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Matt Elliott

Paris, Café de la Danse - 19 avril 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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On le dit souvent sombre, désespéré ou négatif, des propos très exagérés et légèrement simplistes.

Matt Elliott est un musicien solitaire, sentimental et, surtout, terriblement sensible. Après avoir émis sur la bande large en mode électronique dés 1997 avec sa formation The Third Eye Foundation (qui officie encore de nos jours), il découvre les instruments de musique non numériques dans les années 2000 et devient rapidement un joueur de guitare hors pair qui, à rebrousse-poil, se met à composer des ballades vocales et instrumentales dans un registre souvent qualifié de dark folk.
Collaborant avec des talents aussi larges et hétéroclites que Yann Tiersen, Mogwai ou Thurston Moore, Matt Elliott a la composition, l’écriture et la voix à fleur de peau. C’est dans le cadre du festival Clap Your Hands que nous retrouvons ce lonely singer sur la scène du Café de la Danse en première partie de l’américaine Mariee Sioux.

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Seul à la guitare acoustique mais entouré d’une pléthore de machines destinées à lui permettre de se boucler lui-même et assumer le travail d’un groupe entier, Matt Elliott partage ses émotions autant qu’il les joue. De sa trilogie solo (constituée de Drinking Songs, Falling Songs et Howling Songs) et The Broken Man, disques indéfinissables et essentiels, il distille ce soir les titres les plus mélancoliques, de part ses vocalises à la limite du plaintif, ses boucles de guitares les plus sphériques et des chœurs qu’il enregistre à l’aide d’un pédalier sampler, très en vogue, et qui remplace l’homme orchestre de notre enfance.

Magnétiques et poignantes, ses compositions, à la limite des mélodies flamenco parfois (Oh, How We Fell), entraînent un public assidu dans une dead zone musicale que ne renieraient ni David Cronenberg ni David Lynch dans leurs prochaines réalisations. L’homme cassé, seul, assis sur son tabouret au centre de la scène, égrène ce qu’aurait pu être le folk du moyen-âge hispanique en pleine folie inquisitrice. Hypnotique (The Pain That's Yet to Come), rugissant dans ses vocalises, Matt Elliott livre un set sans concessions où la configuration de la salle du Café de la Danse et ses places assises sont en parfaite adéquation avec un concerto folk rock.

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Sombre est la lumière qui plane sur cet artiste en cette soirée et en général, il est vrai. Mais vive est la lumière qui émane de son personnage et de cette musique qui, sans fard, redonne des couleurs et de l’espoir à tous les damnés de la terre qu’il chante et hurle dans un silence de cathédrale. L’antithèse marketing de la scène Anglaise.