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Laura Marling
James Blake

Paris, Cigale - 4 novembre 2011

Live-report par Amandine

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Nouvelle soirée à La Cigale pour cette vingt-cinquième édition du festival des Inrocks avec, encore une fois, une affiche qui promet surprise et éclectisme. Quatre formations plus ou moins confirmées tenteront de convaincre un public encore une fois venu nombreux.

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Les hostilités s’ouvrent avec Singtank, jeune combo français propulsé sur le festival français le plus important de l’automne grâce aux Inrockuptibles. Les spectateurs se font encore rares quand, à 19h, les Parisiens tentent de faire décoller ce début de soirée. Pour ce faire, ils usent (et abusent) de titres plutôt banals, la plupart du temps chantés par une jeune fille à la voix sans éloquence et sans nuance. Lorsque son comparse masculin se prête au jeu, le résultat s’avère tout de même plus satisfaisant mais même en faisant preuve d’attention et de bonne volonté, nous finissons par nous ennuyer ferme. Rien chez eux n’est franchement désagréable mais on tourne en rond. De la dream pop bien singulière somme toute.
Aussitôt vus, aussitôt oubliés. Les Singtank devront faire preuve de plus d’audace s’ils veulent un peu plus marquer les esprits car ils ne figureront pas dans les bonnes surprises de cette édition 2011.

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Avec Cults, nous voilà directement au stade supérieur et les spectateurs ne s’y trompent pas. Les premiers rangs se remplissent rapidement et la salle est impatiente de découvrir le petit phénomène américain de ces derniers mois. Accueillis chaleureusement par la critique (Pitchfork en premier lieu), ils incarnent un peu la fraîcheur de la pop décadente, ce soupçon d’intemporalité et de retour aux girls bands des 60's. Duo mixte ayant trouvé le succès grâce au site Bandcamp, ils n’ont de cesse de confirmer leur talent depuis la sortie de leur premier album éponyme.
La charmante Madeline Folin, aussi chevelue que les autres garçons du groupe, arrive, tout sourire, découvrant son joli minois. En petite princesse de la pop, elle se trémousse comme une fillette, tenant dans chaque main les bords de sa robe. Les garçons sont sous le charme, mais les filles aussi car le groupe fait preuve de beaucoup de conviction durant la quarantaine de minutes qui lui est allouée. De Go Outside à Abducted, leurs titres sont livrés de manière énergique, n’oubliant jamais la finesse et la sensualité qui les caractérisent. Madeline pousse sa voix sans retenue tandis que Bryan Oblivion lui répond en douceur. Les réverbs sont de mise, comme on pouvait s’en douter, mais le résultat est à la hauteur de leur réputation et les spectateurs applaudiront de longues minutes les Américains venus ce soir en véritables stars malgré l’horaire précoce.

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Pour la suite, nous décidons de nous lover dans les fauteuils moelleux à l’étage, histoire de profiter pleinement du spectacle mais aussi de reposer nos pauvres membres encore endoloris du concert de WU LYF l’avant-veille. L’ambiance au balcon se fait plus feutrée et on s’empare du caractère du lieu pour accueillir la frêle Laura Marling. Toujours aussi simple, la jeune blonde peroxydée s’avance vers le public presque maladroitement : sobrement maquillée et habillée, la guitare sous le bras. Entourée de ses musiciens, elle semble plus timide et mal à l’aise que jamais, à se demander pourquoi elle a choisi la musique pour s’illustrer tant se produire devant un auditoire semble lui demander de courage et de persévérance.
Ne privilégiant pas nécessairement son dernier album (A Creature I Don't Know ) sorti il y a quelques semaines, elle pioche dans son répertoire quelques-unes de ses plus jolies ballades folk, au détriment de certains titres plus électriques et innovants parus récemment. La voix de l’Anglaise est plus puissante que jamais, se permettant des modulations avec une facilité déconcertante et son set, bien que très dépouillé musicalement malgré la présence de quelques instruments, réussit visiblement à enivrer La Cigale. Seulement voilà, là où le bât blesse, c’est que Mademoiselle Marling ne restera sur scène qu’une trentaine de minutes, ce qui paraît bien peu pour l’une des têtes d’affiche de cette soirée. De quoi en sortir frustré de ne pas avoir pu se laisser convaincre suffisamment longtemps.

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Avec la fin prématurée du set, l’attente avant l’arrivée de James Blake n’en paraît que plus longue ; le temps pour nous de discuter et d’échanger nos impressions sur le jeune OVNI. Las avis divergent : entre fans inconditionnels et détracteurs sans relâche, nous nous situons pour notre part à la croisée des chemins ; pas vraiment convaincus par les versions studio, la démarche semble néanmoins intéressante pour l’exercice du live et nous sommes donc impatients de nous confronter à l’univers si étrange du jeunot.
Accompagné par un guitariste et un batteur, James Blake va d'emblée nous faire vaciller dans son monde fait de dubtep, de rémanences de soul, de pop et de tellement d'autres choses. Dire que le jeune Anglais fait dans l'original serait un pléonasme. Il allie douceur du piano aux beats endiablés ; sa voix, à cheval entre Antony Hegarty et un soulman afro-américain, se fait douce ou, lorsqu'elle est samplée, vient emplir ses compositions comme une âme en peine.
Il réussit avec brio la pirouette entre musique synthétique et instruments live et nous bluffe à certains moments, affichant son génie créateur avec une humilité insolente du haut de ses vingt-deux ans. Malgré tout, certains passages ne parviennent pas à nous emmener aussi loin qu'il le voudrait et lorsque les lumières se rallument au bout de presque une heure, on ne sait trop comment décrire le sentiment qui nous anime. Une chose est sûre, James Blake ne nous aura pas laissés insensibles.

Un line-up dépouillé pour cette soirée à La Cigale mais qui aura finalement réussi à nous faire voyager, en restant malheureusement toujours les pieds sur terre.
setlist
    LAURA MARLING
    Rambling Man
    Devil's Spoke
    Don't Ask Me Why/Salinas
    Ghosts
    My Friends
    Alpha Shallows
    Sophia
    I Speak Because I Can

    JAMES BLAKE
    Unluck
    Tep & The Logic
    I Never Learnt To Share
    Lindisfarne
    To Care (Like You)
    CMYK
    Limit To Your Love (Feist cover)
    Klavierwerke
    Once We All Agree
    The William Scream
photos du concert
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