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Diagrams

Paris, Flèche d'Or - 8 mars 2012

Live-report par Edina Tymp

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J’avais sorti mes espadrilles spécialement pour cette occasion particulière : le retour du climat tempéré. Il faut dire qu'il est bien plus facile de sautiller avec ça aux pieds plutôt qu'avec des bottes de pluie.

Ce jeudi soir, tout commence par la montée sur scène de quatre petits gars qui n’ont même pas attendu que les lumières s’éteignent pour nous envoyer en pleine figure leur vitalité. C’est une bouffée d’enthousiasme franchement communicative que propose le chanteur/bassiste et ses trois comparses. Les sourires vissés aux lèvres, les Meltones sont heureux d’être là et ça se voit. Leur show est très maîtrisé, avec parfois quelques fantaisies comme la reprise de Hello de Martin Solveig à la sauce Rocky Raccoon, toutes guitares dehors. Alors on les remerciera d’avoir bien mouillé la chemise et imprimé une folle allure à la soirée, laquelle va se dérouler tel un concerto, avec trois mouvements bien distincts. Nous venons donc d’assister au vivace.

Dans cette forme canonique musicale, suit logiquement le Largo, incarné ici par le groupe Thousand. Tout comme les quatre garçons dans l’urgence nous ont réveillé, Thousand nous installent dans une douce pesanteur, renforcée par un éclairage « clair-obscur orangé » et la voix caverneuse du chanteur faisant incroyablement penser à celle du leader de Urge OverKill. Ce 8 Mars est la Journée de la Femme, ce que ne manque pas de faire remarquer la chanteuse/ claviériste du groupe qui, ni une ni deux, saute dans le public pour se déhancher sur une improvisation africano-chaloupée du guitariste. Une guitare autour de laquelle sont construites toutes les variations du groupe qui nous offre une vrai démonstration de virtuosité à dix doigts. L’équilibre entre les deux voix est parfait et constitue un savant mélange de titres dansants et de morceaux lancinants et profonds.

Vient alors le dernier groupe, originaire de Grande-Bretagne, Diagrams. Ce soir, ils ne sont pas moins de huit sur scène : le chanteur/guitariste ancien membre de Tunng, secondé par une chanteuse/claviériste, un guitariste, un batteur côté cours, un bassiste côté jardin et au fond le « mini band » : trompette, saxophone et trombone. Le compte est bon !
La troupe produit un très joyeux melting-pot qui s’offre le luxe d’expérimenter un large spectre musical, jamais rasoir. On retiendra un morceau entièrement exécuté au looper par Sam Gender, qui débute par un gratté de médiator sur le micro donnant la rythmique. Les chansons sont colorées et animées d’une certaine absurdité dont témoignent les titres : Animals, Night All Night ou encore Antelop justement dédiée à la journée de la femme.
Sam Gender, très bavard, continue de conter des histoires même lorsqu’il ne chante pas. Tel un gourou allumé, il mène sa tribu tout en dodelinant, entre bricolages sonores et fourmillement instrumental. De nombreux univers sont explorés, parfois un peu trop effleurés, mais le souci du détail est saisissant, comme les délicieuses nappes des cuivres venant bien plus soutenir l’ensemble du groupe que s’imposer en cavalerie wagnérienne ; continuando incroyable de justesse. Les introductions souvent « barrées » et colorées, font la part belle l'ensemble des instruments, on a le sentiment que toutes les combinaisons sont possibles. Le public très enthousiaste et réceptif à l’univers drolatique du chanteur, lequel semble nous avoir convié à son goûter d’anniversaire, s’emballe lorsque que la folie-douce de Diagrams virevolte sans filet. Parfois, la voix de Sam Gender se rapproche de celle de Bon Iver, ou encore, adopte les intonations caractéristiques de Phil Collins. Est-ce seulement parce qu’il est lui aussi chauve ?

Diagrams ne ressemblent définitivement à aucun autre groupe et mettent un point final à une soirée surprenante de diversité sur un ingénieux Allegro.