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Stereophonics

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 24 septembre 2015

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Dix millions d'albums vendus, vingt ans de carrière, une voix reconnaissable entre mille... Les Stereophonics, toujours guidé par un Kelly Jones sur qui le temps ne semble pas avoir de prise reviennent au devant de la scène, deux ans après le succès de Graffiti On The Train. Keep The Village Alive, ode aux campagnes et à la ruralité galloise est le neuvième album du groupe qui, comme Oasis, Led Zeppelin ou Abba, a vu cinq de ses albums être numéro un, de manière consécutive, au Royaume-Uni ! Fidèles à leur son et à un public qui n'en finit plus de se renouveler, Stereophonics ont su faire face au destin (le décès de leur batteur, Stuart Cable, mort à 40 ans) et aux très nombreux parvenus du rock qui, parfois, ont un peu trop vite annoncé la fin de la britpop. À quelques encablures d'un set qu'ils donneront par la suite à Rock en Seine, Kelly Jones et Richard Jones qui affirment, dans les paroles du premier single de l'album, C'est La Vie : « we don't belong anywhere ». Ce qui est sûr, c'est qu'ils appartiennent, dorénavant, à l'histoire du rock.

Vous sortez, le 11 septembre, votre neuvième album intitulé Keep The Village Alive. Il y a un coté titre de la série « Le Prisonnier » à travers ce nom. Pourquoi ce titre d'album ?

Kelly : C'est une expression que nous entendions souvent, étant jeunes quand, en week-end, les gens voyaient arriver un tas de citadins dans leurs pubs. Ils disaient cela comme ils auraient dit : Gardons l'esprit de nos villages en vie ! J'ai retrouvé cette phrase dans les notes de remerciements du livret de notre premier album, Word Gets Around. Et cette phrase et ce titre prennent tout leur sens alors que les campagnes, en Angleterre et ailleurs, ont tendance à se désertifier au profit des grandes villes. Cela peut paraître un peu négatif, mais le disque lui-même est un condensé d'optimisme.

Les volontés des groupes, de nos jours, ne sont plus que des chimères.

Je crois savoir qu'à la base, vous auriez aimé faire de ce disque un double et même un triple album... couplé à votre avant-dernier disque ?

Kelly : Les volontés des groupes, de nos jours, ne sont plus que des chimères... Sur les deux dernières années, nous avons été en studio quelque chose comme quinze mois, en tout et pour tout, et nous sommes ressortis de là avec un volume de chansons assez conséquent. L'idée était de sortir un double ou un triple album à partir de ces chansons-là, mais nous avons du couper cela en deux et cela a donné Graffiti On The Train et Keep The Village Alive. Mais, pour moi, ces deux albums sont liés et offrent une collection de titres qui se suivent. Le plus dur fut de faire de tout ce travail deux albums de plus ou moins quarante minutes et dix titres. Faire le choix parmi tous ces titres et en choisir dix, sur je ne sais plus combien pour finaliser Keep The Village Alive a été assez douloureux. L'idée étant de sortir un album l'année prochaine avec une partie du matériel laissé pour compte sur ces deux albums.

Ce sera donc bien une sorte de trilogie ?

Kelly : Peut-être bien... mais il y a déjà des titres bonus que tu peux trouver sur les versions iTunes ou Deluxe de Keep The Village Alive. On a vu Green Day essayer, eux aussi de mettre en route un triple album, mais de nos jours, c'est presque impossible. Je pense que les gens ont besoin d'un certain laps de temps avant de se mettre à digérer un disque et d'en attaquer un second, et un troisième.

Le premier single de l'album se nomme C'est La Vie ; quel est le sens de ce titre ?

Kelly : Je ne sais pas vraiment... Cela vient des paroles de la chanson. Pour un temps, cette chanson s'appelait We Don't Belong Anywhere. Ce titre a été écrit très rapidement et les paroles sont venues très vite. Je crois qu'on l'a écrite en une heure à peine, à l'époque de Graffiti On The Train, mais elle n'est jamais sortie à ce moment-là. C'est une chanson très agréable à jouer en live. Et c'est une expression que nous employons souvent en Angleterre.

La phrase We Don't Belong Anywhere revient souvent dans la chanson. C'est un sentiment que vous ressentez réellement ?

Kelly : Quand j'étais en train de composer pour Keep The Village Alive, j'écrivais également le scénario du vidéo clip de C'est La Vie. L'histoire et le texte avaient pour cadre deux jeunes garçons qui essaient de sortir d'une petite ville et d'aller faire leur vie ailleurs, après le décès d'un de leur ami. Ils tentent de rejoindre les vignobles de Bordeaux mais en faisant un arrêt à Paris, ils se retrouvent coincés dans la capitale de la France. Il s'agit donc d'une histoire d'appartenance à un endroit pour ces deux garçons, coupés de leurs racines, volontairement, mais qui ne savent pas où se poser. Pour certaines personnes, le sentiment d'appartenance à un endroit géographique, la question de savoir qui on est et ce qu'on veut faire est constamment d'actualité.

Tu es toujours aux manettes pour vos vidéo clips ?

Kelly : Oui, j'ai toujours aimé être impliqué dans la création en général pour les Stereophonics. Que ce soit pour la musique ou les clips, je ressens cela comme une histoire dans son ensemble. J'ai toujours réalisé les vidéos, ou presque, pour notre groupe. Je crois que j'ai du réaliser les six derniers vidéo clips. Principalement pour acquérir de l'expérience dans d'autres domaines, si un jour je devais faire autre chose que de la musique (rires).
Richard : C'est de toute façon bien plus simple de réaliser ton propre vidéo clip quand c'est toi qui a l'histoire originelle en tête. Pour une personne tierce, cela peut devenir assez confus s'il n'est pas à l'origine de la chanson.


Qui sont les deux garçons que l'on voit dans le clip ?

Kelly : Ces deux garçons ont auditionné pour le vidéo clip, l'année dernière et ce sont deux jeunes acteurs d'origine galloise. La fille, Antonia, est anglaise. Ils sont tous les trois de jeunes acteurs en devenir en Angleterre. Le tournage a duré jusqu'à tard dans la nuit et pour obtenir cette folie de leur part que l'on voit sur l'écran, j'ai dû les alimenter en vodka toute la nuit (rires) !

Après le succès de Graffiti On The Train (ndlr : 300 000 copies vendues), Keep The Village Alive est attendu au tournant par vos fans et la critique. Vous ressentez encore de la pression à la sortie d'un nouvel album après plus de vingt ans de carrière ?

Kelly : Oui. Et peut-être même, plus qu'avant. Quand tu es jeune, tu n'as peur de rien. Mais avec l'âge, tu deviens plus angoissé, question succès. Je ne me sens pas nerveux quand je réalise un nouveau disque, mais j'avoue être plus angoissé, avec l'âge au niveau des ventes de nos albums.
Richard : Tu nourris tes propres ambitions et attentes quand tu sors un nouveau disque. Encore plus avec l'âge... Tu veux toujours être au meilleur de toi-même et de ton aura. Tu veux que les fans soient contents, que les journalistes aiment ta musique. Que tout le monde t'aime, en fait (rires).
Kelly : C'est vraiment un métier marrant (rires) !

Après toutes ces années, vous avez vu l'industrie musicale changer et opérer une mutation. Qu'est-ce qui vous manque le plus aujourd'hui dans cette métamorphose de l'univers musical rock ?

Kelly : Principalement, les canaux de distribution de la musique. Quand nous avons démarré notre carrière, à chaque single que nous sortions, on nous demandait de sortir cinq ou six titres en plus pour faire un CD. Aujourd'hui, les gens se content d'un seul single et passent à autre chose. Que tu fasses un album complet ou pas, les gens s'en foutent. Les maisons de disque ont beaucoup changé parce que l'argent qui était disponible à l'époque a fondu comme neige au soleil. Mais, à l'opposé, je vois plus de gens écouter de la musique grâce à Internet que jamais auparavant !
Richard : Je pense que de plus en plus de gens ont les moyens de créer leur groupe ou de la musique, également. Grâce ou à cause des réseaux Internet. À l'aide d'ordinateurs ou de logiciels, les gens s'improvisent DJ ou compositeurs de musiques électroniques... Et sûrement que pour un adolescent, de nos jours, il est plus facile d'apprendre à jouer de la guitare grâce à tous les tutoriaux et autres vidéos d'apprentissage sur Internet et même sur les consoles de jeux. Et le plus il y a de musiciens, même en herbe, le mieux c'est, j'imagine. Mais, le problème vient du contrôle de toute cette musique. Qui garde le pouvoir de la distribution ? C'est ça la question.

Pour un groupe qui démarre dans la musique aujourd'hui, ce serait donc plus facile qu'à votre époque ?

Kelly : Pas du tout. Je pense que c'est plus difficile de nos jours. En tout cas, c'est beaucoup plus difficile de rester dans le match pour les groupes récents. On ne laisse plus le temps aux jeunes groupes de faire leur preuve et les maisons de disque leur demande un succès immédiat, sinon ils passent à autre chose. Nous avons eu la chance d'avoir le temps de nous développer, de grandir et de prouver notre talent. Aujourd'hui, j'entends plus d'histoires sur des groupes qu'on a laissé tomber au bout d'une année, et encore que des groupes qui ont eu le temps de s'installer avec au moins deux disques à leur actif.
Richard : En un sens, tu peux aujourd'hui te constituer une fan base assez conséquente, même à des milliers de kilomètres de chez toi, grâce à Internet. Chose qui nous aurait été impossible à nos débuts. Cela permet, entre autres, de découvrir des groupes coréens en restant chez toi...

Revenons à Keep The Village Alive ; où s'est déroulé l'enregistrement ? Qui l'a produit ?

Kelly : La plupart des titres ont été enregistrés chez ICP studios, à Bruxelles. Mais nous avons également notre propre studio à Londres où nous faisons les arrangements, les overdubs et autres ré enregistrements, si nécessaires. J'ai produit moi-même cet album, avec l'aide de Jim Lowe qui avait déjà produit Language. Sex. Violence. Other? ; You Gotta Go There To Come Back et Pull The Pin pour nous. C'est quelqu'un qui a toujours de bonnes idées et un sens du son vraiment à part. Et, comme nous il travaille assez rapidement quand il est en studio.

Il n'y a jamais une seule manière de travailler en studio.

Est ce que votre processus d'écriture ou de composition à changé au cours des années ?

Kelly : J'écris toujours les chansons, généralement. Que ce soit directement au studio, chez moi ou même en voyage. Là où ça me vient en fait. Souvent, j'en fais une démo que je joue aux garçons ou parfois je leur fais écouter quelques accords en studio et on jamme dessus. Cela fait vingt ans que nous travaillons de la sorte.
Richard : Selon les titres, le travail peut être différent. Parfois un titre peut partir d'une idée lancée en l'air, d'autres fois Kelly arrive avec une chanson pratiquement terminée. Il n'y a jamais une seule manière de travailler en studio, ce qui laisse l'excitation et les idées intactes à chaque album.

Malgré la profusion de nouveaux groupes qui émergent chaque mois, notamment grâce à Internet, les groupes comme Blur, Suede ou Stereophonics sont toujours au cœur de l'actualité musicale. Comment expliquez-vous cela après tant d'années ?

Kelly : Je pense que cela vient, principalement, de la qualité des chansons et du caractère de celles-ci. Bien sûr, il y a plein de nouveaux groupes qui proposent des titres qui méritent le détour, mais quand tu creuses un peu, parfois il n'y a pas grand chose de plus... Notamment dans les messages que ces groupes font passer. Pour tous les groupes que tu as cités, nous y compris, nous sommes nés à une époque où tu étais obligé d'avoir une histoire à raconter, un message à faire passer. Idem pour les personnalités des membres de ces groupes ; elles étaient peut-être plus fortes que celles des groupes d'aujourd'hui, à de rares exceptions près. Un autre facteur s'explique aussi dans le fait que tous ces groupes des années 90 étaient potes ou même amis et se côtoyaient. Ensemble, ils construisaient un modèle ou un courant musical, en apportant chacun leur pierre à l'édifice. C'est difficile de dire pourquoi certains groupes disparaissent et pourquoi d'autres perdurent. Je pense que nous avons tous beaucoup travaillé pour que, au fil des ans et des albums, nous apportions quelque chose de nouveau, constamment. Tout le monde est devenu si politiquement correct, de nos jours ! Les artistes sont lissés par les médias et n'ont plus grande chose à dire ou ont peur d'avoir quelque chose à dire. Si une femme ne veut pas de toi comme fantasme et que les hommes ne veulent pas te ressembler, alors tu as tout faux ! C'est peut être old school comme réflexion, mais c'est comme cela depuis la naissance du rock'n roll.
Richard : Je pense que ces groupes que tu as cités sont assez uniques en leur genre. Ils possèdent tous leur propre son. Ce que je pourrais reprocher à certains groupes aujourd'hui c'est de sonner assez similaires avec des artistes déjà entendus. La plupart ne font que copier les groupes de leur jeunesse...
Kelly : C'est une histoire de combinaison de plusieurs facteurs. Cela ne peut être lié qu'à la musique, aux looks ou aux personnalités. C'est la combinaison des trois facteurs qui fait souvent un grand groupe. Je ne connais pas la recette miracle, mais il est vrai que quand tu sors un premier album mémorable, alors tu es bien parti pour rester dans la mémoire collective, même après des décennies. Et même si tu ne réussis pas ton second album, le public te donnera une troisième chance. Tu trouveras toujours de nouveaux fans pour te donner cette chance. Notre public est toujours composé de gens qui nous ont vus naître, mais également de jeunes de dix-sept ou dix-huit ans, comme il y a vingt ans. Tant que tes premiers rangs de fans se composent de jeunes gens, alors c'est que tu es toujours dans le coup !

Justement, qu'est-ce que ça vous inspire de voir autant de jeunes gens assister, encore aujourd'hui, à vos concerts ?

Kelly : Quand le titre Dakota est sorti, en 2005, il y avait un tas d'adolescents qui avaient acheté l'album Language. Sex. Violence. Other? et qui ne connaissait rien à notre parcours. Et quand le titre Indian Summer est sorti, sur Graffiti On The Train, il y a eu le même effet avec des nouveaux adolescents. C'est une chance de pouvoir compter sur des fans, depuis toutes ces années, dont l'âge varie de quinze à cinquante ans. Et quand nous composons nos setlists, nous savons qu'en piochant dans notre catalogue, assez important aujourd'hui, tout le monde en aura pour son argent. Et sans être présomptueux, c'était la même chose avec les Beatles, les Rolling Stones ou Prince. Ils continuaient d'avancer et ne se sont jamais souciés de qui venait voir leurs concerts. Leur musique était ouverte à un large public. Idem pour le genre ; notre musique n'a jamais était taillée pour les femmes ou les hommes particulièrement. C'est une musique transgenres (rires).

La dernière piste de l'album se nomme M and Ms Smith. Y a-t-il un lien avec la famille de Brad Pitt et Angelina Jolie ?

Kelly : (rires) C'est peut-être bien le cas (rires). Non, c'est un titre à propos d'une histoire d'adultère qui implique une femme mariée qui s'ennuie dans son couple et un jeune homme qu'elle rencontre. Ils se retrouvent dans une chambre d'hôtel pour y faire l'amour, tous les week-ends. J'ai trouvé ce guide des hôtels anglais, sur une de mes étagères, qui s'appelle Mr and Mrs Smith Hôtel Weekend. Et je crois bien que c'est un guide pour les couples adultères ! Je voulais appeler cela Mr and Mrs Jones, mais cela sonnait moins bien.

En mars dernier, vous donniez un concert au Royal Albert Hall de Londres et Ronnie Wood vous a rejoints sur scène. Comment cela s'est-il produit ?

Kelly : Nous sommes potes avec Ronnie depuis quinze ans, je crois. J'ai chanté une chanson sur son album solo qui se nommait Not For Begginers. Un soir, j'étais invité chez lui pour un barbecue et Steve Bush, qui a produit nos trois premiers albums, travaillait sur un disque avec Ronnie. C'est lui qui a proposé ma voix à Ronnie pour l'album Not For Begginers et depuis nous sommes devenus de bons amis. C'est un mec adorable, mais avec un putain de caractère ! À chaque fois qu'il en a l'occasion, il vient nous voir en concert et monte sur scène avec nous.
Richard : Avec Ronnie Wood, tu ne sais jamais ce qui va se passer sur scène. D'ailleurs, il ne le sait pas lui-même ! Souvent, il demande : Bon, c'est quoi le prochain titre ? C'est quoi comme accords ?


Comme Supergrass cette année, vous célébrerez vos vingt ans de carrière. Quand vous avez démarré, pensiez-vous être encore sur scène et faire de nouveaux disques, vingt ans plus tard ?

Kelly : Sincèrement, on y pensait... Le but, c'était de pouvoir jouer et vivre de notre musique le plus longtemps possible. Il n'y rien d'autre qu'on espérait faire de notre vie.
Richard : Quelques journalistes nous avaient demandés, à nos débuts : Où vous voyez vous dans vingt ans ? Et nous leur avions répondu que tout ce que nous voulions, c'était continuer à enregistrer et à jouer live. Dans la musique, tu as toujours la sensation que tu n'en as jamais assez et que tu peux toujours te renouveler. Et c'est ce qui nous fait avancer.

Vous allez bientôt jouer à Rock en Seine, à Paris. Une ville que vous connaissez assez bien, maintenant. Qu'est-ce que vous aimez à Paris ? Qu'est-ce que vous n'aimez pas ?

Kelly : Ce que je n'aime pas, c'est que je me paume constamment à Paris (rires) ! C'est sûrement la seule ville dans le monde où, à chaque coin de rue, je perds mon chemin. Le public Français a toujours été très réceptif à nos disques. La France est un de nos meilleurs marchés et je me souviens du Bataclan où nous avons commencé notre carrière à Paris ou de l'Olympia comme de merveilleux souvenirs. J'ai même souvent amené ma famille avec moi pour nous voir jouer ; comme au Stade de France où nous avons joué avec les Rolling Stones. On a également assuré la première partie de U2, à Bercy... Mais nous avons aussi joué dans des magasins FNAC ou de petits clubs. Donc, oui, nous connaissons bien Paris et ses scènes maintenant et c'est un endroit important pour notre groupe.
Richard : J'aime le fait qu'à Paris, personne ne cherche à parler en anglais à une personne anglaise (rires) ! Et, inversement, j'ai honte qu'en Angleterre, nous n'ayons pas plus de cours de langues étrangères à l'école.

Après vingt ans de carrière, y a-t-il un rêve d'artiste que vous n'avez pas encore réalisé ?

Kelly : Me réveiller chaque matin en me disant que je vais faire de la musique pour gagner ma vie, c'est déjà un beau rêve. En vingt ans, beaucoup de pays se sont ouverts à la musique et aux concerts. Des pays où nous n'aurions jamais pensé aller jouer, il y a quelques années. Avec Internet, notamment nous sommes parfois surpris de voir des russes, des asiatiques ou des australiens chanter nos chansons et reprendre nos refrains en chœur dans nos concerts.
Richard : Si tu prends les grands parmi les grands – des artistes qui nous inspirent tout le temps – comme Nick Cave, Neil Young et d'autres, ils sont comme des aboutissements, des destinées rêvées à atteindre en tant qu'artistes.

Une des marottes des critiques rock est : Beatles ou Rolling Stones. Mais, pour vous ce sera : Blur ou Oasis ?

Kelly : (rires) Pour moi, c'est Oasis. Je sais que beaucoup vont me dire que Blur sont plus expérimentaux, plus travaillés, question sonorités. Mais le groupe qui me remue le plus à l'intérieur, c'est Oasis.
Richard : C'est pareil pour moi. Et je crois que cela vient du fait qu'Oasis sont un peu à l'image du milieu des working class d'où je viens. Blur sont plus artistiques, en un sens, mais Oasis possèdent plus d'énergie crue, à mon sens.