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Kitty, Daisy & Lewis

Paris, Maroquinerie - 24 février 2012

Live-report par Amandine

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Les Nuits de l'Alligator proposaient cette année une affiche aussi éclectique qu'intéressante et Kitty Daisy & Lewis faisaient sans conteste partie des immanquables. Initialement prévue au Bataclan, la date s'est vue déplacée quelques jours plus tard à la Maroquinerie et l'affiche enrichie d'un nouvel artiste : Possessed By Paul James, venu rejoindre le trio londonien et la Canadienne Lindi Ortega.

Ce soir, la Maroquinerie affiche complet et la disparité dans le public est frappante : de jeunes hipsters, des trentenaires affichant la panoplie rockabilly et beaucoup de quinquagénaires venus, on le découvrira bien vite, pour un seul nom et comptant bien découvrir de nouveaux talents.
La petite fosse est déjà considérablement fournie quand arrive sur scène Konrad Wert, alias Possessed By Paul James. Son nom de scène s'avère extrêmement bien choisi tant le monsieur se montre véritablement possédé dès lors qu'il commence à jouer. Passant du banjo au violon et à la guitare avec une facilité déconcertante, il nous emmène au fin fond des États-Unis, aux confins du blues et de la folk, embrasant par la même occasion la fougue des vieux briscards écumant les pubs dublinois. On comprend pourquoi il a tourné avec des folkeux comme Frank Turner car il partage avec ce dernier une énergie sans borne et une générosité à délivrer ses compositions comme on en voit rarement.
A le voir assis sur une chaise pliante au centre de la scène, tapant du pied comme un beau diable pour insuffler le rythme et agitant la tête comme un aliéné, le sourire nous monte aux lèvres sans même que l'on s'en rende compte. On fait un bond dans le temps pendant une trentaine de minutes jusqu'à revenir aux racines du rock, voire même du blues. Sa voix chevrotante à la Elvis et l'émotion sans retenue laissent le public abasourdi et on en oublie presque pour qui l'on était venu.

La suite est quant à elle bien moins resplendissante. Si Possessed By Paul James transpirait le naturel, c'est à peu près l'exact contraire qui se dégage de Lindi Ortega. La Canadienne débarque affublée d'un petit bibi noir sur la tête, une mini jupe couvrant à peine la décence et de ses fameuses « petites bottes rouges ». Passé ce physique, certes avantageux mais presque primordial dans son cas, on se rend compte que la demoiselle est une caricature de candidate de télé crochet : maniérée, bourrée d'effets de voix plus mal placés les uns que les autres, elle se permet même de terminer son set par une reprise de Folsom Prison Blues de Johnny Cash. Si les bras de quelques spectateurs en tombent, ils sont largement minoritaires car l'auditoire, dans sa grande majorité, en redemande. Elle minaude alors son contentement et nous concocte une énième ballade country de mauvais goût. Les Inrockuptibles l'ont récemment comparée à Lana Del Rey, ce qui s'avère fort judicieux tant elle semble être la même coquille vide artistiquement parlant.

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Comme souvent lors de ces pseudo-festivals, les bonnes surprises laissent place aux déceptions et c'est donc emplis d'appréhension que nous attendons la venue de Kitty Daisy & Lewis.
C'est aux alentours de 22h que la famille Durham prend enfin possession de la scène. Costumes et robes du soir, les jeunes Londoniens n'ont pas lésiné sur l'élégance et le petit côté désuet et décalé fait son effet dans l'assemblée. La recette, chez eux, est immuable : coincés dans les décennies de nos grand-parents, plus particulièrement dans les 50s, ils nous proposent leur son vintage fait de swing, de rockabilly et autre blues. Maman à la contrebasse, un vieux rasta jamaïcain à la trompette, les invités de choix réussissent à donner au set un dynamisme contagieux.
La farandole des instruments est impressionnante et que ce soit au chant, à la guitare, à l'harmonica ou à la batterie, les deux sœurs et leur frère ne reculent devant rien et s'en sortent plutôt haut la main. Hors du temps malgré leur jeune âge, ils nous font redécouvrir les vieux standards et nous réconcilient avec des mouvements musicaux trop souvent boudés. On danse, on se rêve à porter des corsages seyants sur des jupes mi-mollets, attendant notre bien-aimé pour aller faire une virée au driving du coin et boire un milkshake.

Qu'il est bon parfois de se sortir des sons synthétiques pour revenir aux sources...