logo SOV

Tom Chaplin

Interview publiée par Albane Chauvac Liao le 7 décembre 2016

Bookmark and Share
Tom Chaplin, l'ex-leader de Keane, se lance en solo avec un tout premier album sombrement intitulé The Wave. Nous avons cherché à en savoir plus sur ce tournant.

Tous les jeunes de l'an 2000 sont très étonnés de te voir quitter Keane. D'autant plus que dans une interview pour BBC news en 2011, tu déclarais ne pas vous voir faire une carrière solo. Qu'est-ce qui a changé ?

Je pense que mon désir créatif a grandi, me gagnant au fur et à mesure, en même temps que notre succès avec les paroles de Tim, car tous les tubes de Keane ont été écrits par Tim. Tout en étant honoré de pouvoir interpréter ces paroles, un sentiment inconfortable me gagnait de ne pouvoir exprimer mes propres pensées, mon propre ressenti. L'autre élément déclencheur fût l'histoire poignante que je voulais transmettre – en 2014, mon addiction à la drogue a brutalement refait surface, ce fut destructeur à l'extrême et aurait pu être fatal. Cet album est l'histoire de ma guérison. Je voulais montrer qu'il est possible de tout perdre comme de tout retrouver.

Un nouvel album de Keane est toujours possible.

La question que tout le monde se pose : y-aura-t-il un futur Keane ?

Je n'en ai sincèrement aucune idée. Je suis tellement occupé par tout ce que m'apporte cette carrière solo que je ne parviens pas à distinguer ce qui se profile au bout du chemin. En ce moment je me concentre sur le moment présent et sur toutes les possibilités que cela peut m'apporter. Un nouvel album de Keane est toujours possible, mais je ne fais aucune promesse !

Comment décrirais-tu ton style musical ? Par rapport à Keane ?

J'ai beaucoup appris par l'écriture de Tim, et nous avons de nombreuses influences communes. J'ai cependant un penchant pour l'extravagance dans la mélodie. Je dois tenir ça de mon grand amour pour des groupes comme Queen ! L'autre élément qui nous démarque vraiment est notre approche quant à l'enregistrement d'un album. Dans un groupe, les rôles sont définis à la fois par le groupe et par ce dont chacun est capable en tant que musicien. Lorsque il est question d'un album solo, il n'y a pas de limites en termes de choix du style ou des musiciens – il y a tant d'éléments textuels dans mon album – cordes, cuivres, saxophone, guitares, etc. C'était incroyablement révélateur d'entendre d'autres musiciens interpréter mes chansons – sans aucun doute l'aspect le plus enrichissant de la production d'un album.

Quels sont les artistes qui t'inspirent ?

Pour cet album, les influences sont nombreuses et variées mais j'en choisiraient quelques-unes : The Divine Comedy, The Blue Nile, Blur, Radiohead, Ron Sexsmith, John Lennon (solo), Dusty Springfield, Roy Orbison, Woodkid, Lana Del Rey, ABBA, George Harrison et Here We Go Magic.

Avec quels artistes voudrais-tu faire un featuring sur un prochain album ?

J'ai beaucoup de projets à l'esprit, je suis curieux de découvrir le son de ma voix dans un contexte pop. Je suis donc tout à fait partant pour explorer cela dans un prochain album.

En tant qu'artiste, quelle est ta routine ?

J'ai de la chance car ma voix est assez robuste. Je peux la mettre à rude épreuve sans qu'elle ne me lâche. Je fais de mon mieux pour m'échauffer et je ne bois plus ni ne fume plus.

En ce moment la technologie est notre guide et nous, les suiveurs.

Quelle est ton opinion sur l'évolution de l'industrie musicale britannique ?

Cela m'inquiète. Il semble que le concept d'album soit dépassé avec le streaming et les nouveau modes de consommation. Toutefois, il est rassurant de voir que les labels et les artistes s'unissent encore autour de la production d'un album. J'ai l'impression qu'il nous faut trouver des manières innovantes de présenter la musique au public, en ce moment la technologie est notre guide et nous, les suiveurs.

Tu as dédié cet album à votre fille, que dirais-tu à un enfant qui veut être célèbre par sa musique ?

La musique est un art qui ne devrait jamais être associé à la célébrité ou l'adulation. Alors « fais ce qu'il te plait ! ». La meilleure des musiques provient d'expériences humaines authentiques, pas du désir de reconnaissance.

Tu viens de vaincre une bataille contre l'addiction. Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui veut s'en sortir ? A ses proches ?

La racine de toute addiction est une multitude de problématiques émotionnelles. C'est ça qu'il faut résoudre pour ne pas avoir besoin de recourir aux médicaments. Mon conseil est donc de s'aider soi-même en s'exprimant librement sur le sujet à un thérapeute professionnel. Le changement fondamental de soi est la chose la plus difficile à faire en tant qu'être humain mais c'est également la plus gratifiante. Afin d'y parvenir, tu dois partager les sentiments que tu trouves les plus honteux et douloureux. Pour les proches – ils ont le mauvais rôle, car ils ne peuvent pas faire grand-chose. En quelque sorte, ce que je conseillerai (bien que cela soit difficile) c'est de laisser la personne addict dépasser sa limite, toucher le fond. Je n'ai jamais entendu une seule histoire où les proches sauvaient la personne malade – cela doit venir d'elle-même.

Après cet album symbole d'un renouveau, quelle suite ? Où comptes-tu puiser ton inspiration ?

De la pop ? Du sentiment de déclin planétaire ? Cela sera-t-il assez ?