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Morning Parade
Friendly Fires
Miles Kane

Paris, Cigale - 5 novembre 2011

Live-report par Claire

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Pour la quatrième soirée du festival Les Inrocks Black XS, la Cigale accueillait samedi soir cinq groupes. A l'affiche, Givers , Morning Parade, les dorénavant chouchous des télés et radios Foster The People, le néo-mod Miles Kane très attendu ce soir-là, et Friendly Fires dont le déhanché du chanteur en a mis quelques unes en émoi.

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Encore une fois, cette édition du festival prouve sa popularité en affichant sold out. Et les portes viennent à peine d'ouvrir que les prix des billets, revendus à la sauvette, ont presque déjà doublé. Le temps de traverser les divers contrôles de sécurité, d'attraper une bière que les premiers accords de Givers résonnent déjà dans la salle. Au moment de rejoindre les coursives, on peut aisément constater que malgré l'heure relativement indue pour un concert (18 heures), la salle est déjà bien remplie. Venu de Louisiane, le groupe aux accents folk vient présenter son premier opus In Light. A peine trente minutes sur scène permettent aux cajuns de faire la quasi-unanimité dans la Cigale. Pour un premier concert en France, le groupe réussit le tour de force d'enseigner au public parisien ses codes musicaux. Ovation chaleureuse de la part d'un public pourtant très souvent réputé pour sa retenue.

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Il a fallu moins d'une demi-heure pour voir la température de la salle augmenter. Ce qui fait les affaires du bar à l'étage inférieur pendant le changement de plateau. Le temps d'entamer une discussion à propos du groupe suivant Morning Parade et de ne pas se faire piquer sa place dans la longue file des assoiffés que les Anglais au nom de groupe punk-rock US balancent leur premier titre.
On s'empresse cette fois de rejoindre le balcon et de chercher à la lueur des portables un strapontin disponible. Il faut dire que contrairement à Givers, Morning Parade ne font pas dans la légèreté. Après deux ou trois titres certes sympathiques, on a bien du mal à savoir si on doit rester assis pour ne pas perdre la place chèrement acquise ou courir aux toilettes avant que les buveurs des minutes précédentes ne s'y accumulent. Il faut dire que le groupe ne passionne que peu la foule. Distrayants, passe-temps mais sans véritable titre phare, les gars de l'Essex ont bien du mal à nous motiver, voire à se motiver. Et c'est bien dommage car avec la caution de Damon Albarn et auréolé de critiques positives outre-Manche, le groupe laisse un peu passer sa chance de conquérir le public.

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Passé le désarroi dans lequel Morning Parade nous ont laissés, on se dit qu'il est vraiment temps de prendre un peu l'air sur le pavé parisien. On constate alors l'arrivée massive d'Anglais - mais surtout d'Anglaises - fraichement débarqués pour voir les trois groupes suivants. Ça se fraie un passage à coups de talons hauts, de T-shirts union jack et de robes Topshop. Juste le temps de récupérer le fameux strapontin que les très attendus Foster The People débarquent sur scène dans une hystérie presque à son comble. Coming Next du Grand Journal, concert privé le mois dernier, publicités et rotation maximale sur les radios rock comme généralistes, les américains assène leur pop-dance acidulée. Rodés à la scène et gérant leur set à la perfection, ils offrent au public quarante-cinq minutes d'un karaoké géant. On hésite pourtant à adhérer à la trop bonne humeur du chanteur qui en devient presque énervant à sautiller, gigoter et se dandiner. Scéniquement, il est clair qu'ils assurent. Musicalement, ils nous laissent toutefois peu indifférent.

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Mais cela n'a finalement que peu d'importance lorsque Miles Kane fait son entrée. Passé sur la scène du Point Ephémère au printemps dernier et future première partie de la tournée des Arctic Monkeys, le Liverpudlien nous revient fidèle à lui-même : rock, brut, sexy. Et c'est la quasi-intégralité de son album qu'il va nous livrer dans une sorte d'orgasme collectif. Vêtu d'un pantalon de cuir et d'une chemise longue que l'on pourrait croire estampillée Pretty Green, collection Paul Weller (on ne refait pas un mod dans l'âme), il balance ses titres et se livre aux fans du premier rang. De Come Closer à Rearrange en passant par Kingcrawler, Miles Kane se fend même de la présentation d'une reprise en anglais de Jacques Dutronc, The Responsible (initialement Responsable). Ses musiciens, stoïques, lui laissent le rôle de beau gosse du rock, et c'est attrapant des roses lancées par une fan, s'offrant, à genoux, au premier rang hystérique que le frontman quitte la scène. Plus besoin de comparaison ou de références, Miles Kane a montré ce soir qu'on allait devoir compter sur lui dans les années à venir.

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Nous quittons, fourbus, le balcon pour prendre l'air et attraper une dernière bière, entourée d'Anglaises dont le regard prouve que la ferveur quasi-religieuse pour le Caïn du rock anglais n'est pas prête de s'arrêter. Nous nous décidons finalement à rejoindre la fosse pour le set de Friendly Fires dans une chaleur devenue maintenant insupportable. Peu convaincus par le dernier concert du groupe à Paris et circonspects quant à la qualité du combo mené par Ed MacFarlane, nous sommes un peu dépassés par l'engouement général entourant les minutes précédant l'arrivée de groupe.
Friendly Fires est avant tout un groupe de scène et va finalement le prouver ce soir. Smartphones en l'air, franges dans les yeux, toute la salle semble bouger au rythme du déhanché du frontman qui offre son corps potelé, moulé dans un jean trop serré, à l'ensemble du public. Des couples en profitent pour s'étreindre dans les coins les plus sombres de la Cigale. Qui eût cru qu'Ed MacFarlane puisse générer un enthousiasme amoureux de ce niveau ? Entre chaloupés, ambiance disco, le groupe réussit à enflammer une fosse qui a pourtant déjà passé presque quatre heures debout. Alors même si ce n'est vraisemblablement pas du rock que nous ont balancé les Friendly Fires, cela reste tout de même une heure d'un set foutrement bon pour le moral auquel nous avons assisté.

En quittant le Boulevard Rochechouart, étourdis et engourdis, on se dit que cette édition du festival est définitivement de bonne facture. De quoi nous faire patienter jusqu'à l'automne prochain.