C'est dans le magnifique Théâtre des Bouffes du Nord qu'ont lieu ce soir les concerts d'Emmy the Great et James Vincent McMorrow, dans le cadre de la deuxième édition du festival Fragile. Ce jeune festival parisien qui se veut en quête de l'« inhabitude » nous propose ce soir une programmation toute en délicatesse et puissance.
Emma-Lee Moss alias Emmy the Great arrive seule en scène avec sa guitare. Devant elle le parterre est vide, un arc de cercle obscur. Le public est plus loin dans les gradins ou au balcon. Des arènes d'intérieur, voilà à quoi fait penser le lieu. Emmy n'a jamais joué en France et elle se veut heureuse de découvrir un nouveau public, à qui elle propose d'ailleurs de lui réclamer ses chansons préférées afin qu'elle puisse les interpréter. Elle veut être sûre que les fans ne repartiront pas dépités de ne pas avoir entendu leur chanson fétiche.
Toute en émotion et en retenue, la jolie Emmy nous raconte ses histoires de jeunes filles devenues femmes, d'amours envolées, de premières fois et d'espoir qui n'existe pas. Quelques notes de guitares et sa voix qui monte sous la haute voûte du théâtre, de la mélancolie mais pas de mièvrerie.
Après cette introduction toute en douceur, c’est
James Vincent McMorrow qui arrive, seul avec sa guitare lui aussi, pour entamer sa prestation. On reste dans le registre de la douceur pour ce premier morceau, puis le groupe rejoint le chanteur et les morceaux s’électrisent et prennent en épaisseur. Dans les lumières orangées au milieu de cet écrin de pierre, la voix douce et puissante de l’irlandais rempli l’espace. Ses cinq musiciens autour de lui, James Vincent McMorrow échange parfois sa guitare pour une mandoline.
Les morceaux de son premier album s’enchainent, et on pense parfois à Robert Francis et à Jeff Buckley pour la pureté et la force de cette voix qui nous emporte sans que jamais le chanteur ne semble la forcer. Le groupe ressort de scène et c’est à nouveau seul que James Vincent McMorrow nous interprète une chanson de son groupe préféré, Iron and Wine, après nous avoir expliqué à quel point sa récente tournée aux Etats-Unis l’a épuisé et qu’il est heureux ce soir de pouvoir interpréter des chansons telles qu’elles doivent l’être. Ce ne sera pas la seule reprise ce soir : en effet, au moment des rappels, il choisit d’interpréter sa chanson favorite, celle qu’il aurait voulu écrire, le très beau
Hope There’s Someone d’Antony And The Johnsons.
Après près d’une heure et demie de poésie folk rock, c’est au centre du cercle obscur qui sépare la scène des gradins et a cappella que James Vincent McMorrow et trois de ses musiciens terminent le concert par une très belle interprétation de
Red Dust qui laissera la foule applaudir longtemps après que les lumières se soient rallumées.