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Threatmantics

Paris, L'International - 12 février 2012

Live-report par Anne-Line

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Voilà maintenant deux semaines qu’une vague de froid arctique, rendant toute sortie aventureuse, a conquis toute l’Europe. Toute l’Europe ? Non. Au numéro 5 de la rue Moret, dans le quartier d’Oberkampf à Paris, un petit groupe d’irréductibles Gallois, qui résistent encore et toujours à toute classification, a bravé le froid pour venir présenter son deuxième album aux Parisiens gelés.

La foule n’est pas nombreuse devant l’International quand débute le set des français de Divine Pilots, à qui revient l’honneur d’ouvrir le feu ce soir. Les quatre garçons sont jeunes, frais et énergiques, s’échangent les instruments, font un peu les kékés, devant un public composé principalement d'amis, de toute évidence. On les imagine bien dominer des salles plus grandes un jour, mais en attendant ils remplissent avec succès leur mission de première partie en rendant le petit public assez joyeux. Finalement il fait suffisament chaud dans la cave de l'International lorsque les Threatmantics montent sur scène à 22 heures passées.

L'uniforme est réglementaire : jeans informes, chemises à carreaux, cheveux hirsutes. Le bassiste porte un t-shirt à la gloire du magasin Spillers Records de Cardiff, auto-proclamé « Plus vieux magasin de disques du monde » (depuis 1894). A contrario, leur musique est loin d'être traditionnelle. Hybride indéfinissable entre le grunge, la cold-wave et le math-rock, oscillant constamment entre les envolées heavy et les longs interludes mystérieux. Par-dessus, le chanteur Heddwyn joue d'un violon alto, mais s'en sert d'une manière tout sauf celtique. Il le branche sur une pédale d'effets et lui inflige toutes sortes de distorsions. Si les Divine Pilots juste avant eux jouaient de leurs guitares en se servant d'un archet, ici c'est le violon qui est utilisé comme une guitare électrique. Le résultat est pour ainsi dire... intriguant. Le premier morceau James Lemain se termine sur un cri primal du batteur Huw, et les applaudissements ne fusent pas de manière spontanée. Pendant tout le concert, une atmosphère studieuse va demeurer, si bien qu'Heddwyn sera forcé de demander à ce que les gens « s'approchent plus près de la scène ».

Les intrépides parisiens ayant fait le déplacement se retrouvent face à un groupe en mouvance permanente, insaisissable tel un savon qui glisse entre les mains à chaque fois que l'on croit l'avoir attrapé. À tel point que lorsque sur certains morceaux le guitariste Andrew invite les gens à « danser » voire à « taper dans les mains », personne ne s'éxécute, croyant que ce n'est qu'une plaisanterie. Le décalage entre groupe et public se fait gravement sentir, notamment lorsqu'ils décident de commencer à jouer des morceaux chantés en gallois. Contre toute attente, c'est à ce moment-là que la musique du groupe prend toute son ampleur. Ce n'est qu'accompagnés de ces sonorités gutturales du fond des âges que les paysages accidentés de Threatmantics prennent leur sens. Si eux-mêmes font montre d'auto-dérision sur le sujet (« It's the worst language in the world ! »), ce soir c'est en cette langue que Threatmantics vont communiquer le mieux avec leur public.
La setlist est équitablement répartie entre leur premier album de 2008 Upbeat Love et leur nouvel opus à venir, encore sans titre. A la dernière minute, ils décideront d'ajouter le morceau Esgyrn (« Les os » en gallois), qu'ils avouent ne pas avoir encore tout-à-fait terminé. Puis ils enchaîneront sur Don't Care, mais ne joueront pas Big Man. Au bout de onze morceaux, ils décident d'abandonner là l'expérimentation. Il reste une chanson sur la setlist (White Otello) mais elle ne sera pas interprétée. Les Gallois rendent les armes.

Après le concert à proprement parler, le groupe est supposer assurer un DJ set mais la salle se vide subitement, la bravoure des spectateurs ne s'étendant pas jusqu'à l'attente d'un hypothétique bus de nuit par -10°C. Les Threatmantics se sont fièrement battus, mais malgré tout les parisiens ne leur ont pas fait allégeance.
setlist
    James Lemain
    Apple Tree
    Wazoo
    Archaeopteryx
    Little Bird
    MFFH
    Get Outta Town
    Wolfie
    Esgyrn
    Don't Care
    Krystal Pystol
    Dumpamundo
photos du concert
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