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Hal

Interview publiée par Delphine le 8 mai 2005

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Les quatre jeunes Irlandais de Hal sortent leur premier album et n'en croient toujours pas leurs yeux. Rencontre avec les frères Allen, Paul et Dave, respectivement basse et guitare-voix de ce groupe attachant et attaché à la bonne époque édulcorée légèrement yé-yé des 60's : plus d'une demi-heure à parler de Kubrick, Brian Wilson et Paris, un régal...

Quelle chance et quel honneur, je suis leur première interview de la journée et je les interromps en plein milieu d'un bœuf impromptu chez PIAS. Alors, ça fait quoi de promouvoir son album quand on est tout jeune et que c'est la première fois ? Dave : « c'est quelque chose de nouveau pour nous... C'est à la fois marrant et bizarre de se dire que d'autres personnes ont écouté nos chansons. On a vécu avec elles pendant un moment et il est maintenant temps de les partager. » Hal est un groupe un peu à part tout de même... Disons que les débuts du groupe ont le mérite d'être originaux. Je m'explique : Dave rencontre Stephen (piano) par l'intermédiaire d'autres amis en 2000 et ils commencent à jouer de la musique ensemble chez Papa Allen. Paul les rejoint ensuite en tant que bassiste : la naissance de Hal se fait en 2002. Ils se mettent à enregistrer quelques démos qu'ils envoient à des maisons de disques, au cas où... Jusque là, rien de très transcendant, je sais ! Dave raconte mieux que moi : « à l'époque, je travaillais dans un cabinet d'architecte, Paul était jardinier, Stephen travaillait sur un site archéologique. Après l'envoi des démos, j'ai reçu une dizaine de coups de fil de maisons de disques au travail et j'étais gêné car les gens avec qui je travaillais ne savaient pas vraiment que je jouais de la musique après le boulot. Je leur ai donc demandé de me rappeler chez mon père, ce qu'ils ont fait. Ils m'ont dit qu'ils avaient écouté nos chansons et qu'ils voulaient nous voir jouer. On n'avait pas encore de batteur, mais ils nous ont dit que ce n'était pas un problème, ils voulaient seulement entendre nos morceaux. A Dublin, il n'y avait pas d'endroit où on pouvait jouer : il aurait fallu le louer et on n'avait pas d'argent, alors on a dit aux maisons de disques de venir chez mon père. Ils sont venus à 4 ou 5, on leur a fait du café, du thé avec des biscuits ! C'était assez irréel, assez bizarre en fait ! Ensuite, on a eu un vrai groupe et on a joué quelques concerts dans une petite salle de Dublin : des représentants de notre maison de disque actuelle sont venus nous voir, des amis et ensuite quelques fans. Après, on a signé chez Rough Trade. » Comme quoi, même sans Ferrero Rocher, mais avec du bon thé, c'est toujours un succès... Le choix n'a pas été si difficile, Rough Trade possède une réputation et une classe qui donne envie : un label dont le but est de laisser s'exprimer ses artistes devient presque un luxe de nos jours. Dave : « quelques majors sont venus, ils nous ont dit des trucs du genre 'on a adoré le concert et les démos, on pense que vous devriez faire ça et ça'. A Rough Trade, on nous a demandé ce que nous voulions faire, au lieu de nous dire ce qu'on devait faire. Les gens de Rough Trade sont sûrement nos plus grands fans. Ils nous encouragent à nous développer en tant que groupe, ils nous aident quand on a du mal à prendre des décisions. Je pense que beaucoup de groupes pensent la même chose de Rough Trade. »

Hal, « comme Hal Computer dans 2001 : Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick. Ce n'est pas le personnage le plus sympa du film, mais on adore Kubrick ! » ou encore comme Hal Blaine, « un batteur qui a joué sur plein de disques qu'on adore : les Ronettes (ndlr : Be My Baby, qu'on entend dans THE film culte des années 80, Dirty Dancing, c'est elles !), les Crystals (ndlr bis : vous vous souvenez : Da Doo Ron Ron...). Il était batteur d'un groupe studio que Phil Spector utilisait souvent. Il a joué sur Pet Sounds des Beach Boys ». Ou Hal comme « Hal Kent, un chanteur country des Etats-Unis ! », ou encore « Hal David, dixit Dave, mon parolier préféré qui a travaillé avec Burt Bacharach ! » Bref, je disais donc : Hal est un groupe très influencé par la vague Beach Boys des années 60 sans pour autant nous faire un simple copier-coller de l'époque, mais en laissant tout de même bien transparaître cet aspect musical hérité de leurs parents, même s'ils ont mis du temps à se rendre compte de la richesse de cet héritage. Dave retombe en adolescence : « On adore les Beach Boys et toute la musique qu'écoutaient nos parents. Sauf que vers l'âge de 14-15 ans, on a commencé à écouter autre chose. A cet âge-là, tu essaies de t'éloigner de tes parents ! Vers 17-18 ans, j’ai écouté un disque des Beach Boys et je me suis dit 'Waw ! C'est (de loin !) beaucoup mieux que tout ce que j'ai pu écouter jusqu’à maintenant !' J'ai ensuite redécouvert cette musique. C'est bizarre de se mettre à réécouter de la musique qui a toujours été là... C'est assez nostalgique. Tu réécoutes ça et tu te dis que c'était vraiment une super époque. Un album comme Pet Sounds est tellement merveilleux : chaque morceau, pas seulement dans la musique mais aussi dans les paroles, est plein d'innocence. C'était comme un rêve de réussir à faire ça. » Justement, cette innocence, cette fraîcheur, cette admiration pour la Californie des 60's fait écho à d'autres célèbres irlandais, les Thrills. Paul s'insurge ! (non, j’exagère ! C’était juste pour mettre un peu de piment à cet article que je trouve un peu trop pépère jusqu'à maintenant !) « On aime beaucoup les Thrills, on vient de finir une tournée avec eux. Mais je ne pense pas qu'il y ait de comparaison. Musicalement, on est complètement différents. Le seul point commun est qu'on vienne de Dublin. » Dave ajoute : « les journalistes nous comparent avec les Thrills surtout parce qu'on vient du même endroit. C'est un peu comme pour tous les groupes qui sont arrivés après Franz Ferdinand. C'est du journalisme paresseux ! » Ouais, ouais, c'est ça, fais attention à c'que tu dis, toi, tar' ta gueule à la récré ! Passons...

Après avoir signé leur contrat avec Rough Trade, Hal sort son premier single, le mélancolique Worry About the Wind, mais décide de s'arrêter là et de partir en tournée histoire de se mettre dans le bain. Dave : « on voulait s'arrêter un peu, prendre du temps, faire quelques concerts et trouver notre propre identité en tant que groupe live. En plus, notre premier batteur souffrait du dos... On a alors dit à Rough Trade qu'on ne voulait pas enregistrer l'album tout entier.» C'est donc neuf mois après leur premier single que sort le deuxième, What a lovely dance et depuis que l'album est fin prêt (septembre 2004), nos jeunes musiciens n'ont pas chômé puisqu'ils n'ont fait que tourner (ce qui leur a permis de se faire une bonne réputation de groupe de scène) et pas avec n'importe qui : les Delays, leurs potes des Magic Numbers, les Doves, les Thrills, excusez du peu...

Enfin, l'album éponyme sort ces jours-ci et c'est du pur bonheur : de la pop comme on l'aime, dans le bon sens du terme... Ni S Club7 ou Britney ! (même si j'avoue que Toxic figure dans mon Top 5 de 2004.) Le troisième single extrait de cet album s'appelle d'ailleurs Play The Hits, pourquoi ? Dave s'y colle : « on est très fan de la pop des 60's et on déteste le monde pop de maintenant, surtout au Royaume-Uni. Je ne sais pas trop ce que ça donne en France... (ndlr : eh ben, nous, on a Kyo. Ah non, paraît que c'est du métal, ça...) Tout y est créé de toutes pièces, c'est terrible ! Nous, on aime la pop des années 60 et la motown, Stevie Wonder, Diana Ross... On voulait enregistrer une chanson qui possède cet élément, qui ait cet esprit. Play the Hits est une chanson pop mais qui se situe à des kilomètres du monde pop d'aujourd'hui. On prend notre musique au sérieux, mais on ne se prend pas nous-mêmes au sérieux. On se dit simplement qu'on a de la chance de faire ce qu'on fait. On n'est pas préfabriqués, on est un vrai groupe qui fait de la musique. Et puis, il y a aussi cette idée que beaucoup de personnes ont : ils pensent qu'ils vont faire un groupe et qu'ils auront plein de filles à leur pied... Ca ne se passe pas vraiment comme ça ! On a davantage d'ennuis ! C'est ce dont parle Play The Hits. »

Voilà, avec tout ça, les charmants frères Allen et leurs acolytes sont prêts à séduire un large public grâce à leurs mélodies joyeuses, mélancoliques, nostalgiques ou romantiques qui fleurent bon la Californie, le sable chaud, les jeunes hommes bronzés... vivement l’été, non ? Mais bon, pour patienter, Hal devrait venir faire un tour dans la plus belle ville du monde afin de présenter leur premier opus. En tout cas, ils ont hâte. Paul : « oui, on espère, on aime beaucoup Paris. On s'y est promené, on est allé dans pas mal de cafés... » Dave enchaîne : « tu as de la chance de vivre à Paris, c'est génial ! On a l'impression qu'il y a une super atmosphère ici... »

Ah la la, j'aurais pu rester des heures à discuter avec eux : ils sont adorables, drôles, souriants et savent très facilement mettre à l'aise, tout comme leur musique. En attendant la canicule, offrez-vous Hal et vous les filles, regardez Dirty Dancing.