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S.C.U.M

Paris, Petit Bain - 21 octobre 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Soirée découvertes !

La salle, tout d’abord : encore une nouvelle adresse dans la nuit rock Parisienne. Une péniche amarrée à coté de sa grande sœur, la piscine Joséphine Baker, aux pieds de la bibliothèque François Mitterrand, et qui offre un restaurant plutôt branché bio, une belle terrasse avec transats et une salle de concerts, plutôt bien pensée.

Le groupe, ensuite : cinq Londoniens férus de new wave jusque dans leurs fringues – pantalons à pince taille haute, chemise à épaulettes et coupes en forme de crinière – opèrent une synth-pop sombre et plutôt jouissive comme savaient le faire les premiers Cure et leurs nappes de guitares couplées à des synthé envoûtants. Débutants, mais pas complètement inexpérimentés, notamment en marketing (la reprise du Wild In Blue des Suicide en est un exemple) la très jeune formation use d’un patronyme qui n’en est pas à sa première tentative de déstabilisation de l’establishment, loin s’en faut.
S.C.U.M, c’est également le titre du manifeste de Valérie Solanas, celle qui a tiré sur Andy Warhol en 1968 parce que, pour elle, tout les hommes sont des porcs. C’est aussi le nom du premier album des Napalm Death et, entre autres, celui d’un groupe black metal aux Etats-Unis. Rien que du très sulfureux au final !

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Les premières parties, Monster Children et Bo Ningen sont les autres invités de cette soirée Allogènes, deuxième du nom. Si les Parisiens font dans le très classique baby rock légèrement psyché, les Japonais, comme souvent, envoient du lourd. Que ce soit en terme d’accoutrements venus d’une planète où il est impossible de différencier les filles et les garçons ou de riffs, on note quelques moments de plaisir dans un rock bien gras, proche du metal, mais, sur la longueur, les guitares s'avèrent bien trop lourdes à supporter, à l’instar de la batterie qui n’en finit plus de partir dans des solos.
Le groupe tout entier en fait beaucoup trop mais, avec un public très stylé Colette, même les hurlements sur aiguës du chanteur nippon pendant quarante minutes ne provoquent que quelques déhanchements chez une unique fan.

Il est 23h15, dans une salle à moitié pleine, S.C.U.M se jettent dans le (petit) bain. Dans cette salle de fond de cale, ondulante au passage des bateaux mouches, le son est tout à fait correct et la géographie des lieux plutôt agréable. A priori, tout est là pour que la magie opère : batterie, basse, guitare et une flopée de synthés sur la voix de Thomas Cohen, un peu trop déformée par des effets d’écho et de reverb qui. Une voix qui, pour certains titres, appuie le style choisi mais qui, au bout de vingt minutes, fatigue parfois par la monotonie du timbre.
Le shoegaze semble être de rigueur chez les guitaristes et bassistes du groupe : ça joue avec envie mais dans une atmosphère humaine assez froide, mais somme toute assez normale pour un groupe naviguant dans la new wave, que ni le groupe ni le public ne semblent vouloir réchauffer. Avec Amber Hands ou Paris, S.C.U.M joue son dernier album et assure un set propre mais sans vrai rapport avec son public. Une sorte de mutisme dans la communion donnant au groupe une aura mystérieuse et, au chanteur, un charme de rebelle maquillé de rimmel.

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Il faudra attendre le génial Whitechapel pour que le Petit Bain remue autrement que par la houle et qu’enfin le public ne se mette à bouger et même à danser ! C’est peu après que les lumières de la salle se rallument : étonnement et déception dans la salle, le concert n’aura duré que quarante courtes minutes...