et d'une production trop tape à l'œil. Je voulais garder un son brut. D'ailleurs, j'ai tenu à produire ce disque moi-même. De toute façon, je n'ai jamais été très porté sur les collaborations avec des producteurs externes. Je l'ai souvent fait dans les groupes avec lesquels j'ai collaboré, mais je pense que pour exprimer au mieux ta propre musique, rien ne vaut d'être son propre producteur.

Une fois de plus, nombre de tes amis ont collaboré à ce nouvel album...

C'est une idée qui me plait, c'est vrai. Jarvis Cocker est venu jouer du clavier sur Nothing Like A Friend. Et mon ami et voisin, Marin Simpson, un guitariste et joueur de banjo est venu jouer sur Long Time Down. C'est lui qui m'a présenté à Nancy Kerr, une violoniste de talent qui joue sur The World Looks Down. Pour moi, c'est quelque chose qui semble naturel ; ce sont presque tous des amis et nous pouvons passer, facilement de la cuisine avec un verre de vin, à mon petit home studio avec nos instruments. C'est quand même plus agréable de jouer avec ses amis qu'avec des musiciens de studio...

Justement, le titre sur lequel Jarvis Cocker collabore se nomme Nothing Like A Friend. Était-ce un titre spécialement dédicacé pour lui ?

Non, pas spécialement... C'était plus un hommage à un ami commun, Tim McCall, qui est décédé, il y a peu. Mais, avoir Jarvis Cocker sur ce titre, justement, faisait sens. Étant des amis communs de Tim, il y a beaucoup d'émotion dans cette chanson.


Tu as souvent collaboré avec des amis ou d'autres musiciens dans ta vie, que recherches-tu dans une collaboration artistique ? Qu'est-ce qui fait un bon « collaborateur » ?

Quelqu'un qui est capable d'écouter autant qu'il parle. C'est comme dans un mariage, l'harmonie ne peut être atteinte que par la communication. Par l'espace laissé à chacun des protagonistes. Il ne faut pas vouloir imposer ses idées, coûte que coûte.

Wich Way est le troisième titre de Hollow Meadows. « Quelle voie ? », est-ce là la question que tu t'es posée après ton accident et tes mois de convalescence ?

C'est exactement le sens de cette chanson. Quelle voie devais-je suivre ? Je pense que chaque femme, chaque homme sur terre, se pose cette question à un moment donné, dans sa vie. Une histoire de doutes, qui arrive à tous. C'est très simple comme questionnement.

Sur de nombreux titres de l'album, on peut entendre, en fond, des sons de nature, d'enfants, d'animaux même...

Maintenant, je sais que tu as vraiment écouté mon disque ; merci ! Tu es le seul journaliste à avoir relevé cela. En fait, nous étions dans mon jardin pour une partie de l'enregistrement et j'ai fait quelques prises de son live, dans la nature et l'environnement qui nous entouraient.

Tu ressentais le besoin, après tant de mois passés alités, d'avoir sur ton disque un peu de cette vie et de cette nature qui t'ont fait défaut ?

Exactement. J'ai vécu un vrai cauchemar pendant ma convalescence. J'entendais les enfants jouer dehors, je les voyais faire leurs valises pour les vacances et moi, je devais rester seul à la maison, alité la plupart du temps... Mais bon, ces choses-là arrivent et je suis plutôt d'un naturel positif. Donc j'ai essayé, tant bien que mal, de ne pas trop être porté sur le négativisme, avec mon dos en miette. Mes enfants se sont même foutus de moi : Espèce de vieux fou, comment as tu fait pour te casser le dos de la sorte ? Les enfants n'ont pas de compassion (rires).

Je crois que tu vas bientôt jouer à Sheffield, ta ville natale pour un grand concert ?

Je viens juste d'apprendre la confirmation de ce live ; excitant, n'est ce pas ! Je suis très heureux de jouer dans ma ville natale, mais cela me rend un peu nerveux, en même temps. Je sais que tout le monde m'attend au tournant et va décortiquer ce concert au microscope...

Je suis un musicien, rien de plus.

Est-ce que le show business et le monde artistique te rendent toujours aussi mal à l'aise ?

Oui, toujours... Le truc c'est que la demande est importante et, de mon coté, je refuse et j'ai toujours refusé de faire partie de ce monde de « célébrités ». Certains adorent faire partie de ce monde, moi je trouve qu'il ne reflète rien et ne veut rien dire. D'autres aiment en être les spectateurs et en demandent toujours plus. Il y a là une sorte de voyeurisme qui me met mal à l'aise. Je suis un musicien, rien de plus. Pourquoi vouloir devenir célèbre ? Pour porter des robes haute couture ou exposer sa vie sur Internet et les tabloïds ? Je trouve cela horrible. Et si des gens s'intéressent à moi ou à ma vie, cela doit être parce que je suis un guitariste et un chanteur, point à la ligne. Je suis assez âgé, aujourd'hui, pour savoir que quand tu fais partie de ce monde superficiel, ce n'est pas par accident ; c'est que tu as choisi cette voie. Et en choisissant cette voie, tu franchis la ligne jaune et tu ne peux jamais faire marche arrière. Tu perds ton intégrité en un claquement de doigt et tout est fini. En choisissant de ne pas faire partie de ce show business, je garde ma liberté. Je peux promener mon chien tout en restant anonyme ou changer de lunettes et de blousons sans que personne ne s'en soucie. Et en agissant de la sorte, je ne perds rien de mon pouvoir d'observateur de la vie. Quand tu es un songwriter, tu as besoin d'observer la vie... et, si c'est toi qui deviens l'observé, alors tu perds l'anonymat qui te permet d'être spectateur de la vie. En tout cas, c'est un choix de vie vers lequel je ne veux pas aller. Peut-être que certains artistes s'en accommodent, mais pour moi, c'est un mode de vie dont je ne veux pas. Garder une vie simple, c'est ça le secret.

J'imagine que les journées promo, comme celles-ci, ne sont pas exactement ta tasse de thé ?

Pourquoi dis-tu cela ? J'adore faire la promo de mes disques, c'est ce que je préfère au monde (rires) ! En fait, je vis pour des journées de promo !

Sur la photo de la pochette de l'album, il y a une photo de toi avec des lunettes brisées ; est-ce un symbole ?

L'idée c'est que, arrivé à un certain age, tu n'as plus pour leitmotiv de tout faire ou de tout voir avec perfection. Tu as la sagesse de voir et de prendre les choses comme elles sont. C'est comme ces chiens qui ont perdu une patte. Ils peuvent toujours être heureux et chasser des lapins dans le jardin. J'ai arrêté de vouloir tout réparer ou de vouloir tout transformer en quelque chose qui me convient. Certaines personnes divorcent, meurent ou s'éloignent de toi…et peu importe l'énergie que tu y mets, tu n'arriveras pas à recoller les morceaux. Tu dois accepter la vie telle qu'elle est.

Tu t'es donc impliqué dans la création de cet artwork ?

Oui, mais l'idée de la photo vient de mon ami Nick. Toujours accompagnés d'un verre de vin, nous discutions de ce que je te disais à l'instant et il m'a proposé cette photo, avec des lunettes brisées. La photo a été prise dans mon jardin.

Dans ta famille, nombre de membres ont été ou sont musiciens et je crois que ton oncle Franck était un des premiers à jouer de la guitare à double manche ? Bien avant Jimmy Page...

Mon oncle était le premier à jouer de la guitare à double manche en Angleterre. Et Jimmy Page l'a vu jouer en live, avant d'en jouer lui-même.


Avec une telle famille, penses-tu que tu aurais pu être autre chose que musicien ?

Je crois que les métiers de charpentier ou de menuisier m'ont toujours attiré. Mais j'aurais sûrement été le seul charpentier au monde avec un roadie (rires) !

Actuellement, on voit des groupes comme Blur ou The Libertines, contemporains de Pulp, revenir au devant de la scène et ressortir des albums. Rien de neuf du côté de Pulp ?

Je ne peux pas parler pour le reste du groupe, mais je ne pense pas que Pulp referont un disque. Quand il y a eu la tentative de reformation du groupe en 2010, j'ai été impliqué, mais pas tant que cela. J'ai joué quelques concerts avec eux, mais pas tous. Mais quand j'étais là, ce furent leurs meilleures prestations live (rires) ! Sérieusement, même à cette époque-là, nous étions réunis pour jouer d'anciens titres de Pulp. Je ne crois pas qu'il ait été question de créer de nouveaux titres ou un nouveau disque. Mais, ne jamais dire jamais...

Récemment, tu as décidé de rééditer tes trois premiers albums en vinyle, tous sortis sur le label Setanta. Pourquoi cela ?

Je vois que tu t'es vraiment penché sur le sujet ; j'aime ça. Au départ, j'avais choisi de ressortir les deux premiers albums parce qu'ils n'étaient jamais sortis en vinyle. Setanta voulait faire une réédition classique. Mais, je ne voulais pas que ces premiers albums ressortent en CD. Setanta m'ont donc fait la proposition de ressortir ces albums en vinyle. Et puis, le vinyle de Lowedges, mon troisième album, commençait à atteindre des prix impossibles à la revente sur eBay. Imagine que les vinyles de Coles Corner ou Lady's Bridge se revendent 200£ en ce moment sur Internet ! Et, je ne suis pas d'accord avec ça. Je ne vaux pas autant d'argent (rires). C'était donc le moyen, également de couper court à la spéculation.

Il y a une grosse tournée de prévue, notamment en Angleterre ; elle débutera en octobre 2015. Aurons-nous la chance de te voir sur scène en France ?

Bien sûr. En novembre, je crois à l'Alhambra de Paris (ndlr : le 25 novembre 2015). J'aimerais pouvoir jouer ailleurs en France...

Hollow Meadows fleure bon la campagne anglaise par plusieurs aspects... Qu'aimes-tu et n'aimes-tu pas dans ton pays, l'Angleterre ?

J'aime les grands espaces verts de la campagne anglaise. Beaucoup d'Anglais sont des gens généreux et altruistes. Souvent, nous mettons le gouvernement anglais dans l'embarras car, quand une catastrophe survient dans le monde et qu'ils décident de donner 1 million de £ pour venir en aide aux sinistrés, le peuple se concerte et lève, 60 millions à l'aide de fundraising. J'aime aussi l'esprit ouvert des Anglais, très tolérants. Mais, à l'opposé, nous avons à faire de plus en plus à des nantis de l'aide droite du pays, très conservateurs, pour ne pas dire racistes, parfois. Quand les gens prennent peur, ils deviennent nationalistes. Ils se rangent derrière le drapeau de la nation, pour de mauvaises raisons. Quand on ne s'écoute plus et qu'on ne prend plus le temps de se comprendre, les gens deviennent solitaires et reclus chez eux. Ils referment leurs portes et ne veulent plus voir à l'extérieur. Or, il faut, notamment dans des périodes troubles, s'ouvrir aux autres et prendre le temps de réfléchir avant d'agir. Aujourd'hui, tout est contrôlé. Que ce soit par les écrans, les réseaux où tu peux, par exemple insulter, à tout va des gens que tu ne connais pas. Si tu fais ça dans un bar, tu prends un coup dans la figure et tu l'auras mérité ! Cette société des écrans empêche les gens d'accéder aux bonnes manières et au vivre ensemble. Et j'oserais dire, à la gentillesse... La technologie avance si vite ; nos enfants sont collés à ces trucs. Pour eux, c'est de l'évolution. Ils sont à l'aise avec les ordinateurs, les smartphones d'où émanent des chansons, des photos, des messages, des vidéos... mais, en réalité, c'est le chaos total ! Je ne pourrais pas gérer tout ça, c'est beaucoup trop pour moi ! Mais, pour revenir à ce que je te disais sur les mauvais cotés de l'Angleterre, je pense que c'est un problème mondial aujourd'hui.

Si je te dis que tu es un des derniers « rock'n roll working class hero », es tu d'accord ?

C'est marrant parce que, de nos jours, il te faut pas mal d'argent pour démarrer une aventure avec un groupe. Et il y a quelques privilégiés qui pensent que, parce qu'ils ont cet argent ils peuvent faire du rock'n roll. La dernière fois qu'on a laissé le rock aux middle classes, nous avons eu doit au rock progressif... tu vois ce que je veux dire (rires) ? Dieu, s'il te plait, plus jamais de rock progressif (rires) ! Je plaisante, un peu. J'ai beaucoup aimé les Pink Floyd et il y a toujours du bon dans tous les courants musicaux. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, les enfants des classes ouvrières font de la musique avec les moyens qu'ils ont à disposition. Des ordinateurs, la plupart du temps. Et ils font de la musique très limitée dans le but d'avoir un groupe. Et si cette musique est souvent agressive, c'est qu'il y a une raison. J'espère vraiment ne pas être un rock'n roll working class hero... dans le sens où je lis des livres et je pense être assez intelligent, tu comprends (rires) ? Dans le passé, dire à quelqu'un qu'il faisait partie des working class c'était presque une insulte ! Mais, je sais que tu n'as pas pensé à cela... Le vrai danger c'est le manque d'instruction. Et tout le monde devrait, comme c'était le cas avant en Angleterre, avoir accès l'instruction gratuite. Et qui a les moyens de se payer de l'instruction ? Les classes hautes et moyennes. On a donc tout un pan du pays qui est exclu de l'instruction. Et ces gens vont grandir dans l'ignorance et se retrouver exploités. Tu ne devrais pas me lancer sur des sujets pareils, je ne peux plus m'arrêter... (rires)