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Summer Camp

Paris, Flèche d'Or - 7 avril 2012

Live-report par Edina Tymp

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Sortez les Mister Freeze !

A 23h00 en ce samedi soir, à la Flèche d'Or, l'ambiance est estivale, chaude voire moite. Cela tombe sous le sens, puisqu'une salle pleine, attend de basket ferme le groupe Summer Camp.
Pour leur entrée sur scène, les deux anglais nous proposent une introduction laissant planer le suspense et monter la pression : un petit côté énigmatique dans la lignée de Eyes Whide Shut, une solennité qui contraste avec leur goût du « Popsicle song »; on se demande vraiment ce qui va sortir de leur pull en lycra.

La formation de ce soir est à l'identique de celle de Novembre dernier au Petit Bain : Jeremy Warmsley, que l'on peut allègrement qualifier de tête pensante du groupe, à la fois au clavier à la guitare et au chant; accompagné de sa femme Elizabeth Sankey et d'un batteur.

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Nous assistons alors à une sorte de grand célébration de l'été. L'excitation générale du public rencontre celle des musiciens, tellement heureusement de jouer ce soir qu’ils nous proposent dès la troisième chanson une interprétation d’un de leurs titres en français. Une dédicace spéciale qui ne fera que décupler la communion de Summer camp et de la salle. Seul petit bémol de la première partie du concert, la voix si caractéristique de la chanteuse n’est pas suffisamment mise en valeur. Le cœur de Summer Camp perd alors beaucoup en technicolor. Heureusement le problème est résolu pour le reste du concert afin que nous puissions apprécier dans sa pleine mesure la saisissante voix d’Elizabeth.

La grande spécialité de Summer Camp : ne pas nous laisser de répit. Les Bonny & Clide de l'électro-pop nous font passer sans discontinuité d'un sensuel Nobody Knows à un inquiétant Done Forever, en passant par un particulièrement sexuel I Want You, pour enfin exploser sur le jouissif Ghost Train. Chaque morceau possède sa propre personnalité à l'image de Veronica Sawyer, inspiré d'un personnage tiré d'un teen Movie de 1989, Heathers. Mais Summer Camp, c'est bien plus que des vacances et du fun en trikini, notamment grâce de leur procédé furieusement efficace de mise en image.
En arrière plan sont projetées des scènes de films, en particulier des années 80s et 90s avec Dirty dancing et FootLoose : exclusivement des scènes de danse collant parfaitement aux chansons. La synchronisation du son et de l'image est à tel point léchée que chaque combinaison pourrait être un clip, ou plus précisément un scopitone. S’engage alors un jeu très didactique pour les spectateurs, le but étant de deviner à chaque nouveau morceau de quel film provient l'extrait à l'écran. C’est comme une bonne séance en plein air dans American Graffiti, sans les Pontiacs et les serveuses à rollers. Et puis, que pourrait-on reprocher à un groupe qui diffuse des images de « Chem-Cheminée » de Mary Poppins ?

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Leur binôme reste indéniablement original sous ses différents aspects. Tout d'abord leur style vestimentaire, remarquablement impeccable. Jeremy porte une chemise à fleure boutonnée jusqu’au cou et Elisabeth une frange à la Anna Karina surmontant un chemisier en soi rose. Les voilà prêts pour le pain de viande avec leur amis mormons après la messe du dimanche matin.
Leur iconographie Américaine des décennies 60s à 90s, nous laissera toujours légèrement dubitatifs puisqu'ils sont bel et bien natifs d'Angleterre. Summer Camp nous délivrent un travail sur la nostalgie, la résurrection du polaroïd et de l’Instamatic, les pulls synthétiques et les Teen Movies des 80s, mais certainement pas sur le regret. Avec un sens aigu de la satire, le vidéo clip de Losing My Mind en reste l'un des plus édifiants exemples. Leur auto-dérision n'a d'égale que leur large Culture High School qu'ils élèvent ici en véritable art de vivre bien plus qu'en caprice vintage.

La fin de cette soirée si plaisante approche et Summer Camp sont abondamment applaudis. Dans le but de ne rien faire comme tout le monde, les anglais se réunissent face au public pour une reprise unplugged d’un titre de Fleetwood Mac, Everywhere, doucement surannée. Une déclaration sous forme d'au revoir.
Le tour de force de ce concert ? Nous remémorer quelque Chose que nous n'avons pas vécu !