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Archive

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 14 octobre 2016

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Avec son nouvel album, The False Foundation, Archive nous offrent l'un, si ce n’est le meilleur, album de leur pourtant longue carrière. Un disque passionnant, riche et aventureux. Nous les avons rencontrés au lendemain de leur showcase aux Studios Ferber et à quelques minutes de leur passage télévisé au Grand Journal.

The False Foundation est, pour moi, votre meilleur album en date et aussi le plus ambitieux...

Darius Keeler : Nous avons commencé à l'enregistrer à la fin de la tournée du précédent album. Cela a été un travail vraiment intense. Nous avons beaucoup, beaucoup bossé sur ce disque. Un travail de longue haleine car nous voulions que tout soit absolument parfait.

Il n'y a pas de limites dans notre façon de travailler.

C'est un disque qui va dans de nombreuses directions musicales, de l'électronica à la pop en passant par gospel et l'expérimental, mais qui reste malgré tout très cohérent...

Dave Pen : Il n'y a pas de limites dans notre façon de travailler. C'est une manière d'envisager la création de façon très libre. Nous avons des images qui nous viennent en tête et nous essayons de construire un album à la manière de la bande originale d'un film.

Vous avez toujours été attentifs à la production mais sur ce disque elle est particulièrement soignée...

Darius Keeler : Nous n'avions sans doute jamais autant travaillé que pour ce disque. Nous avons mixé certains morceaux cinquante ou soixante fois avant d'obtenir le son que nous voulions. Nous avons passé des heures et des heures à trouver le son le plus parfait possible. Le studio dans lequel nous avons enregistré était analogique. Absolument tout le matériel dont nous disposions l'était. Nous avions une table de mixage vraiment fabuleuse. Nous avions tous les éléments en main pour réussir une excellente production.

Le disque est peut être l'un de vos plus expérimentaux...

Darius Keeler : Nous avons beaucoup pensé à ce que nous souhaitions faire, aller au plus profond de ce que nous pouvions faire en studio. Nous avons beaucoup réfléchi sur les morceaux, bosser pour obtenir le meilleur. Nous savons aujourd'hui exactement ce vers quoi nous tendons, le son qui nous conviendra.

Et en même temps c'est un disque très pop. Les voix, particulièrement...

Darius Keeler : Tu as raison. C'est un disque très mélodique. Nous avons beaucoup travaillé sur les parties vocales. C'était quelque chose d'important pour nous. Nous avons travaillé ce domaine sans doute davantage que nous le faisons d'ordinaire.

Depuis Again, vous avez l'habitude d'écrire de très longs morceaux et c'est encore le cas pour cet album...

Darius Keeler : Nous avons toujours été à l'aise avec le fait de composer de très longs morceaux. Cela nous vient en partie de notre amour pour la house mais aussi l'envie de construire de très longues plages, encore une fois comme des BO imaginaires de films possibles.

Vous êtes hyper productifs. C'est déjà votre troisième album en trois ans. C'est devenu extrêmement rare dans l'industrie musicale...

Dave Pen : Nous écrivons énormément. Les idées nous viennent comme ça. Nous répétons dans le lieu idéal pour créer. Nous nous y sentons tellement bien que la création arrive de manière assez simple. Nous avons tout notre équipement là bas et le lieu nous offre une totale liberté d'expression.

Le fait d'être un collectif aide peut-être aussi à la création ?

Darius Keeler : Incontestablement. Nous n'avons jamais de conflit entre nous. Nous sommes amis, nous aimons créer ensemble. D'une certaine manière, nous fonctionnons encore comme un groupe underground. Le fait d'être un collectif permet à des gens extérieurs de venir se greffer à notre création. Nous apprécions que de nouveaux musiciens viennent nous rejoindre. Nous sommes une structure ouverte.

Vous avez joué à la Fête de l'Humanité il y a trois ans. Vous vous sentez une conscience politique ?

Darius Keeler : Oui. Lorsque tu vois la montée des fascismes en Europe, Marine Le Pen en France, l'extrême-droite en Angleterre, tu ne peux que te sentir impliqué politiquement. C'était un plaisir d'ailleurs que de jouer à la Fête de l'Humanité où ont joué tant de super groupes comme les Who qui ont connu à cette occasion la plus grosse affluence de toute leur carrière.

Pink Floyd est un groupe génial qui nous a marqués.

Avec cette recherche du son parfait, ses longs morceaux, vous sentez-vous comme les Pink Floyd du 21ème siècle ?

Darius Keeler : Again était très influencé par Pink Floyd mais c'est une influence que nous avons sans doute moins que par le passé. Mais oui, Pink Floyd est un groupe génial qui nous a marqués.

Etre plus connus en France que dans votre propre pays, l'Angleterre, est-ce quelque chose qui vous dérange ?

Darius Keeler : Nous n'y pensons pas trop. Nous sommes connus dans de nombreux pays dans le monde, en France, en Iran... Cela n'est pas quelque chose qui nous perturbe de n'être pas aussi connus que cela en Angleterre. En France, nous avons eu une très bonne presse dès nos débuts. Il y a même des gens en France qui n'aiment que notre premier album, Londinium, mais pas ce que nous avons fait par la suite. Pour eux, Archive c'est ce disque et rien d'autre.

Hier vous avez donné un showcase acoustique aux Studio Ferber. L'aviez-vous déjà fait ?

Darius Keeler : Non. Nous ne l'avions jamais fait auparavant. C'était la toute première fois. Cela a été un super test pour nous d'être dans cette formule très basique. Tellement différent de ce que nous faisons d'habitude avec nos guitares psychédéliques. Et j'avoue que cette formule nous a beaucoup plu.

Vous êtes encore aujourd'hui sur un label indépendant. Est-ce un choix artistique ?

Darius Keeler : Nous avons notre propre label. L'industrie musicale a beaucoup changé ces dernières années. C'est devenu de plus en plus dur. Nous sommes très heureux comme cela, d'avoir notre propre label et d'être distribués par [PIAS] Recordings. Nous nous sentons libres.