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Spring King

Interview publiée par Charlotte Prince le 28 octobre 2016

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De passage sur la capitale pour la dernière date de leur tournée européenne, nous rencontrons au Point Ephémère le quartet mancunien à l'occasion de la sortie de son premier album Tell Me If You Like To.

Vous venez d'effectuer votre première tournée européenne en tant que tête d'affiche. Comment se sont déroulées les deux dernières semaines ?

Tarek : Tout s'est plutôt bien passé. On est déjà venu quelques fois en Europe, pour assurer la première partie de groupes tels que Slaves. Mais le fait d'être à nouveau ici pour nos propres dates c'est vraiment quelque chose de cool. J'entends aussi par là qu'on a beaucoup de choses à accomplir ici, pas que de la promotion, mais surtout assurer des concerts un peu partout, jouer dans des petites salles et surtout jouer pour nos fans. Il y a des gens qui viennent nous voir parce qu'ils nous ont écouté sur le net où bien qu'ils ont entendu parler de nous depuis le Royaume-Uni. De ce fait on apprécie vraiment de remettre les pieds ici et de pouvoir jouer pour des personnes qui ne nous ont jamais vus sur scène auparavant. Par exemple, hier soir à Lille, seulement deux personnes du public nous connaissaient, alors notre but c'est vraiment d'impliquer un maximum de nouveaux fans dans notre musique.
Andy : C'est vraiment génial de revenir ici et de tourner à nouveaux dans plusieurs pays. Toutes les villes qu'on a pu visiter sont très sympas et les gens très ouverts d'esprit, donc tu apprécies encore plus le fait qu'ils se déplacent pour venir te voir jouer.

Votre premier album Tell Me If You Like To est sorti en juin dernier. Dites-nous en plus sur tout le processus (écriture, enregistrement...) qui a donné naissance à cet opus...

Tarek: Comme tu as sûrement pu l'entendre, beaucoup de nos singles déjà sortis sont aussi sur l'album. Je veux dire on a juste redonné un coup de jeune en mixant à nouveau certains d'entre eux comme Who Are You? ou Demons, histoire qu'ils sonnent plus comme le reste du disque. Concernant l'album, par exemple Heaven a été écrite par Pete il y a au moins dix ans de ça. Il l'avait juste gardé dans un coin de sa « bibliothèque musicale » pour d'anciens projets et au final on a réalisé qu'elle serait parfaite pour clôturer Tell Me If You Like To. Concernant Rectifier, on l'a créée en studio, tandis que It's So Dark a elle aussi été conçue y a pas mal de temps. Pour tout te dire, ça devait même être notre quatrième ou cinquième démo depuis que le groupe existe. On a vraiment voulu réintégrer toutes ces chansons sur notre album mais en dehors de ça les autres morceaux comme Take Me Away et Tell Me If You Like To sont très récents.
En dehors de toutes ces chansons on en a aussi écrit quelques unes en studio mais au final on n'a pas eu la sensation qu'elles pourraient vraiment faire partie intégrante de l'album. Je ne sais pas comment vraiment dire ça... Pour en revenir aux singles Who Are You? et Demons, ça nous tenait vraiment à coeur qu'elles en fassent partie, car pour nous elles sont vraiment la connexion parfaite entre ce qui a fait le passé de Spring King et ce que sera le futur de notre groupe.
Pete : Avant c'était principalement Tarek qui mixait les morceaux chez lui. La vraie nouveauté quand on a travaillé sur cet album, c'est qu'on a pu aller en studio. Je veux dire un vrai studio professionnel. Le principal dans ce cas c'était de pouvoir ramasser assez d'argent pour le louer mais le label nous a aidés à ce niveau. De ce fait on a vraiment pu progresser dans la réalisation de notre album. Mais c'était un peu le rush parce qu'on a eu exactement deux semaines pour le finir avant de retourner sur les routes.
Tarek : C'est exactement ça. On revenait d'une tournée, on a joué avec Mac DeMarco un soir à Manchester et dès le lendemain matin on rentrait en studio pour deux semaines. Après ça on est directement reparti en tournée avec Spector et Slaves. On a vraiment fini de mixer le tout en décembre et on a signé avec le label en janvier. Label qui n'a même pas entendu notre album parce qu'on refusait de le faire écouter à qui que ce soit. On voulait simplement garder le tout jusqu'à ce qu'on signe quelque chose de concret pour sa sortie. Tu sais, on a bossé très dur pendant trois ans et on voulait vraiment tomber sur un label qui ait pleinement confiance en nous. Et justement ils ont été plus que réceptifs et vraiment compréhensifs. On a voulu sortir du circuit assez répétitif qui est qu'un groupe bosse sur ses chansons en salle de répétition, enregistre l'album, demande à ce que le label leur paie le studio etc... Nous, on n'avait pas vraiment envie de ça, on voulait partir sur quelque chose de plus « old school » donc on a enregistré une partie de l'album dans ma propre maison. Ce qui a été le plus dur au final, c'est de construire l'histoire de Tell Me If You Like To. On ne savait pas trop dans quel ordre mettre les chansons : partir sur quelque chose de très nerveux avant de redescendre sur des morceaux posés ou l'inverse. On s'est toujours dit qu'il y a beaucoup de gens qui ne se donnent pas la peine d'écouter entièrement un album, ou de le jouer dans l'ordre exact du tracklisting. Ça nous tient énormément à coeur que ceux qui écoutent notre musique rentrent dans cette optique de découvrir l'album dans son intégralité. Ça fait bien trop longtemps que les groupes ne se donnent plus cette peine et qu'en gros ils enregistrent leurs chansons et les balancent directement sur un disque sans vraiment essayer de construire quelque chose de sensé derrière. A mon sens, si tu restes dans cet optique, tu perds facilement la moitié de tes auditeurs. Si tu arrives à les faire écouter du début à la fin, dans ce cas tu peux clairement être fier d'avoir réussi.

On a toujours été assez confiants en nous même depuis le début.

A la suite de sa sortie, Tell Me If You Like To a reçu d'excellentes critiques de la part de la presse anglaise et étrangère. Vous avez aussi reçu pas mal d'appui des médias comme Radio 1 ou encore le magazine DIY. Est-ce que vous considérez qu'un tel support de leur part vous a fait gagner en confiance ?

Pete : Je ne sais pas trop. Je veux dire, je leur suis énormément reconnaissant de parler de nous en si bons termes et effectivement on a eu de très bonnes reviews. Mais pour moi ce qui est le plus gratifiant, et ce qui te permet de vraiment gagner en confiance, ce sont les concerts. Rien ne vaut le fait que tu fasses beaucoup de shows et surtout que tu joues pour tes fans. A ce niveau même, on voit que les choses ont changé. Depuis que l'album est sorti, le public qui vient à nos concerts n'est plus exactement pareil. Les gens sont bien plus réactifs à notre musique, ils connaissent les paroles. Sur le net aussi leur implication est bien plus importante qu'avant et c'est vraiment ça qui te pousse encore plus vers le haut. Quand tu joues et que tu vois la manière dont les gens réagissent à tes chansons, le sentiment qu'ils éprouvent en les entendant, c'est quelque chose d'incroyable et assurément la meilleure manière de te rendre encore plus satisfait de tout ce que tu as accompli jusqu'ici.
Tarek: Pour en revenir à Annie Mac sur Radio 1, on a évidemment beaucoup de respect pour tous ceux qui bossent dans le milieu de la radio, et c'était quand même assez dingue d'entendre Rectifier dans sa playlist, au beau milieux de chansons encore plus taillées pour la diffusion. Et ça vaut aussi pour tous les autres qui ont pu passer certains de nos morceaux alors qu'ils ne sont pas forcément en accord avec le reste des playlists diffusées à ce moment là. On peut dire que ça nous a donné quelque part un peu plus confiance dans notre musique à proprement parler, du son de celle-ci. Tu te dis « tiens les gens ont l'air d'apprécier ce qu'on fait ». Mais je rejoins Pete sur le fait que ce sont les fans qui nous poussent vraiment vers le haut. Le fait qu'ils soient autant réactifs sur les réseaux sociaux, qu'ils nous envoient des tweets pour dire qu'ils aiment ce qu'on fait et qu'ils viennent à nos concerts c'est comme une consécration. On a joué à Londres il n'y a pas longtemps, à la Scala, c'était tout bonnement incroyable : chaque personne dans le public chantait, ça sautait de partout, le sol rebondissait presque, c'était dément !
James : Honnêtement on a toujours été assez confiants en nous même depuis le début. Même si tu ne l'es pas forcément au départ, le fait d'aller en studio, d'enregistrer un album et de le sortir te rend déjà bien plus certain de ce que tu fais. Je dirai même qu'on a embarqué sur quelque chose de plus concret, ça nous rapproche forcément à ce niveau, et donc on gagne en confiance aussi. Mais il est clair que les fans jouent le rôle le plus important dans cette histoire.

Parlons de l'artwork de Tell Me If You Like To. Vous avez fait appel à Matt de Jong, qui a notamment travaillé avec des artistes tels que The XX, The Maccabees et Rat Boy. Pourquoi ce choix ?

Tarek : Effectivement Matt a travaillé avec plein de super artistes et il nous a été vivement recommandé par des amis. On aime particulièrement tout ce qu'il a réalisé avec les XX et Maccabees. C'est clairement un super designer, toujours plein de brillantes idées. En plus d'avoir réalisé la pochette de notre album, il a aussi bossé sur celles de Rectifier, The Summer et Detroit.

Le fait d'avoir un batteur au chant est quelque chose d'assez rare. Est ce que ça s'est fait naturellement ?

Tarek : Honnêtement c'était quelque chose d'assez difficile à mettre en place au début. A l'origine, je jouais de la guitare pour le groupe mais notre batteur a du tenir d'autres engagements et c'est Pete qui m'a convaincu de passer à la batterie sur les concerts, puisque c'était déjà moi qui en jouait pour l'enregistrement. Evidemment tout a fini par mieux marcher et depuis c'est quelque chose de plus naturel, mais ça n'en reste pas moins difficile parfois.

Tarek, tu es également producteur et mixeur, comment arrives-tu à tout concilier ?

Tarek : Je suis constamment en train de jouer sur les deux tableaux. Faire partie de Spring King c'est vraiment la meilleure manière pour moi de joindre les deux. Je bosse pas mal avec de nouveaux groupes, je fais principalement du mixage et de la production quand je ne suis pas sur les routes ou plongé dans l'écriture de nouveaux morceaux. Travailler avec d'autres artistes, c'est quelque chose qui me plait énormément, je peux même te dire que pour rien au monde je ne voudrais arrêter tout ça. Quand je suis avec Spring King j'apprécie le fait que je peux vraiment laisser libre court à ma créativité et partir dans tous les sens. J'aime m'asseoir en studio pendant des jours et bosser sur des tas de sons différents comme expérimenter sur plein de choses.

Considères tu qu'avoir plusieurs cordes à ton arc est un avantage pour Spring King ?

Tarek : Notre son s'est vraiment développé en studio. On a commencé comme un petit groupe qui bossait dans une chambre et quasi toutes les chansons ont été écrites et enregistrées avant même qu'on puisse avoir notre propre salle de répétition. Tout ça prouve bien que notre son a évolué au cours de l'enregistrement, et ça nous plait de continuer dans cet optique. Donc j'imagine que oui, avoir en plus ce genre d'activités t'aide concrètement quand il s'agit de créer de la musique dans Spring King. J'ai principalement pu mettre notre propre son bien en forme et travailler sur la manière de le transposer en live.

Vos vidéos sont toujours finement travaillées et très intéressantes. Qui a les principales idées ? Le groupe ? Ou faites vous pleinement confiance à des directeurs artistiques ?

Tarek : Merci ! On a maintenant travaillé avec pas mal de monde sur chacune des vidéos mais la toute dernière, celle de Detroit, était réalisée par notre ami Jack Whiteley. Il propose toujours des idées très intéressantes et on parle au maximum de plein de choses afin qu'il ressente ce qu'on recherche et qu'il arrive à le recréer dans nos vidéos. On lui a envoyé la chanson avec les paroles et pendant quelques jours il s'est penché dessus avant de nous renvoyer quelques idées.

Celle de Detroit a effectivement un coté plus décalé des précédentes. Raconte m'en plus sur l'histoire qui se cache derrière le « Euro Lover » et surtout en quoi il est lié à la chanson ?

Tarek : Après avoir lu les paroles, Jack a décrété que l'idée principale de la chanson devrait tourner autour d'un « dating show ». Il m'a demandé de lui en dire plus sur l'histoire cachée de la chanson et je lui ai juste expliqué qu'il y a quelques années, j'ai rencontré quelqu'un habitant Detroit mais que le tout s'est passé un peu comme dans « blind date ». On a donc « traduit » la chanson dans un registre plus fun. L'hôte du jeu, Kostas, est un très bon ami grec à nous. Quant à Andy et moi, on est à moitié polonais donc on a pensé que de transformer le tout en un « Euro lover » était plus proche de nos racines.

The Summer est quant à lui une ode aux Beach Boys. Tarek, tu ne te caches pas d'être un grand fan mais en dehors de ce groupe, avez-vous d'autres grandes influences ?

Tarek : On est énormément fan des Clash, mais aussi d'autres groupes comme At The Drive-In. Je dirais que ces artistes sont ceux qui nous influencent particulièrement.

Être loin de chez toi pendant quelques temps peut s'avérer être un challenge.

Vous avez eu une année assez chargée : plusieurs tournées au Royaume-Uni, des dates en Australie, beaucoup de festivals, etc... Passer beaucoup de temps sur les routes est un mode de vie assez particulier. Comment l'avez-vous vécu ?

Tarek : Franchement, tu t'y habitues très rapidement. J'adore partir en tournée, tu visites tellement d'endroits différents et tu joues avec tes meilleurs potes. Être loin de chez toi pendant quelques temps peut s'avérer être un challenge mais au final on fait ce dont on a vraiment envie et c'est toujours agréable de voyager un peu partout pour jouer notre musique.

Vous avez récemment signé avec un label US et il y a quelques jours, vous avez annoncé une tournée américaine pour novembre. Plutôt une bonne nouvelle ?

Tarek : Ça va être tout bonnement incroyable, on est surexcités à l'idée de retourner là-bas. Et avec un peu de chance on aura le temps de passer par certaines villes et revoir des amis.

Depuis un peu plus d'un an, vous avez ouvert pour des groupes tels que Spector, Kaiser Chiefs, Slaves et plus récemment Bastille. Le fait de jouer avec des groupes aux sons assez différents était-il un exercice un peu périlleux ?

Tarek : En dépit du fait que chaque artiste est unique, et donc que leur son est unique, le lien qu'on peut faire avec eux est leur énergie. J'entends par là qu'ils jouent tous une musique assez forte, très énergique et frénétique. On a vraiment apprécié de tourner avec tous ces groupes et en prime on a pu rencontrer beaucoup de nouvelles personnes ainsi que plein de nouveaux fans.

Vous repartez en tournée UK cet automne et on retrouve en première partie des groupes qui ont déjà joué avec vous (Get Inuit, The Magic Gang). Les considérez-vous maintenant comme des amis ou leur avez vous demandé de retourner avec vous car leur musique est proche de la votre ?

Tarek : Effectivement ils étaient avec nous sur la dernière tournée au Royaume-Uni et on leur a simplement demandé de revenir parce que ça s'est super bien passé avec eux par le passé. En plus d’être très cool et amicaux ils ont cette part de professionnalisme qu'on adore. Pour en rajouter sur The Magic Gang, on a fait partie de la même scène musicale pendant pas mal de temps et on s'est dit qu'ils pourraient parfaitement compléter le line-up.
James : Avant tout, ce doit être purement une histoire de musique mais on s'entend tellement bien avec eux qu'on a voulu les reprendre avec nous.
Andy : De mon coté j'attends impatiemment cette tournée, j'apprécie tellement ces gens que je n'ai qu'une envie : rejouer avec eux.
Pete : Faire une tournée avec Get Inuit, The Magic Gang, the Big Moon et Kagoule, pour moi, c'est le line-up idéal. On aime clairement tout ce que ces groupes peuvent faire.
Tarek : On n'en revient pas d'ailleurs qu'ils aient tous dit oui à notre demande !
Andy : A vrai dire on a même ardemment prié pour qu'ils acceptent (rires) !