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Piers Faccini

Paris, Trianon - 22 mars 2012

Live-report par Edina Tymp

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« Bienvenue sur Faccini Airlines ».

Pour un voyage apaisant et dépaysant, idéal quand le parfum des vacances nous titille déjà un peu trop les narines.

Sous ses airs de grand timide, Piers Faccini s’avère être un grand bavard, parlant au public dans toutes les langues de sa panoplie du parfait polyglotte. Il nous fait voyager par sa musique, mais aussi par son initiation linguistique pour Back-Packer novice.
J’entre dans la salle sur les premières notes du concert. Silence absolu dans le Trianon, suspendu aux voluptueux tiré-poussés du violoncelliste sous une apaisante lumière bleutée. Ce soir, Piers Faccini nous propose un voyage intimiste dans un parfait écrin parisien datant du XIXème siècle. Sur cette scène autrefois foulée par Mistinguett, ont été installées trois grandes estampes illustrant à l’encre de Chine des montagnes imaginaires, décor du périple de ce soir. Religieusement positionné en demi-cercle le trio se compose d’un batteur spécialiste du charley, d’un violoncelliste/bassiste et du chanteur qui jonglera entre guitare, harmonica et même bendir (ndlr : grand tambourin, instrument traditionnel oriental). En guise d’incipit, deux chansons qui ont déjà le goût de gâteau au miel trempé dans un thé à la menthe.

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Piers Faccini se présente alors avec une voix à la fois chaude et rassurante, pour nous présenter le programme de la soirée. Et il ne va pas démériter, alternant avec brio chansons folk, ballades et airs traditionnels des quatre coins du monde. Avec pour seul dénominateur commun, la recette Faccini, inratable, une introduction presque murmurée qui gagne progressivement en épaisseur, avec un crescendo, pour enfin se déployer sans ostentation, avec une certaine retenue si ce n’est une certaine pudeur. Le tout ponctué d’improvisations de chaque instrumentiste.
Soudain, le chanteur nous interpelle pour nous réciter un poème, avant de le chanter ; on pense alors à Leonard Cohen pour le sens du mot et à Belle & Sebastian pour la discrétion, l’ensemble étant contrasté par une furieuse rythmique de locomotive du batteur. Le trio parvient à saisir délicatement la salle, il la cueille par des surprises sonores. A chaque introduction, on ne sait à quelle sauce il va nous manger. Il y a du Texas, du népalais, de l’orient et du touareg dans cette musique. L'anglais et ses musiciens parviennent littéralement à nous embarquer, le travail des instruments étant suffisamment minutieux pour que l’on prête attention à chaque détail. Un archet sur une guitare, un fouet qui caresse une cymbale...

Il s’agit d’un chemin bordé de découvertes, de verdures et de sablonneux, qui nous hypnotise et laisse vagabonder notre esprit. Piers Faccini salue Ibrahim Maalouf que l’on imagine parfaitement sur cette scène ce soir, avant de chanter The Bagger And The Thief, chanson mélancolique agrémentée de « vibes » et autres arabesques vocales.

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Pour la deuxième partie du concert, le ton est plus espiègle et folk, à grand renfort d’harmonica Dylanien. Plus léger, plus sautillant, et allant un peu plus loin dans le Forte. Dans le public, les têtes s’agitent, on sent le sol vibrer sous la pulsation des talons entraînés. Jamais à court de trouvailles, Piers Faccini s’écarte du micro pour chanter a capella : spontanément le public lui répond « A storm is gonna come », jusqu’à se lancer dans un solo de guitare aux accents rock progressif 70s.

Incroyablement chargée d’émotions, cette excursion nous a lentement bercés d’atmosphères mélancoliques en sympathiques chansons pop, allant jusqu'à nous livrer tous les pans d'un univers jonché de surprises et nourri des propres voyages et rencontres du guide de la soirée. En guise de révérence, il chantera, seul, « I know things must change... for good ». Prophétique, The Taste Of Tears ?