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The Twilight Sad
We Were Promised Jetpacks
Mazes

Paris, Flèche d'Or - 16 septembre 2011

Live-report par Julien Soullière

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Si l’automne commence à donner de ses nouvelles, force est de constater que le temps se fait encore bien clément à l’approche du dixième mois de l’année. De quoi donner des envies de terrasses plus que de salles de concert, seulement voilà, le label FatCat Records s’est invité sur Paris, avec la ferme intention de changer la donne : à l’affiche de la Flèche d’Or ce soir, rien de moins que We Were Promised Jetpacks et The Twilight Sad (les londoniens de Mazes étaient de la partie également, mais, à dire vrai, ils nous étaient totalement inconnus... bonne surprise en vue ?).
Profitez bien de ces derniers rayons de soleil, de l’agréable fraicheur extérieure, et de vos cocktails au doux parfum d’agrumes, nous, on vous laisse, on a rendez-vous.

Quand, enfin, nous franchissons les portes du 102bis de la rue de Bagnolet, c’est sur fond de punk-rock, et dans une salle vide de monde, à la manière d’une non-rockstar. Dans les profondeurs de la pièce, on aperçoit rapidement les traditionnels vendeurs de goodies, accompagnés de leurs cartons pleins à ras-bord de vinyles et autres tee-shirts. On passe à côté d’eux, on jette un œil sur les articles exposés, et on se traine finalement jusqu’au bar, histoire de se payer le breuvage qui occupera notre main gauche tandis que la droite portera une cigarette à nos becs.
La pause clope, bien que plaisante, se voit copieusement abrégée : Mazes viennent de démarrer leur set. Le quartet, accoudé quelques minutes plus tôt à l’une des tables installées dans la cour, ouvre le bal devant une poignée à peine d’âmes humaines ; public restreint donc, mais rien à voir avec le no man’s land de début de soirée, ce qui, on le pense, doit être source de satisfaction pour le groupe.

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Premier riff de guitare, première ligne de basse, premier coup de pédale, et déjà, le drapeau américain flotte dans les airs étouffants de la salle. Le soleil, lui aussi se joint à la danse, car si la musique de Mazes fleure bon le rock des Sonic Youth, elle lorgne également du côté de Pavement, se dotant par la même de vives et chaudes couleurs, de celles qui, malicieuses, font penser tout autant au planches de surf qu’aux plages de sable fin. De ce savant mélange, résultent in fine des titres gentillets, souvent très courts, mais toujours entrainants, et constitutifs d’une sympathique mise-en-bouche. Tout juste regrettera-t-on un manque évident de folie : un chanteur qui sautille et hoche de la tête, c’est chouette, mais ça reste trop léger. Du moins, pour emporter tout un parterre de gens dans son sillage.

Au téléphone, le temps passe toujours plus vite. Du moins, différemment. Alors qu’il nous semblait avoir quitté la salle pendant quelques minutes à peine, l’arrivée sur scène de The Twilight Sad nous rappelle vigoureusement à la réalité : cela fait maintenant plus d’un quart d’heure que nous faisons les cent pas, la main à l’oreille, le regard perdu, et il à présent temps de se joindre à une assistance qui n’en finit plus de s’épaissir. De bon augure pour la suite.
Fraichement débarqués de leur Écosse natale, James Graham et sa bande font leur entrée dans un silence zébrés d’applaudissements épars. Le groupe, qui semble écrasé par sa propre timidité, a plusieurs galettes à son actif, et le set proposé ce soir va rapidement prendre les formes d’un Best Of (I Became A Prostitute, That Summer, At Home, I Had Become The Invisible Boy...), bien que la formation ait pris la décision, étrange, de ne pas intégrer The Wrong Car à la setlist. Une broutille, en fait, au regard d’un show énergique et captivant, hanté par un chanteur charismatique, et dont la ferveur ne saura être démenti.

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Habité, mais jamais maniéré, James Graham va en effet enchainer, de longues minutes durant, convulsions et autres équivalents épileptiques, se dépensant sans compter, et chantant (hors-micro également!) avec une conviction à toute épreuve. Au contraire de certains pourtant, le bonhomme ne reste jamais piégé bien longtemps de ses propres incantations, sachant quand en sortir pour mieux remercier son public, les yeux plein de sueur. A moins qu’il ne s’agisse de larmes. Allez savoir.
Le reste de la troupe, calme et plutôt en retrait, n’en délivrera pas moins ce qu’il faut pour scotcher son auditoire; dans la fosse, ça applaudit, ça siffle, ça exprime sa joie face à ce son jouissif, à la croisée de la new-wave et du post-rock, et ce sans que jamais l’ambiance, prenante, ne soit mis à mal. Assurément, ces The Twilight Sad sont un véritable coup de cœur : La Flèche d’Or est fin prête pour accueillir la tête d’affiche, et la célébrer comme il se doit.

Quand We Were Promised Jetpacks daignent enfin monter sur l’estrade, c’est sous un tonnerre d’applaudissements ; si d’aucuns se posaient encore la question, le doute n’a désormais plus sa place : oui, le public s’est majoritairement déplacé pour assister au show de cette attachante formation écossaise, qui, si elle n’a sorti son premier effort qu’en 2009 (These Four Walls), existe depuis 2003 déjà. Dire que, ce soir, le groupe s’est fait un malin plaisir de répondre à l’enthousiasme du public est un doux pléonasme. Le genre de pléonasme qu’on aime à énoncer.
Dans la fosse, dès le premier titre, les corps s’agitent, les mains se lèvent, les bouches récitent leurs leçons avec un bonheur à peine dissimulé ; à défaut, ces dernières donnent à minima dans le « oh, oh, oh » de rigueur, comme sur l’excellent Quite Little Voices, titre durant lequel la Flèche d’or se transforme en joyeux foutoir, et duquel émane une ambiance bon enfant. La joie ne se contente plus d’être de la partie, elle devient communicative: comment alors, et malgré la chaleur qui règne dans la salle, résister à l’envie de rejoindre toute cette troupe de doux-dingues ?

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Sur scène aussi, le groupe affiche une belle sérénité, et si l’ampli de Michael Palmer (guitare) est malheureusement décédé durant This Is My House This Is My Home, rien ne pourra jamais entacher un set carré, efficace, débordant de mélodies aguicheuses, de morceaux rallongés, et de nouveaux titres (Medicine, premier single extrait de In The Pit Of The Stomach, notamment), et pendant lequel Adam Thompson ne cessera de faire preuve de ses talents vocaux. Nul doute que la voix, puissante et juste, du jeune chanteur, est l’un des plus gros atouts de la formation écossaise. Formation qui, si tout se passe bien, devrait revenir nous voir en janvier prochain.

A l’heure de rentrer chez soi, enfin, de continuer la soirée ailleurs, le verdict s’impose de lui-même : le label FatCat Records nous a fait miauler de plaisir. On remet ça quand il veut.
setlist
    MAZES
    Metric Tower
    Go-Betweens
    Surf And Turf/Maths Tag
    Farewell Summer
    Cenetaph
    No Way
    Bowle Knives
    On Your Knees
    Messenger
    No Safe Words
    In Broom
    Most Days
    Summer Hits or J Plus J Don't Like

    THE TWILIGHT SAD
    Non disponible

    WE WERE PROMISED JETPACKS
    Non disponible
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