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Bearsuit

Paris, L'International - 3 août 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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« J’avais beau m’y attendre, mon cœur vide de tout, ressemble, à s’y méprendre, à Paris au mois d’août... »

Ces paroles de Charles Aznavour - que vous aurez tous reconnues – ne sont ni innocentes étant donné mon pedigree, ni totalement absurdes en ce 3 août plutôt frais dans le quartier d'Oberkampf, déserté de tous et où seuls les affiliés du ramadan sauvent la rue d’une vision à la Cormac Mc Carthy dans son roman apocalyptique, La Route. Si Belleville est impraticable, envahi de tréteaux et de stands improvisés où dattes, Chorba et autres feuilles de brick se vendent à la pelle après le coucher du soleil, la rue Moret où se trône la salle de l’International, comme Gregory Ken à 5h du mat en 1982, a quelques frissons et se désespère... Quarante, peut-être cinquante fans, en incluant les habitués du bar que l’happy hour attire jusqu’à 21h, sont présents pour les concerts de ce soir ; Gderws et Bearsuit.

Le premier se compose de musiciens Islandais et Américains adeptes de musique progressive et ne reniant pas leurs aînés de Sigur Ros. Le deuxième, celui qui nous intéresse ce soir, est une sorte de collectif musical comme il s’en créé beaucoup depuis Architecture In Helsinki, I'm From Barcelona ou encore The Go! Team. Et même si Bearsuit existe officiellement depuis 2001, soit parfois antérieurement aux groupes cités, on ne peut pas dire que, pour le moment, leur aura ait dépassé l’entrée du tunnel sous la Manche, coté Douvres...
Pourtant, dés 2001 mais dans une configuration musicienne et musicale différente, John Peel classe leur premier titre Hey Charlie, Hey Chuck, numéro quatre du programme radio « Festive fifty of 2001 ». À cette époque, les six membres du groupe sont encore quasi adolescents ou sortent à peine de l’âge ingrat.

 

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Depuis quelques temps, c’est un Bearsuit remanié et composé de cinq membres, trois filles et deux garçons, qui anime le spectacle, toujours haut en couleurs, et le concert sur la petite, mais déjà célèbre scène de l’International. Entrés en piste tard dans la soirée, Bearsuit apparaîssent pourtant assagis en comparaison avec leurs premières prestations ; parfois tous déguisés avec des capes bleues ou des combinaisons façon DEVO. Si leurs premiers singles, qui avaient pour l’habitude de partir sérieusement dans le désordre instrumental, pour ne pas dire la fanfare loufoque, enchantent toujours le public sur des tempos cassés, passant du slow au flow super rapide, les titres comme Will I Be Queen ou Please Don't Take Him Back déroutent un peu.
On attend, en vain, la montée électrique qui fera péter les cordes de guitare et trouera le tambourin, devenu un instrument rock dans les mains de Lain ! D’autres compositions récentes comme A Train Wreck sont carrément noisy, mais comportent plus de construction et donc moins de folie contagieuse. Car on aime Bearsuit pour sa capacité à mêler des tendances à la Belle And Sebastian avec les envolées fanfaronnantes de l’équipe de The Go! Team, Ninja en moins ; ses titres dont les noms font sourire comme F***** Steven Spielberg ou Save The Albinos Tiger...
On est plus sceptique en écoutant leur dernier single, When Will I Be Queen, très électro et trop carré pour ces Teletubbies du rock qui évoluent ou évoluaient il y a peu encore, dans un genre encore un peu obscur, l’art rock. Instrumentalistes touche à tout (synthétiseurs, accordéon, flûte...), Lain, Charlene et Lisa sautillent, chantent et occupent les chœurs à tour de rôle ; les garçons restant en retrait pour quelques couplets à l’exception de titres comme More Soul Than Wigan Casino, non interprété ce soir...
Capables de jouer des tempos quasi-punk et de douces ballades Anglo-Saxonnes qui, de toute façon, partiront en chaos vers la fin, Bearsuit offre un spectacle rafraîchissant et sommes toute, de bonne facture étant donné les conditions sauvages de l’International – ils ne sont plus débutants – et le choix de leur setlist, plutôt composée de leurs morceaux les plus déglingués !

 

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L’Angleterre se joue de plus en plus de sa propre pop qu’elle tourne en dérision et transforme en power pop... et c’est tant mieux !