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Kula Shaker

Interview publiée par Amandine le 8 juillet 2016

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Nous avons eu la chance de rencontrer tous les membres de Kula Shaker à l'occasion de leur venue à Paris pour la sortie de leur nouvel album K 2.0. Crispian Mills, éternel blondinet au visage poupin, nous a reçus avec les autres membres du groupe dans une loge embaumant l'encens.

Vous venez de sortir votre nouvel album, K 2.0, en référence directe à votre premier album intitulé K : pourquoi cet « hommage » ?

Crispian : Parce qu’un anniversaire est la seule date, le seul moment où la nostalgie est acceptable et appropriée (rires). Ça fait vingt ans que K est sorti et on est tous très fiers d’avoir parcouru tout ce chemin en deux décennies. Je crois que ce nouvel album reflète assez bien ces vingt ans, d’où nous venons, ce que nous étions et ce que nous sommes aujourd’hui. Nous avons pris beaucoup plus de plaisir à faire cet album que ce que l’on pensait.

Selon vous, quelle est la différence fondamentale entre K, sorti en 1996, et ce K 2.0 dont on parle aujourd’hui ?

Paul : Avec K, nous étions jeunes et inexpérimentés. On jouait beaucoup dans des clubs et de petites salles comme c’est le cas ce soir (la Maroquinerie, ndlr). Nous tournions beaucoup dans les alentours de Londres et aujourd’hui, nous sommes tous géographiquement bien plus éloignés. Heureusement, nous sommes encore dans le même état d’esprit, ce qui nous permet de pouvoir continuer à jouer ensemble et qu’il se passe encore quelque chose.
Crispian : Quand nous avons enregistré notre premier album, nous n’étions pas heureux en studio nous ne trouvez pas ?
Paul et Alonza : Non, c’était très compliqué.
Crispian : Nous étions un peu névrosés. Nous avons eu du mal à saisir la chaleur de notre son en live, ce qui était important pour nous, ce qui représentait notre identité en quelque sorte. Ce n’est pas une chose facile de capturer l’énergie qui se dégage d’un live quand on est en studio. Cette fois, nous avons fait les choses pas à pas, très progressivement, et c’est la première fois que nous avons eu l’impression de réussir à nous exprimer. Nous n’avons pas eu besoin d’interface.
Paul : Oui, exactement, j’ai ressenti la même chose.
Crispian : Nous avons aussi appris beaucoup des bonnes personnes durant ces vingt dernières années, des choses totalement folles qui nous ont beaucoup aidés à avancer.

Vous avez évoqué le fait que vous vivez désormais éloignés les uns des autres : comment avez-vous réussi à écrire ce nouvel album ?

Paul : Un peu par ping pong, il faut l’avouer.
Crispian : Internet nous a été d’une grande aide sur ce coup-là. Je ne suis pas très sophistiqué en ce qui concerne l’écriture et l’enregistrement de mes idées, j’utilise encore un dictaphone, à l’ancienne. Nous sommes comme les « garage bands », au sens littéral du terme : une bonne acoustique et un vieux dictaphone et c’est parti ! Je n’ai pas de microphone, je n’en éprouve pas le besoin.
Paul : Pour moi c’était bien plus drôle cette fois. Traditionnellement, on est tous ensemble, Crispian me dit « Tente ceci » et Alonza me dit « Fais plutôt cela » et cette fois, je recevais par mail ou Skype les idées de chacun et je hurlais « Yes ! Je vais pouvoir faire ce que je veux ! » (rires).
Alonza : Du coup, quand on est arrivés en studio, c’était trop tard pour changer (rires).

Beaucoup de petits studios ont fermé et il ne subsiste quasiment que de gros studios impersonnels.

J’ai lu que vous aviez enregistré au State of the Ark studios, où l’on trouve énormément d’instruments et de machines vintage ; c’était important pour vous de vous trouver dans ce genre de studio ?

Harry : C’est le dernier studio décent à Londres ! Beaucoup de petits studios ont fermé et il ne subsiste quasiment que de gros studios impersonnels. Nous voulions absolument enregistrer là-bas, c’est un endroit fabuleux ; tu y trouves le top du top niveau équipement.
Crispian : Il y a aussi le RAK studio dans le même genre à Londres, où beaucoup de beau monde est passé et où les disques de Marc Bolan ont été enregistrés par exemple. Ce sont dans ces endroits mythiques, où l’on sent qu’il s’est passé tant de choses que l’on aime enregistrer.

Le premier single issu de K 2.0 est Infinite Sun ; j’ai lu dans l’une de vos interviews que c’était un titre assez vieux : pourquoi avoir voulu l’inclure à l’album ?

Paul : Cette chanson est plus vieille que notre premier album, elle nous suit depuis nos débuts à vrai dire.
Crispian : Pour être honnête, à chaque fois que l’on commence un nouvel album, on prend les fonds de tiroirs et on y fait toujours de belles surprises, il y a toujours de la nouveauté.

Ces dernières semaines, sur votre site et les réseaux sociaux, on a pu voir fleurir des artworks pour chacun des titres de K 2.0. Pouvez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet ?

Crispian : Comme tu as pu le voir, nous avons travaillé avec le même dessinateur que celui qui avait fait les artworks de K. Nous lui avions proposé de faire la pochette autour de la montagne que l’on peut voir sur K mais il a refusé car il voulait illustrer comme il se devait ce K 2.0. Il a donc fait appel à une élève qui venait de terminer son école d’art ; elle avait ce trait un peu soviétique qui convenait parfaitement et elle a accepté ! Nous sommes fiers et heureux d’avoir ces très belles illustrations avec lesquelles nous pouvons faire la promo pour chacune des chansons. C’est une véritable chance. Il y a beaucoup de symbolisme et de significations dans chaque détail, j’aime énormément ça.

Quasiment tous les concerts qui sont annoncés pour ce K 2.0 Tour sont sold out : qu’est-ce que ça vous fait quand vous voyez ça ?

Crispian : On a appris il y a quelques jours que finalement, ils le sont tous ! C’est incroyable.

Vous avez déjà fait les premières dates : quelles ont été vos sensations ?

Paul : C’était remarquable ! On n’y croyait pas !

Ici à Paris, vous êtes en plus attendus avec encore plus d’impatience depuis quelques semaines comme vous avez dû annuler une première fois car Crispian, tu étais souffrant...

Crispian : On est vraiment désolés mais je tiens à dire que si j’ai perdu ma voix, c’est à cause de Paul...
Paul : Mea culpa, j’avoue, je suis vraiment désolé.
Crispian : Je n’ai pas une voix que je peux beaucoup pousser et comme on a joué dans de petites salles comme ce soir, Paul joue très fort, tape sur ses fûts comme un fou et moi, je chante de plus en plus fort pour que l’on puisse m’entendre et j’ai donc perdu ma voix. (rires).
Paul : C’est vrai que quand tu es en festival, en plein air, même si je joue fort, le son part un peu partout et Crispian n’a pas besoin de forcer pour me couvrir mais là, le plafond est bas et le son s’étouffe un peu. Mais la salle pour ce soir est parfaite : on fera du bruit mais Crispian pourra quand même être entendu.

Nous vous faisons confiance, nous sommes tous très excités par votre retour !

Crispian : Nous aussi, on espère être à la hauteur.