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Ash

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 18 décembre 2015

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Plus de deux décennies au compteur et toujours là, Ash semble inoxydable. Le groupe a toujours l'énergie de ses vingt ans sur scène et sacrément la pêche dans la vie de tous les jours (ceci explique peut-être cela). Rencontre avec les trois irlandais qui, malgré leur statut de stars, sont d'une modestie et d'une gentillesse absolues.

Cela fait plus de vingt ans que Ash existe. Vous pensiez à vos débuts être encore là aujourd'hui ?

Mark Hamilton : Difficile à dire. Avec notre manager, lorsque nous avons signé notre premier contrat, nous étions vraiment dans l'optique de faire carrière, pas de sortir un ou deux albums puis rideau. Nous avons réussi à être assez libres rapidement, à avoir le contrôle sur les choses. Bien sûr, il y a toujours des moments compliqués dans un groupe mais nous ne sommes pas vraiment étonnés d'être encore là. Nous avons commencé très jeunes et avons eu du succès rapidement avec 1977. A cette époque, nous avons tourné à fond durant deux ans. Nous avions la pêche, nous avions vingt ans.

Le fait que le groupe n'ait jamais changé de line-up, ça aussi c'est exceptionnel ?

Rick McMurray : Oui, même si Charlotte (Hatherley, ndlr) a été dans le groupe durant huit ans. Nous étions amis et avons grandi ensemble. Nous sommes toujours amis d'ailleurs mais c'est parfois difficile de se voir en dehors du groupe, d'une part parce que Tim et Mark vivent à New-York, moi à Edimbourg et que Mark et moi avons nos familles.

Avez-vous conscience d'avoir écrit avec Girl From Mars, Oh Yeah ou Burn Baby Burn des classiques de la pop ?

Rick McMurray : Par la réaction du public, qui devient fou lorsqu'on les joue, on voit que ces morceaux sont spéciaux. Mais lorsqu'on les a écrits, nous ne nous sommes pas dit « Tiens, là, nous allons écrire un classique pop ».

le projet était un peu fou, très ambitieux mais il nous a permis d'aller dans d'autres voies musicales.

Huit ans se sont écoulés depuis la sortie de Twilight Of The Innocents. Vous aviez dit à cette époque que vous ne feriez plus jamais d'album. C'était sérieux ?

Tim Wheeler : Oui, nous étions sérieux, ce n'était pas une blague. L'industrie de la musique avait totalement changé, les gens n'achetaient plus de CD mais téléchargeaient. Les labels n'avaient pas compris cette mutation. Ils restaient dans le schéma classique, un artiste/un album. Nous nous sommes dit que les choses avaient bougé, que nous devions faire autrement. Nous avons eu l'idée de faire ce projet des singles A-Z avec un single par mois par lettre de l'alphabet. C'est vrai que le projet était un peu fou, très ambitieux mais il nous a permis d'aller dans d'autres voies musicales, d'innover, d'écrire des instrumentaux par exemple.

Vous avez sorti 53 singles. Vous êtes un cauchemar pour les collectionneurs !

Tim Wheeler : Absolument. En même temps, pour celui qui collectionne nos singles, ce doit être fun.

Vous avez débuté en pleine vague brit-pop. Comment voyez-vous cette époque, rétrospectivement ?

Mark Hamilton : C'était fun. Il y avait un tas de bons groupes. Nous pensons qu'être arrivés à ce moment-là nous a sûrement aidés. Nous étions plus branchés punk américain que pop anglaise, ceci dit. Mais il y avait quand même des groupes à guitares comme nous dans la brit-pop, comme Elastica.


Votre dernier album est le plus varié que vous ayez écrit. Il y a des morceaux dans le plus pur style Ash comme Cocoon ou Let's Ride mais aussi des ballades romantiques comme Free ou Chemistry. Vous l'avez composé dans cet esprit ?

Tim Wheeler : Nous l'avons écrit comme un trio. C'est peut-être vrai que c'est notre album le plus varié au niveau des styles musicaux mais nous avons quand même toujours eu différentes facettes.

Chemistry me fait penser à la pop anglaise 80s. Il y a un côté Style Council dans le morceau...

Tim Wheeler : Cool. Même si je t'avoue n'avoir jamais écouté Style Council !

On sent dans ce disque un côté émotionnel plus fort que dans vos précédent albums. Est-ce le cas ?

Tim Wheeler : C'est possible. Mark et Rick sont devenus pères. Cela a changé leur vie, leur façon de voir les choses. Est-ce que cela a eu une influence sur la façon dont on a composé cet album ? Sans doute.

A contrario, il y a toujours eu chez Ash un côté presque hard rock dans des morceaux comme Meltdown et, sur ce disque, Go! Fight! Win!. Vous êtes fans de hard rock ?

Tim Wheeler : Absolument, surtout de Thin Lizzy, peut-être parce qu'ils étaient irlandais comme nous. Ce groupe a été une grosse influence pour moi, il a changé ma vie. J'ai écouté des dizaine et des dizaine de fois Live And Dangerous et Rick est un fan absolu de Brian Robertson.

Even Knive, sur le nouvel album, fait très BO de western. Vous l'avez écrite comme cela ?

Tim Wheeler : Oui. On l'a écrite ainsi. On a voulu faire une surf-guitar song. On va en faire une dans ce style pour le prochain album que l'on pense commencer à enregistrer en juin prochain si tout va bien. Et oui, nous retournons à l'écriture d'albums désormais. Il a fallu attendre huit ans pour le dernier mais on va de nouveau aller plus vite.

Pour nous, c'est toujours aussi important de jouer live.

Q Magazine a écrit un jour que Ash était l'un des trois groupes à voir sur scène avant de mourir. Sacré compliment !

Tim Wheeler : Oui, c'était incroyable de lire ça. D'être juste derrière AC/DC, c'était trop classe. Pour nous, c'est toujours aussi important de jouer live. On ne s'en lasse pas. On a beaucoup tourné durant notre carrière et joué davantage aux États-Unis que la plupart des groupes anglais. On a eu la chance de jouer partout dans le monde, au Japon par exemple. Les tournées c'est crevant, mais en même temps tellement excitant. »

Vous continuez de jouer sur scène des morceaux de vos débuts comme Jack Names The Planet ou Uncle Pat. C'est juste pour les fans ou vous les aimez toujours ?

Rick McMurray : Ce sont des chansons que l'on aime toujours. Nous avons écrit Jack Names The Planet lorsque nous avions quinze ans mais on aime ce morceau comme au premier jour. Nous continuons de jouer sur scène nos titres les plus populaires et nous y prenons toujours autant de plaisir.


Vous devez avoir des fans de tous les âges maintenant ?

Mark Hamilton : Oui, c'est génial pour ça. Aux concerts, des gens viennent avec leurs enfants. Certains n'étaient même pas nés lorsque nous avons écrit tel ou tel morceau. Et nous avons de vieux fans également. L'autre jour il y avait un homme de soixante-dix ans à notre concert. Nous sommes super heureux de jouer pour plusieurs générations.

Êtes-vous toujours fan de kung-fu comédies, vingt ans plus tard ?

Tim Wheeler : Oui, totalement. Je continue à être fan de Jackie Chan. J'ai 37 ans mais cela n'a pas changé.

Sur scène, vous jouez vos classiques et des morceaux du dernier album mais très peu de titres tirés de vos autres disques. Pourquoi ?

Tim Wheeler : C'est vrai. On joue Orpheus, Evil Eye, parfois Meltdown de l'album Meltdown, très rarement des morceaux de Twilight Of The Innocents alors que pour certains, c'est notre meilleur album. En même temps, si on jouait plus de chansons, rapidement on en arriverait à faire des concerts de trois ou quatre heures !