And So I Watch You From Afar

Après une prestation unanimement saluée lors des dernières Eurockéennes de Belfort en juillet dernier, And So I Watch You From Afar débutaient ce mardi 4 octobre une longue tournée européenne dans la salle parisienne du Point Éphémère. Une série de concerts un temps mise à mal par le départ inattendu de leur guitariste Tony Wright moins de deux semaines plus tôt mais sauvée par le recrutement temporaire de Niall Kennedy (ex-Panama Kings). Un changement n'ayant en rien enrayé ce soir la machine bien huilée qu'est devenu au fil du temps le quatuor originaire de Belfast en Irlande du Nord.

Fidèle à sa réputation, le point Éphémère est devenu en l'espace d'une demi-heure une véritable fournaise, l'arrivée sur scène des français de The Same Old Club à 20h30 se faisant dans une atmosphère moite et étouffante souvent caractéristique du lieu. Durant près de trente minutes, les cinq musiciens menés par Chris Richard au chant vont faire des pieds et des mains pour réveiller un public assommé par la chaleur ambiante et la fumée ayant envahi les lieux. Progressivement, les réactions se font plus vives et les applaudissement plus marqués alors que l'univers du groupe se révèle plus vaste qu'imaginé initialement : du métal au post-hardcore en passant par des expérimentations électroniques et des envolées instrumentales, le groupe brise les barrières sans crainte et offre quelques intermèdes prenants en dépit de l'humour discutable de son vocaliste dont les hurlements auront marqué la prestation.



A peine les lumières se sont-elles rallumées que le public se rue à l'extérieur pour reprendre ses esprits et jouir d'une fraîcheur bienvenue. Dans la salle, on s'active pour installer le matériel le plus rapidement possible, les très nombreuses pédales d'effets utilisées par chacun des musiciens occupant copieusement l'avant de la scène. Lorsque les quatre musiciens font leur apparition sur fond de musique électronique, la transition avec l'entame de BEAUTIFULUNIVERSEMASTERCHAMPION n'en n'est que plus impressionnante : le quatuor est au diapason, interprétant à la perfection l'un des titres phares de l'album Gangs tandis que Niall Kennedy fait d'emblée preuve d'une aisance et d'une maîtrise scénique surprenantes. Si l'on pouvait craindre qu'une période de rodage s'avère nécessaire pour digérer les récents changements, il n'en est rien tant la cohésion et la sérénité se dégageant de groupe sont évidentes ce soir et plus encore en début de set avant qu'une poignée de problèmes techniques ne vienne ponctuellement perturber leur prestation.
Toutes les productions passées de And So I Watch You From Afar sont tour à tour mises en avant durant plus d'une heure. L'excellent Gangs dans un premier temps, marqué par les explosifs Search:Party:Animal et 7 Billion People All Alive At Once durant lequel le public apporte sa contribution vocale, mais aussi l'EP The Letter avec D Is For Django puis S Is For Salamander. La recette ayant fait le succès du groupe fait ce soir des merveilles, les compositions oscillant entre post-rock, punk et math-rock avec une fluidité surprenante, le tout appuyé par les interventions toujours justes et à l'évidence sincères de Rory Friers, touché par le chaleureux accueil réservé par le public parisien. La fin du concert, toute aussi intense, voit le groupe effectuer un retour vers ses débuts via trois titres extraits de son album éponyme, clôturant un rappel d'excellente facture avec le très aérien The Voiceless dont les mélodies de guitare proches d'Explosions In The Sky bercent une dernière fois les esprits durant près de sept minutes envoûtantes.

Inclassables de par leur adhérence à de nombreux mouvements musicaux et capables de jouer tout autant sur la douceur des mélodies que leur puissance sonore, And So I Watch You From Afar ont ce soir su contenter toutes les franges de leur public et justifié leur flatteuse réputation scénique. Avec ou sans Tony Wright, gageons que le groupe saura encore faire parler de lui pendant longtemps !